Le droit de propriété existe-t-il encore en France ?

Le droit de propriété existe-t-il encore en France ?

Décidément, je ne comprends pas pourquoi François Hollande fut naguère présenté com­me l’archétype de la « gauche molle ». Y compris par la droite.

Qu’il manque de caractère est tout à fait possible. Mais ce qui est certain, c’est que la gauche qu’il incarne n’est pas moins collectiviste que celle de Jean-Luc Mélenchon.

Comme les « généreux » communistes, qui n’ont jamais hésité une seconde à distribuer l’argent des autres, Hollande croit manifestement que seul l’État est légitimement propriétaire.

On se souvient de ses déclarations de haine des riches. Soit elles n’étaient que de pure propagande, mais il faudrait alors se demander pourquoi de telles déclarations sont utiles à la carrière d’un politicien ; soit elles étaient sincères et, alors, on s’interroge un instant. Car le camarade Hollande, malgré qu’il en ait, est un riche. Infiniment plus que l’immense majorité des patrons de PME qu’il poursuit de sa haine.

Mais je crains de discerner la « lo­gique ». La richesse de Hollande est légitime puisqu’elle provient à 100 % de l’argent public, tandis que toute autre richesse, d’origine privée, est évidemment illégitime.

Dans un grand élan d’optimisme, on pourrait se dire qu’une telle idéologie, aussi archaïque que mortifère, n’a guère de conséquence et que le principe de réalité va bien forcer le nouveau chef de l’État, sinon à aimer les riches, du moins à respecter la propriété privée.

Hélas, il n’en est rien.

Ces derniers jours, pas moins de deux ministres ont montré tout le cas qu’ils faisaient du droit de propriété.

Le premier à ouvrir le bal fut Arnaud Montebourg. Pourquoi le cacher ? J’éprouve un faible pour le ministre du Redressement productif. Cette espèce de Saint-Just au petit pied m’a toujours fasciné. Il faut, en effet, une audace invraisemblable pour prétendre laver plus blanc que blanc, lorsqu’on est un apparatchik du Parti socialiste, dont le moins que l’on puisse dire est que, sur le plan des « affaires » et de « l’éthique républicaine », comme disent les poètes de la presse, il en connaît un rayon ! Eh bien, le camarade Montebourg a cette audace.

Bref, le nouvel Incorruptible a eu maille à partir, ces derniers jours, avec l’abominable Mittal. Vous savez, cet arriviste indien, qui a eu le front d’investir des centaines de millions d’euros en France, et qui n’a même pas eu la délicatesse de nous dire merci !

Plus sérieusement, il est très vraisemblable que Mittal ait des torts dans cette affaire de Florange. Le premier d’entre eux, caractéristique d’une bonne partie de la « super-classe », consiste à mêler investissements privés et argent public, au point que l’on ne sait plus très bien qui est réellement l’investisseur ! Mais que Mittal ait des torts ne justifie en rien les déclarations de Montebourg.

Prétendre forcer un homme à négocier avec les syndicats sous menace de nationalisation, c’est-à-dire, en français correct, sous menace de spoliation, est parfaitement indigne d’un État de droit. On voudrait indiquer aux investisseurs étrangers que la France est à éviter absolument, on ne s’y prendrait pas autrement.

Le week-end dernier, c’était au tour de Mme Duflot de réclamer des « réquisitions » – c’est-à-dire, une fois encore, des spoliations.

Cette fois, il s’agissait des congrégations catholiques qui disposeraient de locaux inutilisés. Et cette inutilisation justifierait leur réquisition. Mme Duflot n’imagine pas que les droits exorbitants des locataires puissent être pour quelque chose dans cette inutilisation. Non, elle pense que le plus simple est de considérer que ce qui appartient à l’Église appartient à l’État. Et peu importe que ce soit la générosité (privée) des fidèles qui ait constitué ce patrimoine. Peu importe que ce patrimoine ait déjà été spolié deux fois, en 1790, puis en 1905. L’essentiel, c’est que l’État seul est propriétaire légitime – et, naturellement, en son nom, la nomenklatura du régime pourra fort bien s’occuper de l’usufruit !

