Carence de politique étrangère

Carence de politique étrangère

Dans un de ses derniers articles paru dans « Les 4 Vérités Hebdo » (N° 558), Guy Millière note aussi l’absence de débat dans le domaine de la politique étrangère chez nos potentiels candidats à la présidence de la république.
Une des premières causes de cette carence, qui me paraît la plus importante, provient de notre propre carence patriotique. La diplomatie, la Grande politique, la politique extérieure est la projection de notre Nation vers les autres mondes. Or pour pouvoir se projeter, il faut au préalable avoir conscience de sa propre existence en tant qu’entité nationale, et être de surcroît fier d’y appartenir, afin de donner le maximum de soi-même au pays et non d’en tirer profit à vau-l’eau. Or, quand on voit la déliquescence du sentiment national dans nos écoles, où l’exaltation des épopées qui peuvent faire rêver « nos têtes blondes »  sont remplacées par l’étude de la « petite histoire » des sociétés, certes primordiale dans la compréhension de notre passé, mais dans le cadre lycéen ou universitaire ! De plus, la pénurie de culture nationale au profit d’un mondialisme multiracial annihile toute tentative d’exaltation de nos Histoire et Culture au risque d’apparaître « politiquement incorrect » : l’absence de dépôt de gerbe présidentiel au tombeau de l’empereur, le 15 août dernier, en raison du rétablissement de l’esclavage par Napoléon, illustre bien cette frilosité nationale…

Une seconde provient de la composition même de notre Pays. Avec plus de 60 millions d’habitants, la France est, en Europe, l’État le plus peuplé après l’Allemagne et avec un taux de fécondité de 2,7 se place en bonne voie en terme de renouvellement des générations. Mais cet essor démographique est le fruit de notre population immigrée, essentiellement africaine et turque, pour la plupart musulmane, dont l’intégration demeure difficile…

La France est le premier pays musulman d’Europe (sur un total de vingt-cinq) avec plus de cinq millions de Mahométans,  dont une forte minorité refuse tout amalgame avec nos idéaux pour embrasser, voire épouser, ceux de l’islamisme terroriste, véritable « Cinquième colonne » du Djiadisme mondial… Or, toute décision politique à l’encontre d’un État musulman peut être désormais tributaire d’un électorat potentiellement acquis à ce dernier, au détriment de notre intérêt national.

Un troisième paramètre nécessaire à une politique extérieure digne de ce nom se trouve dans la capacité à rendre crédible notre diplomatie : la célèbre paire de « La Carotte et du Bâton ». Concernant la « Carotte », c’est-à-dire les prêts financiers, les annulations des dettes, nous sommes, nous et l’Europe, experts en la matière, même si souvent cela mène aux antipodes de nos vœux, comme les millions d’euros engloutis pour financer l’Autorité palestienne qui ont engendré le Hamas anti-occidental ! Par contre, le « Bâton », c’est-à-dire la force armée, est le parent pauvre : avec un total de 193,9 milliards de dollars contre 439,3 pour les États-Unis d’Amérique, une dispersion encore trop importante de notre politique de l’armement, et une vision péjorative de ce domaine économique bien qu’il soit un facteur de croissance et de retombées scientifiques.

L’histoire et l’actualité le prouvent, la dissuasion militaire demeure un élément capital dans les rapports avec l’étranger : la présence de quinze chars Leclerc au Sud Liban en est l’illustration…

Idéaux à défendre, à transmettre, aptitudes à lutter sont tributaires aussi de notre capacité à les susciter ; à mes yeux, la France seule ne peut désormais y parvenir… L’Europe me paraît donc le seul moyen. Mais pas n’importe laquelle : une Europe aux contours bien définis, aux ambitions affichées, aux alliances claires nécessaires à nos intérêts et non à quelques-uns démagogiques « Made in ONU », une confédération renforcée ou, plus encore, une fédération accentuant notre sentiment d’appartenir à une même culture pour être en compétition avec les autres qui, elles, n’ont aucun complexe, comme celle des EUA, ou plus encore celles de l’Inde, de la Chine, et bien d’autres encore…

Les présidentielles sont dans huit mois, certains sont déjà en campagne : chômage, inflation… querelles internes sont leurs leitmotivs… Or, pour résoudre ces problèmes, il est nécessaire de se dépasser, de se projeter vers l’extérieur, et non de se confiner dans le nombrilisme ambiant dont sont adeptes nos « Rastignac »…

