Les origines gnostiques du totalitarisme

Les origines gnostiques du totalitarisme

Une analyse assez sommaire des forces politiques en présence a fait dire et répéter que, depuis l’effondrement de l’Union soviétique, que l’on pouvait considérer le communisme comme un simple élément résiduel, voué à disparaître. Et il est incontestable que les scores électoraux des divers partis communistes encore existants se sont réduits comme peau de chagrin.

Pourtant, dès la fin des années 60, quelques ouvrages majeurs d’Alain Besançon permettaient déjà de faire une toute autre analyse du marxisme-léninisme, qui recoupe, au moins en partie, celle développée par Guillaume de Thieulloy dans le n° 689 à propos du livre « Histoire transnationale de l’utopie littéraire et de l’utopisme ». Car pour celui qui a quitté le parti communiste en 1956 suite à la révélation des crimes du stalinisme par le rapport de Nikita Khrouchtchev, il n’existe qu’une seule idéologie, véritable être vivant protéiforme doué d’étonnantes capacités d’adaptation, et dont les derniers avatars visibles sont les idéologies de l’antiracisme, du métissage, de la discrimination positive et même de l’écologie verte et rouge et avant tout « citoyenne »…

Alain Besançon
, nous dit le site wikipedia, « développe du communisme et du nazisme, une analyse moins politique ou géopolitique que métaphysique et théologique : selon lui, le léninisme, source de tout système totalitaire, est une forme de gnose ». Effectivement, les ouvrages majeurs de notre académicien, très curieusement délaissés jusqu’à nos jours, notamment « Les Origines intellectuelles du léninisme » (1977) et la « Confusion des langues » (1978), offrent une synthèse magistrale de ce thème.

Alain Besançon nous fait explorer la croyance totalitaire en remontant à ses origines pseudo chrétiennes et aux premières formes de la gnose qui vint très tôt parasiter le christianisme.

La clé de l’énigme se trouve dans la distinction entre la réalité subjective de l’acte de foi et la croyance en son propre entendement, par l’action biaisée d’un système explicatif qui donne (contrairement à la religion) réponse à tout. Là commence le redoutable pouvoir de séduction de la gnose. Quel qu’il soit, le système explicatif donne ainsi à chacun le sentiment de détenir toute la vérité. C’est en réalité un terrible piège, tant intellectuel que moral.

La gnose attendra les premières lueurs des sciences modernes pour se lancer à la conquête du monde. C’est à partir de cette étape qu’elle est devenue une idéologie. Selon Besançon, ses mutations successives ont, pour point de départ, le cycle du romantisme français, puis se poursuivent au cours du cycle du romantisme allemand, pour aboutir en Russie à la formation de la pensée révolutionnaire bolchevique. De là, le courant politique, dont l’idéologie est maintenant parfaitement aboutie, refait le chemin en sens inverse et repart à la conquête de l’ouest et même de la planète, où peu de pays échapperont à l’implantation des partis communistes.

Néanmoins, les récentes recherches laissent penser que le succès planétaire du marxisme-léninisme serait dû à autre chose que le choix stratégique de son messianisme. Dans sa critique du capitalisme, le marxisme léninisme a remarquablement su intégrer les éléments principaux des sciences économiques et sociales, afin d’élaborer ce qui se réduit, tout bien pesé, à un vrai système explicatif. Le marxisme-léninisme, qui se définit comme une philosophie, ne pouvait donc pas être attaqué sur le plan politique, ni d’ailleurs religieux, puisque sa véritable généalogie n’avait jamais pu être établie.

À l’heure où notre chrétienté, oubliée et même trahie par ses propres clercs, troublée par le discours progressiste et les attaques incessantes dont elle fait l’objet, cherche sur quel roc s’appuyer, il serait temps qu’une mobilisation générale de chercheurs sincères, faisant fi des querelles de chapelles, montre que l’arme contre le totalitarisme se trouve à portée de main.