Je note aussi, avec amusement, que cette même Église, à qui on conteste le droit de parler dans l’espace public (au nom d’une « laïcité » que ne trouble guère l’islamisation de la France), est sommée de déclarer publiquement sa joie de courir au-devant des spoliations.

J’ignore si ces ministres comprennent ce qu’ils disent. Peut-être ont-ils des circonstances atténuantes, tenant à l’usage intensif des drogues dont ils prônent la légalisation, ou à l’usage intensif des méthodes pédagogiques que leurs pareils d’extrême gauche ont inventées. Mais ce qui est certain, c’est que ces déclarations ne peuvent avoir qu’un sens : le droit de propriété n’existe plus en France.

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Comments (12)

  • Jaures Répondre

    Cher Siniq, votre réponse ne contredit en rien ce que j’ai avancé à savoir que la collectivité prend en charge la quasi totalité des lieux de culte catholiques. Quel sens aurait la construction de nouveaux édifices alors que ceux existants tournent bien souvent à vide par manque de fidèles et de prêtres ? Ensuite, les associations paroissiales touchent des subventions municipales comme les clubs de foot ou les associations de parents d’élèves.
    Concernant les moquées, il existe une loi qui doit être respectée. Les baux emphytéotiques permettent d’allouer aux musulmans (dont le nombre de pratiquants est comparable à celui des catholiques) des lieux de culte décents. Je me réjouis que les chrétiens prient dans des églises entretenues, dont on a parfois ranimé la polychromie, aux vitraux restaurés et où les municipalités organisent des concerts de musique sacrée. Et je préfère également que les musulmans exercent leur culte dans des lieux accueillants plutôt que dans des garages ou des caves.
    Mais que les uns et les autres ne viennent pas se plaindre.
    Quant à notre “tradition chrétienne”, elle ne lie quiconque à rien. La religion fait partie de notre Histoire, pas de notre conscience. Je ne me sens pas plus lié à l’idéologie dominante de l’Eglise durant des siècles que ne doivent être redevables les Allemands au nazisme ou les Russes au stalinisme. Si chacune de ces idéologies s’est diluée, c’est qu’elles ont été vaincues militairement ou idéologiquement.
    Aujourd’hui la France est une démocratie sécularisée et les églises ne représentent plus qu’un témoignage de l’Histoire et les lieux d’un culte parmi d’autres.

    10 décembre 2012 à 10 h 38 min
  • Jaures Répondre

    Oeilderaison, ne la perdez pas ! Les églises sont gérées par les communes et les cathédrales par l’Etat. Ce sont chaque année plusieurs centaines de millions d’euros qui sont dépensés pour leur entretien et leur restauration. Je ne m’en plains pas, bien au contraire, je m’en félicite ! Mais il convient de ne pas oublier que plus de 60 millions de Français payent le lieu de culte de moins de 3 millions de catholiques pratiquants.

    9 décembre 2012 à 12 h 54 min
    • sinik Répondre

      Comme bien souvent Jaures vous transformez la loi car voilà ce qu’elle dit.

      “La République ne reconnaît, ne salarie et ne subventionne aucun culte”. L’article 2 de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat est clair. Il stipule que l’Etat français renvoie le religieux à la sphère privée, et ne finance donc aucun culte sur son territoire, et ce, quelle que soit la religion.

      L’Etat est propriétaire des édifices anciens…

      Première conséquence de cette loi, les édifices religieux (synagogues ou églises) bâtis avant 1905 sont devenus propriétés de l’Etat, qui les prête gratuitement aux églises. De fait, l’Etat est tenu de financer la restauration et l’entretien des bâtiments à ses propres frais.

