Prise d’otage au musée du Louvre

Prise d’otage au musée du Louvre

Les mirages de l'art contemporainEntretien avec Christine Sourgins

Historienne de l’art, auteur de « Les mirages de l’Art contemporain » (La Table Ronde)

À côté de Rubens s’écroulent des pierres tombales ; devant Van Eyck se dresse un mannequin à tête d‘oiseau ; en face de Rembrandt pend une carcasse de scarabées ; avec, çà et là, des dessins usant de sang ou de sperme… Qu’arrive-t-il au Louvre qui ouvre pour la première fois (du 11 avril au 7 juillet) un département entier – celui de la peinture flamande – à Jan Fabre ?…

Votre première impression après la visite de l’exposition Jan Fabre ?

Cette exposition frappe par le caractère envahissant des interventions : une quarantaine (certaines composées de plusieurs éléments et souvent de taille imposante). Conséquence immédiate : la visibilité des chefs-d’œuvre du Louvre en est affectée. Certaines installations empêchent physiquement de voir pleinement les œuvres anciennes ou occupent tant de place qu’aucun recul n’est possible. Il y a là, de la part des conservateurs responsables, un manquement grave à l’une de leurs missions fondamentales, la présentation des œuvres, qui, avec la conservation, l’étude (et, dans la mesure du possible, l’accroissement des collections) justifie leur profession.

La fonction perturbatrice est une constante d’un certain art dit contemporain, qu’on abrège en « AC », pour montrer qu’il s’agit d’un genre et non de l’art de nos contemporains en général. Selon cette logique, Fabre parasite donc la lecture du passé et détourne à tour de bras les œuvres anciennes (le détournement est un des principes de l’AC), il occupe le centre d’une salle et prend les vieux maîtres en otage. Rubens, Rembrandt ou Van Eyck, deviennent des comparses, quand ils ne paraissent pas faire de la figuration autour de sa majesté (de carnaval), Fabre !

Il se produit aussi un effet de zapping, un coq-à-l’âne muséal contraire à l’esprit qui a présidé à la création des œuvres anciennes, c’est anti-pédagogique au possible.
Dans la galerie Médicis, les chefs d’œuvres de Rubens pâlissent derrière un tohu-bohu de pierres tombales qui tire Marie de Médicis vers le burlesque !

Dans ces conditions, quel intérêt le Louvre a-t-il à présenter des artistes issus de cette mouvance d’Art contemporain ?

Cette atteinte à l’aura de l’œuvre n’est pas un dégât collatéral, c’est le but de la manœuvre. Le Louvre, qui veut faire valser ses collections, d’Abou Dabi à Vérone, pour qu’elles rapportent. Il nous dit ainsi : « Ce que vous vénérez comme des œuvres insignes de l’esprit ne sont que de vulgaires brimborions. Pour peu que vous les regardiez avec Fabre d’un œil « contemporain », ce sont donc des marchandises comme les autres, que nous avons bien raison de commercialiser…». Il y a là une manipulation psychologique dont l’AC est coutumier.
Les œuvres d’AC ne visent pas seulement à perturber visuellement, elles portent en elles-mêmes un discours insidieux.

Devant un tableau représentant la Cène du Christ par Pourbus, Favre pose une énorme sphère de bousier recouverte d‘élytres bleu-vert au rutilement précieux (le scarabée est un de ses animaux fétiche et l’on sait que l’insecte pousse devant lui une boule d’excrément). Non seulement cette gigantesque sphère, sur un matelas géant, gêne la vision du tableau flamand, mais elle désigne insidieusement les œuvres des artistes du passé comme des « merdes » précieuses – des ordures haut de gamme ; en somme!

Ce lien entre matière précieuse et fiente est repris par les oiseaux en verre teinté, fragiles et délicats, que Fabre a multipliés dans l’escalier Lefuel et intitulés, je cite : « colombes qui chient et qui volent ». On peut se demander si ces pigeons ne sont pas, pour l’artiste, les alter ego des visiteurs…

Mais Jan Fabre affiche une ambition spirituelle ?

Le phénomène de christification de l’artiste, martyr et « sauveur du monde », qui verse son sang « pour l’humanité », est un thème éculé de l’AC, que le Louvre fait mine de découvrir.

