Corruption des artistes avec nos impôts

Corruption des artistes avec nos impôts

Jeudi 7 janvier, présentant ses vœux au « monde de la culture », Nicolas Sarkozy a annoncé à ses interlocuteurs qu’il avait bien l’intention de mettre en œuvre sans tarder, dès cet été, l’une des propositions du « rapport Zelnick », à lui remis la veille.

Ce rapport préconise la création d’une « carte musique », pour les « jeunes », permettant de télécharger sur Internet de la musique, en la payant, la carte d’une valeur de 200 euros étant vendue 100, et subventionnée à 50 % par les contribuables. L’idée étant de favoriser le téléchargement payant au détriment du téléchargement illégal. Pour permettre aux artistes et à leurs producteurs de se refaire une meilleure santé.
À noter : M. Patrick Zelnick – qui avait à ses côtés M. Jacques Toubon – est par ailleurs le producteur de Carla Bruni Sarkozy…

On connaissait les subventions aux produits de première nécessité, d’ailleurs toujours en vigueur dans certains pays sous-développés. On savait que certaines subventions, en particulier dans le domaine culturel, ne profitaient pas toujours aux plus pauvres, telles les aides (massives) à la musique et aux spectacles d’opéra. Mais on n’était encore jamais allé si loin dans le subventionnement d’une catégorie professionnelle.

Bien sûr, il faut tenir compte du fait qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle catégorie professionnelle. Il ne s’agit pas de marins pêcheurs ou d’éleveurs laitiers.

Nous sommes au cœur de la culture, citadelle du pouvoir des idées, coffre-fort du pouvoir politique de demain.
Car, comme ses prédécesseurs, Sarkozy fait siennes les idées de Gramsci selon lesquelles le pouvoir politique se conquiert par l’investissement culturel. D’où le fil d’Ariane de la politique culturelle française, depuis André Malraux jusqu’à nos jours, en passant par Jack Lang (auquel le chef de l’État ne manque jamais de rendre un hommage appuyé).

Mêmes les tickets-restaurant ou les chèques-vacances ne sont pas subventionnés à 50 % par les contribuables !

Heureusement, cette « carte musique » ne fonctionnera pas davantage que la loi HADOPI. Pour ceux qui payent pour télécharger, ce sera une aubaine. Pour les autres, même après subvention, la carte sera encore trop chère.

Bien sûr qu’Internet pose un grave problème aux auteurs en général et aux musiciens en particulier. Mais ils n’ont pas d’autre solution que d’inventer pour vivre de nouveaux modèles économiques, qui d’ailleurs commencent à émerger.
Prendre les contribuables en otage n’est pas la solution. Même avec la bénédiction du chef de l’État !
Celui-ci, tel un ayatollah, se fait le défenseur d’un droit d’auteur absolu. Il est probable que, par les temps qui courent, l’administration, la justice et la police ont mieux à faire…

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Comments (2)

  • Anonyme Répondre

    Si tous les CD et DVD étaient vendus 50 % moins cher d’entrée, et si tous les intermédiaires ne se gavaient pas tant sur le dos des artistes, celà ne vaudrait même pas le coup de pirater.

    Le piratage ne se fait que parce que financièrement, il en vaut la chandelle.  Si le prix des CD et DVD était plus bas, ça ne vaudrait plus le coup et les ventes seraient bien meilleures.  Certes, cette loi ADOPI protège les médiocres sans éffleurer les parasites des artistes, mais elle ne résoud rien si ce n’est qu’elle stimule le piratage qui se fera autrement, comme un défi aux bidouilleurs de l’Internet.

    Encore une fois, c’est la même chose que les arbres le long des routes.  On empêche pas les alcoolos de rouler bourrés, on coupe les arbres le long des routes pour ne pas qu’ils les percutent !

    20 janvier 2010 à 9 h 05 min
  • Jaures Répondre

    Encore une fois, internet ne gène que les artistes plan-plan qui fabriquent des chansons à la chaîne et les imposent grace au réseau médiatique. Les vrais artistes, ceux qui font de la scène, ne se sont jamais si bien portés.

    Cette carte grotesque qui ne fonctionnera jamais n’est qu’un nouveau cadeau offert aux amis du Président.

    15 janvier 2010 à 17 h 51 min

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