Quelques remarques à propos de la sécurité routière

Quelques remarques à propos de la sécurité routière

Je fais appel à la mémoire de mes contemporains (ceux qui sont nés autour des années 1930) car j’ai besoin de leur aide pour confirmer ou infirmer ce que ma mémoire me murmure à l’oreille.

Voici de quoi il s’agit. Dans les années 70-80, une curieuse expérience avait été menée, dans le Pas-de-Calais me semble-t-il, pour mieux comprendre le problème de l’alcool au volant.

L’autorité organisatrice avait installé sur une piste une sorte de gymkhana avec des quilles qui délimitaient un circuit un peu tourmenté.

Le but du jeu était de réussir le parcours sans faire tomber de quilles. Plusieurs cobayes avaient été sélectionnés pour l’expérience. Parmi eux, une jeune étudiante sobre et un chauffeur routier – profession qui, à l’époque, était au régime Ricard, plus le litre sur la table midi et soir.

On démarre à jeun. Tout le monde fait un sans-faute et les temps réalisés par chacun pour son parcours sont mesurés.

Un second parcours est lancé, après avoir fait boire un peu d’apéritif anisé à tout le monde. Surprise, les temps sont améliorés et aucune quille n’est renversée. On continue avec un autre petit verre avant chaque essai et ainsi de suite jusqu’à ce que des quilles soient renversées, ce qui arrive plus ou moins vite selon les participants.

Les participants qui ont culbuté trop de quilles sont éliminés, à commencer par la jeune fille, rapidement affectée par les petits verres.

Pour les autres, les temps de parcours s’allongent et des quilles commencent à être renversées. Un seul cobaye subsiste à la fin du test, c’est le routier qui a «lampé» sans sourciller tous les petits verres qui lui ont été présentés et n’a renversé aucune quille.

Je n’ai pas souvenir que ce test ait été normalisé et réitéré, mais j’aimerais savoir si cette affaire est connue par d’autres que moi ou si elle n’est qu’une sorte de rêve éveillé personnel.
Admettons que cette histoire soit confirmée. Elle serait révélatrice de deux facteurs qui sont totalement absents dans les débats sur la sécurité routière: la compétence technique (plus élevée chez le routier que chez l’étudiante) et la résistance personnelle à l’alcool (idem).

Il se pourrait, au moins, que la compétence technique soit effectivement l’une des causes des accidents routiers et peut-être même la plus importante.

L’année dernière, une chaîne de télévision avait diffusé une émission préparée en suivant une équipe de gendarmes en opération de contrôle de vitesse sur une autoroute. Trois «chauffards» furent contrôlés à très haute vitesse (160~180). Tous trois très gros rouleurs par nécessité professionnelle (plus de 100 000 km/an) et tous trois sans accident. L’un d’eux représentant en machines-outils avait exposé au journaliste que, compte tenu du trafic faible à cette heure très matinale, de la météo très favorable, il n’avait pas conscience de prendre un risque quelconque, ni pour lui-même, ni pour les autres.

En France, la formation donnée par les auto-écoles est juste suffisante pour obtenir le permis de conduite, mais n’établit pas un niveau de compétence élevé. Il faut donc compter sur l’expérience pour que cet objectif soit atteint, ce qui implique une accumulation de kilomètres. Il en résulte une sorte de formation «sur le tas» qui mélange, en conditions de circulation réelles, débutants et chevronnés. Cette mixité est un risque que la stricte limitation des vitesses n’évite pas.

Que fait le législateur? Il nivelle par le bas en fixant des limitations de vitesses basses et impose des taux d’alcoolémie qui tendent année après année vers zéro (à quand la vitesse zéro?).

Il prend timidement en compte la compétence avec le «A» collé à l’arrière des voitures conduites par des néophytes. Hélas, les chiffres de morts sur les routes restent désespérément élevés.

Un ancien pilote de courses aujourd’hui disparu, Jean-Pierre Beltoise, qui conduisait plutôt vite sans avoir, à ma connaissance, d’accidents avait conçu une pédagogie de stages qu’il appliqua sur un circuit ad hoc à Trappes.
Pour l’essentiel, cette pédagogie mettait l’élève en face de situations limites, telles que la conduite sur sol mouillé, sur glace, et la survenue d’événements aléatoires. Les résultats étaient très concluants, mais, hélas, les coûts étaient beaucoup plus élevés que ceux des auto-écoles standards.

