Le prophète Peillon et les Tables de la loi

Le prophète Peillon et les Tables de la loi

Belle victoire pour Vincent Peillon : les Tables de la loi, exposé dogmatique de la religion d’Etat, sont enfin affichées dans tous les établissements scolaires publics. Après tout, pourquoi pas ? C’est précisément pour promouvoir cette religion laïque et républicaine (la franc-maçonnerie est la religion de la République disait Ferdinand Buisson, vénérable inspirateur de notre ministre…) que les Grands Ancêtres, Ferry et Buisson en tête, ont créé l’école publique. Plus précisément, il s’agissait de la promouvoir pour détruire le catholicisme et arracher les âmes naïves ou craintives des Français à la pernicieuse influence de l’obscurantisme – entendez : de l’Eglise.

Nous en sommes toujours là, à une différence près : au XIXe siècle, s’opposaient, face à face, une religion majoritaire au sein de la population et une religion de l’anti-religion majoritaire au sein de la gauche. Aujourd’hui, les circonstances et les enjeux de la bataille ont changé : il existe toujours une religion de l’anti-religion, camouflée sous les habits de la laïcité (principe chrétien à l’origine), et une religion catholique dont se réclame encore en théorie une majorité de Français, mais qui est en pratique devenue minoritaire. Le catholicisme imprègne toutefois la civilisation, la culture et les valeurs traditionnelles de notre pays.

Le protestantisme et le judaïsme, bien qu’influents et actifs au sein de l’appareil politique, restaient quant à eux minoritaires parmi les Français.

La nouveauté fondamentale, et même en grande partie fondamentaliste, provient du développement spectaculaire, à la faveur de l’immigration massive encouragée par les différents gouvernements qui se sont succédé en France depuis quarante ans, d’une troisième religion, conquérante, l’islam.

Les adversaires du catholicisme – et pour certains, du christianisme – ont pu croire un temps, et le croient parfois encore, que l’irruption de la religion de Mahomet au sein de la société française les aideraient à vaincre définitivement leur vieil adversaire. En quoi, ils se sont magistralement fourrés le doigt dans l’œil. Le christianisme ne tolère pas seulement la laïcité, il la recommande suivant les paroles du Christ : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Même s’il est évident que dans une société dont la population est majoritairement chrétienne, comme ce fut le cas de la France au long des siècles et jusqu’à une époque récente, les valeurs de cette société se fondent presque naturellement sur le christianisme, les domaines respectifs de César et de Dieu sont distincts. Il n’en va pas de même de l’islam, qui ne conçoit pas cette laïcité.

Les musulmans ont réagi avec d’autant plus de virulence à l’affichage de la nouvelle charte dans les établissements publiques qu’ils ont eu l’impression qu’elle les visait particulièrement. Ils se trompent : dans l’esprit de Peillon, le catholicisme reste l’ennemi prioritaire ; mais la plupart des musulmans ne possèdent pas les clés historiques et philosophiques qui leur permettraient de le comprendre.

En outre, un certain nombre de personnalités, comme Jacques Myard dans un communiqué publié sur ce site, ont confirmé cette impression que l’islam était prioritairement visé et que la charte, en somme, devait remédier aux problèmes que suscite son  développement au sein des établissements scolaires, en particulier là où l’immigration est particulièrement présente. En regard, les catholiques et plus généralement les chrétiens restent passifs (il est vrai qu’avant de se soucier du retour d’un laïcisme offensif au sein des établissements publics, ils devraient d’abord se préoccuper de la déchristianisation des établissements prétendument catholiques d’enseignement libre…)

Or, si l’islam est en effet dans le collimateur des laïcistes, il n’est pas le premier visé : le pouvoir politique et l’Education nationale entendent se donner les moyens d’éradiquer les valeurs chrétiennes à l’intérieur de l’enseignement public, puis de la société toute entière.

Ainsi, il faut s’attendre à ce que la prohibition du hallal dans les cantines légitime celle du poisson le vendredi. De même, l’interdiction des signes religieux ostentatoires, qui devait permettre de proscrire le port du foulard islamiques dans les établissements scolaires, a dérivé vers l’interdiction du port des croix en pendentif. A l’époque, la commission parlementaire présidée par le triste Jean-Louis Debré, la crème des crèmes des politiciens de la droite la plus stupide du monde, avait même envisagé d’interdire le port des signes religieux à l’intérieur des établissements d’enseignement catholiques sous contrat. Un comble ! Jean-Pierre Raffarin, alors premier ministre, s’y était opposé, mais la suggestion en disait long sur le peu d’indépendance qu’il reste à l’école dite libre sous contrat…

La véritable laïcité se conçoit comme un espace neutre, certes, mais pas comme une anti-religion, et moins encore comme une religion de l’anti-religion, ce qu’elle tend à devenir sous les auspices de Vincent Peillon et consorts. Si l’on considère que l’islam, par nature conquérant, exerce une pression trop importante, non seulement sur les enseignants et les administrateurs de l’Education nationale, mais aussi sur l’ensemble de la société française, il existe un moyen très simple de couper court à ses revendications égalitaire, en inscrivant dans la Constitution française l’héritage chrétien de la France et le rôle historiquement prééminent du christianisme dans la construction de notre pays et de sa civilisation. Sans instaurer une religion d’Etat, le rappel de cette stricte vérité historique permettrait de répondre aux exigences abusives des fondamentalistes musulmans, sans choquer personne.