Remettre en lumière l’acte de foi, et opposer celui-ci à tous les systèmes explicatifs quels qu’ils soient, redonnera non seulement vigueur à la doctrine religieuse, mais peut aider efficacement à résoudre les problèmes de la crise actuelle en refusant les discours convenus et en permettant de repousser les pièges tendus. C’est également une question de survie pour la vraie droite…

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Comments (17)

  • Icitor Répondre

    La Gnose véritable étant transcendante et supra-physique, elle n’engendre pas d’idéologie, elle ne s’occupe pas de politique et donc encore moins d’établir une société parfaite sur terre, ni théocratie, ni oligarchie, totalitarisme quel qu’il soit. C’est méconnaitre la Gnose que d’affirmer qu’elle soit la source de régime totalitaire. Pour mieux connaitre la gnose : http://gnose.free.fr

    30 janvier 2010 à 16 h 44 min
  • Jeanne Répondre

    Suite au commentaire précédent

    En ce qui concerne les utopies, elles sont certainement une des plaies de notre époque depuis le début du XXème s, lorsque leurs sectateurs s’emparent du pouvoir et cherchent à les imposer.

    Les communistes sont en admiration devant l’ « Utopie » ( de ou-topia : qui n’existe nulle part) de Thomas More : rien d’étonnant, c’est la description d’un Etat totalitaire dès le XVIème siècle.

    La nécessité d’organiser des sociétés devenant nombreuses en Etats oblige à concevoir des codes, principalement pour contenir les abus de pouvoir des violents et des puissants : c’est le sens des 10 Commandements, qui existaient déjà dans des sociétés antérieures ou parallèles, et les prophètes de la Bible fustigent les marchands à faux poids et exhortent à l’aide des pauvres, de la veuve et de l’orphelin.

     

    C’est déjà la volonté d’une redistribution des richesses, sinon « à chacun selon ses besoins » (quels sont les besoins de chacun ???) du moins, « à chacun selon ses besoins vitaux »…

    Les lois divines cherchent à limiter les exactions et les injustices dans les sociétés humaines.

     

    Mais ce n’est qu’un pis aller en attendant le retour au jardin d’Eden, après la venue du Messie.

    Or que se passera-t-il dans cette époque attendue par les Juifs ?

    Selon le prophète Isaïe, « le lion mangera du foin avec le bœuf », « le chevreau s’accroupira à côté de la panthère » etc… Donc les carnivores deviendront herbivores et la Paix règnera sur la Terre, d’où le mal sera banni.

     

    Le Jardin d’Eden était-il un lieu où les lions mangeaient de l’herbe ???

    Dieu a-t-il créé les carnivores – ôtez-moi un doute : c’est bien Dieu qui a créé toutes les espèces animales, non ? – afin que l’homme souhaite qu’ils cessent de l’être ?

    Même s’il s’agit d’un exemple imagé et symbolique, en quoi pourrait consister la Paix universelle sur la Terre ?

     

    Partant, la première utopie n’est-ce pas l’attente d’un retour à l’Eden au moment de l’arrivée du Messie ?

    N’est-ce pas l’idée saugrenue, pour ne pas évoquer l’idée d’un blasphème, de la remise en question de la Création ?

    C’est toute la différence avec l’attente d’un retour du Messie, qui est déjà venu et qui par son exemple personnel suggère une modification individuelle volontaire, afin de vivre de manière aussi irréprochable que possible dans le respect du prochain –tous les hommes- et de la Création, et l’attente d’un Messie qui annulera la Création.

    (Il est vrai que dans cette attente, certains ont donné de la viande à manger à des vaches…)

     

    C’est aussi la différence avec  les marxistes qui ont seriné pendant un siècle et demi que les hommes ne peuvent pas changer si les conditions économiques ne changent pas, et qu’il faut que des minorités agissantes imposent ces changements par la violence jusqu’à ce que la Justice s’impose finalement malgré les résistances des Méchants, les « Capitalistes ».

     

     

    1 août 2009 à 10 h 38 min
  • Anonyme Répondre

    "La seule façon de regenerer l’occident est non pas un retour au christianisme, mais pour les chrétiens, un retour au tronc qui les porte, le judaisme.

