69,6 milliards de déficit de la balance commerciale

69,6 milliards de déficit de la balance commerciale

Le 7 février 1992, voici 20 ans, les 12 ministres européens des Affaires étrangères signaient le traité de Maastricht, « traité d’union économique, monétaire et politique ».

Le 1er janvier 2000 était mis en place l’euro valant 6,55957 francs et 1,95583 mark. Une parité fixe lie donc le franc au mark depuis 12 ans.
En octobre 2004, la France commence à importer plus qu’elle n’exporte. Le déficit de sa balance commerciale mesure la non-compétitivité de ses entreprises. En 2011, il a atteint un record : 69,6 milliards d’euros.

Nos achats à l’étranger, en Allemagne tout particulièrement, augmentent bien plus rapidement que nos ventes.

Pourquoi ?

– Ce ne sont pas les Français qui sont coupables. Ils ne sont pas plus idiots que les Allemands. Peugeot ou Renault produisent des voitures aussi performantes que Volkswagen ou Mercedes. Les paysans français produisent un lait aussi bon que les paysans allemands.
– Par contre, les gouvernements français sont en grande partie responsables de l’augmentation des coûts de production français. Depuis 1945, une parité fixe a pratiquement toujours lié le mark au franc. Les prix augmentant en France de 2 % de plus qu’en Allemagne, tous les 2 ou 3 ans, une dévaluation rétablissait la compétitivité des entreprises françaises.

On se retrouve exactement dans la même situation depuis octobre 2004. Le mark et le franc sont toujours unis par la parité fixe décidée le 31 décembre 1999. En 8 ans, les prix français sont donc devenus plus élevés que les prix allemands d’environ 12 à 16 %.
Les entreprises françaises ne sont donc plus compétitives. Elles délocalisent, quand elles le peuvent, ou déposent leur bilan. Les entreprises du CAC 40 sont « françaises », mais elles ont toutes délocalisé une partie de leur production et font leurs bénéfices à l’étranger.

Pour rétablir leur compétitivité, il serait donc nécessaire qu’une « dévaluation » de 12 à 16 % du franc par rapport au mark ait lieu. Mais, disent à juste titre certains économistes, le franc et le mark n’existent plus. Vouloir dévaluer des monnaies qui n’existent plus est totalement farfelu. Ils oublient seulement qu’une parité fixe lie les anciennes monnaies entre elles depuis le 1er janvier 2000.

Il semble que, techniquement, deux solutions puissent être envisagées :

– Soit on revient aux monnaies nationales et l’on dévalue ;
Soit on modifie les parités liant les anciennes monnaies.

1) Le retour aux anciennes monnaies semble, actuellement, le cheminement que prend l’Euro­pe. En effet, les politiques adoptées ne cherchent pas à modifier les parités, pour rendre les pays en difficulté à nouveau compétitifs. On se contente de les aider financièrement. On ne traite donc pas le mal, mais seulement ses effets.
Le mal s’aggrave donc chaque jour un peu plus.

La zone euro ne peut donc qu’éclater. Les spéculateurs anticipent, d’ailleurs, un retour aux monnaies nationales.
2) La modification des parités liant les anciennes monnaies entre elles n’est, par contre, pas envisagée par les pays européens. Elle semble totalement ignorée, voire refusée pour de nombreuses raisons.

Pour certains, on n’a pas mis en place une monnaie commune pour continuer à dévaluer le franc comme avant, tous les 2 ou 3 ans. Pour d’autres, cette « dévaluation » serait techniquement inefficace. Il est évident qu’elle ne concernerait pas les billets de banque en euro que l’on a dans son portefeuille. Mais elle concernerait tous les paiements que l’on fait en utilisant sa banque. Que ce soit en lui demandant des billets, en utilisant des chèques ou une carte de crédit.

Seule une telle modification des parités rendra les entreprises françaises à nouveau compétitives et s’opposera donc au chômage.
Elle est techniquement simple à réaliser. Elle exige seulement une réunion des 17 ministres des Finances de la zone euro et leur accord sur les nouvelles parités.

Elle permet de ne pas imposer aux peuples un nouveau changement de monnaie.
Nicolas Sarkozy veut conserver l’euro, c’est évident. Mais, curieusement, toutes les mesures qu’il prend poussent, au contraire, vers un éclatement de la zone euro et un retour aux monnaies nationales…

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Comments (5)