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Comments (12)

  • Helios Répondre

    À Tucroy, Certains mélanges sont impossibles, l’eau ne se mélange pas avec l’huile, l’islam avec rien d’autre et pour cause, cette idéologie religieuse possède si peu de substance qu’elle se sent menacée par tout, et elle rejette tout ce qui n’est pas l’islam. Cesser de prêcher aux convertis, les gens ouverts et tolérants n’ont certainement pas besoin de vos exhortations, pourquoi n’allez-vous pas faire la leçon aux islamistes, peut-être réussirez-vous à leur communiquer un peu d’angélisme, ils apprécieront beaucoup! Helios

    19 octobre 2006 à 4 h 14 min
  • Scottkiller Répondre

    A gerard pierre, Je suis français selon votre définition. Je partage totalement ces valeurs.

    18 octobre 2006 à 13 h 49 min
  • Scottkiller Répondre

    A gerard pierre, Je suis français selon votre définition. Je partage totalement ces valeurs.

    18 octobre 2006 à 13 h 48 min
  • Helios Répondre

    À Gérard Pierre, Félicitations pour votre vision à la fois objective, ouverte, généreuse et patriotique. Une bouffée d’air frais. La rectitude politique balancée par dessus bord. On peut rêver d’un chef de parti tenant aux français des propos similaires. “Or l’avenir de cette Patrie est actuellement mis en danger par pensées, par paroles et par actions.” Et par omission devrait-on ajouter, car nous sommes en droit de reprocher aux hommes politiques leur inaction quand la situation exige de faire des choix difficiles. Helios

    18 octobre 2006 à 6 h 40 min
  • Tucroy Répondre

    Dommage que ce très intéressant post arrive au moment de la clôture, il y aurait eu beaucoup à échanger à son propos. Je soulignerai une chose seulement, pour le cas où mon message pourrait encore passer, afin que nul n’en tire de conclusions hâtives. Quand Gérard Pierre dit “Un art de penser héritiers spirituels des grecs, des romains, du judaïsme et du christianisme… “, Il est notoirement incomplet. La mondialisation est là, qu’il le veuille ou non ; Les mélanges s’accélèrent et s’élargissent et c’est à cela qu’il faut faire face; autrement qu’en se repliant sur soi-même, et en passant outre sa nostalgie et ses regrets.

    18 octobre 2006 à 6 h 02 min
  • Mancney Répondre

    Merci pour cet excellent commentaire, Gérard Pierre. Parfois un peu théorique, comme dans le paragraphe “Art de vivre” de la premiere partie, votre texte demeure de grande qualité et est particulierement le bienvenu. “Être français ne saurait non plus se résumer à la simple possession d’un document administratif en attestant la qualité.” Ceci est une réalité qu’il était important de souligner. Egalement, votre avertissement final est tout a fait approprié. Best, Mancney

