Avons-nous vraiment gagné la guerre froide ? (version courte)

Avons-nous vraiment gagné la guerre froide ? (version courte)

Il y a 30 ans, le pape Jean-Paul II, s’appuyant sur le courage de Lech Walesa, armait moralement les masses contre l’oppression sovié­tique. Puis, Margaret Thatcher fournit l’argument économique, Ronald Reagan l’argument militaire et diplomatique.

La guerre froide fut ainsi gagnée par le camp occidental. S’ouvrait une ère nouvelle de liberté et de prospérité.

Mais, dans le souci louable de ne pas humilier les Russes, il fut décidé de ne pas mieux faire connaître au monde les crimes du communisme, comme on avait fait pour le nazisme. Malgré le « Livre noir du communisme » (1997), l’imposture communiste n’a jamais été officiellement et mondialement condamnée.

On ne comprit pas non plus que la guerre culturelle n’était pas gagnée. Cette guerre est menée, dans toutes les démocraties oc­cidentales, contre la civilisation gréco-romaine, judéo-chrétienne et capitaliste, par une gauche socialo-marxiste, alliée à une autre gauche, libertaire sur les mœurs et totalitaire dans ses schémas de pensée. C’est une guerre totale et les droites, sans union transnationale, se défendent peu et mal.

En 1999, Mme Thatcher remarquait : « Nous avons gagné la guerre économique, hélas pas la guerre culturelle. » Aujourd’hui, nous perdons les deux.

La crise économique de 2008, produit de politiques keynésiennes calamiteuses et d’un capitalisme dévoyé, s’est révélée prétexte idéal pour remettre en cause les libertés et le capitalisme vertueux, seul système créateur de richesses.

C’est ainsi que Thomas Piketty voit les gros médias d’Amérique lui dérouler le tapis rouge ; il y développe des aberrations économiques en phase avec les thèmes de campagne des démocrates (l’ultra-gauche soixante-huitarde au pouvoir) pour les prochaines législatives.

Dans le même temps, la « crise ukrainienne » fait resurgir l’impérialisme soviétique.

L’ironie veut que Poutine, lui, ait retenu la leçon économique de l’échec du communisme : il a adopté le capitalisme et même l’impôt à taux unique. Hélas, c’est un capitalisme d’État et de copinage qu’il a favorisé. Pou­tine a constaté que l’Occident ne tenait que par la qualité de ses chefs, pas par le droit international, et que le peuple russe pouvait être subjugué mentalement, si lui, son chef incontesté, endossait ses valeurs traditionnelles et sa religion – ironie supplémentaire alors que l’Occident abandonne les siennes.

Cette posture habile de Poutine et son mépris affiché pour nos démocraties décadentes lui valent une certaine popularité. Pour le reste, Poutine n’est que ressentiment : il n’a jamais caché sa détestation de l’Occi­dent.

Poutine a son Raspoutine, en la personne d’Alexandre Dougui­ne, théoricien de l’eurasianisme. Douguine est certes d’une autre pointure que Piketty, mais il est aussi dangereux pour le monde occidental. La Russie a vocation à dominer le monde avec l’aide de ses vassaux naturels les plus proches, Allemagne et France. C’est le fameux « Axe Paris-Berlin-Moscou » qui suscite tant d’enthousiasme chez tous les aigris anti-libéraux, anti-capitalistes et anti-américanistes.

Poutine, matois, voit jusqu’où il peut aller. Mais ce n’est pas notre intérêt à nous, pauvres Européens englués dans notre pathétique technocratie bruxelloise et dans nos dettes. Nous avons sacrifié nos moyens militaires à des programmes so­ciaux qui nous ont ruinés.

Nous sommes réduits à l’impuissance, mais ni les attaques contre l’économie de marché, ni l’endettement de nos démocraties, ni les usurpations de territoire ne sont des fatalités. Tout ce qui arrive est la rançon de la veulerie des dirigeants actuels.