Laissons les théologiens apprécier cette religion de substitution, qui s’affiche sur un mur garni de croix funèbres aux queues reptiliennes, très « mouvement gothique » ! Mais il est quand même hautement comique de lire que le gisant de l’artiste, hérissé de punaises, « recrée l’espace sacré d’une chapelle (…) instaure une atmosphère propice au recueillement».
D’autant que ce « mystique » profane a la prétention de créer un « homme nouveau », qui serait personnifié par l’ange – d’où le titre de l’exposition : « L’Ange de la métamorphose ».

Remarquons la coïncidence entre les affirmations arbitraires qui parsèment l’exposition et la volonté de présenter l’AC comme un art de même nature que celui de Bosch ou Vermeer : on intime au spectateur d’adhérer à ce que le clergé muséal et le prêtre artiste nous somment de prendre pour de l’art.

Il y a manifestement confusion entre foi et obéissance. Mais c’est la suite du geste de Marcel Duchamp inventant le ready-made : « Ceci (une pissotière par exemple), est une œuvre d’art parce que moi, artiste (ou, nous, institution, musée), je le dis (ou nous le disons). »

Voici quelques-uns des « dogmes artistiques » assénés au fil de l’expo : vous devez croire que le ver de terre « mangeur de cadavre est symbole d’imputrescibilité ». Et ce, au rebours de la symbolique séculaire et du bon sens, puisque le ver a toujours symbolisé la pourriture !

De même, vous devez croire que les croix reptiliennes, au milieu de têtes de mort dévorant des animaux, symbolisent toujours la résurrection (puisqu’on vous le dit !). Notez que la bohémienne de Frans Hals, à côté de ce bric-à-brac macabre, a l’air d‘une folle !

Une peinture ancienne représente un greffier avec sa famille et un perroquet ; Fabre lui associe des dessins de « perroquets et de munitions » en usant de sperme. Sous prétexte que « la semence fait le lien entre la naissance et la mort ». Le rapprochement est pour le moins tiré par les cheveux.

Pourtant Fabre se targue de respecter le travail de ses prédécesseurs…

L’humilité qu’il affiche est feinte : le brave homme se représente en ver de terre, pour bien marquer sa petitesse face aux géants de l’art qui l’entourent. Oui, mais c’est « le ver de terre le plus grand du monde » ! En réalité, c’est le spectateur qui est la cible constante de l’humiliation. Sans cesse, les cartels lui signalent qu’il est confronté à la mort, à sa mort. D’où ce bazar funèbre qui « résume un combat perdu d’avance de l’homme contre la mort et pousse le spectateur à adopter une attitude humble ».
Bref, à courber l’échine (il y a beaucoup de vertèbres dorsales en effet) devant Fabre et l’AC, thanatopracteurs en chef.

Le musée suggère que le choc des cultures anciennes et contemporaines produirait un enrichissement de la pensée…

La pensée ? Mais la littéralité de la pensée est confondante ! À l’entrée, Fabre « se heurte littéralement au mur de l’histoire, en voulant regarder de près le chef-d’œuvre ancien ». Le mannequin de l’artiste se cogne donc contre la copie d’un tableau flamand et pisse le sang ! On se croirait dans un mauvais musée Grévin.
Sans compter les blagues dans le style farces-et-attrapes : un mannequin a du jambon enroulé autour des mollets. Ce serait une illustration d’une expression flamande (« avoir du jambon aux jambes » signifie foncer ) ; oui, mais cela se déroule dans la salle du célèbre portrait de Jehan Le Bon ! Cherchez le calembour…
Ajoutons-y quelques truismes donnés pour des pensées profondes : Fabre expose un matelas et « tente un rapprochement entre le sommeil et la mort » : en voilà de l’inédit ! Le tout fait songer à une phrase de Cocteau : « Un des drames du monde moderne est que la bêtise s’est mise à penser ».

Comment l’exposition est-elle reçue ?

En discutant avec les visiteurs et les gardiens, on comprend que le public est très déçu. Mais il est venu en nombre et nul doute que le Louvre ne transforme sa présence chagrine en succès.

