Dominique de Villepin n’est pas défendable

Dominique de Villepin n’est pas défendable

Je reviens d’un court séjour dans un pays où le visiteur est d’emblée frappé par la multiplication des panneaux portant la mention « nous embauchons » apposés sur la plupart des vitrines des boutiques ou à la porte des entreprises. Cela se passe au Canada. Sur l’autoroute qui va de l’aéroport au centre-ville de Montréal, on trouve même d’immenses panneaux publicitaires avec les adresses Internet des services de recrutement des grandes entreprises.

Au Canada donc, les entreprises se battent pour recruter, et les jeunes qui cherchent du boulot, un petit boulot pour l’été, ou un vrai pour commencer sérieusement dans la vie, n’ont que l’embarras du choix.
Là-bas, partout, et pas seulement dans les provinces riches en hydrocarbures comme l’Alberta, la croissance économique est forte, supérieure à 4 % par an. La principale raison de cette bonne santé économique, de l’avis unanime des observateurs, réside dans la bonne gestion des finances publiques : il y a une dizaine d’années, le gouvernement d’Ottawa, « libéral » (au sens anglo-saxon, c’est-à-dire « socialiste »), a décidé d’opérer un basculement fondamental en passant d’une culture du déficit public à une culture inverse, celle des excédents budgétaires. Et toutes les provinces canadiennes ont également renversé la vapeur. Chaque année, la dette publique diminue. La charge annuelle du remboursement de la dette pèse de moins en moins lourd.

Bien sûr, il a fallu tailler dans les effectifs de l’administration et fermer un grand nombre d’agences et de services publics. Leurs taches furent aussitôt prises en charge et assumées très correctement par des entreprises privées. L’État fédéral, comme les gouvernements des provinces, demeurent largement des États providence, où la santé et l’éducation sont collectivisées, à peu près comme chez nous. Mais, grâce à une gestion sérieuse des finances publiques, le pays a retrouvé le chemin du dynamisme.
Dans ces conditions, puisque le pays manque de main-d’œuvre qualifiée, on augmente sensiblement les quotas d’immigration, dans le cadre d’un système de sélection, avec une grille de points, qui donne toute satisfaction, et qui a d’ailleurs été repris par plusieurs autres pays, tels l’Australie et la Nouvelle-Zélande. On dit que Nicolas Sarkozy est très intéressé par le système canadien de sélection des immigrés, mais le contexte économique général des deux pays est très différent, hélas ! à notre détriment. Chez nous, l’immigration choisie ne ferait que s’ajouter à l’immigration subie (voir page 3)…

Au Canada, on regarde la France et les manifestations violentes contre le Contrat nouvelle embauche, avec des yeux ronds. Un tel contrat de travail, spécifique aux jeunes de moins de 26 ans, n’existe évidemment pas. S’il était mis en œuvre chez nous, nous serions le seul pays au monde à avoir un tel dispositif ! D’autre part, comme dans tous les pays civilisés, les seules manifestations qu’il est possible d’observer dans la rue sont à la fois très rares, plutôt modestes, et organisées de telle façon qu’elles n’entravent jamais la liberté d’aller et de venir de tout un chacun. Que l’on puisse brûler des voitures, hier dans les banlieues, aujourd’hui sur l’esplanade des Invalides (à deux pas de l’Assemblée Nationale…) — et, en vérité, chaque nuit, un peu partout en France, pour des dizaines ou des centaines de faits – est, dans le monde entier, un sujet de grand étonnement.
Pour s’opposer aux tyranneaux-syndicalistes, qui manipulent des millions de jeunes Français, qui font fermer les lycées et les facs par l’intimidation violente, et appellent la racaille black des banlieues à venir casser et voler pour faire peur aux citoyens normaux, on aimerait pouvoir soutenir le Premier ministre qui, jusqu’à présent, a montré au moins un certain cran. Ce n’est évidemment pas son entêtement qui pose problème. Mais plutôt, hélas ! cette incapacité à gouverner correctement notre pays, qu’il a déjà à plusieurs reprises démontré, et qu’il partage entièrement avec son maître, dont il fut longtemps, à l’Élysée, le plus funeste conseiller.

