Assurance-vie : ce que l’on vous cache

Assurance-vie : ce que l’on vous cache

Peu d’épargnants se risquent à négocier di­rectement des titres obligataires. En effet, contrairement aux actions, acheter et vendre des obligations réclame une certaine expertise. C’est pourquoi, ce marché concerne presque exclusivement des institutionnels, banques, compagnies d’assurance, gérants de fonds, etc.

Nous serions donc tentés d’en conclure que ce risque ne nous concerne pas. Nous aurions bien tort, puisque les obligations représentent à peu près 80 % du montant des fonds euros de nos contrats d’assurances-vie, sans parler des fonds obligataires proposés par notre banque, ainsi que d’autres produits.

Ces derniers temps, on voit fleurir des articles portant sur la baisse des rendements des contrats d’assurance-vie, ainsi que sur la diminution des avantages fiscaux liés à ce type de contrat, comme si ces deux points représentaient, à eux seuls, l’ensemble des menaces qui pèsent sur l’épargnant.

Ce genre d’article, généralement écrit par des journalistes inféodés au monde financier, ou bien ignares et se recopiant entre eux, ne correspond pas à la réalité, puisque la principale menace n’est jamais évoquée.

La crise de la zone euro, alimentant progressivement les craintes des épargnants, alliée à la perspective d’une baisse continue des rendements, dont la courbe est sur le point de croiser celle de l’inflation réelle, induit la spirale fatale de la décollecte qui grossit chaque jour.
Dans l’environnement incertain que nous connaissons, les taux d’intérêts réclamés par les investisseurs sont généralement à la hausse.
Face à une décollecte qui s’amplifie, votre assureur ou votre banquier doit, pour servir ses clients qui rachètent leurs con­trats, vendre des obligations déjà en portefeuille, et c’est là que se met en route la spirale infernale.

Prenons un exemple simple. Votre assureur décide, parce qu’il y est forcé par manque de trésorerie, de vendre des obligations souveraines à 10 ans achetées en 2010 pour un montant de 100 000 euros et qui servent 3 % d’intérêt. Il s’agit de titres négociables en cours de vie, c’est-à-dire avant d’arriver à maturité (à 10 ans). La moyenne des taux actuellement sur le marché est à 6 % (il ne s’agit que d’un exemple). Un autre investisseur n’acceptera jamais de payer 100 000 euros pour des titres qui ne rapportent que 3 %, soit 3 000 euros par année. Pour pouvoir vendre, votre assureur doit donc, au moins, proposer un rendement de 6 % et sera obligé de réduire la valeur de l’obligation (valeur faciale) à 50 000 euros, soit 50 % de perte. En effet, 3 000 € / 50 000 € = 6 %. On peut facilement imaginer les dégâts causés sur les bilans déjà très « rock’n’roll » des assureurs et des banques, touchés, eux aussi, par la dégradation de leurs notes de la part des agences de notations !

Mais, dans un monde où la collusion entre la sphère financière et l’État est parfaitement avérée, existe une ultime parade
: l’article L612-33 du Code Monétaire et Financier, qui prévoit la possibilité de « suspendre, restreindre ou interdire temporairement la libre disposition de tout ou partie des actifs, et de suspendre ou limiter le paiement des valeurs de rachat, la faculté d’arbitrage, le versement d’avances sur contrat ou la faculté de renonciation » (voir <leblogpatrimoine.com> de Guillaume Fonteneau).

Si on peut se satisfaire d’une mesure dont l’application vise à empêcher la faillite imminente des établissements financiers – qui feront, de toute façon, dé­faut plus tard –, il n’en demeure pas moins que cette mesure, pouvant être mise en œuvre à tout moment et sans avertissement, représente, dans le contexte actuel, la pire menace qui pèse sur les détenteurs de contrats d’assurance-vie.

D’autant que le recours à cette loi « d’exception » ne pourrait être assorti d’une quelconque précision sur le délai de son application.
Et si, au cours de ce délai, la zone euro se voit obligée d’accoucher d’un nouveau système monétaire prévoyant un euro fort pour les États vertueux, et un euro dévalué pour les autres, dont la France, il n’est vraiment pas exclu que le remboursement de ces contrats se fasse sur d’autres bases que celles qui prévalaient avant la mise en application de cette mesure.

La question à se poser est la suivante : doit-on attendre que le ciel nous tombe sur la tête ?

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Comments (7)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    @ homère
    c’est exacte et c’est bien parce que la fortune de Nicolas Sarkozy est en bonne partie constituée d’assurances vie qu’il ne s’était pas ( trop ) volé !

    30 mai 2012 à 21 h 32 min
  • HOMERE Répondre

    Entre "se pencher sur le pactole" et le voler…différence il y a !!!

    L’épargne devrait rester une affaire strictement privée,protégée de la voracité des Etats qui s’en servent pour leur propre propagande,et leurs excès dépensiers….

    30 mai 2012 à 11 h 06 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    pourquoi  vouloir  instaurer un euro " fort " et , a contrario , un euro " faible " , ne trouvez vous pas qu’il y a assez de pagaille dans l’U.E. ?  la vérité est que les E.U. (  dans la réalité la Réserve Fédérale c’est à dire les grandes banques privées de N-Y. ) veulent un dollar" faible " ( dans sa valeur convertible ) mais qui soit une devise " forte " ( qui soit la monnaie de réserve  mondiale de référence ) … pour continuer d’assurer leur hégémonie sur le Monde

    27 mai 2012 à 20 h 23 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    @ Homère

    le petit  Nicolas s’était lui aussi penché sur le pactole , mais comme il possédait personnellement d’importants porte-feuilles d’A.V.  il semblait s’être montré assez discret sur les prélèvements …

    27 mai 2012 à 19 h 48 min
  • dbp Répondre

    """ la république est concupiscente du vol """

    27 mai 2012 à 9 h 46 min
  • HOMERE Répondre

    Oui ce risque existe réellement mais l’application de l’article L612-33 du CMF va mettre en bas les banques et assurances entraînant aussi le Gouvernement et le Suprême dans l’opposition.Perdre 50% des actifs ne serait qu’un palier….

    On voit mal les dépositaires rester immobiles devant un tel désastre qui entraînerait,de surcroît des faillites de sociétés en cascade.Ce scénario catastrophe sera évité par l’intervention des fonds souverains….s’il en reste après le financement des danseuses du Ravi de Tulle….

    Il est vrai que les dépôts d’assurances vie (environ 1200 Mds) font rêver les dépensiers du PS !! vous savez ceux qui n’aiment pas l’argent à part celui des autres !!!

    25 mai 2012 à 11 h 49 min
  • jeje Répondre

    c’est bien joli tout ca, mais meme en grece on n’en est pas encore arrivé là…

     

    23 mai 2012 à 16 h 36 min

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