Même si des ouvrages comme celui d’Aude de Kerros, « L’art caché », ou le mien sur « Les mirages de l’Art contemporain » ont démonté les ressorts de l’AC, le grand public n’est pas averti. Il est donc incapable de discerner les enjeux profonds de l’opération.
L’explication commune devient donc : le Louvre a voulu faire un coup publicitaire et nous attirer pour revoir les Flamands ; Fabre est perçu comme un repoussoir. Explication qui ne résiste pas à l’analyse, car le public, joué une fois, ne reviendra plus. Or ce type d’exposition se multiplie : verra-t-on un jour nos chefs- d’œuvres à Abou Dabi ou ailleurs et nos salles vides occupées par l’AC ? Pour le plus grand profit du marché international de l’AC, hautement spéculatif ! Car un artiste contemporain exposé dans un lieu de patrimoine voit sa côte monter en flèche !
Qu’en penseront les visiteurs étrangers ? Ce Chinois qui faisait les yeux ronds en sortant de la Galerie Médicis ne dissuadera-t-il pas ses compatriotes de traverser la planète pour voir des blagues de potaches ? Est-ce cela, la délocalisation de la culture qu’on nous prépare ?

SIGNER LA PETITION CONTRE L’EXPOSITION JEAN FABRE AU LOUVRE

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Comments (13)

  • marie Sallantin Répondre

    Merci à Jan Fabre de nous remettre en selle? Avec ce genre de raisonnement merci aux talibans de nous avoir fait connaître les grands boudhas! Seulement la passion est arrivée trop tard et le trésor est parti en fumée. Au Louvre, Fabre nous empêche de voir en faisant événement sur lui-même. Le Louvre, le plus prestigieux musée du monde, devient magasin d’accessoires pour touristes perdant son rang. Remercions!

    11 juin 2009 à 13 h 56 min
  • René Gratia Répondre

    Bonjour à tous!

    En lisant les commentaires une seule chose me saute aux yeux:

    la passion est réveillée par des hommes comme Jan Fabre, en effet la plupart des artistes contemporain laisse la plupart des gens dans l’indifférence, sauf bien entendu le petit groupe hermétique et élitiste qui tourne autour ( investisseurs, critiques et spéculateurs, fumistes et institutions…) Ce que les personnes désaprouvant l’exposition de J. Fabre sont obligés de reconnaitre.

    Mais cette fois ci, un artiste déchaine les passions, non pas juste pour son travail mais aussi,et surtout, à cause du lieu où celui ci est exposé. c’est à la fois très fort, et tellement ridicule!

    Imaginez un instant que l’on expose ”L’origine du monde"  (Gustave Courbet – 1866) dans une école d’enfants, dans une église ou encore dans un abbatoir, dans un couvent, dans le bureau du président… les réactions ne se feront pas attendre, que doit-on en déduire? Voilà la seul question véritablement intéressante à se poser! Bien sûr la réponse vous appartient.

    Les personnes aimant le travail de J. Fabre seront heureuses de la confrontation, tandis que les individus qui avaient presque oublié le travail des "anciens"  voient leurs passion ravivée et s’offusquent.  Ainsi tout le monde est gagnant, l’étincelle met le feu, et les braises s’enflamment.

    On peut s’amuser à tirer les choses en longueur, essayer de s’auto-persuader en argumentant, faire preuve de ses connaissances et avoir pour un temps l’illusion d’être dans le vrai …

    La seule chose qui est vrai et immuable dans l’art, c’est la passion et en agissant ainsi, vous en êtes la preuve.La preuve que l’art est toujours aussi vivant qu’il y a un siècle… Remercier Jan Fabre qui vous a remis en scelle, que vous aimiez ou pas, soyez au moins objectif.

     

    6 janvier 2009 à 21 h 18 min
  • marie Sallantin Répondre

    Pour information : un autre débat se poursuit sur le thème de l’opportunité de L’AC au Louvre, ses raisons que le public ignore, ses conséquences à court terme, le revirement US et le ridicule français…sur le site MDA 2008

    27 mai 2008 à 10 h 23 min
  • RITA Répondre

    c’était bien de vous lire en rentrant de l’expo … chaque fois le circuit recommence :curiosité –> énergie–>déception–> coup de blues. Franchement le pauvre jan Fabre ne tient pas la route, il a du mal à dépasser le stade pipi caca boudin et nombril du monde …  la video avec marina Abramovic est totalement ridicule , on est dans le faux et ce ne sont pas deux petites coupures dans le bras qui nous feront comprendre la mort et la souffrance de l’artiste mieux que Goya. et en plus on irait même jusqu’à intégrer le complexe du vieux-con-qui-préférait-le-passé-dans -son-jeune-temps…

    Mais soyons positif : grâce au ministère et à mes impôts, je me suis déplacée par curiosité, et j’ai eu le plaisir de revoir Rubens que j’aime, et le choc des cultures ne peut se faire qu’à son avantage . Lorque le doigt te montre la lune, regarde la lune et pas le doigt qui la montre . Jan Fabre et toute sa clique , repus d’orgueil, peuvent aller se coucher. l’art institutionnel, l’art d’Etat, est à sa place : celle qu’on oublie très vite. Oublions l’injustice de l’argent : le temps sait très bien faire le tri; on voudrait juste qu’il se dépêche un peu dans sa tâche de fossoyeur.