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Comments (15)

  • alain Répondre

    J’adore les gens qui jugent la France et qui n’y habitent pas ! Restez chez vous, Messieurs, on n’a pas besoin de vous. Pour les autres, migrez au Canada ! Ils vous accueilleront certainement à bras ouverts.

    5 avril 2006 à 18 h 16 min
  • sas Répondre

    Hooo mon jean claude…tu fatigues….un coup de bambou ???? marre du politiquement mou…marre du consentuel permanent ??? viendrais tu à ma Chapelle? joints tois à moi , la charge sera partagé,chevauche à mes côtés tu trouveras une épaule pour t’appuyer et la lame saura protéger ton flan droit…. la chasse , bordel..la chasse…jc sas nb)article de l’expresse du 1/04/2006 LE GO A FEU ET A SANG…d’où le bordel gouvernemental.SAS avait prévu.

    4 avril 2006 à 13 h 43 min
  • Pierre Répondre

    Bravo a Alain Dumait pour son excellent article et merci de demasquer Sarkosy, l’imposteur. Amities

    3 avril 2006 à 16 h 56 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    Alain Dumait, est les “posteurs” que son Helios, Alex, et Sembour ont raison. Lres trois dernier oarticulièrement car il ne faut jamais être manichéen. Mais, pour en revenir au comparatif “dumaitien” entre la situation en France et ce qui se passe au Canada, et bien que n’allant plus au Canada (1)je me permettrai d’ajouter ceci. Le Canada risque d’avoir à plus ou moins long terme un problème crucial aujourd’hui en France (et dont l’Australie, autre pays “blanc” commence à s’inquiéter sérieusement) : celui d’une immogration qui n’est plus beaucoup celle grâce à laquelle le Canada a été peuplé. Et cela, indépendamment du contexte “anglo-saxon” environnemental (les Etats-Unis)(2) dans lequel il vit. La France, elle est essentiellement victime à la fois du fait de la difficulté qu’il y a à gouverner les Français dont les opinions sont aussi variées que leurs fromages, et d’une Education (prétendue) nationale qui leur a désappris systématiquement ce qui constituait ce que j’oserao appeler son “patrimoine génétique” : à savoir le goût du travail, de l’entreprise, de l’aventure et du risque, certaines valeurs morales, etc. ainsi que l’amour de la patrie. Dieu merci pour eux, les canadiens ne sont pas encore tombés si bas … Mais qu’ils se méfient en regardant précisément ce qui se passe chez nous(3), comme d’autres, chez nous, craignant toujours d’être en retard d’un mode de vie, d’un progrès technique ou d’un gadget, regardent vers les Etats-Unis, non pas pour les imiter dans ce qu’ils ont de bon, mais le plus généralement, hélas, pour les singer. Cordialement, Jean-Claude Lahitte (1) où, par contre une de mes soeurs et son mari passent régulièrement un mois par an epuis plus de dix ans. (2) lesquels sont en voie de “latinoïsation” pour peu qu’ils n’y prennent garde… (3) pour l’éviter, bien sûr ! PS à Alex : je ne suis pas certain que les Indiens de l’Alberta se trouvent “assis sur les genois du… Grand Sachem”, eux qui voient l’exploiration du sable bitumeux gagner sur ce qui leur reste de la forêt, leur habitat naturel. Et pendant ce temps, les “bonnes consciences” européennens ne parlent que le la déforestation de l’Amazone qui privent d’autres indiens … Les bonnes consciences (un lapsu calami vient de me faire écrire les “connes consciences” !) ont des émois à géométrie variables. Ainsi, on nous a “tympanisé” avec une certaine Aubenas ressortie fraîche comme une “gardonne” d’une géôle où elle prétend avoir été tenue les yeux bandés, et accroupie pendant des semaines (et on oubliait d’autres journalistes, eux aussi kidnappés, dont on ne parle toujours pas), une Bettancour (alors qu’on ne parle pas de sa compagne – en tout bien tout honneur, je le précise – enlevée en même temps qu’elle, et que l’on n’a pas parlé d’un Français inslallé en Colombie, lui aussi enlevé par les Farc, et mort dans sa géôle …). Alors, ras-le-bol !