    Comme cette derniere religion n’est pas proselyte," dit Jacob

    Et pourquoi donc serait-ce un retour au judaïsme qui serait bénéfique aux chrétiens, plus qu’un retour aux bases du christianisme ?

    C’est justement le dernier reniement de Pierre, qui abandonne Jésus, devenu la Victime de personne, et dont les fidèles sont désignés comme les responsables et les auteurs de l’assassinat des juifs par les nazis, qui a été l’élément le plus destructeur pour la Chrétienté.

    Jean Sévillia rappelle dans son livre "Quand les catholiques étaient hors-la-loi" que les antichrétiens laïcards de 1905, non seulement ont été obligés de reconnaître que leurs exactions (par exemple, mobiliser 2000 hommes de troupe pour expluser 39 moines désarmés et âgés, de la Chartreuse de Voiron, sous les huées de 5000 personnes venues soutenir les religieux, qui finançaient des écoles et des oeuvres charitables) n’avaient rien de glorieux, mais que les catholiques n’avaient jamais eu autant de soutiens…

    Je ne disconviens pas que l’étude de textes bibliques ne présente un grand intérêt, mais je ne ferai pas passer leur exégèse avant celle de l’Evangile, dont le message est pour moi le seul intérêt de la Bible, par les ruptures qu’il opère par rapport justement à l’Ancien Testament.

    Quelques exemples : en premier la laïcité, la séparation du politique et du religieux, que ceux qui viennent aujourd’hui tenter de détruire la spécificité française en niant son identité, fondée sur le christianisme et l’héritage gréco-romain préservé, utilisent contre la France et contre la démocratie…

    Le statut de la femme, traitée avec le plus grand respect par Jésus, qui parlait avec elles, les écoutait et les protégeait, même de mauvaise vie, même adultères, et qui les admettait même à son enseignement, alors que la tradition juive dit qu’il vaut mieux brûler la  Torah que la donner à une femme. Aujourd’hui, il n’y a plus une seule église où les hommes et les femmes ne soient mélangés, mais ce n’est le cas que dans une partie des synagogues.

    L’enseignement de Paul est sur ce point duel, car d’une part il dit que les femmes doivent être soumises à leur mari, et d’autre part, il dit « il n’y aura plus ni Juif ni Grec, ni maître ni esclave, ni homme ni femme, mais vous serez tous frères en Jésus-Christ », phrase qui contient aussi un autre enseignement fondamental, celui de l’égalité entre les hommes, dépassant la notion d’élection, utilisée par tous les Juifs de ma connaissance pour exercer sur les non juifs une intolérable condescendance, voire pis.

    Et enfin, mais sans exhaustivité, Jésus affirme que ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui en sort. J’ai entendu tellement d’horreurs proférées par des consommateurs d’aliments « purs » que je ne renoncerai jamais à cet aspect de l’Evangile.

     

    Donc, en ce qui me concerne, le retour vers le judaïsme est une régression et c’est non.

    Connaissance, oui, comme n’importe quelle culture humaine ;  pratique, non.

    Pour ce qui est du non prosélytisme du judaïsme, permettez-moi de m’inscrire en faux.

    Dans tous les couples mixtes que je connais, à une seule exception, le conjoint a été converti, à une pratique plus ou moins vive, parfois intégriste.

    De plus, alors que des propos antisémites sont unanimement condamnés,  j’ai entendu et lu des propos de Juifs violemment anti-chrétiens, d’une virulence impensable, fondée sur l’amalgame entre chrétiens et nazis. Cet amalgame a été permis par tous les actes de repentance des chrétiens, particulièrement après Vatican II, ce qui, par le retrait de certains éléments de la liturgie et du dogme, apparemment secondaires, mais en réalité fondamentaux, revenait à endosser la responsabilité de la Shoah.

    L’astuce consiste à faire en sorte que toute critique si faible soit-elle, soit désignée comme de l’antisémitisme, compris obligatoirement comme la volonté d’envoyer les Juifs dans des chambres à gaz. C’est déjà le délit de blasphème. Mais personne ne l’a relevé, car les événements historiques faisaient écran.

