Nicolas Sarkozy, seul, face au gang des preneurs d’otages !

Nicolas Sarkozy, seul, face au gang des preneurs d’otages !

La nouvelle tribune que nous donne (en page 5) l’Ambassadeur Christian Lambert paraîtra à certains implacable. Je la trouve pour ma part finalement plutôt modérée. Il dit, in fine, « La France est gouvernée par la rue, sous la conduite de la CGT communiste ». Mais c’est pire que cela, comme nous le montre l’affaire du changement de statut d’EDF ! En effet, dans la rue, le 27 mai, les syndicats-maison, emmenés par la direction nationale de la CGT – pour laquelle EDF est un véritable coffre-fort – n’étaient parvenus à mobiliser « que » 40 000 (selon la police) à 80 000 (selon les organisateurs) « travailleurs ». Et encore, un grand nombre des manifestants appartenaient-ils aux diverses bureaucraties syndicales, riches de nombreux emplois fictifs, et mobilisables à merci. Ce n’était pas un succès. Si le gouvernement recule, ce ne sera donc pas parce que la rue a parlé, ce que l’on pourrait, à la rigueur, comprendre, dans un pays à jamais marqué par ses fondements révolutionnaires, mais pour d’autres raisons, qui traduisent un délitement plus grave encore de l’autorité de l’État !
D’un côté, nous avons, ni plus ni moins, une bande de preneurs d’otages ne reculant devant aucune illégalité, n’hésitant pas à s’introduire dans des domiciles particuliers pour couper le courant, allant même jusqu’à retenir prisonniers, dans des trains arrêtés en rase campagne, plongés dans l’obscurité, des centaines de milliers de voyageurs. Certes, des plaintes ont été déposées, aussi bien par la SNCF que par la filiale d’EDF chargée du transport électrique, ainsi que par plusieurs parlementaires victimes des visites des nervis de la CGT. Mais on aura surtout remarqué l’extrême modération du gouvernement, l’absence totale de consignes données par le ministre de la Justice à ses procureurs, qui auraient pu se saisir de ces troubles manifestes à l’ordre public, instruire en urgence et citer à comparaître sans délai les auteurs de ces délits.
Nous revenons (page 3) sur le bilan des années Reagan. Le 5 avril 1981, lors d’une grève des contrôleurs aériens, le Président des États-Unis sut prendre la décision de licencier sans préavis, pour faute grave, 11 359 salariés qui refusaient de reprendre le travail. Margaret Thatcher sut agir aussi vigoureusement aussi bien à l’égard des grévistes-dockers qu’à l’égard des mineurs. Le contraste entre la lâcheté des gouvernants français de 2004, et ces deux exemples opposés n’est rien moins que saisissant…
D’un autre côté, ce qui est en jeu n’est bien sûr pas « l’avenir du service public », ni la qualité des prestations proposées aux clients. Ce qui est en jeu, au-delà du statut du personnel, au-delà du statut de l’entreprise, c’est, au niveau national, rien d’autre que la préservation d’un fief communiste historique.
Pour ce qui est du statut du personnel, le gouvernement a déjà cédé sur toute la ligne puisqu’il s’est engagé à maintenir intégralement les avantages dont bénéficient depuis 1946, électriciens et gaziers. Or, ceux-ci sont plus que considérables, ils sont scandaleux. Dans le dernier numéro de son mensuel « Société Civile », l’iFRAP (Institut français pour la recherche sur les administrations publiques) en a dressé la liste : emplois à vie, soins de santé gratuits, retraite à 55 ans pour 60 % du personnel, 32 heures de travail par semaine, nombreux congés supplémentaires, électricité et gaz facturés à 10 % du tarif normal… Tous ces avantages représentent environ 20 % des factures d’électricité payées par les ménages français !
Pour ce qui est du statut de l’entreprise, à partir du moment où la mise en concurrence des fournisseurs au niveau européen concernera 70 % des ventes dès le 1er juillet prochain et même 100 % en 2007, le maintien d’un statut d’entreprise publique ferait reposer sur l’État, c’est-à-dire le contribuable, la totalité des besoins financiers estimés par l’actuel président à 15 milliards d’euros pour les trois prochaines années. Le passage en société anonyme permettra de trouver ailleurs que dans les caisses vides du Trésor, les ressources nécessaires.
La faible mobilisation constatée jusqu’à présent parmi les salariés de base d’EDF pour appuyer les mots d’ordre syndicaux est sans doute le résultat de la stratégie du gouvernement : céder intégralement sur les avantages sociaux, mais rester ferme sur la transformation du statut.
Cette question, qui peut paraître résiduelle, est d’un ordre politique supérieur. Car le statut de l’entreprise publique date de 1946. C’était au temps où le ministre de l’énergie, un certain Marcel Paul était lui-même un militant communiste. C’est ce bastion que les derniers militants professionnels du Parti défendent bec et ongles. Sarkozy ne peut pas céder complètement. Mais Chirac ? C’est une autre affaire…

Partager cette publication

Comments (5)

  • R. Ed. Répondre

    Après que l’Etat se soit déjà copieusement servi sur les rentes de “l’héritière”, Monsieur “X” va venir rafler le reste. Qu’il donne lui aussi tous ses sous à EDF, après il ira dormir sur les bancs publics et mangera des pates au sucre toute la semaine. Charité bien ordonnée commence par soi-même !

    26 juin 2004 à 11 h 52 min
  • Dilbert Répondre

    Le courageux anonyme “X” ne préconise ni plus ni moins que le vol, belle mentalité digne des collectivistes franchouillards assistés et kleptocrates. J’espère que je ne tomberai jamais sur lui dans le métro, j’aurais trop peur qu’il me fasse les poches.

    25 juin 2004 à 23 h 11 min
  • X Répondre

    Vous nous faites bien rire (du moins sourire), M. Dumait, à prétendre dénoncer les « avantages » que vous jugez « scandaleux » des salariés d’EDF… quand on pense que les « 15 milliards d’euros » correspondant aux « trois prochaines années » de financement de l’entreprise pourraient être réglés sur ses fonds propres par un seul contribuable français (une héritière ayant toujours vécu de ses rentes et que je ne nommerai pas).

    21 juin 2004 à 23 h 24 min
  • dolf Répondre

    sarkozy, le type qui a interdit quon rende publique les chiffres des naissances en france? seul homme de bonne volonté a vouloir agir contre chirac et ses meschants sbires?la bonne blague. allons allons….sarkozy est un arriviste qui fait partie du systeme, certainement pas son fossoyeur.

    21 juin 2004 à 15 h 28 min
  • R. Ed. Répondre

    Dans le cas des contrôleurs aériens aux Etats-Unis, la plupart des licenciés ont repris le travail un jour ou deux après sous une autre casquette :rappel sous les drapeaux, la plupart étant officiers ou sous-officiers le tour était joué .Les contrôleurs civils avaient annoncé que les militaires n’arriveraint pas à les remplacer, ils ne se doutaient pas que cela allait être eux les militaires !

    19 juin 2004 à 20 h 47 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *