Pour un retour à la société organique

Pour un retour à la société organique

Les Républiques françaises ont-elles été organiques, c’est-à-dire constituées selon les deux principes complémentaires de subsidiarité (souveraineté des corps intermédiaires dans l’exercice de leurs responsabilités propres), et de finalité (recherche du bien commun dans la justice et dans l’ordre) ? Ou, au contraire, contenaient-elles en germe un totalitarisme dévastateur, non-organique par essence ? C’est à cette double question que répond Marie-Pauline Deswarte.

 

Dès l’origine de la France, la nécessité d’une transcendance divine est reconnue. Il n’en a plus été ainsi avec la France républicaine. La république, basée sur le primat de l’individu, a brisé, non seulement la conception organique de la société, mais la quasi-totalité des organes progressivement mis en place au cours des siècles, leur substituant une poussière d’individus souverains, censés, par leur suffrage, exprimer la volonté générale, à un moment donné.

 

Si la notion de corps organique semble conservée, on lui donne un tout autre sens. Dès 1788, Sieyès l’affirme de la façon la plus claire : « Jamais on ne comprendra le mécanisme social, si l’on ne prend pas le parti d’analyser une société comme une machine ordinaire. » Par quoi, il contredisait radicalement Louis XIV qui écrivait : « Car enfin, mon fils, nous devons considérer le bien de nos sujets bien plus que le nôtre propre. Il semble qu’ils fassent une partie de nous-mêmes, puisque nous sommes la tête d’un corps dont ils sont les membres. »

 

La Révolution balaye « les institutions vi­vantes naturelles, unies par des liens d’interdépendance et vivant d’une vie propre », pour les remplacer par les représentants du peuple souverain – organe supposé vouloir pour la nation.

 

C’est alors qu’on a cherché à bâtir une théorie de l’État, dans lequel certains, comme Auguste Comte, ont vu « un individu physiologique », auquel chaque citoyen est entièrement soumis. Ainsi, dans notre démocratie, l’État peut tout et, bientôt, fera tout.

 

Avec la Révolution, l’homme devient son propre principe, sa fin et sa loi. D’où tant de lois, alors qu’il en existait si peu sous l’Ancien Régime – et surtout tant de lois anti-chrétiennes, puis contre-nature.

 

La majorité des députés de 1871 ne comprit pas la position du comte de Chambord, qui avait insisté sur la nécessité vitale de la reconstruction d’une France organique.

 

Ainsi naquit la IIIe République qui, bientôt, rechercha une nouvelle spiritualité, c’est-à-dire une nouvelle religion. Nous connaissons tous l’histoire de la laïcité républicaine, qui se transforma très vite en un laïcisme conquérant, puis oppresseur et diviseur.

 

Depuis lors, « la laïcité est […], aux yeux de l’ensemble de la classe politique, la seule réponse qui convienne au problème de la légitimité du pouvoir. » La Ré­publique est devenue, selon Vincent Peillon, « le passage […] de la religion révélée et théocratique à la religion laïque et libérale ».

 

Pourtant, de plus en plus, les Français attendent un retour au réel, car la France sait qu’elle est organique. L’exemple de la nouvelle Constitution hongroise montre qu’une nation est capable de se référer à l’origine de son histoire, afin de se réapproprier les valeurs qui l’ont construite.

 

L’homme abstrait de l’idéologie laïciste a désormais vécu. Il est invité à céder la place à l’homme concret, celui dont Marcel de Corte écrivait, dans « L’Hom­me contre lui-même », qu’il était « fait d’une âme incarnée dans un corps et dans les corps de surcroît que sont les communautés de vie ».

Xavier Soleil

 

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Comments (9)

  • huguo Répondre

    bah! les moutons veulent toujours un berger qui finira par les tondre,et quant il n’aurons plus de laine,les enverra à l’abattoir.

    7 septembre 2014 à 9 h 33 min
  • BRENUS Répondre

    Je suis contre Saint Louis, De Gaulle, Napoleon et tiens même Louis XI, mon favori. Comme mes camarades syndiqués je crache sur l’histoire de France, sur les “souchiens” et appelle de mes voeux le type de dirigent efficace et doux qu’ils aiment : Poll Pot. Avec un premier ministre muslim orthodoxe qui nous fera enfin revivre le paradis des 8° et 12° siècles , période parait il appelée age d’or. Sauf pour les esclavges chrétiens, dhimis et autres sous-merdes, d’ailleurs méprisées par mes camarades. Voyez, moi aussi j’ai mes “vallseuses”.