     

    Non, les chrétiens doivent revenir à une vision réaliste et lucide, qui était celle de Jésus : il disait qu’il voulait accomplir la Loi, (c’est-à-dire qu’elle était inaccomplie) et il ne disait pas que le Méchant n’existait pas. La position des chrétiens actuels est une position qu’il faut bien appeler niaise, et anti-évangélique. Ils ne résistent pas aux méchants, puisqu’il n’y a que des gentils… L’Eglise forme des imams, organise la propagande dans ses écoles, auprès de notre jeunesse, lui fait prendre des vessies pour des lanternes.

    Ce qui est grave, c’est que d’après Jacques Ellul, cette attitude a déjà été adoptée par les Eglises du Maghreb au VII ème siècle…  On voit le résultat, 14 siècles après.

     

    31 juillet 2009 à 20 h 51 min
  • Gérard Pierre Répondre

    @ completel.net

     

    « Confondre le totalitarisme  avec la mise en oeuvre d’un principe unique est la pire des erreurs intellectuelles. »

     

    Vous auriez raison de le préciser si la phrase que j’ai écrite s’était terminée par un point final après le mot « PRINCIPE ». Or, la caractéristique précise du totalitarisme réside précisément dans la seconde partie de ma phrase …… « et l’élimination …… (y compris physique) …… de tout ce qui peut entraver l’avènement de ce principe hégémonique. »

     

    Le principe unique de justice que vous mettez en avant contiendrait les germes de son incohérence, et par voie de conséquence de sa propre destruction, si les promoteurs du principe procédaient à l’élimination de tout ce qui entrave son avènement. De même le christianisme cherchant à promouvoir l’Amour de son prochain en principe unique se contredirait et s’annulerait en éliminant d’une manière ou d’une autre ses contradicteurs.

     

    Si la mise en œuvre d’un principe unique constitue la condition nécessaire à l’instauration d’un totalitarisme, elle n’en constitue pas pour autant la condition suffisante. Je pense que, sur ce point, nous serons bien d’accord.

     

    Bien cordialement.

    15 juillet 2009 à 9 h 29 min
  • Daniel Répondre

    Bonnes précisions sur le totalitarisme de:   inconnu.

    Cependant, il reste un état de fait. La justice française tend à se définir comme juste selon l’égalité de droits tout en pratiquant l’inverse, à partir de 

    1/ du droit (concept) qui est quasiment l’opposé du sens du mot justice,

    2/ de nos lois qui se multiplient à l’infini pour tenter de cerner un principe de justice qu’elle renie en même temps pour vouloir la faire entrer dans un cadre prédéfini.

    L’incohérence dont vous parlez à propos de totalitarisme est parfaitement établie dans notre système de justice qui se réfère à un concept spirituel et vital pour sa gloire et son pouvoir personnel,  mais le fait avec un outil pour idiots et/ou criminels sous développés.

    On peut développer et prendre tous les exemples que vous voulez.   

    15 juillet 2009 à 7 h 49 min
  • Anonyme Répondre

    Confondre le totalitarisme  avec la mise en oeuvre d’un principe unique est la pire des erreurs intellectuelles.
    C’est disqualifier la philosophie politique qui est là pour définir  la justice,  et par conséquent est la seule qui permette de juger les politiques et les institutions.
    Or,  le seul moyen de preuve de la philosophie est la cohérence logique : la validité des concepts  et la rigueur des déductions.
    Confondre le totalitarisme  avec la mise en oeuvre d’un principe,  ce n’est pas seulement oblitérer la question de savoir  quel principe est bon et lequel est mauvais :  c’est empêcher de penser le bon principe,  qui est celui de la justice  dont une caractéristique essentielle –en raison même des moyens intellectuels qui permettent de la définir– est qu’elle ne peut s’accommoder de principes contradictoires.
    C’est pour cela que le totalitarisme est injuste : non parce qu’il impose un principe unique,  mais parce qu’il est absurde ; non parce qu’il est "extrémiste",  mais parce qu’il est incohérent.
    Un aspect essentiel de cette incohérence est le système de deux poids et deux mesures  qui le caractérise : il se définit comme un système  où les hommes de l’état ont tous les pouvoirs et  les gens normaux aucun.  Alors qu’une caractéristique corollaire d’une définition cohérente de la justice est que celle-ci reconnaît les mêmes Droits  à tous,  en application des mêmes principes.
    Le totalitarisme  est aussi absurde parce qu’il nie la réalité : parce qu’il est  une forme de pensée magique,  une idolâtrie de la violence qui prête faussement à ses adeptes le pouvoir  de se soustraire aux lois de la nature.  La vérité  est que cette violence les empêche seulement de percevoir les effets de leur folie, avec les destructions qu’elle cause,  parce que c’est aux autres qu’ils en infligent les conséquences.  Le totalitarisme est la folie qui vient aux gens à qui le choix d’imposer leurs décisions aux autres fait perdre le contact avec la réalité.