    3 avril 2006 à 15 h 01 min
  • Luc Sembour Répondre

    Je suis citoyen Canadien, entre autres, et souvent a Montreal. Les excellentes remarques d’helios et d’Alex sont tres precisement ce qu’il fallait rajouter a l’article de M.DUMAIS. Tout n’est pas aussi formidable qu’il apparait au visiteur de quelques jours. La maladie francaise, le “mal francais” dirait Alain PEYREFITTE, existe aussi au Quebec. Mais le peuple quebecois, ainsi qu’un brave malade mental atteint de folie douce (par heredite), est isole au milieu d’un univers Anglo-Saxon extremement puissant, a commencer par l’Ontario et evidemment tous les autres Etats du canada, le tout adosse a la mega-puissance des USA. Ici la folie francaise peut egarer 1 ou 2 decennies, mais les “anglais” servent de garde-fou a l’inversion totale des valeurs, laquelle ne peut atteindre ici le stade observe en France. Note: pas d’accent sur mon clavier US. Luc SEMBOUR [email protected]

    1 avril 2006 à 18 h 55 min
  • Olivier Répondre

    Ce qui est certain, c’est que le CPE n’est que le sommet de l’iceberg mondialiste : il faut que les français comprennent qu’il n’est pas question de garder le niveau de vie et de protection sociale qui est le leur dans le cadre d’une économie mondialisée, et c’est bien pourquoi les critiques des libéraux, même justes ponctuellement, sont peu convainquantes : sait-on que même si les entreprises européennes ne versaient aucun salaire à leurs ouvriers, elles ne seraient pas compétitives pour autant vis-à-vis des chinoises ? Le libéralisme économique n’a JAMAIS existé : la croissance n’est possible que dans un ensemble cohérent, où les acteurs économiques de même niveau peuvent lutter à armes égales entre eux (ex. CEE des années 1960-1975). Le prix nobel A. A. Allais a montré que la courbe du chômage se superpose exactement avec celle… des importations.

    1 avril 2006 à 17 h 27 min
  • EIFF Répondre

    Les Villepin-Chirac-Sarkozy et les moutons verts de l UMP doivent faire un virage a 380* et même a 450* s ils veulent rallier quelques suffrages en 2007 et d abord surmonter l obstacle, le tabou d une alliance avec la droite nationale (FN-MNR-MPF) pour proposer un programme clair et sans ambiguité sur l immigration, sur le regroupement familial, sur le droit du sol, sur le non-renouvellement des postes des retraités de la fonction publique, sur les taxes patronnales, sur la confiscation de la démocratie par les syndicats et les milices de l ultra-gauche. Le bilan de l UMP est tellement catastrophique et est un tel échec en matière de sécurité et d emploi qu ils sont déjà disqualifiés avant même d avoir choisis leur chef de parti et d avoir émis l idée d une quelconque réforme. Le Canada est un bel exemple de réussite mais la France n a ni le pétrole ni les ressources naturelles de ce vaste pays pour ramener sa dette a zéro. La seule issue et le préalable pour voir appliquer dans les faits de vrais réformes libératrices c est de casser le politiquement correct de la gauche dominatrice et d éxiger des médias un respect scrupuleux de toutes les sensibilités politiques. Tant que la droite singera la réthorique des gaucho-bobos lobotomisés et des grands péres de mai 68 rien ne sera possible. Ces 10 ans écoulés de la chiraquie et de la fausse droite ont été un desert culturel pour la droite, islam et respect des différences matin midi et soir à la télé, protection des travailleurs et travailleuses de la fonction publique dans les journaux, montée en puissance des idées marxistes altermondialistes..etc…etc…Sarkozy a eu le mérite de casser certains tabous mais, et son bilan, et son programme pour 2007, ne répondent pas à la situation gravissime de la France, l UMP doit revoir sa copie de fond en comble car la prochaine équipe à la tête du pays en 2007 sera responsable devant l histoire de la survie de la nation et les francais ne se satisferont pas de demi-mesures et des pitreries habituelles.