    7 septembre 2014 à 1 h 36 min
  • Yvan Shadok Répondre

    Marcel De Corte, un philosophe visionnaire.

    ” Le socialisme est aujourd’hui une maladie de l’esprit dont le virus est maintenu à un haut degré d’efficacité dans des officines adéquates: partis, syndicats, presse, radio, etc… et injecté dans la mentalité des citoyens où il trouve un terrain propice au mythe sous la forme d’une conscience qui se ferme au réel et se replie sur elle-même.

    La preuve en est donnée, irréfutablement, par l’analyse sociologique du socialisme lui-même, tel qu’il se réfracte dans les esprits qu’il atteint et mystifie.(…)

    (…) Il est remarquable en effet que le socialisme lève désormais ses recrues dans la bourgeoisie , chez les intellectuels, dans des groupes instables du bourgeois dévitalisés, dans une foule de gens qui répugneraient d’appartenir à ce qu’ils appellent dédaigneusement ” la classe ouvrière ” , et qui souffrant d’un manque d’énergie, demandent à l’Etat, exigent même de l’Etat qu’il leur fasse une place dans la société. C’est là que joue la mystification socialiste. C’est là que se découvrent les esprits perméables au virus de la propagande publicitaire. Quel rêve que les alouettes tombent rôties dans la bouche! Un bonheur tout cuit, c’est le paradis sur la terre sans la bonne souffrance de l’effort.personnel!”

    Marcel De Corte – La libre Belgique – 1957.

    http://users.skynet.be/lantidote/collectifvide.html

    6 septembre 2014 à 10 h 22 min
  • Yvan Shadok Répondre

    Il faut quand même rappeler que LA République française c’est construite sur des persécutions, des exécutions et un génocide orchestré et planifié dont l’ampleur ( aussi bien en nombre et en procès expéditifs ) n’avait jamais connu d’équivalent précédemment et certainement pas celui que l’on appelle l’inquisition. Même encore aujourd’hui Robespierre a ses admirateurs et il existe toujours en France des rues ou des places au nom des génocidaires. Sur ce sujet lire l’excellent Reynald Seycher et Augustin Cochin.

    6 septembre 2014 à 10 h 08 min
  • Jaures Répondre

    “La monarchie a produit Saint Louis et c’est tant mieux pour la France,” écrit Desoyer.

    Saint-Louis fut l’un des pires persécuteurs de juifs de l’histoire de France. Il a écrasé les cathares (ou plutôt les a conduit au bûcher) et ruiné le pays dans des croisades inutiles (armées décimées par la peste ou la dysenterie, forte rançon versée à l’ennemi après sa capture,…).

    Vous racontez ça dans votre livre ?

    4 septembre 2014 à 17 h 16 min
    • DESOYER Répondre

      Je sais autant que vous ce qu’a fait saint Louis et je maintiens ce que je dis.
      Vous n’êtes qu’un “bouffeur de curés” sauce franc-maçonne.
      Savez-vous combien de prêtres orthodoxes ont été “éliminés” par Lénine et Staline entre 1917 et 1940?
      Plus de 40 000.

      4 septembre 2014 à 18 h 00 min
      • Jaures Répondre

        Moi je ne dis pas que si la Révolution a produit Lénine et Staline c’est tant mieux pour la Russie.

        Pour Saint-Louis, c’était donc tant mieux pour la France à condition de n’être pas Juif, ni cathare, de ne pas avoir agonisé dans le désert et de ne pas avoir été ruiné par la rançon à verser pour libérer le roi (4 tonnes d’or pour le sultan Turan-Shah).

        Pour les autres, qui auront échappé aux famines et épidémie, l’époque aura été acceptable durant les 2 ou 3 décennies de leur espérance de vie.

        4 septembre 2014 à 18 h 18 min
  • DESOYER Répondre

    L’empire a produit les deux Napoléon.
    La République a produit de Gaulle, Pompidou, sans qu’aucun des deux, d’ailleurs, ne donne entière satisfaction.
    Rien ne dit qu’elle ne pourra pas produire mieux.
    Dans mon livre à paraître bientôt “Economie ou socialisme: il faut choisir”, je tente de donner une réponse à cette problématique.

    4 septembre 2014 à 11 h 39 min
  • DESOYER Répondre

    Plus que le type de régime (à l’exclusion évidemment du régime communiste), pour moi c’est plutôt la qualité des hommes au pouvoir qui importe. La monarchie a produit Saint Louis et c’est tant mieux pour la France, mais aussi beaucoup d’incapables.
    L’

    4 septembre 2014 à 11 h 35 min

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