    14 juillet 2009 à 20 h 02 min
  • LE TROLL Répondre

    pour les agenouillistes: relire le lévitique et les rois: tout est dedans!
    pour les athées relire Oncle Picsou, c’est aussi dedans!

    14 juillet 2009 à 11 h 44 min
  • Anonyme Répondre

    Pourquoi demande-t-on aux chrétiens de faire régression vers le judaïsme et pas aux juifs de progresser vers le christianisme?

    Le judaïsme n’a jamais été capable d’intégrer le platonicisme, qui lui est spécifiquement européen.

    Les grands penseurs de l’Occident étaient-ils juifs ou chrétiens?

    Kant, Descartes, Pascal, Schopenhauer, Leibnitz étaient baignés dans une culture spécifiquement chrétienne.

    Qu’ont-ils en face, à leur opposer? Maïmonides et Spinoza, c’est un peu court, non?

    Je me demande aussi comment se seraient épanouis des chétiens dans une culture juive?

    L’aventure humaine a bien commencé avec le christianisme

    13 juillet 2009 à 17 h 58 min
  • Gérard Pierre Répondre

    @ Jacob

     

    « Né d’une révolte, le christianisme ne peut qu’engendrer discussions et révoltes à son tour. »


    J’ai tendance à nourrir une vision du Christianisme un peu différente de la vôtre. Le Christianisme ne m’est jamais apparu comme étant né d’une révolte mais plutôt d’une espérance fondée sur l’Amour. Certes le Christ fut à bien des égards le poil à gratter de l’establishment d’alors. Il enseignait des principes qui allaient à contre courant de bien des idées reçues. Il bousculait bien des certitudes confortables, mais en même temps il préconisait de rendre à César ce qui était à César et à Dieu ce qui était à Dieu, ce qui n’est pas la marque d’un rebelle.

     

    En revanche je souscris totalement à l’idée selon laquelle la seule façon de régénérer l’occident est … / / … pour les chrétiens, un retour au tronc qui les porte, le Judaïsme.

     

    Les cercles des Amitiés Judéo Chrétiennes constituent de ce point de vue un excellent moyen d’y contribuer. Les rabbins sont plus fins connaisseurs de la Bible que le clergé catholique, orthodoxe, ou que les pasteurs protestants, et les Chrétiens que je connais l’admettent. Aussi est-ce vraiment enrichissant pour tout le monde d’entendre durant une heure les commentaires du rabbin sur un passage de la Bible, commentaires complétés ensuite par la lecture qu’en font les prêtres et les pasteurs. Il règne sur ces rencontres un Esprit qui tend à inciter chacun à rechercher les convergences et à laisser de côté les divergences. Au bout de quelques années, on s’aperçoit que les voies de Dieu sont effectivement impénétrables à notre petit entendement humain, …… et ça rend humble !

     

    Si notre Créateur a conclu une Première Alliance avec Son Peuple Elu, le Peuple Juif, il ne l’a pas pour autant reniée en envoyant son fils proposer une Nouvelle Alliance étendue alors à l’ensemble de l’humanité. J’ai beaucoup aimé entendre Jean-Paul II évoquer un jour les Juifs en les qualifiant de frères aînés des Chrétiens dans la foi.

