De Benoît XIV à Benoît XVI

De Benoît XIV à Benoît XVI

L’accueil fait à Benoît XVI par nos médias, presque tous gauchistes, a été scandaleux. Le mot « conservateur » lui a été envoyé à la figure comme si c’était une injure. J’ai entendu une radio d’État déplorer qu’il n’eût l’intention de rien changer à la position de l’Église au sujet de l’avortement et de l’euthanasie. L’immoralité le dispute donc à la bêtise. Néanmoins, quelques commentateurs plus intelligents, ou plus courtois, ont essayé de prévoir les actes du nouveau pape en analysant les raisons qu’il avait pu avoir de prendre le nom de Benoît.
Ils se sont surtout référés à Benoît XV (1914-1922). On a dit que celui-ci avait été un pape de transition. Est-ce le caractère peut-être éphémère de son propre pontificat, vu son âge, que le cardinal Ratzinger a voulu évoquer ? Si Benoît XV a essayé en vain de mettre un terme à la première guerre mondiale, il est du moins parvenu à rétablir les relations diplomatiques avec la France, interrompues en juillet 1904 au temps du ministère Combes.
Il a donc été un pape de réconciliation, ce qui n’est pas sans rapport avec l’œuvre de Jean-Paul II. Cela signifierait-il que Benoît XVI aurait l’intention de poursuivre, par exemple, le dialogue avec les autres religions ?
Certains ont parlé de saint Benoît (480-547), qui n’a pas été pape, mais législateur de la vie monastique et fondateur de l’ordre qui porte son nom (les Bénédictins) et du monastère du Mont-Cassin.
De plus, quelques uns se sont gargarisés d’allusions à Benoît XIV (1740-1758) qui aurait, nous ont-ils dit, entretenu une correspondance avec Voltaire, ce qui laisse supposer que ce pape aurait été tolérant et même – pourquoi pas ? – incroyant, qualité majeure d’un pape imaginaire aux yeux de notre intelligentsia pourrie.
Or, Benoît XIV a été le plus grand pape du XVIIIe siècle. Extrêmement pieux, il aimait visiter les pauvres et les malades. Surtout, il a été très attentif aux secousses d’ordre philosophique qui commençaient d’ébranler le christianisme.


Le plus grand pape du XVIIIe siècle


Les arguments des philosophes, dits à tort des Lumières, étaient mauvais. Encore fallait-il pouvoir se fonder sur des faits précis pour leur répondre. Ainsi Condillac a-t-il prétendu que nous ne connaissons que par l’intermédiaire des organes des sens, ce qui revient à attacher fortement notre esprit à la matière charnelle.
Heureusement, on rencontre dans la vie des saints de nombreux épisodes, parfaitement attestés, au cours desquels la pensée semble voler d’une personne à une autre sans passer par la parole, ni par l’ouïe, ni par la vue (l’écriture). Or Benoît XIV, alors qu’il n’était encore que le cardinal Prosper Lambertini, avait publié un traité de la béatification et de la canonisation, dans lequel il montrait une parfaite rigueur de raisonnement. Il avait pris au siècle ce que celui-ci avait de meilleur, la rigueur scientifique, mais il avait évité les observations erronées et les raisonnements faux qui peuplent le scientisme.
Certes, il a dû être en correspondance avec Voltaire, puisque celui-ci lui a dédié sa tragédie « Mahomet » avec ces mots : « satire des erreurs et des cruautés d’un faux prophète, au Vicaire d’un Dieu de vérité et de mansuétude ».
Voltaire admirait Benoît XIV. De sa part, ce n’était pas si mal, mais cela n’a pas empêché le pape, qui avait lu soigneusement les œuvres du célèbre écrivain, de les condamner sans appel.
La réputation de Benoît était excellente. Un de ses contemporains a dit de lui : « Souverain sans favori, pape sans neveu, censeur sans sévérité, docteur sans orgueil ». Et un lord : « S’il venait à Londres, nous deviendrions tous papistes ». Il n’est donc pas impossible que le cardinal Ratzinger ait pensé à lui en se laissant inspirer un nom. Presque trois siècles après, il se trouve dans une situation assez voisine de celle de Benoît XIV : une Église sans cesse attaquée avec acharnement, par les passionnés de la décadence morale et de la désillusion métaphysique due à une mauvaise interprétation du progrès scientifique…

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Comments (3)

  • Excellent Répondre

    Excellent commentaire. J’ai fait un Mémoire d’Histoire religieuse et en effet les historiens s’accordent à reconnaître en Benoît XIV, un très grand Pape du XVIIIème siècle.

     Benoît XVI, à l’exemple peut-être de son lointain prédécesseur, dialogue avec ses contemporains. En tant que Cardinal, il a plusieurs fois débattu loyalement avec des philosophes agnostiques et à même était élu à l’Institut de France. Depuis qu’il est Pape il a créé le "Parvis des Gentils" afin que des non-croyants puissent dialoguer, sans préjugés de part et d’autre, avec l’Eglise Catholique. Où est donc ce Pape réactionnaire ? Dans la tête de personnes qui détestent par principe et sans arguments rationnels l’Eglise Catholique. Cf. hélas le message précédent !

    PS Ne connaissant absolument pas "Les 4 Vérités"; je ne cautionne donc logiquement pas ni ne dénigre une revue que je ne connais pas mais j’approuve le commentaire de M. Lassieur sur Benoît XIV et Benoît XVI.

    30 mars 2012 à 12 h 21 min
  • Jacques Delcroix Répondre

    Article nul.

    Les papes ont tous été des monarques absolus et pour certains cons comme Pie XII ou Pie IX ou  criminels comme Innocent IV et autres vermines.Ratzinger, alias Benoit XVI, est un pape complètement formaté par le nazisme.
    Vive la République.
    Vive la Démocratie.
    L’église est complètement pourrie..

    Yeshu était certainement un brave gars, un juif pieux, mais pas un dieu.
    Quant à Myriam, une femme courageuse, qui a élevé ses gosses dignement comme Tacov (Jacques) le Juste, le frère de Yeshu (Yeoshoua).

    Jacques, apostat et fier d’avoir abandonné cette religion qui a tant de sang, de crimes sur la conscience.

    Lisez Charlie Hebdo ou le Canard Enchaîné.

    2 novembre 2007 à 22 h 11 min
  • Florent Répondre

    excellent commentaire auquel je n’ai rien a ajoté en tant que catholique pratiquant. Ah heureusement qu’il y a les 4 vérités pour refaire le plein et affronter après l’Huma, Libération, Marianne et autres suppots du religieusement correct.

    24 mai 2005 à 14 h 50 min

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