En tout cas, je me suis souvent posé la question de savoir si les stages imposés aux conducteurs qui ont perdu leurs douze points ne devraient pas être effectués sur des circuits de ce genre.

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Comments (8)

  • lartistemac38 Répondre

    Excellent article que j’approuve en tout point. Je ne vois rien à redire. Bravo et merci !
    signé : un enthousiaste de voitures sportives et de conduite… depuis les années 60.
    On ne fait bien que ce que l’on aime et l’on y attache les plus grands soins.
    Toute cette sur-réglementation-répression de la vitesse rend la conduite fastidieuse et dangereuse alors que le libre arbitre d’un conducteur expérimenté et attentif est un vrai gage de sécurité. Aucune réglementation n’empêchera un inconscient alcoolisé ou autre drogué de faire un carnage au sortir d’une boîte de nuit. L’inattention au volant reste la plus grande cause d’accident (comme le montrait si bien un fameux sketch de Raymond Devos) mais curieusement elle ne figure jamais dans les procès-verbaux. Ah ! Quelle calamité que l”usage des smartphones au volant !
    Au fait, impressionnant le nombre d’accidents graves de vélo ou de trottinettes à très basses vitesses… chez des gens casqués d’ écouteurs aux oreilles. Ils se disent connectés ? Je pense que c’est l’inverse.

    20 décembre 2019 à 0 h 32 min
  • Hagdik Répondre

    Il faudrait fouiller un peu mais je me souviens d’une expérience de ce type avec des pilotes de rallye chevronnés.
    On avait montré que si l’alcool a des effets néfastes indiscutables, les capacités initiales du pilote et ses réflexes font une différences notable.
    Mais ceci n’est pas politiquement correct.

    Claude Vanony, dans un de ces sketches disait “boire ou conduire, il faut choisir, moi je bois” !

    14 décembre 2019 à 17 h 34 min
  • Resistons Répondre

    En effet cela est vrai et avait été publié dans un journal automobile de l’époque… Et le bon sens qu’avait mon père magistrat ainsi que M. Pompidou leur avait fait dire: ce n’est pas la vitesse qui tue mais l’incompétence et l’inattention. Mais il y a longtemps que le bon sens a quitté les cerveaux des pseudo-élites. Et si l’alcool est un facteur de risque c’est à cause d’un petit nombre de vrais alcooliques qui sont vraiment ‘bourrés’ et pas des braves gens qui ont 0,6 ou 0,8g et qui rentrent prudemment d’un bon diner chez des amis.. Et je confirme que quelqu’un qui ne boit jamais de vin sera ‘hs’ avec un petit verre mais en dessous de la limite arbitraire! Et quelque soit le taux limite fixé, cela va permettre de pourrit la vie des gens normaux et pas des poivreaux. Mais cela permet de faire croire que l’état s’occupe de nous avec notre argent et permet de faire rémunérer des copains énarques dans toutes ces officines publique qui nous pourrissent la vie dans tou sles domaines depuis 50ans.

    12 décembre 2019 à 10 h 01 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      êtes vous plus ” compétent ” et plus ” attentif ” quand vous avez bu, ou quand vous êtes sous l’ emprise d’ une drogue ( légale comme certains médicaments ou interdits ) ?

      la sécurité active et passive des véhicules automobiles ayant fait d’ énormes progrès et même en tenant compte d’ une augmentation des véhicules circulants on devrait logiquement observer une diminution du nombre d’ accidents , non ?

      enfin tenir compte aussi de l’ état des routes qui va en se dégradant

      ceci n’ est que le jugement d’ un homme sensé

      15 décembre 2019 à 14 h 47 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    comme aurait pu dire un comédien

    ” je bois quand je … conduit bien ”

    levez les inhibitions !

    encore un article débile dont les 4 vérités semblent s’ être réservées l’ exclusivité

    11 décembre 2019 à 12 h 53 min
  • OMER DOUILLE Répondre

    Pour une meilleure conduite : l’alcool OUI, mais l’eau ferrugineuse NON ! (Fernand Raynaud)

    11 décembre 2019 à 0 h 36 min
    • R. Ed. Répondre

      Je crois plutôt que c’est Bourvil ?

      11 décembre 2019 à 14 h 48 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        oui Bourvil qui ne ” buvait ” pas alors que le Fernand lui ….

        12 décembre 2019 à 13 h 14 min

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