La « voracité consumériste » du monde nouveau

La « voracité consumériste » du monde nouveau

Le Pape François, dans son traditionnel message Urbi et orbi de Noël, s’est élevé contre ce qu’il a appelé la « voracité consumériste » de l’homme du monde nouveau. Sur ce point, le Pape a raison.

Cette voracité s’explique aisément. La presse a fortement contribué à la créer et fait tout pour l’entretenir. La télévision d’abord : regardée en moyenne 3 h 40 par jour, mais, chez beaucoup, jour et nuit, cette télévision qui, pour 3 minutes d’information, vous impose des heures de publicité, la « bagnole » en tête.

Avec 199,90 euros par mois, vous serez le propriétaire d’une berline à faire rêver les filles. Mais on ne dit jamais pendant combien de mois il vous faudra verser 199,90 euros. Pendant un an ? Ça vous fait la voiture à 2 390 euros, mais, en fait, à ce prix-là, on a une bicyclette électrique. En dix ans ? Ce sera mieux, mais sans avoir pour autant une belle Mercedes dont les photos remplissent les pages des magazines dans le but de vous faire devenir vorace de Mercedes et autres BMW.

Voilà ce que je constate sans être plus précis, car je n’ai plus de voiture parce qu’à Paris il est difficile de circuler et presque impossible de stationner. La voiture est devenue un souci onéreux.

Après la voiture et les ennuis qu’elle vous cause, vous avez les montres, de plus en plus compliquées et de plus en plus chères. C’est bizarre. Généralement, vous portez deux ou trois montres au cours de votre existence. Cette publicité horlogère vous fait désirer d’avoir 4 bras comme Vichnou. Et encore, même avec 20 bras, à quoi cela pourrait-il servir ? À épater la galerie avec des montres de grand prix.

Puis arrivent les parfums. Cette publicité-là s’accompagne toujours, et jusque dans les kiosques des rues, de belles jeunes femmes fort déshabillées qui vous présentent un flacon aux effluves à vous rendre vorace. Mais, smicard s’abstenir ! Le prix du flacon est souvent supérieur à celui d’un grand cru de Bourgogne !

Arrive enfin la publicité alimentaire. Là, tous les records sont battus. Les grandes surfaces – en réalité, des chaînes plus financières qu’alimentaires – envahissent tout. La présentation des produits sous des multiples formes est magnifique, comme les emballages qui souvent représentent le tiers du montant du produit acheté. Mais les emballages, vous ne les mangez pas. Et, lorsque le contenu arrive dans votre assiette, vous commencez à déchanter. La voracité naissante s’arrête net. « Que voulez-vous, Monsieur, nous sommes une entreprise ; il faut faire du chiffre. » Alors, pratiquement, vous êtes invité à consommer une pauvre vieille vache, centenaire dans le monde des vaches, et dont les viandes nécessitent pour être découpées une vaillante scie à métaux. La grand-mère vache vous étant restée sur l’estomac, vous saurez que désormais la quantité a remplacé la qualité.

Le déballage général de la grande consommation inclut aussi les vêtements et les objets qui les décorent, que l’on appelle généralement des bijoux et dont les prix sont fixés pour les émirs du pétrole, seuls en mesure d’acheter ces merveilles de grand prix, y compris celles qui ont été volées.

Il faut citer aussi, parmi tout ce qui peut exciter la voracité, les clubs de rencontre qui vous aident à trouver l’âme sœur. Mais, attention, ce sont des clubs réservés à l’élite. Si, étant de l’élite, vous avez, après recherches, trouvé l’élite sœur, vous payez et alors vous êtes autorisé à vous livrer à la « voracité consumériste ». Mais, si à l’usage, vous remarquez un défaut sur la « marchandise », vous n’êtes pas remboursé !

Ce n’est pas tout. Ces temps-ci, voilà que la télévision annonce le « grand retour ». Mon Dieu, le grand retour de qui, de quoi ? De Brigitte Bardot ? Non, du pâté en croûte, que des vélocipédistes aguerris vous livreront en moins de 20 minutes, l’un apportant le pâté et l’autre la croûte, façonnés par Diallo et Coulibaly, les nouveaux chefs étoilés de la « mal-bouffe ».

On peut aussi, pour éviter cette mal-bouffe envahissante, aller au restaurant. Ils prolifèrent. Dans certains quartiers de Paris, on en trouve un tous les cent mètres. La carte en elle-même vous invite à la « voracité ». Elle est généralement enluminée et aussi riche que variée. Alors on entre. « Mettez-vous là », dit le serveur. Puis on attend. Tant et si bien qu’après avoir choisi et bien réfléchi, quand le plat arrive enfin, on n’a plus faim. La voracité s’est évanouie. On mange quand même et, pour passer le temps, on peut demander à l’accorte serveuse qui ne vous sert pas : « Puis-je, Madame, me permettre de vous demander de quel pays vous êtes originaire ? – Du Mali, Monsieur, vous connaissez ? » Arrive, la dernière bouchée avalée, l’addition. Là, aucune attente. Présentation immédiate. On règle, en pensant : « J’aurais mieux fait de rester chez moi, ça aurait été meilleur et plus simple. »

Enfin, pour ceux qui ont trop d’argent, il y a les croisières. C’est très à la mode. « À partir de … », vous voici sur une ville-paquebot à vous ennuyer fortement. Vous pourrez, il est vrai, sortir de votre cabine et vous promener dans les galeries marchandes. Attention, c’est cher, mais à défaut d’acheter des sacs en peau de crocodile, vous pourrez manger et boire sans arrêt. Ma carrière m’a obligé autrefois à traverser les océans. Jamais, je ne me suis autant emm … Mais la bouillabaisse était bonne.

