Bastiat, la Pologne et la francophonie

Bastiat, la Pologne et la francophonie

L’association libérale polonaise PAFERE (Polish-American Foundation for Economic Research and Education) a organisé à Varsovie un colloque consacré à Frédéric Bastiat pendant tout le week-end des 19 et 20 septembre. Il y avait un orateur français (moi-même), deux orateurs américains, et 8 orateurs polonais, dont 5 professeurs d’université.

Il y avait une centaine d’auditeurs polonais de tous âges, avec toutefois une majorité de jeunes, pour la plupart étudiants.
Environ quatre vingt comprenaient l’anglais ; sept ou huit seulement le français. Il était prévu que les orateurs américains et moi parlerions anglais et qu’il y aurait une traduction simultanée de l’anglais en polonais.

Comme il s’agissait d’honorer un Français, les organisateurs avaient eu la bonne idée de demander à l’Institut Français de Varsovie s’il accepterait que le colloque soit tenu dans son prestigieux bâtiment.
Après quelques coups de téléphone donnés à Paris pour savoir qui était ce Bastiat, l’Institut accepta aimablement de mettre son établissement à la disposition de PAFERE, mais à une condition :
conformément à la loi liberticide d’un certain Toubon, l’orateur français devrait s’exprimer en français. L’Institut se faisait fort d’assurer la traduction simultanée, en anglais et en polonais.

Cependant, peu de jours avant le colloque, je reçus un courrier de l’organisateur m’informant que l’Institut n’avait pu trouver les deux traducteurs en question pour le dimanche où je devais parler et acceptait donc que je fasse ma conférence en anglais.
À quelque chose malheur est bon : j’ai pu ainsi éviter un gaspillage des deniers publics à mes compatriotes contribuables.

Le degré d’intérêt du public, la profondeur des connaissances des orateurs sur Frédéric Bastiat étaient impressionnants. En France, il aurait été certainement très difficile d’intéresser une centaine de personnes pendant tout un week-end sur Bastiat et de trouver 5 professeurs d’université français pour parler de lui sans redondance.

Certes, Jacques Garello l’avait fait à Aix en 2001, mais c’était pour le 200e anniversaire de la naissance de Bastiat et dans le cadre d’une université d’été annuelle qui avait son public attitré.

En Pologne la difficulté n’était apparemment pas de trouver les 5 professeurs, mais plutôt de choisir parmi tous ceux qui pouvaient parler de Bastiat sans en vexer aucun.

L’une des rares personnes qui parlaient français, un entrepreneur francophile qui avait contribué au financement du colloque, est venu m’entretenir pendant la pause-café de son amour pour Bastiat. Je lui ai dit que beaucoup de mes compatriotes croyaient encore que les Polonais cultivés parlaient notre langue.
Comment se faisait-il qu’il y en ait en réalité aussi peu aujourd’hui ?

« C’est la faute des Français, me répondit-il du tac au tac. Les gens apprennent la langue la plus utile dans leurs rapports avec les étrangers.

Si les Français avaient suivi les enseignements de Bastiat, la France serait toujours la première puissance économique du monde et le français serait toujours la langue universelle!… »

Jacques de Guénin
Président du Cercle Frédéric Bastiat

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Comments (4)

  • Anonyme Répondre

    “Comme il s’agissait d’honorer un Français, les organisateurs avaient eu la bonne idée de demander à l’Institut Français de Varsovie s’il accepterait que le colloque soit tenu dans son prestigieux bâtiment. Après quelques coups de téléphone donnés à Paris pour savoir qui était ce Bastiat, l’Institut accepta aimablement de mettre son établissement à la disposition de PAFERE, etc, etc, …” Si j’ai bien lu, une partie -même modeste, même très indirectement – de la logistique de cette manifestation a été prise en charge par de l’argent public à travers l’Institut Français de Varsovie. Curieusement Monsieur Jacques de Guénin ne trouve rien à redire à cela. Je croyais pourtant avoir lu chez Bastiat une réfutation en règle de toute dépense publique en matière culturelle et – modernisons sa pensée – associative ou sportive (Cf : Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas ou l’économie politique en une leçon; chapitre 4 : Théâtres, beaux-arts) Décidément, le mal français semble incurable !

    30 décembre 2009 à 18 h 20 min
  • Anonyme Répondre

    "Il y a deux visions de la société..l’une est libérale,l’autre collectiviste" disait un grand homme…la France a choisie,hélas,la deuxième….Aujourd’hui,comme Bastiat,il manque cruellement d’intelligence et de courage à notre pays.Les apports hétérogènes ont définitivement ruiné notre identité,mais aussi les autochtones séduits par les sirènes marxistes qui parachèvent l’oeuvre méthodique et inéluctable de desruction.

    Je salue Jacques de Guénin,un compatriote que j’ai eu le privilège de rencontrer…au pied de la statue de..Frédéric Bastiat !

     

    29 décembre 2009 à 17 h 43 min
  • Anonyme Répondre

    Saluons comme il se doit les efforts du Cercle F. Bastiat et de son Président pour répandre à nouveau la pensée du grand Frédéric ! La tâche est en effet immense mais plus que jamais nécessaire. “Si les Français avaient suivi les enseignements de Bastiat, la France serait toujours la première puissance économique du monde et le français serait toujours la langue universelle!… » disait un participant polonais au colloque. Il mettait le doigt sur l’essentiel : la non rencontre entre la pensée libérale et la France au moment de la révolution industrielle. (Le récent livre de David TODD (L’identité économique de la France. Libre-échange et protectionnisme 1814-1851) est à cet égard un très précieux point de départ pour la réflexion.)

    27 décembre 2009 à 22 h 52 min
  • Anonyme Répondre

    Rien à rajouter à cet article qui témoigne si bien du recul du français dans le monde et plus encore du déclin de la France. Pour le moment nous avons encore quelques beaux restes. Mais cela risque de ne pas durer. Pourquoi diable les étudiants étrangers continueraient-ils à apprendre une langue qui est de moins en moins synonyme d’avenir ?

    27 décembre 2009 à 22 h 30 min

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