Nous assistons peut-être, à force de tant de laxisme, d’incurie et de bêtise, aux prémices d’une troisième guerre mondiale. Nos aïeux héroïques et tous ceux qui nous ont laissé quelque chose, aucun d’entre eux n’est mort pour ça !

Évelyne Joslain

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Comments (23)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Du lointain Caucase où il est parti en excursion avec son jet Sarko-One le président normal se rappelle à notre ‘bon souvenir’, sic!, en invalidant le referendum qui s’est tenu en Ukraine Orientale.
    C’est devenu un rituel, à chaque déplacement hors du pays il faut sublir ce même cérémoniel.
    Pourrais-t’on lui dire d’être plus discret quand il claque le fric emprunté du pays en voyages inutiles?
    Les Smicard(e)s, chômeuses, chômeurs et con-tribuables verraient peut-être moins rouge.

    Il est assez curieux de constater que les socialistes français sont toujours récalcitrants à reconnaitre la réalité des faits.
    Mitterand était bien l’un des derniers à reconnaitre la chute du mur et plus tard de l’Urss.

    11 mai 2014 à 19 h 11 min
  • BRENUS Répondre

    Pour s’informer un peu sur le poids réel encore existant du PC (père de tous les gauchismes), lisez l’ouvrage paru il y a quelques années “La France aux ordres d’un cadavre” -(auteur Gourevitch, je crois) celui supposé du PC toujours nuisible a travers ses avatars qui renaissent sans cesse comme les zombies dans les films de série Z US.

    11 mai 2014 à 0 h 38 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Jaures: Gazprom est en symbiose avec l’appareil d’Etat comme l’était autrefois le Parti.

    Il y a beaucoup d’analogie avec le parti socialiste français. Cela explique l’immixtion de l’état socialiste français dans l’affaire GE / Alstom.
    Les mêmes causes produisent les mêmes effets, n’est-ce pas Jaures?
    Balayez donc devant votre porte encombrée d’immondices avant de critiquer les autres.

    10 mai 2014 à 9 h 49 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Jaures: Pour votre information, Marx et Proust sont morts bien avant la chute du mur.

    Exact et à la chute du mur vous n’étiez encore qu’un gamin.

    10 mai 2014 à 9 h 40 min
  • patrhaut Répondre

    A l’occasion de la crise ukrainienne, quelle paire de lunettes faut-il chausser pour voir “un axe Paris-Berlin-Moscou” ? A ce point là c’est de l’aveuglement ou un déni de réalité… Pour le moment, moi, je ne vois qu’un axe OTAN-Paris-UE dressé contre Moscou !
    De plus, si le communisme n’a pas été condamné, comme le fut le nazisme, ce n’a surement pas été pour ne pas humilier les Russes qui l’ont été plus que largement (ceci expliquant d’ailleurs les sentiments de Poutine et de son peuple) mais bien parce que les communistes étaient AUSSI à l’Ouest et qu’ils occupaient de nombreuses places et le communisme une bonne partie des esprits.
    J’ajoute que quand vous parlez de “capitalisme d’Etat et de copinage”, c’est l’hôpital qui se fout de la charité en ce qui concerne la France. Ecoutez, avant d’écrire n’importe quoi, les nouvelles hebdomadaires et regardez notre système de nomination et de cooptation.
    Votre article est ridicule.

    7 mai 2014 à 14 h 47 min
    • patrhaut Répondre

      J’ai utilisé l’imparfait pour parler des communistes en Occident. J’ai eu tort : ils sont toujours là, accrochés à leurs postes et à leur philosophie économique et politique, fonctionnaires, notamment dans l’Educ-Nat, syndicalistes, patrons d’entreprises publiques ou d’établissements industriels et commerciaux de l’Etat, politiciens, et pas seulement à gauche etc… Je parle de la France, bien-sûr, mais pas seulement.

      7 mai 2014 à 15 h 08 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      en effet cet article est pour le moins …. surréaliste et en tout cas frappé du ridicule …mais ce n’est pas le premier dans les 4 Vérités et d’autres suivront … comment voulez vous que les Français s’y reconnaissent et prennent les bonnes décisions ? hélas il n’y a pas que la gauche qui soit stupide la droite n’a rien à lui envier !