    à quand la prochaine confrontation?

    14 mai 2008 à 18 h 31 min
  • Anonyme Répondre

    Reponse a Gerard Pierre. Je n’ai pas comme vous une vision historiciste de l’art. Je ne concois pas de distinction entre ancien et nouveau. L’histoire de l’art nous apprend que certaines idees, certaines oeuvres ou pensees sont oubliees parfois pendant des siecles avant de reapparaitre. Jean Sebastien Bach fut rehabilite par Mozart. Bernini et le Baroque Italien furent conspues et consideres comme des futilites quasiment du 18 au debut du 20eme siecle, avant d’etre rehabilites par Deleuze dans son etude sur Leibniz. Pendant cette periode ce fut le siecle d’or du Classicisme neo-grecque, puis de ce que l’on appelle la periode Moderne (1920-1965) qui appliqua en gros les memes fondamentaux classique, dans le contexte de la revolution Industrielle, cad la reproduction de module, de standard ideaux, de proportions classiques ou standardisees. Donc tout le contraire du Moyen Age vernaculaire ou du Baroque a la production non standardisee. L’histoire de l’Art ne peut donc pas etre aborder de maniere lineaire, cela serait plutot une succession de devolutions, de mutisme, d’oublie, de ressurgissement, d’evolution, de maturite et de disparition de concepts et d’esthetismes parfois complementaire, parfois en competitions. Il ne peut donc pas y avoir d’autrefois, c’est plutot un deroulement rhizomatiques d’idees qui s’entrechoquent, parfois fond taire des themes, parfois en combinent certains, ou en rehabilitent d’autres. Je crois par contre qu’il y a competition entre les arts et la realite. Le probleme est que la realite actuelle est sans cesse attaquee par l’Illusion collective construite (certains nommerent cela Societe du Spectacle) que l’Etat nomme Culture, ou culture de masse. Il s’agit sans cesse de savoir comment faire de l’art apres le peinture, la photographie, le cinema, la publicite, la guerre, l’holocauste etc… Malheureusement, l’AC a choisi le parti d’etre extremement brutale et provocateur, pour rivaliser avec la constante propagande politique, et commerciale du monde post-capitaliste. Il s’agit d’etre malheureusement plus ‘efficace’ que les slogans, les pubs, et cela sans aucun recul, sans reflections et sans aucun sens du mystere. L’Art Contemporain est devenu un art jettable, un art de l’immediat. Je pense que l’AC vit en ce moment une crise profonde, on tourne en rond et on crie de plus en plus fort… Qui y croit encore ??? En cherchant vraiment, on comprend qu’il y a quand meme de l’espoir en Occident de fouiller et de faire ressurgir du passe ou du lointain passe des munitions contre cette Illusion Collective. On ne brule pas encore les musees, les bibliotiques, comme en Afghanistan, en Chine populaire sous la Revolution Culturelle, gardons espoire… Si cela interesse certains, voici un texte splendide de Virilio sur l’horreur de l’art http://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/VIRILIO/14134 Je sais c’est le Monde-Diplomatique, mais qu’importe, c’est quand meme Virilio…. Ciao

    5 mai 2008 à 16 h 42 min
  • isocrate Répondre

    "….Qui veut faire l’Ange fait la bête"….. C’est assez bien vu, je crois.

    5 mai 2008 à 15 h 51 min
  • Maxime Répondre

    Je pense qu’il ne faut pas trop philosopher sur l’art dégénéré mais qu’il faut surtout prendre acte que ces moeurs ne sont pas de chez nous. Je pense que l’ami Hervé Ryssen devrait nous en dire un peu plus sur cet "artiste" Jan Fabre…

    4 mai 2008 à 16 h 17 min
  • marie Sallantin Répondre

    “En réalité, c’est le spectateur qui est la cible constante de l’humiliation….” nous dit Christine Sourgins. Bravo à cet article et demandons la démission du directeur du Louvre séance tenante pour incompétence aggravée dans l’exercice de sa profession de conservateur définie par la loi. Oui à une vaste mobilisation!