Sur le sport, nouveau produit très vendu, je ne dirai rien. Il faudrait un livre en six volumes pour décrire ce business international qui porte sur des milliards d’euros.

Oui, le Pape François a eu raison de dénoncer la « voracité consumériste » créée par les médias ; ces médias qui font naître des besoins tout à fait superflus. Dans un tel climat, le pouvoir d’achat n’est évidemment jamais suffisant, ce qui est exploité par les syndicats et les partis politiques. L’envie ainsi engendrée en permanence conduit aux frustrations, à la colère et, pratiquement, souvent aux débordements et aux émeutes menées par ceux qui n’ont rien et qui voudraient tout. On en a aujourd’hui la démonstration hebdomadaire en France, prélude possible à un embrasement général qui mettrait fin à toute voracité. Ne serait-il pas temps d’être enfin sérieux ?

 

 

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Comments (8)

  • Alain PROTTEL Répondre

    L’appétit vient en mangeant… Il est coriace de vouloir rassasier un vorace.

    21 janvier 2019 à 18 h 54 min
  • vozuti Répondre

    le pape préfère nous vendre ses migrants musulmans,ça coûte très cher et ça n’apporte que des ennuis.
    mais l’avantage de la camelote ventée par les publicitaires est qu’on a le droit de refuser d’acheter,alors que l’achat des musulmans (ventés par le pape et les médias) est obligatoire.

    17 janvier 2019 à 23 h 55 min
  • Gérard Pierre Répondre

    Au dire de certain, tout dans la vie ne serait que consommation !

    Le soir de ses noces, après avoir recueilli dans son bac à volupté l’abondant nectar du divin goupillon d’amour de son camionneur de mari, la jeune agrégée de lettres classiques exhala dans un soupir : « Consummatum est ! »

    Son rustique la retourna alors comme une crêpe et s’écria à son tour : « et maint’nant, consummatum ouest ! »

    Décidément, la femme est toujours instrumentalisée ! …… même en dehors des soldes !

    17 janvier 2019 à 0 h 47 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      // Consummatum septentrionalis //
      Là la consommatrice en a pour son argent.

      17 janvier 2019 à 12 h 00 min
    • BRENUS Répondre

      Abondant, abondant….. c’est peut être un peu présomptueux. Non ? Même si d’aucuns se plaisent à répéter à l’envi la formule désormais célèbre des cavaliers : ” à la santé de nos femmes, de nos chevaux, de nos escaliers…. et de ceux qui les montent”

      17 janvier 2019 à 23 h 46 min
      • Gérard Pierre Répondre

        …… formule à laquelle répondait en écho, du haut du parcours du risque, celle de l’un de mes camarades lorsque je servais chez les bérets rouges : « À nos ennemis, à nos escaliers et à ceux qui les descendent ! »

        18 janvier 2019 à 0 h 42 min
  • BRENUS Répondre

    Pour éviter de consommer à outrance tout et n’importe quoi, il serait bon de consommer un peu de réflexion pour chacun. Mais il semble que ce soit devenu une denrée rare. Car, après tout, personne n’oblige personne a acheter de la merde en quantité pour le seul plaisir de l’acte d’achat. Pour Mamadou et Diallo, il va falloir vous les goinfrer sans rechigner : ils sont déjà là et bien là, vont pouvoir faire venir ici leur famille élargie (qui, en Afrique s’étend au village et au-delà) . Ceci, à vos frais grace au pacte de Marakech signé par l’adorateur des blacks-skins- Pour ceux, encore jeunes comme un de mes petits fils bien titré, ce sera l’exil, déjà programmé – tant mieux pour lui-, pour d’autres le bagne déguisé pour entretenir les smalas. C’est Q.Q. qui sera content, alors. Lui le tropicalisé.

    16 janvier 2019 à 18 h 55 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Le fait d’avoir un grand choix de marchandises est tout compte fait une bonne chose.
    Celles et ceux qui ne le croient pas peuvent choisir la pénurie en s’expatriant par exemple soit au Vénézuéla soit en Corée du Nord.
    On n’est pas obligé de tout acheter à la moindre sollicitation publicitaire, surtout en ce moment des soldes.
    Acheter un “jeans” à 15 € quand on en a déjà une demi douzaine sur une pile est bien sûr une aberration.
    Il est parfois bon d’enclencher la cervelle en marche arrière pour éviter des achats intempestifs.

    16 janvier 2019 à 10 h 34 min

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