      7 mai 2014 à 17 h 01 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      Il existe un axe Berlin-Moscou, pour y inclure Paris il faudrait impérativement changer de lunettes, vous avez raison Patrhaut.
      Il est assez hilarant de constater que le squatteur de l’élysée est ce moment en train de pleurnicher dans les jupons de “Mutti”.
      Au menu du jour accordéon et harengs. Espérons que les harengs venaient de chez Dédé la Saumure qui a les meilleurs.
      Valls à l’accordéon aurait certainement joué la valse à mille temps.

      10 mai 2014 à 14 h 05 min
  • Jaures Répondre

    Personne n’a jamais “armé les masses contre l’oppression soviétique”. Et J.Paul II, Reagan et Lech Walesa, avec tout le respect que je leur dois, ne sont pour rien dans la chute de l’Union Soviétique. Ce sont simplement les jeunes apparatchiks qui, préférant de loin les villas sur la côte d’azur, les magasins de Londres et les clubs de foot qui ont largué les aînés et récupéré les biens nationaux. Mais n’ayez crainte: ce sont les mêmes qui dirigent le pays avec les mêmes méthodes.
    Quand à Piketty, on peut critiquer ses recherches, c’est la raison d’être de la science économique, mais il faudra un argumentaire d’une autre trempe: on ne demande pas à Marc Lévy de critiquer Marcel Proust.

    7 mai 2014 à 13 h 59 min
    • René de Sévérac Répondre

      Je vous retrouve Jaurès.
      Et je ne suis pas d’accord avec vous : des gens comme Saint Jean Paul II (et Walesa) ont peut-être plus fait pour effondrer la maison même si les fissures commençaient à se manifester !
      Sur ce point Gramsci est certainement d’accord !

      7 mai 2014 à 15 h 04 min
      • Jaures Répondre

        La maison ne s’est pas effondrée, elle a juste refait les peintures et la déco. Le pouvoir économique et politique sont toujours entre les mains d’une poignée d’apparatchiks (qu’on appelle aujourd’hui milliardaires), la presse et l’opposition sont toujours muselées, les libertés fondamentales bafouées.
        Mais surtout, la vie des gens ne s’est en rien améliorée: c’est toujours le règne de la précarité, de l’indigence, de l’alcoolisme, de la corruption, …
        Heureusement, des millions de Russes ont pu fuir ce pays aux richesses immenses et pourtant dans un bien piètre état.

        7 mai 2014 à 15 h 39 min
        • René de Sévérac Répondre

          Jaurès, “Le pouvoir économique et politique sont [toujours] entre les mains d’une poignée d’apparatchiks” : c’est la preuve que le capitalisme a toujours de la ressource.
          Je conteste le “toujours” car cette poignée n’est pas ontologiquement la même. Et ne me dites pas que quelques communistes ont réussi leur reconversion. Il y a des dégourdis partout !

          7 mai 2014 à 16 h 37 min
          • Jaures

            Poutine a été formé par le KGB. Le parti s’appelle aujourd’hui Gazprom dont Medvedev siège au groupe. Comme le PC autrefois, c’est là que sont formés les cadres, qu’est organisée la corruption. Gazprom est en symbiose avec l’appareil d’Etat comme l’était autrefois le Parti.

            7 mai 2014 à 17 h 36 min
        • René de Sévérac Répondre

          Un mot de plus suite à “la vie des gens ne s’est en rien améliorée”.
          Vous pensez que les politiques ont cette finalité ? En Russie, en Chine … et même en France.
          Regardez chez nous, des gens a priori sensés utilisent sans vergogne l’étiquette “socialiste”, mais n’ont d’autre but que de goinfrer et de prolonger la révolution française (dixit Peillon). Mais surtout pas d’en changer la politique.