    4 mai 2008 à 15 h 02 min
  • Anonyme Répondre

    Voilà en dessous un édito sur le site de FACE À L’ART http://www.face-art-paris.org. et toujours d’actualité (et pourtant depuis trois ans déjà!) au sujet de l’AC au Louvre. On continue dans la désacralisation de l’art en mimant le sacré. Jan Fabre en faux mystique après l’urinoir baptisé fontaine. Quel radotage…c’est vrai qu’on est depuis 1977 avec l’ouverture de Beaubourg dans l’administration de l’art, alors comment s’étonner du zèle et de l’excitation de ces messieurs les fonctionnaires qui découvrent un peu tard la transgression et ses frissons… . Marie Sallantin L’Art Contemporain au Louvre. Comment s’y prennent ils ? Par le webmaster | janvier 30, 2005 Comme toujours par la confusion : Tout se passe comme si les successeurs de Braque et ceux de Duchamp jouaient dans la même cour. Tout se passe comme si les uns, les descendants du maître en dérision de l’art et du musée, ne l’avaient pas emporté (victoire provisoire ?) sur ceux qui mettent leur existence au service d’une passion libre, celle de leur art. Car tout se passe comme si l’objectif affiché en 1977 au moment de l’ouverture du Centre Pompidou avec l’exposition Marcel Duchamp, n’était pas celui que poursuivent encore en 2005 avec une constance remarquable des artistes contemporains rivaux en idiotie et fiers de l’être. La confusion une fois établie, on évoque un plafond de Braque pour justifier d’installer des bâtons de rouge à lèvres sous vitrine et de ce fait rendre invisible l’art ancien à force de dérision et de sottise, et non pas mieux visible comme on le prétend. Non, Braque au Louvre ne signifiait pas pour ses contemporains une telle atteinte à l’image du musée, un tel mépris pour l’art de l’humanité et ses chefs-d’oeuvre, un tel penchant suicidaire de la part de ses responsables. Merci de ne pas confondre. Le bureau de “FACE À L’ART”

    4 mai 2008 à 10 h 00 min
  • Pierre-Marie Ziegler Répondre

    Je souscris entièrement aux propos de Christine Sourgins, mais est-ce que l’angle d’attaque ne devrait pas être sur la forme plutôt que sur le contenu? Faire dialoguer les chef-d’oeuvre du passé avec l’AC, pourquoi pas, si c’est vraiment un dialogue. Là c’est un monologue, voire un dictat. Pour citer un exemple,L’expo “Animal et Territoire” en 2003 à l’Orangerie du Sénat (Commissaire: Marie Sallantin en association avec “Face à l’Art”) s’ouvrait sur une grande reproduction au jet d’encre d’un détail agrandit d’un tableau de Velasquez, et ça cohabitait parfaitement avec les oeuvres d’artistes vivants. Ce n’est pas le cas au Louvre, et la raison en est à mon avis assez claire (et loin de moi l’envie de dire du mal du travail de Fabre , surtout théatral, que j’ai suivi dans les années 80, avant que çà tourne bien plus tard à la provoc primaire): la mise en scène de son égo infantile. Je ne sais pas comment était l’ego de Velasquez, mais apparement, il le sublimait dans ses oeuvres. Là, c’est du Duchamp sans ironie, du Ben pas drôle, et c’est surtout terriblement lourd. Pour revenir à “Animal et territoire”, on s’est fait assassiner en une demi page par Debailleux dans Libé, et j’en ai soupçonné la raison quelques années plus tard en lisant un papier de lui sur la présence d’oeuvres de l’AC au Louvre où il disait en substance que c’était profitable au Louvre parce que ça y drainait du public. Si cet ineffable imbécile y avait mis les pieds au moins une fois dans sa vie avant l’installation de Jan Fabre , il aurait constaté comme tout le monde qu’on s’y croirait dans le métro aux heures de pointe, alors que les musées d’art contemporain restent, en dehors du vernissage, désespérément vides.

