Manifeste pour les réformes indispensables

Manifeste pour les réformes indispensables

Sans réformes profondes, les Français continueront à souffrir des carences de l’action publique (illettrisme, chômage, niveau de vie, insécurité).

Les réformes indispensables concernent notamment l’éducation et la formation professionnelle, la santé, la réglementation du travail, la diminution des dépenses publiques et leur redéploiement, le fonctionnement et le coût des services publics, la justice (sans oublier les retraites dont l’avenir n’est pas garanti par la pseudo-réforme de 2003).

Ces réformes entraîneront inévitablement des modifications des tâches dévolues aux agents de la fonction publique (État, collectivités territoriales, hôpitaux) ou des entreprises publiques, des modifications de leurs conditions de travail (qualifications, rémunérations, effectifs, procédures de travail, localisation géographique, statuts) et des modifications des missions ou des statuts des institutions publiques (voire leur suppression).

Or, à peine présenté tout projet de réforme, même le plus timide, entraîne une levée de bouclier contre toute modification (y compris de la part de personnes non directement concernées) et provoque des grèves et des manifestations publiques qui paralysent le pays pendant des jours et des semaines. Grèves et manifestations d’autant plus faciles à organiser que les agents de la fonction publique sont assurés de la pérennité des institutions qui les emploient, qu’ils bénéficient de la garantie de l’emploi et que, jusqu’en 2002, les jours de grèves étaient payés.

Confronté à ces grèves et à ces manifestations – qui peuvent rassembler des centaines de milliers de personnes – le gouvernement, incapable de faire respecter la liberté de circulation des personnes et des marchandises et la liberté du travail des non-grévistes et incapable d’assurer la continuité des services publics indispensables à la vie quotidienne des ménages et des entreprises, suspend la réforme envisagée, y renonce purement et simplement ou se contente de demi-mesures (exemple : la pseudo-réforme des retraites en 2003).

Ces manifestations de conservatismes, de corporatismes et d’attachement excessif aux situations existantes entravent ainsi les adaptations indispensables à l’évolution de la société française dans le contexte mondial de ce début du xxie siècle.

Devant cet état de fait, il apparaît que la seule solution est d’organiser des contre-manifestations rassemblant un nombre équivalent de personnes, tout aussi résolues à se battre pour l’accomplissement des réformes que les syndicats et leurs mandants le sont à s’y opposer. Pour entraîner une adhésion et une mobilisation suffisantes, encore faut-il que la réforme proposée mérite d’être défendue, c’est-à-dire qu’elle soit à la mesure des enjeux et qu’elle soit équitable et compréhensible. Par ailleurs – et préalablement – il faut prendre toutes les mesures nécessaires permettant d’éviter la paralysie du pays en cas de manifestations et de grèves, notamment dans les services publics indispensables.

Les manifestations de défense de l’école libre en 1983 et de défense des institutions de la ve république en 1968 ont prouvé que cette stratégie peut être gagnante.

La contre-manifestation du 15 juin 2003, qui a réuni 100 000 personnes pour mettre un terme aux blocages infligés au pays par les syndicats opposés à la réforme des retraites, permet d’espérer des mobilisations dix à trente fois plus importantes. En effet, cette contre-manifestation a été improvisée en quelques jours par une toute nouvelle association de jeunes (« Liberté, j’écris ton nom ») sans ressources financières et sans expérience préalable de ce type d’action, soutenue tardivement par un petit nombre d’autres associations jusque-là réticentes à manifester dans la rue. De surcroît, la réforme proposée par le gouvernement était peu mobilisatrice, bien loin de répondre aux exigences attendues d’équité, de liberté, de clarté et de sincérité.

On peut regretter de devoir en venir à une telle solution, qui amène à s’interroger sur le fonctionnement de la démocratie et sur le rôle du parlement en France, mais elle apparaît malheureusement comme la seule solution permettant de réaliser les réformes indispensables pour sortir la France des ornières dans lesquelles elle s’enfonce.

Nous pensons, notamment en 2004, à l’instauration d’un service garanti dans les services publics en situation de monopole, à toutes autres mesures permettant d’éviter la paralysie du pays en cas de grèves et de manifestations, aux réformes du système de santé et des systèmes d’éducation et formation professionnelle, à l’évolution de la réglementation du travail, à la diminution et au redéploiement des dépenses publiques.

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Comments (1)

  • Gino Répondre

    Oui cette levée de boucliers systèmatique est agaçante. Oui les Français, dans leur globalité, veulent moins de démagogie mais s’opposent à tout. Les gueulards et opposants de tout poils occupent le terrain par principe, même pour une simple mesure de bon sens ou de respect des autres. Qu’on se rappelle la terrible levée de boucliers qu’à amenée la Loi Evin. Oui c’est bien le signe d’une démocratie qui marche mal. Faut bien voir que les gens manifestent en se disant qu’au fond les vrais réformes proviennent des désordres et menaces de la rue. La lâcheté des gouvernements précédents a bien favorisés cet état de fait. Bien sûr la contremanif est tentante. Elle a pesé de tout son poids d’ailleurs à la fin de Mai-68, quand une immense manifestation a dit au pouvoir : “y en a marre, on vous soutient !”. Mais comme toujours la lame de fond qui soustend le formidable mécontentement latent de ce pays trouve sa source dans la défiance vis à vis de notre NOMENKLATURA, incompétente, profiteuse, technocrate, pleine de morge … nomenklatura que Giscard d’Estaing et Jospin ont incarné tous deux à l’extrème, chacun dans leur registre et à leur manière.

    5 février 2004 à 20 h 27 min

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