          7 mai 2014 à 16 h 45 min
          • Jaures

            Difficile de répondre en deux mots. Le but intime d’un politique est impossible à cerner. Ce qui est sûr, c’est qu’il lui sera plus difficile d’être réélu si la vie des gens s’est dégradée. Il devra, comme Poutine, utiliser des subterfuges: fraude électorale, persécution de l’opposition, contrôle des médias,…
            Ce qui compte, c’est la lutte des classes. Les gens ne verront leur sort s’améliorer que s’ils exigent une meilleure part de la richesse produite et que celle-ci soit réinvestie dans la production et non perdue dans la spéculation. La vie politique n’est que le reflet de la lutte des classes qui actuellement tourne en faveur des actionnaires bien plus que des salariés. Le meilleur exemple est l’AG de Sanofi où les actionnaires ont raflé la mise et où un salarié qui exprimait son désarroi et demandait au PDG comment il pouvait s’octroyer 8 millions d’€ de salaire a été reconduit vers la sortie par le service d’ordre.
            Chacun son dû. Amen.

            7 mai 2014 à 17 h 49 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      Jaures: … J.Paul II, Reagan et Lech Walesa, avec tout le respect que je leur dois, ne sont pour rien dans la chute de l’Union Soviétique…

      Le révisionisme suivant Jaures dans toute sa splendeur et les déclamations éculées dans toutes leurs odeurs.
      Comme toujours Jaures a des vues bien particulières, en pouvait-il être autrement?
      Marcel Proust et Karl Marx le ‘scientifique’ n’ont pas fait bon ménage à ce qu’il me semble.

      8 mai 2014 à 9 h 03 min
      • Jaures Répondre

        Lisez donc ces deux auteurs et vous comprendrez.

        8 mai 2014 à 10 h 20 min
        • HansImSchnoggeLoch Répondre

          Je n’ai pas besoin de votre lecture pour comprendre, car j’ai vécu cette chute du bloc soviétique.
          Pas comme vous qui tirez vos conclusions de ce que d’autres en racontent voire ragotent.

          9 mai 2014 à 18 h 54 min
          • Jaures

            Pour votre information, Marx et Proust sont morts bien avant la chute du mur.

            9 mai 2014 à 21 h 09 min
  • Agathe Répondre

    Il faut vivre en Amérique ou en Russie pour avoir une opinion sur ce qui se passe.
    Ce qui échappe aux journalistes français, l’aspect religieux fondamental dans ces 2 pays, protestant et orthodoxe, beaucoup plus rigide que chez les catholiques.
    Ça les amuse de se faire peur…

    7 mai 2014 à 11 h 38 min
  • Largillier Répondre

    Poutine préfère avec les Russes une Europe forte ancrée dans ses racines, et affranchie de l’oncle Sam dont on n’a pas besoin et qui, lui, préfère une Europe faible.

    Un axe Moscou Berlin Paris (et Bruxelles) ne plait pas aux USA, et l’Europe n’a rien à en craindre, bien au contraire, tout à y gagner, c’est pourquoi l’attitude des instances européennes sur la question ukrainienne est incompréhensible et inadmissible. Elles mettent de l’huile sur le feu avec les USA au lieu de concilier.

    7 mai 2014 à 9 h 58 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      ce n’est pas aux U.S.A. que la Russie ne plait pas c’est à Wall-Street et à Goldman-Sachs !

      7 mai 2014 à 17 h 03 min
  • René de Sévérac Répondre

    Chère Evelyne,
    la gauche socialo-marxiste n’existe plus ‘à moins d’en chercher quelques traces au MRC (Ché) ou au FN (Marine), mais cela est une autre histoire.
    La gauche dangereuse tire ses racines de la Révolution Française (Robespierre) fort bien incarnée par Peillon, et que vous nommez parfaitement libertaire sur les mœurs et totalitaire dans ses schémas de pensée.
    Ils ont lu Gramsci et disposent d’outils idéologique (école, médias) d’une efficacité redoutable !

    7 mai 2014 à 8 h 52 min

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