    2 mai 2008 à 19 h 50 min
  • Gérard Pierre Répondre
    AC-130 Spectre
     
       Si la culture est ce qui reste quand on a tout oublié (je ne sais plus qui a dit ça, …… François Mauriac ?) force est d’admettre que ce que nous nommons « autrefois » est ce qui reste émergé des remous de chaque époque, donc le meilleur qui, seul, est intemporel. Or le problème dans un endroit comme le Louvre avec son exposition actuelle c’est qu’on ne doit surtout pas y mêler une effronterie éphémère avec ce que le temps a consacré. De quel droit peut-on insulter gratuitement les Anciens ?…… qui est cet avide touche à tout pour se permettre une telle inconduite ?…… un génie ?…… si c’est le cas, encore conviendrait-il d’en définir le domaine ! …… en tout cas ce n’est assurément pas celui de l’art !
     
       « toute la musique classique actuelle est jouée par des musiciens vivants »…… ces musiciens vivants n’ont guère d’autre débouché aujourd’hui que de composer sur commande pour des producteurs de films …… américains de préférence. Jerry Goldsmith, mort récemment, pour n’en citer qu’un, fut de ceux-là. Or vous savez aussi bien que moi qu’en dépit de la qualité incontestable de leurs œuvres la plupart est voué à l’anonymat, contrairement au mystificateur du Louvre.
     
       « La représentation parfaite de la nature dans l’histoire de la sculpture n’a duré qu’un siècle (sous l’antiquité grecque) » ……… le « Moïse » de Michel-Ange que j’ai eu l’occasion d’admirer à Rome en 1962 est tout à fait dans la tradition grecque ; il a pourtant été sculpté au début du XVIème siècle.
     
       « un écrivain n’écrit pas pour la forme … // … sinon il aspire à rentrer à l’Académie Française. » …… c’est un point de vue ! …… ce n’est simplement pas le mien. Louis Ferdinand Céline, que tout le monde s’ingénie à vouloir consacrer grand écrivain du XXème siècle en faisant une bouche en cul de poule sur son antisémitisme ne sera toujours pour moi qu’un vomisseur de purulences. Son voyage au bout de la nuit est d’un ennui dont la lecture fastidieuse m’a incité en permanence à vouloir descendre à chaque arrêt. En revanche, Flaubert, Proust, et des dizaines d’autres comme eux me donneraient envie de lire jusqu’à leurs listes de courses.
     
       « votre vision de la poésie ruisselle de romantisme » …… peut-être ! …… Desnos, Supervielle, et même Eluard m’insupportent. Banville, Mallarmé, Heredia, Leconte de Lisle, Géraldy ou Saint-Pol-Roux sont plus en adéquation avec mon type de sensibilité. Quant à Baudelaire que vous semblez affectionner, pour m’être astreint à relire l’intégralité des Fleurs du mal l’an passé, je sais qu’il échappe définitivement à toute chance de s’installer un jour dans mon « Panthéon ». Il restera toujours pour moi un tourmenté aux goûts douteux.
     
       A vous dire tout cela, je vais finir par me faire croire que je ne suis pas conventionnel, …… ce qui pourrait vous amener à faire un parallèle entre ce … Fabre ! ! ! …… et ma modeste personne ! ……………… beurk !
     
       ………………… dans ce cas parlons plutôt d’autre chose !
    2 mai 2008 à 14 h 54 min
  • Anonyme Répondre

    Autrefois, autrefois….je me marre. Il n’y a jamais eu d’autrefois ideal!!! Au 19eme siecle on pondait aussi bien des etrons dans tous les arts, comme ce fut le cas au Moyen Age ou sous l’Antiquite. Ronsard, Rabelais, Balzac, Chateaubrilland, Kafka, Villard de Honnecourt, Gaudi, Duchamp, Artaud, Haendel tous ont ete en dehors de la norme et ont vomi leur siecle. Il faut vraiment aller au dela de ce genre de critique romantique pour faire avancer une VRAIE destruction de l’art contemporain: 1- Ca fait bien longtemps que l’on ne fait plus de CUBE dans l’architecture contemporaine, ceux qui continuent travaillent pour le BTP et engraissent les mandarins au pouvoir. Les vrais architectes se referent a Villard de Honnecourt, Gaudi, au Baroque, a l’architecture des plantes. 2-toute la musique classique actuelle est jouee par des musiciens vivants, ne l’avez vous pas remarquer ? Il y a des centaines de genres differents je suis sur que vous n’avez jamais ecouter le 1/10 eme de ce qui se joue, compose, improvise, cree. Il n’y a pas que la musique populaire… 3-La representation parfaite de la nature dans l’histoire de la sculpture n’a duree qu’un siecle (sous l’antiquite grecque) ! Que ce soit les Egyptiens ou les Grecs, ou meme les constructeurs de cathedrales, tous se sont attaches a aller plus loin que de juste representer parfaitement les proportions naturelles. Il fallait aller plus loin, toucher le sublime, or le sublime n’est pas naturel. Que ce soit des Vierges Noires aux statues de Michel-Ange, toute sculpture est exageration de la nature. 4- un ecrivain n’ecrit pas pour la forme, la synthaxe. Sinon il aspire a rentrer a l’Academie Francaise. 5- votre vision de la poesie ruisselle de romantisme, c’est du Jourdain ? 6- le gout c’est pour les Bovary…le gout c’est l’ennemi de l’art comme disait Baudelaire. 7-Dubuffet aussi disait ca, comme la plupart des artistes contemporains…bizarre non ? Alors ca ne veut tout simplement rien dire.

