Désastreuse gestion publique

Désastreuse gestion publique

Je ne suis pas un usager régulier de la SNCF, puisque mon dernier trajet en train remonte au début juin 2010.

Six ans plus tard, à quelques jours près, je prévoyais, le 10 mai dernier, un aller-retour Montpellier-Barcelone par train. Billet acheté trop cher à mon goût ; j’ai dû l’annuler pour cause de grève des agents de la SNCF ce même jour.

Mes proches ne sont pas plus que moi des usagers réguliers de la SNCF, et je peux affirmer que chacun de leurs rares déplacements s’est trouvé obéré d’une manière ou d’une autre (grève souvent, incidents techniques d’autres fois) par le côté erratique du service acheté et non « rendu ».

Le summum fut atteint quand mon épouse effectua sans en­combre et à l’heure convenue le petit déplacement de 45 km de Banyuls à Perpignan (mais n’en parlons plus, puisqu’on ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure), et dut effectuer le reste de son parcours (160 km de Perpignan à Montpellier) en covoiturage à la faveur de la rencontre d’autres âmes en peine trouvées sur place dans le hall de la gare de Perpignan. Je précise que le remboursement de son billet lui fut refusé, alors qu’aucun train de remplacement n’était proposé. Sans doute aurait-elle dû attendre le train du lendemain ?

Quant à cette grève du 10 mai, il semble qu’elle soit motivée par l’ouverture à la concurrence voulue par les instances européennes, ce qui, bien évidemment, exposerait nos vaillants cheminots à de nouvelles ca­dences et à la remise en cause de quelques « menus » avanta­ges, remontant pour certains à l’âge de la machine à vapeur et de la manipulation de charbon…

Depuis que j’ai acquis la faculté d’analyser les conditions économiques qui ont pesé sur mes activités, je ne me souviens pas que les comptes de la SNCF aient été une fois seulement équilibrés.

On aurait pu espérer que, confrontés cette fois à l’inéluctable, imposé par les instances européennes « souveraines », nos stakhanovistes de la grève auraient infléchi leur intransigeance coutumière pour qu’enfin, leurs trains, dont c’est la vocation, aillent de l’avant, au-devant de la concurrence im­posée. Ont-ils seulement conscience que l’État (en réalité le con-tribuable) ne saurait bientôt plus compenser leurs pertes sans s’exposer à de lourdes sanctions économiques ?

Mais s’ils s’en moquent, peut-être que l’État, personnifié par les gérants de la chose publi­que, s’en moque aussi ?

Nos gérants de la chose publi­que s’érodent au contact des technocrates de Bruxelles. Com­me dans une forme de syndrome de Stockholm, ils approuvent sans barguigner les oukases des instances européennes et, paradoxalement, finissent par déteindre aussi sur leurs homologues.

Ainsi, les autorités teutonnes, qui font la pluie et le beau temps européens, veulent bloquer toute forme d’«ubérisation » de leur économie, comme le ferait n’importe quel gouvernement bien de chez nous.
En Allemagne, les voitures avec chauffeur sont déjà interdites ; les LMNP (loueurs meublés non professionnels) sont aujourd’hui visés ; et la menace pèse sur toutes les activités parallèles provisoirement légales, c’est-à-dire sur tout ce qui facilite la vie de ceux qui n’ont pas l’heur de baigner dans l’opulence.

Pour ce qui nous concerne, le cas des LMNP est déjà « dans les tuyaux », et l’on se demande pourquoi il ne viendrait pas à l’esprit de nos gérants de la chose publique ces quelques idées simples :

  • Le succès de cette forme d’économie répond à un besoin.
  • Ce besoin ne sera pas satisfait par les structures d’hébergement classiques plus onéreuses.
  • La satisfaction de ce besoin induit des retombées économiques locales.
  • Les LMNP améliorent leurs conditions économiques, cela leur est souvent nécessaire et c’est globalement profitable.
  • Enfin, ne pourrait-il venir à l’esprit de nos dirigeants qu’en faisant l’économie des innombrables et onéreux sauvetages d’entreprises publiques mises en difficulté par la crème des meilleures promotions de l’ENA, il deviendrait possible de pallier l’insuffisance de logements ?

Avant de conclure, j’aurai une douloureuse et chère (plus de 60 milliards) pensée pour deux des entreprises publiques qui firent notre fierté : EDF et AREVA.

Messieurs les gérants de la chose publique, plutôt que démolir ce qui marche parce que ça vous échappe, pourquoi ne pas vous préoccuper de tout ce qui dépend de vous et qui ne marche pas ?

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Comments (2)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    c’ est simple :

    lorsque les responsabilités sont à ce point diluées il n’ y a plus de … responsables

    c’ est ce qui fait la caractéristique du secteur public et si on y ajoute que les sanctions, si tant est qu’ il y en ait, sont modestes en raison d’ un système qui se coopte … il n’ y a aucune raison que cela fonctionne … pour le bien du plus grand nombre

    23 mai 2016 à 11 h 50 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      prenons l’ exemple de Valls qui se trouve présentement en Israël ( sa ” seconde patrie ” dixit lui-même ) au moment même où la C.G.T. prend le pays réel en otage … énergétique

      hé bien Valls considère qu’ il n’ y a pas de problèmes [ d’ approvisionnement ] alors même … qu’ il vitupère ( ” les blocages ça suffit, ça suffit …” ) et qu’ il ne fait … rien

      la C.G.T. c’ est aussi tabou que la shoa !

      23 mai 2016 à 12 h 14 min

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