Antisémitisme: étrange débat qui ajoute à la confusion

Antisémitisme: étrange débat qui ajoute à la confusion

L’Assemblée nationale a vo­té, le 3 décembre dernier, une proposition de résolution étrange.

Étrange d’abord, parce que, à l’encontre des habitudes parlementaires, elle fut portée par les groupes LR, UDI et LREM, c’est-à-dire à la fois par la majorité et par l’opposition. Étrange surtout par ce qu’elle dénonce, sans vouloir être trop explicite, et par ce qu’elle promeut sans trop vouloir le promouvoir.

Il s’agit d’une proposition de résolution visant à lutter contre l’antisémitisme. Et cette résolution (adoptée par 154 voix pour, 72 voix contre et 43 abstentions, dans un hémicycle plus qu’à moitié vide) propose une nouvelle définition de l’antisémitisme, préparée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste.

Voici la définition en question, telle que la rapporte la résolution: «L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte.»

J’avoue qu’après l’avoir lue et relue, je ne la comprends toujours pas. Si l’antisémitisme «peut» se manifester par une haine à l’égard des Juifs, cela signifie logiquement qu’on peut être antisémite sans haïr les Juifs. Mais, alors, en dehors des manifestations de l’antisémitisme (facilement identifiables, mais qui ne visent pas forcément des Juifs?!), qu’entend-on par antisémitisme et par cette «certaine perception»? Chacun, dès l’instant qu’il sait que les Juifs existent, a «une certaine perception des Juifs», qui peut aller de la haine à l’amour en passant par l’indifférence ou la critique de telle doctrine ou de telle pratique, et toutes ces «perceptions» peuvent être plus ou moins généralisées à l’ensemble du peuple juif sans qu’elles constituent toutes de l’antisémitisme.

Si l’on comprend bien, l’objectif est de faire en sorte que certaines manifestations d’antisionisme puissent être condamnées comme manifestations d’antisémitisme. Et il est évident que c’est souvent le cas. Mais comment le définir de façon générale? D’autant que les débats entre députés ont tenu à rappeler que critiquer la politique de l’État d’Israël demeurait possible. Sans dire comment on distinguerait l’antisionisme inadmissible de la critique admissible.

Mais le plus étrange, pour moi, réside dans le fait que cette résolution parle d’une résurgence de l’antisémitisme, sans jamais parler d’islamisme, ni d’islamo-gauchisme. Certes, quelques députés ont évoqué le sujet, mais pas le texte de la résolution lui-même.

Tout se passe donc comme si, sans aucun bénéfice pour le pays, pour les Juifs de France, ni pour la paix sociale, le parlement avait voté une résolution visant à restreindre encore davantage la liberté d’expression.
L’antisémitisme ne reculera pas d’un iota, le bon sens et nos libertés (pris en tenaille entre l’islamisme et le conformisme pleins de bons sentiments), si!

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Comments (1)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    oui on peut être ” anti-sémite ” sans pour cela haïr les Juifs en tant qu’ hommes ou femmes ou enfants

    c’ est simplement un affrontement entre ” valeurs ” civilisationnelles différentes et / ou opposées

    10 décembre 2019 à 11 h 51 min

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