      A l’exception des frais de fonctionnement, les travaux sont donc à la charge des collectivités. D’où la multiplication de référendums locaux pour lancer une réhabilitation, comme à Plounérin dans les Côtes d’Armor, ou statuer sur une éventuelle “déconstruction”, comme à Saint-Chamond dans la Loire. Un scénario qui avait finalement été écarté.

      …mais n’aide plus à la construction

      Il n’en va pas de même pour les édifices érigés après 1905, dont l’entretien revient en revanche aux organisations cultuelles concernées. Le plus souvent, l’argent provient des dons des fidèles, ou de pays où il n’existe pas de loi sur la laïcité. Ainsi, le Sénégal, le Maroc ou encore l’Arabie Saoudite apportent leur aide financière à la construction de la nouvelle mosquée de Marseille.

      Les institutions religieuses ne peuvent donc pas demander d’argent à l’Etat, ni pour rénover, ni pour construire de nouvelles infrastructures. A Vaulx-en-Velin, dans la banlieue de Lyon, les quatre millions d’euros nécessaires à la construction d’une nouvelle église viendront par exemple du diocèse de Lyon, qui a commencé à vendre d’autres lieux de culte, plus anciens, pour financer ses travaux.

      Les “arrangements” existent

      Pourtant, face au manque de lieux de culte, notamment musulmans, certaines collectivités territoriales emploient des truchements pour épauler les organisations cultuelles.

      Premier sur la liste, l’emploi de la loi de 1901. La législation française autorise ainsi l’Etat à financer des associations culturelles. Des locaux, qui ont comme vocation originelle la culture, mais qui hébergent un lieu de culte, peuvent ainsi recevoir des financements publics. Un tel procédé a été employé par exemple pour la cathédrale d’Evry : un centre d’art sacré, situé dans l’enceinte de l’édifice, avait bénéficié en 1990 d’une subvention d’Etat de 5 millions de francs (899.350 euros).

      Autre manière de contourner la loi, le “bail emphytéotique”. L’Etat attribue un terrain à une organisation religieuse pour la somme symbolique d’un euro. En contrepartie, l’institution cultuelle verse un loyer dérisoire à la municipalité. Ainsi, Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, a un temps loué pour 3.000 euros par mois un espace de 8.600 mètres carrés à l’association de la mosquée de la ville.

      Enfin Monsieur Jaures, nous sommes dans un pays de tradition chrétienne ne vous déplaise.

      9 décembre 2012 à 16 h 48 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        le problème c’est qu’en réalité les ” domaines ecclésiastiques ” intra – muros parisiens appartiennent souvent à des ordres religieux de droit étranger
        et que d’autre part s’il y a pénurie de logements c’est en partie ( en grande partie ) du fait des sans papiers récemment arrivés en France … en particulier dans la ville dite lumière !
        notons enfin qu’en 2013 cela sera pire encore puisque la libre circulation des ressortissants roumains et bulgares se fera dans l’espace Schengen et que tout naturellement ils se retrouverons là où les aides sociales sont les plus généreuses , c’est à dire chez nous !
        pour terminer si Valls , qui a pris un abonnement low-cost , j’espère pour mes finances , sur les vols Paris-Bastia ou Ajaccio , déclare qu’il n’y aura plus de prime ( sic ) au retour c’est pour la raison précédente

        pour ce qui concerne le droit de propriété on ne peut qu’approuver le FLNC qui dynamite des constructions illégales ( loi du littoral détournée )

        je tiens à dire que j’ai toujours été accueilli avec chaleur par les Corses en particulier dans un internat où ils formaient 95 % de la population étudiante !

        et pour terminer très bonne réponse de @ sinik à Jaurès
        avec ce bémol: certaines municipalités cèdent pour un euro symbolique des terrains pour la construction de mosquées ( ce qui est contourner la loi ) et que d’autre part l’argent qatari , saoudien , marocain se déverse aussi pour des causes moins ” religieuses ” ; et si Rome apportait un soutien financier à la construction d’une église on en entendrait parler , croyez moi !