     

    Les Chrétiens ne doivent d’ailleurs jamais oublier que Jésus était Juif, ainsi que Marie, sa mère, fervente pratiquante. Nous ne devons jamais oublier qu’il n’est pas venu fonder une nouvelle religion mais simplement universaliser le message de la Révélation en mettant l’accent sur l’Amour et sur le Pardon. Les premiers Chrétiens ont d’ailleurs continué à fréquenter tout naturellement les synagogues, …… puisque le Christ n’a jamais dit qu’ils devaient s’en abstenir. C’est le premier concile de Nicée qui a consacré entre Juifs et Chrétiens une séparation destinée à asseoir le Christianisme en tant que pratique rituelle distincte et « puissance religieuse » montante.

     

    Dix sept siècles d’incompréhensions s’en sont suivis entre les deux communautés.

     

    C’est en lisant Primo Lévi que le Chrétien (que je tente d’être) a découvert avec stupéfaction ce qu’avait pu écrire en son temps Saint Augustin, considéré comme un père de l’Eglise. Je le cite :

     

    «C’est Dieu lui-même qui condamne les Juifs à la dispersion, et cela pour deux raisons :

    • comme punition pour n’avoir pas reconnu le Messie dans la personne du Christ
    • parce que leur présence dans tous les pays est nécessaire à l’Eglise catholique, elle aussi présente partout, afin que partout les fidèles aient sous les yeux le spectacle du malheur mérité par les Juifs.

        C’est pourquoi la dispersion et la séparation des Juifs ne doivent pas avoir de fin : par leurs souffrances ils doivent témoigner pour l’éternité de leurs erreurs, et par conséquent de la vérité de la foi chrétienne. Aussi, puisque leur présence est nécessaire, doivent ils être persécutés, mais non tués. »

     

    Dans la liturgie pascale des temps reculés, existait une notion de « peuple déicide ». Cette notion n’a été supprimée que par le concile de Vatican II (1962 – 1965). Il aura fallu la Shoah pour en arriver à cette remise en question.

     

    Il est donc grand temps que nous, Chrétiens, nous revenions à nos fondamentaux et vous avez tout à fait raison, cher Jacob, de le rappeler !

     

    Bien cordialement.

    12 juillet 2009 à 23 h 12 min
  • Luc sembourg Répondre

    A Jacob,

    Chacun voit forcément midi à sa porte dans le maelstrom permanent où s’entrechoquent les idées philosophiques et religieuses.

      Il me semble que l’avenir le plus souhaitable (mais peut-être pas le plus probable) pour l’occident, est de constamment se remémorer ce qui a été la source de son succès planétaire et d’en tirer un profit toujours nouveau. Il me semble impossible de nier que ce succès a pour cause le christianisme. Au contraire le bilan de la gnose sous ses divers masques est très négatif.

      Ce qui est moins souvent dit est que le christianisme n’a rien aboli de l’Ancien Testament et donc du judaïsme dont il est issu. Le christianisme n’est que la « Nouvelle Alliance » et le Christ a de nombreuses fois prêché en synagogue, et redit qu’il ne reniait rien de sa religion, laquelle a toujours été le judaïsme et l’est resté jusqu’à sa mort, et même après sa mort puisqu’il est ressuscité (fait central de la foi chrétienne).

      Saül de Tarse (St. Paul), brillant disciple de Gamaliel à Jérusalem, fut un des meilleurs érudits du judaïsme de son temps, et fut un inflexible persécuteur des premiers chrétiens, avant son voyage à Damas, ainsi qu’il explique tout ça en grand détail dans ses épitres.

      La régénération de l’occident passe donc autant par un retour au christianisme, que pour les chrétiens, par un retour simultané à l’étude bien plus attentive du tronc qui les a porté : le judaïsme.

    LS

    12 juillet 2009 à 17 h 31 min
  • Jacob Répondre

    Né d’une révolte, le christianisme ne peut qu’engendrer discussions et révoltes à son tour.
    Le communisme n’est que le pendant égalitariste né d’une mauvaise lecture des sermons des prophètes, qui eux, avaient l’intelligence de reprocher tant aux riches qu’aux pauvres….
    La seule façon de regenerer l’occident est non pas un retour au christianisme, mais pour les chrétiens, un retour au tronc qui les porte, le judaisme.