    2 mai 2008 à 3 h 18 min
  • Gérard Pierre Répondre
       Cette exposition n’a rien d’étonnant ; elle est le reflet exact du temps dans lequel nous vivons.
     
       Autrefois les architectes construisaient des cathédrales, de superbes basiliques, des châteaux et des demeures aux lignes harmonieuses. Ils songeaient, ce faisant, à l’esprit que devaient abriter leurs réalisations. Aujourd’hui ils construisent des cubes destinés à stocker de la main d’œuvre régénérable et du bureau administratif, …… et les conformistes du prêt-à-admirer s’extasient sur l’équilibre des lignes et des formes aériennes hardies ! ! !
     
       Autrefois les musiciens construisaient des symphonies, des fugues, des adagios ou des sonates. Ils songeaient ce faisant à traduire toute la délicatesse de leur inspiration. Aujourd’hui ils commercialisent du potin en boîte normalisée, diffusé à grand renfort d’amplificateurs, …… et les conformistes du prêt-à-s’assourdir recourent aux euphorisants illicites pour compenser sans doute ce que le frelatage d’une production sonore industrialisée ne leur délivre plus ! ! !
     
       Autrefois les sculpteurs rivalisaient d’ingéniosité pour extraire d’une pierre ou d’un morceau de bois des représentations d’un réalisme saisissant aux proportions remarquables. Ils maniaient leurs ciseaux avec une précision étonnante. Aujourd’hui, des fumistes font les poubelles pour récolter des débris qu’ils assemblent sans honte en les soudant ou en les collant. Ce serait de …………… l’art contemporain ! ! ! …… et les conformistes de la « nouvelle expression artistique » tiennent pour des rustiques insensibles à la beauté intérieure des objets les « provinciaux » qui ne l’adulent pas ! ! !
     
       Autrefois les écrivains ciselaient des textes dans le respect d’une syntaxe dont ils maîtrisaient toutes les nuances. Leur prose contenait une musicalité conférant un poids supplémentaire aux mots qu’ils choisissaient toujours à dessein. Aujourd’hui, les devantures de nos librairies regorgent de biographies rédigées hâtivement par des politiciens falots, des artistes déficients, des comédiens nombrilistes ou des sportifs asthéniques. Ils y côtoient les « chef d’œuvres » de Régis Debré, de Milan Kundera et les livres de cuisine de madame Halliday ! …… C’est moi que je suis le prochain prix Goncourt qu’on vous a causé !
     
       Autrefois les poètes composaient des textes où l’image savamment choisie avait plus de force qu’une longue explication. Ils fréquentaient les muses dans le silence. Elles leur disaient de jolies choses qu’ils nous restituaient en vers cristallins . Aujourd’hui, ils nasillent des suites de mots sans sujet, sans verbes et sans complément, comme si le chaos représentait la forme poétique suprême.
     
       Autrefois, il y avait les salons, les académies, les grandes revues littéraires, et les éternelles querelles entre les anciens et les nouveaux respectaient un minimum de règles déontologiques concernant le bon goût.
     
       MAIS AUTREFOIS , ………………… IL N’ Y AVAIT PAS DE MINISTERE DE LA CULTURE ! ………… générateur de « cultureux » sots et infatués, bavards et inconséquents, …… grands ordonnateurs de la subvention d’état.
     
      
    1 mai 2008 à 11 h 45 min

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