    18 octobre 2006 à 5 h 30 min
  • Gérard Pierre Répondre

    L’article de monsieur Guy Millière évoque, je cite: ” la carence patriotique” et “la pénurie de culture nationale”, deux maux dont nous ne pouvons malheureusement que partager le constat. Être français n’a pas de rapport avec la consonance d’un nom de famille. La qualité de français n’est pas affaire de critères dermatologiques, oculaires, ou capillaires. Être français ne saurait non plus se résumer à la simple possession d’un document administratif en attestant la qualité. On est français parce qu’on partage trois choses fondamentales avec ceux qui se revendiquent de cette appartenance : un art de penser, un art de vivre et un art d’agir. Un art de penser : héritiers spirituels des grecs, des romains, du judaïsme et du christianisme, nos référentiels et nos raisonnements ont été façonnés par quarante siècles de civilisations méditerranéennes successives, par nos époques gallo romaines et médiévales, par le souffle de la renaissance, par le grand siècle, les encyclopédistes et des centaines de penseurs, d’écrivains, d’artistes, d’hommes d’état et de guerriers. A ce jour, cet art de penser trouve son aboutissement dans un très large concept de liberté, dans la notion d’égalité en termes de devoirs et de droits et dans l’entretien d’une certaine forme de fraternité. Un art de vivre : Le triptyque liberté, égalité et fraternité génère chez tout français des attitudes spécifiques et un modus vivendi basé sur le respect mutuel, l’attachement à certaines convenances élémentaires et l’observance de certains rites comme celui de la fête nationale ou des devoirs de mémoire. Cet art de vivre trouve aussi son expression dans la diversité et la richesse de nos tables, dans la variété des créations littéraires et artistiques et dans les rapports exquis qu’engendre une éducation commune. Un art d’agir : Nous avons reçu en partage le fruit des entreprises de nos prédécesseurs. Ils ont défriché la terre et l’ont cultivée. Ils ont extrait du sol des richesses qu’ils ont exploitées en les transformant pour le plus grand bienfait de tous. Ils ont créé des manufactures, des usines et des écoles. Ils ont construit des routes, des ponts, des ports, et bien d’autres choses encore. La noblesse de notre action consiste dans le fait de continuer leur œuvre en la perfectionnant dans l’intérêt bien compris de nos compatriotes et de nos générations futures. L’esprit entreprenant est donc un des piliers de cet art. Les gestes généreux, élégants et désintéressés en constituent le complément. La qualité de Français ainsi résumée, comprise et admise, la Patrie, initialement envisagée comme la terre de nos pères, devient tout naturellement celle sur laquelle s’entretient également la mémoire de tous les pères spirituels envers lesquels nous sommes redevables à divers titres. Les échanges entre français passent donc obligatoirement par une maîtrise minimum de la langue, par la reconnaissance des valeurs communes et par l’intégration de ces composantes dans la façon de vivre. Or l’avenir de cette Patrie est actuellement mis en danger par pensées, par paroles et par actions. Notre art de penser subit un travail de sape lent et minutieux entrepris par les tenants d’un courant totalitaire basé sur un prétexte religieux né il y a quatorze siècles quelque part dans les sables d’un désert. Ils se réclament de la liberté d’expression au nom de nos principes pour mieux nous la refuser un jour au nom des leurs. Notre liberté, ce bien précieux et précaire, est remise en perspective par des considérations scripturales figées à jamais dans une époque médiévale exotique. L’égalité est compromise pour une moitié du genre humain. Quant à la fraternité, d’aucun rêve de la conditionner par une adhésion préalable au courant totalitaire. Notre art de vivre est contesté. Un style vestimentaire rustique cherche à s’imposer au pays de l’élégance et de la haute couture. Nos tables sont diffamées au profit d’un régime alimentaire restreint. Nos rites sont remis en cause au profit d’autres dont les racines sont étrangères et toxiques. Notre art d’agir est mis à mal par des vandales, des incendiaires, des dealers, des détracteurs appointés et des imprécateurs. Des spécialistes de la détérioration et de la désolation, des oisifs inconséquents, prétendent aujourd’hui que leur serions historiquement redevables de tout, dans tous les domaines. Il est grand temps que tous ceux qui cultivent la conviction d’être foncièrement français, au sens où nous venons de le définir, se rassemblent autour de cette notion étendue de Patrie. Quant à celles et ceux qui se prétendent nos représentants ou songent à le devenir, au terme d’élections dont nous n’avons jamais la maîtrise des pré sélections, qu’ils prennent bien garde de ne pas cultiver indéfiniment l’ambiguïté. A celles et ceux qui seraient tentés, une fois encore, d’endormir les français je rappelle que ces derniers ont parfois des réveils très brutaux. L’Histoire de ce pays en fourmille d’exemples, encore convient-il de l’avoir un peu étudiée.

    17 octobre 2006 à 14 h 38 min
  • Mancney Répondre

    Tout est juste et bien dit, Philippe Sadot, dans votre article, qui est meme un peu trop dense, en mettant en lumiere toutes ces choses qui font mal. Je ne suis pas sur que les “candidats” répondront a votre question et proposeront une politique exterieure aux Francais, qui, de toute facon, et comme l’écrit Helios, ne serait pas crédible. Un Pays est grand, quand ces citoyens sont grands, et les citoyens d’un Pays sont grands, quand ils ont des VALEURS. Tout le reste suit. Je crois que je vais aller lire ce bouquin : “French Eagles, Soviet Heroes: The Normandie-Niemen Squadrons on the Eastern Front” . de John D. Clarke Juste pour me souvenir que, meme en des temps difficiles, des Francais surent etre intelligents et courageux, et ont été un de ces exemples qui nous manque aujourd’hui. Quand meme, j’ai confiance, et demain il fera bleu. Il va juste falloir se battre un peu; l’ordre des choses en qqs sortes. Best, Mancney