Il ne semble pas que ce soit la voie choisie par le gouvernement.

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Comments (6)

  • Jaures Répondre

    Si la laïcité est une recommandation du Christ, que les institutions catholiques ne l’ont-elle mis en place durant les siècles de leur omnipotence. La vérité est qu’elle n’a découvert la laïcité qu’une fois en chute libre dans les consciences: si le sentiment religieux est en ruine, qu’au moins nous soyons les seuls à ramasser les débris.
    Car le problème de la religion catholique en France n’est pas que les Français croient moins en Dieu mais que les dogmes de l’Eglise s’effondrent les uns après les autres. Les églises donnent de moins en moins de sacrements, baptêmes,communions, mariages. De moins en moins de prêtres sont présents pour les donner et, quand bien même, une bonne part ne garde qu’un intérêt folklorique.
    Est-ce là la faute de V.Peillon ? Quelle plaisanterie. Il s’agit d’un mouvement de civilisation qui s’est accéléré après la 2ème guerre mondiale et dont les causes sont diverses: alphabétisation, exode rural, émancipation des femmes, développement des moyens de communication,…
    Cela ne touche pas que les catholiques: les musulmans en France sont de moins en moins pratiquants (à peine un tiers).
    Quant à inscrire l’héritage chrétien dans la Constitution, quelles en seraient les conséquences ? Que la seule religion tolérée est le christianisme ? Qu’en serait-il des juifs qui, souvenons-nous en étaient persécutés sous Saint-Louis ? Doit-on dire aux musulmans, dont la plupart sont français, qu’ils doivent prier dans des caves ? Et qu’en sera-t-il des athées, des agnostiques, des libres penseurs ?
    Nous ne sommes pas responsables de notre Histoire et n’avons pas plus à trainer le boulet de 2000 ans de catholicisme que les Allemands le nazisme ou la Russie le stalinisme. L’école sert justement à penser notre Histoire. Nous pouvons restaurer nos églises et cathédrales qui ont un intérêt architectural ou historiques, jouer les messes de Bach ou de Mozart, admirer les fresques de Michel-Ange. C’est là le témoignage de notre passé.
    Mais nous ne sommes en rien liés à une organisation spirituelle ou sociale autrefois imposée par la force. Aujourd’hui, chacun est libre d’aller à l’église, à la mosquée ou à la fête de l’huma et c’est très bien ainsi. Un héritage, on en fait ce qu’on veut, pas une maladie héréditaire.

    15 septembre 2013 à 19 h 21 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      Voilà un raccourci d’histoitre pondu par un syndicliste oisif en rupture du passé. On savait avant Jaures que chacune et chacun était libre d’aller au musée ou d’assister à un office religieux nais grâce à lui on devrait maintenant le savoir mieux.

      18 septembre 2013 à 8 h 06 min
  • TRICOT Répondre

    merci à M. Chirac d’avoir refusé d’inscrire les origines chrétiennes de la France.
    L’objectif de M. Peillon et de recevoir à l’école primaire, des cerveaux vierges de toute influence pour les remplir de ce qu’on sait, un galimatias socialo… etc!! Attitude totalitaire s’il en est. Goebbels n’est pas mort!

    13 septembre 2013 à 20 h 27 min
    • patrhaut Répondre

      C’est assez pénible de lire des énormités :
      1) Chirac a refusé que soient notées les origines chrétiennes de l’EUROPE dans le projet de constitution européenne (et non de la France…)
      2) pourquoi toujours s’en référer à Goebbels, comme si avant lui il n’y avait eu personne pour avoir une attitude totalitaire à travers une propagande conceptualisée : les révolutionnaires français (Napoléon Bonaparte y compris) et la IIIème république ou les révolutionnaires bolcheviques suffisent amplement à le prouver sans qu’on ait besoin d’aller chercher continuellement le même nazi pour tout et n’importe quoi ! Mais, bien-sûr, un nazi, ça fait toujours l’affaire et surtout ça fait oublier les autres…les républicains et les communistes.

      14 septembre 2013 à 13 h 17 min
      • Jaures Répondre

        Quoi ? Avant Goebbels, Staline, Napoléon ou Robespierre il n’y avait pas de dogmatiques violents ? On ne s’est pas copieusement massacré pour la religion avant 1789 ? Personne n’a jamais tenté d’imposer ses dogmes par la force et la persécution ?
        Si on regarde nos 70 dernières décennies, on se rend compte qu’elles ont été d’autant plus paisibles (relativement aux siècles précédents) que les pays ont vu reculer les idéologies politiques et religieuses.

        15 septembre 2013 à 19 h 27 min
        • HansImSchnoggeLoch Répondre

          Sauf le dogme socialiste qu’il faudra encore abattre pour atteindre la perfection décrite par Jaures-

          16 septembre 2013 à 8 h 54 min

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