    Comme cette derniere religion n’est pas proselyte, nul doute que cela prendra du temps !

    L’islam , quand à lui est un communisme spiritualisé à l’extrême, pas étonnant que les Carlos de la planète finissent dans cette nasse…

    11 juillet 2009 à 15 h 48 min
  • Barthélémy Répondre

    Histoire, l’éternel recommencement.

    Quelqu’un , dont j’ai oublié le nom a dit , " le communisme, cet islam sans Dieu ".

    Peut-être est-ce la raison pour laquelle l’islam fascine de nombreux gauchistes d’où l’expression " islamo – gauchistes."

    Récemment, une femme voilée est entrée au parlement bruxellois sous les applaudissements tout particuliers des Verts, ces Verts, qui pourtant se disent très attachés à la laïcité surtout quand cette laïcité est très anti-chrétienne et violemment anticléricale.

    Maurice Dantec dit " Un Vert c’est la plupart du temps un ancien Rouge devenu végétarien et ami des animaux. Et désormais adepte de la charia ". Il ajoute " L’aveuglement des nihilistes occidentaux au sujet de l’Islam semble être un condensé de tous les aveuglements successifs de l’Occident depuis deux siècles. Sur le danger jacobin, sur le danger marxiste, positiviste, bolchévik, puis nazi, tiers-mondiste, maoïste, post-moderniste…" ( Le Théâtre des opérations,  American Black Box , éd. Albin Michel ). 

    M. Proudon a écrit, dans ses confessions d’un révolutionnaire, ces remarquables paroles: " Il est surprenant qu’au fond de notre politique nous trouvions toujours la théologie ". Et Chesterton " les idées révolutionnaires ne sont rien d’autre que des idées chrétiennes devenues folles."

    Au sujet de la Gnose:

    Les Pères de l’Eglise  ont d’abord envisagé la gnose comme une importation du platonisme dans la théologie chrétienne. Une espèce de fusion de la Grèce et de l’Orient. Les gnostiques sont tous des philosophes qui essaient d’accomoder les théories divines du christianisme aux rêveries du mysticisme gréco-oriental. Vaste et fascinant sujet qu’il serait beaucoup trop long de développer ici…

     

    9 juillet 2009 à 19 h 01 min
  • Olivier Répondre

    Sur ce sujet, lire les ouvrages d’Etienne Couvert et d’Eric Voegelin (notamment "une nouvelle science du politique"), qui analysent à fond la problématique du gnosticisme dans la sphère culturelle et politique.

    8 juillet 2009 à 23 h 05 min
  • Gérard Pierre Répondre

    La gnose est un …… « système de pensée philosophico religieuse qui se fonde sur une révélation intérieure, permettant d’accéder à une connaissance des choses divines réservée aux seuls initiés et permettant de saisir les mystères amenant au salut. » (définition fournie par l’Encyclopédie Universelle Larousse)

    La chose étant précisée, qu’est-ce qu’un totalitarisme ?

    Le totalitarisme est un système politique prônant la SUPREMATIE TOTALE D’UN PRINCIPE, et l’élimination …… (y compris physique) …… de tout ce qui peut entraver l’avènement de ce principe hégémonique.

    Le nazisme proclama la supériorité de la race aryenne et la disparition des autres races décrétées inférieures. Le résultat catastrophique de ces années de totalitarisme brun n’est ignoré que par quelques révisionnistes irréductibles.

    Le communisme voulut ériger le prolétariat en classe unique et se consacra à la disparition de toutes les autres catégories sociales. Les conséquences gigantesques de ces années rouges, de Lénine à Pol Pot en passant par Staline, Mao, Fidel Castro et tant d’autres, sont connues du monde entier.