    15 octobre 2006 à 22 h 01 min
  • LESTORET Répondre

    Il paraît tout à fait vrai que l’impuissance en politique internationale de la France résulte de son impuissance militaire. Les deux résultent en définitive de son impuissance économique. Ce n’est pas un hasard si la plus grande puissance militaire de notre temps est en même temps la plus grande puissance économique. Ceci dit, il est vrai que nos politiciens n’ont qu’un but: être élus ou réélus. L’intérêt de a France n’a de sens que dans la mesure où il coincide avec leur propre intérêt. En outre la dialectique est toujours la même: “qu’avez vous fait lorsque vous étiez au pouvoir ? Rien !” “et vous qui êtes au pouvoir qu’avez vous fait ? Rien !” Personne n’étudie un vrai problème et ne propose un vrai programme avec son financement et son mode d ’emploi. C’est pourtant de cela que la France a besoin.

    15 octobre 2006 à 20 h 54 min
  • Helios Répondre

    Comme elle est courte l’épée de la France! Charles de Gaulle (Dans ses mémoires, à propos des forces armées françaises en 1945) Elle est encore plus courte aujourd’hui et c’est pourquoi la France (mais aussi l’Europe) ne pèse pas lourd en politique étrangère. De son autocastration la France pense tirer une politique étrangère crédible. Se contenter d’être un mouton qui bêle dans un monde où seuls l’ours le loup et le chacal ont droit à des égards. La politique de l’impuissance c’est l’impuissance en politique! Particulièrement en politique étrangère. Mais cette impuissance imprègne toute la république, comme une maladie qui s’infiltre dans toutes et chacune des cellules du corps, et qui finit par atteindre l’esprit qu’elle rend incapable de réagir, sauf pour demander pardon pour des fautes imaginaires commises envers les anciens colonisés devenus depuis peu colonisateurs méprisants de l’ancienne métropole. Drôle de politique, celle qui se propose de brider la puissance des États Unis d’Amérique non pour appliquer une politique étrangère cohérente mais dans le seul et unique but de les paralyser en leur transmettant le virus de l’impuissance! Cependant qu’elle dénigre l’action de ses alliés qui plus d’une fois l’ont tirée du pétrin, la France ne cesse de faire des mamours à tous les tyrans de la terre, c’est dit-elle pour rétablir l’équilibre et contrecarrer l’hégémonie de l’unique superpuissance, même si cela doit affaiblir l’occident dont elle fait partie et dont elle partage le sort pour le meilleur et pour le pire! Vu de l’Amérique du Nord que peut-on dire de la politique étrangère de la France si ce n’est qu’avec de pareils amis on n’a vraiment pas besoin d’ennemis. Helios

    12 octobre 2006 à 5 h 03 min
  • MINUX75 Répondre

    Bonjour Il y a 30 ans, j’étais fier d’être français, aujourdhui, j’ai honte d’être français.

    12 octobre 2006 à 4 h 27 min
  • Tucroy Répondre

    Je crois, que le plupart de ceux qui s’expriment ici sont d’accord sur le fond. Il n’y a pas, aujourd’hui en France un politicien qui ne soit pas un pro de la politique ni qui vaille plus qu’une autre. Tous ont une conception de leur rôle qui vise essentiellement -quand ce n’est pas exclusivement- leur intérêt personnel. Leur objectf : être réélu! L’avenir du pays et de ses citoyens est tout au plus un prétexte mais en réalité ils s’en foutent complètement. Faire carrière dans leur métier et pour cela soutenir le parti qui les sert autant qu’ils le servent, voila leur seul souci. La seule chance de la France est de remettre à plat le système qui les porte au pouvoir et je me suis déja abondamment exprimé à ce propos. Puisque la loi électorale ne donne pas d’autre moyen que de voter pour ou contre un candidat (sauf à s’abstenir, ce qui doit être exclu), ce qui conduit, dans la situation actuelle à élire un nul, IL RESTE A VOTER BLANC, au moins au premier tour, en signe de manifestation d’un raz-le-bol à l’égard de tous, qu’il s’agisse de politique étrangère, de la montée de l’islamisme, de fiscalité ou du reste.

    11 octobre 2006 à 18 h 56 min

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