        9 décembre 2012 à 19 h 19 min
  • raf' Répondre

    si l’on peut concevoir un patron voyou, on le sanctionne par des moyens juridiques légaux mais un état de droit ne peut pas appliquer les méthodes condamnables des états totalitaires; c’est en effet un mauvais signal envoyé aux investisseurs du monde entier.
    c’est par les mauvais signaux qu’envoient nos dirigeants que la France perd de son rayonnement et des parts de marchés; donc des emplois, de son autonomie financière, d’où chômage et crise, augmentation de TVA, impôts, prix, d’où perte de compétitivité e.c.t ,e c t.
    on a vu ce qui est advenu de l’URSS, Cuba ou autre Corée du Nord.

    6 décembre 2012 à 8 h 55 min
  • Dagmar Répondre

    les conventionnels les plus dur sont de retour. En France Ils n’ont jamais disparu depuis 1789-93, mais en ce moment ils revient a charge et durcissent le ton. La chasse aux médecins et le discours de mme la ministre sur les “sanctions”, en est un autre signe clinique. La SS,le nid de vipères, raquette la population avec les prélèvements exorbitants ( 60%de salaire), sans rien rembourser quand les cotisants/malades en ont besoin, autre signe clinique de retour de la Terreur.

    6 décembre 2012 à 8 h 01 min
  • oeildevraicon Répondre

    Madame Duflot qui pense: (que le plus simple est de considérer que ce qui appartient à l’église appartient à l’état),
    ferait bien mieux de réquisitionner mosquées et centres islamiques de tous genres, financés en partie par nos impôts, alors que les biens de l’église l’on été par les deniers du culte.

    5 décembre 2012 à 23 h 03 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Lakshmi Mittal ne doit rien à l’état français de style nord-coréen, bien au contraire c’est ce même état français qui devrait le remercier d’avoir repris la sidérurgie française au sortir de sa misérable gestion étatique par un gouvernement socialiste.
    Si les socialistes avaient continué à gérer ce secteur il n’y aurait plus de sidérurgie du tout et le problème Mittal n’aurait jamais surgi.
    Il est donc vital (rime avec Mittal) que les investisseurs étrangers en France sachent que le remerciement d’avoir confié leur fric sera tout au plus un crachat à la figure.

    5 décembre 2012 à 20 h 33 min
  • TIARD Martine Répondre

    Excellent ! bravo. Et merci !

    5 décembre 2012 à 15 h 00 min
  • Jaures Répondre

    Un gouvernement qui négocierait en menaçant de nationalisation temporaire avec un financier qui n’a jamais respecté ses promesses, encaissé les aides publiques et licencié sans vergogne serait un horrible extrémiste de type nord-coréen.
    Par contre, les dizaines de patrons qui négocient aides, subventions et allègements de charges sous la menace de plans sociaux seraient eux légitimes puisque détenteurs de la sacro-sainte propriété privée plus incontestable que les 10 commandements.
    C’est avec ces valeurs affirmées que l’on trouve des riches toujours plus insolents d’ostentation et des familles ouvrières, parfois avec plus de 30 ans d’ancienneté, jetées à la rue et humiliées.
    Mais qu’ont -t-elles donc à se plaindre puisque elles mêmes sont propriété de Mittal ?

    5 décembre 2012 à 10 h 44 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      @ Jaurès en “bon ” ( ? ) socialo-étatiste qu’il est pense que de la nationaliser rend ipso facto une industrie bénéficiaire !

      il y a urgence à ce que nos syndicalistes apprennent …l’allemand et désapprennent le russe soviétique

      6 décembre 2012 à 13 h 45 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    La France et la Corée du Nord, toutes deux situées aux extrémités du continent eurasien ne partagent pas uniquement cette particularite géographique mais aussi la méthode et le style de gouvernement.
    Avis aux investisseurs: à éviter à tout prix!

    5 décembre 2012 à 9 h 28 min

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