    Le dernier totalitarisme en date, émergeant après quatorze siècle d’attente latente, tout de vert paré, cherche à imposer la dictature d’une pseudo religion qui n’est en réalité qu’un système politique adossé à un prétexte religieux. Cette « religion » doit faire disparaître toutes les autres et recouvrir de ses « lieux de prières » la terre entière tournée vers un seul « dieu » dont l’unique recommandation serait : SOUMETS TOI !

    Dans les trois cas les rites, dont une « bible » avait été écrite en vue de souder les adeptes entre eux, avaient quelque chose de quasi religieux. Le nazisme avait ses « grand messes » à Nuremberg, avec défilés à la lueur des torches. C’était une religion païenne qui s’alliait pour la circonstance aux dieux du panthéon germanique. Le communisme avait ses défilés imposants sur la place rouge et son Te Deum était l’internationale. Le troisième totalitarisme a fait mieux que ses deux prédécesseurs : il se proclame religion. L’aspect théocratique, …… et donc politique par essence même, ……n’en serait que la conséquence ! …… C’est habile.

    Mein Kampf fut la bible de l’un, Le Capital complété par La Maladie Infantile Du Communisme celle de l’autre. Le coran et la sunna règlent toute la vie des derniers à se manifester. Chose extraordinaire, dans les trois cas, tout le monde a évoqué ces « bibles » …… qu’en réalité peu ont lues ! …… Quant à ceux qui les ont lues, …… PEU LES ONT COMPRISES ! …… tant il est vrai que les « catéchismes » sont toujours d’une lecture fastidieuse aux épicuriens superficiels.

    A ceux qui se désintéressent du totalitarisme, ne manquons jamais de rétorquer que le totalitarisme, en revanche, s’intéressera tôt ou tard à lui ! …… Pourquoi ? …… mais précisément à cause de son aspect « religieux » car le propre de toute « religion » est de combattre ses schismes, de rappeler à l’ordre ses fidèles un peu tièdes et de condamner ses « hérétiques » au bûcher !

    Silence dans les bancs, je ne vois voir qu’une seule âme !

    8 juillet 2009 à 18 h 45 min
  • Magny Répondre

    Opposer les systèmes explicatifs à l’acte de foi n’avancera à rien du tout , sauf pour ceux qui n’ont pas encore compris que la foi ne peut pas être expliquée , ce qui pourtant ne demande pas un grand effort intellectuel .

    La grande réussite du communisme est de s’être donné un habillage scientifique , et de s’être mis explicitement du côté des humbles , du petit peuple exploité par les puissants ( les riches , etc ) .

    Cette sorte de science économico-politique qui prétendait tout expliquer et accoucher de l’homme nouveau est devenue une mode intellectuelle , et a su entretenir la dissonance cognitive dont devait faire preuve ses adeptes . Au point qu’il existe encore des communistes , et un parti communiste , et cela malgré toutes les abominations dont cette idéologie est la source . Bien sûr si un parti fasciste ou simplement royaliste perdurait à notre époque il serait raillé et conspué copieusement à longueur d’année , lui ( si tant est qu’il puisse même exister ) . 

    Le communisme a survécu aussi , je pense , car il représente un avenir politique que beaucoup de fatigués de la vie attendent . Comme l’avait prévu Nietzsche l’avenir appartient au bonhomme qui cligne de l’oeil … cet homme qui ne cherche que du bien être même s’il doit l’obtenir en sacrifant tout le reste . Un seul parti ( ou plusieurs qui s’entendent sur tout ) , un seul Etat qui gère tout ( ou une administration qui dirige des nations soumises ) , décide de tout ce qui est bien , pour tout le monde , dans un monde égalisé .

    Ce monde on en est tous marteau ( avec une petite faucille à côté ) .

     

    8 juillet 2009 à 15 h 25 min
  • charles Répondre

    dans le commentaire précédent je parle d’hérésie, plutôt que de la gnose. il y a un lien bien sûr.

    8 juillet 2009 à 12 h 41 min
  • charles Répondre

    avant Besançon, un auteur méconnu en France avait déjà proposé cette analyse de l’utopie : "l’utopie, éternelle hérésie", de Thomas Molnar, philosophe hongrois émigré aux Etats-Unis

    8 juillet 2009 à 12 h 36 min

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