Les lunettes à double foyer des médias
Les médias réagissent aux évènements de société ou humains en les observant avec des lunettes à double foyer !
Ils focalisent soudain comme des myopes sur des individus clairement identifiés quand, dans le même temps, des foules d’anonymes qui subissent des catastrophes ou accidents de la vie n’emplissent que leurs diagrammes à statistiques !
3000 morts sur les routes en 2010 c’est 4,6% de moins que l’année précédente ! Qui a eu la vie sauve ? Quelle est l’une de ces victimes humaines dont le corps déchiré et sanglant a été porté à la morgue et au débit affectif d’une famille ? Les motards s’insurgent contre une « répression » étatique. Ils devraient montrer les spots (trop rares) de la Prévention routière à leurs enfants, parents ou épouses !
Le « 62ème soldat » français est mort en Afghanistan ! La statistique croissante sert davantage à dramatiser, en filigrane, la présence française dans le conflit qu’à rapporter le drame individuel et celui, collectif, de ses camarades d’opérations. Si l’on présente la photo, vite oubliée, du combattant décédé, c’est pour souligner de façon convenue la « jeunesse » du soldat, et en quelque sorte une fragilité de victime. C’est oublier qu’il n’y plus que des engagé(e)s volontaires dans les forces armées. Mais Florian Morillon, âgé de 20 ans, sera aussi vite oublié que ses prédécesseurs malchanceux !
Lui et ses camarades infortunés n’ont toujours pas trouvé la stèle refuge qui devraient leur assurer un peu de postérité à défaut de compassion. Le « monument aux morts » n’est plus à la mode dans un monde accroché aux éruptions du présent. À tel point que la Halde en étudie la réaffectation à des causes modernes et plus colorées*.
En revanche, depuis 538 jours, le clairon médiatique sonne plusieurs fois par jour devant la photos des deux otages journalistes des talibans. Sont-ils plus méritants ou précieux que toutes ces victimes sans visages décimés en Libye, en Syrie ou sur nos routes ? Ou que les 3 000 handicapés que les brigands de la route, violeurs de vie, abandonnent au bord du chemin ?
Il est vrai que Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière avaient rendu leur reportage avant d’être enlevés, alors que Florian Morillon n’avait pas encore gagné la guerre…
*(Rapport sur la question attendu pour novembre 2011)
Comments (5)
Je lis très souvent que nombre de braves gens s’indignent de ce que leur présente la téloche et des émissions qui les agacent etc…..
Je ne saurais trop recommander à ces malmenés des medias de faire comme moi et de ne jamais glisser un oeil sur un ecran allumé. J’ai 12 ans d’ancienneté dans cette résistance passive et, que je sache, ne m’en porte pas trop mal avec l’avantage incalculable d’utiliser ce temps gagné à des choses plaisantes.
J’ai lu un article qui disait que 600.000 foyers en France n’avaient pas de télévisieur. Une autre source parlait de 1.500.000 (ce que je crois très exagéré). A une époque ou on marathone, s’agglutine, s’associe, il serait intéressant de mettre sur pied le club des abstinents à la télévison!
Bien vu cet article.
Tant mieux pour eux qu’ils aient été libérés. Pour autant je trouve que l’exposition médiatique continuelle dont ont fait l’objets ces deux journaleux est autant d’insultes aux victimes anonymes.
Hélas! Il ne reste plus qu’à attendre le livre que ne manqueront pas d’écrire à leur gloire ces deux héros!
Au fait, si on leur demandait d’en reverser les droits d’auteurs pour rembourser une petite partie des sommes que nous avons sacrifiées pour eux?
Ce commentaire de ma part date de 8 jours! Depuis ils sont revenus à grand bruit, ce qui m’a autant indigné. Voir: http://target2007.typepad.fr/hgizardin/
Cependant leur exposition médiatique a quand même été excessive en elle-même d’abord, puis parce que les conditions exigées des talibans n’ont et ne seront jamais connues du grand public. D’ailleurs la discrétion dont a témoigné notre Président est venue en contrepoint de ces manifestations, certes justifiées, de la classe médiatique.
Je voudrais souligner la vigoureuse réaction de Vincent HERVOUET sur LCI hier soir dans sa trop brève émission "Ainsi va le monde", émission au cours de laquelle il a rappelé avec vigueur le souvenir de nos soldats morts au feu là bas, dans les montagnes afghanes. Un grand merci, Vincent HERVOUET, pour ce que vous avez rappelé hier soir, et qui nous rappelle que la joie engendrée a, aussi, un revers tragique.