  • Anonyme Répondre
    Je voulais compléter mon échange par des morceaux repris chez Ludwig von Misses :" Un gouvernement est la seule organisation capable de prendre une matière première importante comme le papier, d’y mettre un peu d’encre dessus et de rendre le tout totalement sans  valeur " et "Il n’y a aucun moyen de soutenir un boom économique résultant d’une expansion à crédit. L’alternative est ou bien d’aboutir à une crise plus tôt par arrêt volontaire de la création monétaire ou bien plus tard avec l’effondrement de la monnaie qui est en cause " Et c’est ce qu’on fait tous nos gouvernements depuis le traité de Maastricht (et aussi avant), le terme choisi est impéritie.
    19 février 2012 à 11 h 39 min
  • Anonyme Répondre
    Il n’existe que deux systèmes de change pour simplifier, soit vous lier votre monnaie à une autre et vous vous retrouvez dans un système de change fixe, cela veut dire que votre stock de monnaie ne varie plus en fonction de votre création de richesse (bien qu’il y aurait beaucoup à dire sur la variation de la masse monétaire) mais en fonction d’autres critères et la monnaie dominante du système fixe va obliger l’autre monnaie à s’élever au-delà de la valeur de son économie et c’est ce que nous constatons en ce moment entre les pays Eurolandais, mais aussi ce qui a été observé dans d’autres pays (Mexique, Asie en 1997, Argentine en 2001). Cela se termine toujours par une crise monétaire grave pour le(s) pays désavantagés.
    L’autre système est celui des taux de change flottants, qui permet aux monnaies nationales de fluctuer avec la santé de leur économie domestique.
    Ce qui a été réalisé dans l’UEM (Union économique et monétaire) est une horreur économique puisque les politiciens aidés de leurs économistes idéologues (Jacques Delors en tête) ont décidés de lier plusieurs économies nationales hétérogènes à une monnaie unique (et non commune, la différence est de taille). Ainsi l’économie de ces onze pays divergeaient et il était de bon ton de penser que l’on pouvait faire converger avec une monnaie unique l’Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal. Dès l’époque, certains esprits éclairés dont Lord Jimmy Goldsmith étaient fervents plutôt d’une monnaie commune, unité supra nationale permettant les échanges intra communautaires voir extra communautaire, voir une monnaie de réserve comme le dollar, mais en conservant nos monnaies nationales véritable mesure de la santé économique de nos états respectifs. Les Mitterrand, Chirac voyaient dans une unité politique et cette monnaie unique la clé du futur, ils ont ratés tous les deux leur certificat d’économie, zéro pointé avec J Delors et les autres bien entendu…
     
    Remanier les parités comme vous l’écrivez très souvent reviendrait à garder la monnaie unique et se retrouver sans cesse pou rediscuter de la parité des monnaies entre elles, ce que feraient automatiquement les taux de change flottants appliqués à chaque pays.
    Il faut arrêter de bidouiller la monnaie, car il suffit de revenir à sa définition première qui se doit être stable et ainsi permettre aux citoyens d’en apprécier gains de pouvoir d’achat différé lors des périodes de croissance et de concurrence et d’en avoir une protection dans les périodes de contraction. CQFD
    19 février 2012 à 11 h 34 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    " N.S. veut conserver l’euro , c’est évident (?) . Mais curieusement ( ? ? ) , toutes les mesures qu’il prend poussent , au contraire , vers un éclatement de la zone euro "

    En dehors de ses  ratiocinations économiques habituelles , Monsieur Trémeau feint la "surprise"
    Mais , enfin :
    ou bien les dirigeants politiques européens jouent la même partition d’une Europe à deux, trois vitesses
    ou bien ils ne contrôlent plus rien ,sont les jouets du "destin" et attendent  que le fruit blète tombe de lui même de l’arbre européen  en secouant tout de même un peu celui-ci …ce qui me semble l’hypothèse la plus probable … en conséquence de quoi les Grecs auront souffert pour "rien" …
    Quant à penser que Sarkosy a UNE logique et qu’il s’y tient  , sa mandature  nous a amplement démontré le contraire
    " si tu me mens , honte à toi ; si tu me mens une seconde fois et que je te crois honte à moi "
     …proverbe …arabe

    une fois encore de l’encre gâchée !

    16 février 2012 à 14 h 05 min
  • HOMERE Répondre

    Ah l’Euro….s’il n’existait pas…adieu nos ennuis…..il suffirait de dévaluer pour rendre notre économie forte ? on croit réver…!! Voyez vous la Gèce sortie de l’Euro et dévaluer sa monnaie de 200% pour être compétitive ? et quid de sa dette ? on s’assoie dessus ou il leur faudra mille ans pour rembourser ?

    Le défcit français est d’origine monaitaire…mais pour qui nous prend on ?

    Plutôt que de voir nos difficultés dans les structures, les déficits publics,le manque de stratégie de nos dirigeants d’entreprises,les contraintes administratives et fiscales….!!!

    Non….la monnaie, la parité…voilà l’ennemi !!

    Prions mes bien chers frères afin que la connerie humaine soit aussi rare que le pudding en Eure et Loir….

    Ainsi parlait Zarathoustra dans son discours au peuple Byzantin dans les années folles de la République bananière de Zanzibar……

    16 février 2012 à 12 h 30 min
  • R. Ed. Répondre

    Modifier la parité liant les monnaies ?

    Oui, c’est possible mais uniquement sur la monnaie, c’est à dire les pièces de monnaie.

    Il n’y a que sur les pièces que la " nationalité " s’y trouve (au verso) car les billets, eux sont les mêmes pour tous les pays.

    Quelle serait donc la différence entre un billet français et un billet " autre " ? Je ne le vois pas.

    Le Français paye en Espagne avec ses euro et l’Espagnol paye en France avec ses euro.

    Un euro vaut un euro, je vois mal un euro qui vaut plus q’un autre si il n’y a pas de différence sur le billet.

    Cela reviendrais à imprimer des euro français, des euro allemands , etc…et rétablirait le contrôle des changes.

    Autant revenir à une monnaie nationale, ce sera plus simple. La Grande Bretagne a toujours sa livre et fait partie de l’Union, la Suisse a toujours son franc et ne fait pas partie de l’union. Il n’y a aucun problème pour payer en euro dans ses deux pays, ils l’ acceptent partout en calculant le change. On reviendrait tout simplement comme avant. Nous avons voulu jouer à l’Américain et son dollar, mais la mentalité n’y était pas, c’est la raison pour laquelle l’euro fera long feu.

    Inéluctable, mais quand ? Déjà que la Grèce est sur la pente, à qui la suite ? Portugal ? Espagne, France ?

    Au lieu de vendre vos bijoux et vos dents à la poste contre des euro, gardez-les soigneusement, ne vous laissez pas prendre

    15 février 2012 à 13 h 38 min

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