    31 mars 2006 à 22 h 59 min
  • sas Répondre

    A alex…si on attend sur dieu on est dans la merde…et san lui la tâche est déjà insurmontable… sas

    30 mars 2006 à 21 h 36 min
  • Florent Répondre

    A Alex, excellent témoignage et très précieux. Dites-moi, puisque vous êtes au Canada, avez-vous des nouvelles de cher Dantec? Amicalement

    30 mars 2006 à 17 h 00 min
  • ALex Répondre

    Je suis moi aussi résidant Canadien, depuis maintenant 14 ans, et je ne cesse de m’inquiéter de l’avenir de la France, j’ai toujours envie d’y revenir.C’est le plus beau pays au monde. Mais voilà, nous avons au pouvoir une droite qui est à gauche et une gauche complètement inconsciente. Quant au Canada: Ce pays est assis sur les genoux du bon Dieu ( forêts, mines de toutes sortes,Or,Cuivre,Sables bitumeux en Alberta etc…) Il est aussi à coté du bon Dieu, et oui les Etats Unis ,80% de leur production traversent les frontières tous les ans. Ils ont de la chance et peuvent ainsi bien vivre, jusqu’à quand ?… C’est ce qui leur permet de pouvoir faire fasse à la dette. Ils ont aussi la chance de ne pas avoir de pays envahisseurs à proximité ,mais leur mentalité avec l’immigration n’est pas mieux, je dirais même bien pire qu’en France. Maintenant, quand Monsieur Dumais, en arrivant à Montréal, observe tous les panneaux, …Nous embauchons… Quand vous vous présentez on vous dit « nous allons enlever le panneau, nous avons trouvé »…. Ça fait partie de leur épouvantable mentalité socialiste « hypocrisie, fausseté et j’en passe » il faut apprendre à les connaître. Quand les antis CPE auront gagné, et que nous seront au fond du gouffre, les Islamistes pourront mieux nous bouffer. Mon Dieu faites quelque chose….

    30 mars 2006 à 4 h 31 min
  • Helios Répondre

    La prospérité du Canada ne découle pas uniquement de l’élimination du déficit budgétaire, elle est surtout un cadeau des États Unis. C’est l’accord de libre échange permettant la libre circulation des biens qui en est responsable ajouté à cela une devise canadienne sous évaluée. L’excédent commercial avec les USA est très élevé, et c’est le commerce qui crée les emplois lesquels génèrent des rentrées fiscales. Dans les faits les divers palliers de gouvernement tant fédéral que provinciaux ne contrôlent pas leurs dépenses (un bon gouvernement sait gaspiller), ils ont simplement davantage de revenus, la soit-disant saine gestion des dépenses publiques n’est qu’une illusion, il suffit de lire le rapport du vérificateur général pour s’en convaincre. Que les USA attrappent le rhume et voilà le Canada très mal en point! Au Canada le marché de l’emploi est bien entendu plus sain et nettement plus florissant qu’en France, le libéralisme économique n’est pas contesté, les dinosaures de la trempe de François Hollande, Ségolène Royal ou Besançonneault ne sont pas rares mais ils déclenchent le fou rire dès qu’ils se mettent à parler. Il y a des emplois au Canada mais ce n’est rien comparé aux USA, témoin le taux de chômage nettement plus élevé au Canada particulièrement dans certaines provinces dont le Québec. Car voyez-vous le Québec comme la France porte le coeur à gauche, c’est pour cela qu’il fait partie des provinces “pauvres”. Le Québec a connu récemment des manifestations étudiantes massives qui ont paralysé la circulation à Montréal, le gouvernment provincial a été obligé de renoncer à augmenter les frais de scolarité, ces frais vous l’aurez deviné sont les moins élevés en Amérique du Nord. N’eut été de sa dépendance commerciale à l’égard des USA et de l’obligation qui lui est faite d’être concurentiel, le Québec gauchisant et chialant autant que la “douce” France se retrouverait aussi mal en point que sa tante d’outre atlantique! Helios

    30 mars 2006 à 2 h 11 min
  • 2000 milliards Répondre

    J’ai vu une emission de TV5 Monde sur la réforme dont M. Dumait parle. L’argument utilisé pour convaincre de faire des mesures drastiques: on ne saute pas une rivière en deux fois. Or, c’est bien ce que Villepin essaie de faire avec le CPE. Une réforme a impact très limité où l’Etat ne libère pas le contrat de travail, mais continue à le réguler comme outil social et électoral. Son but est simplement de faire baisser un peu le chomage avant la présidentielle, C’est pourquoi il n’a pas de problème à envisager de réduire la période d’essai pour amadouer les foules. Mais pas moins d’un an, car il lui est impératif que l’effet CPE joue jusqu’à la présidentielle. Or, admettons qu’il arrive à son but, on assisterait à une remontée du chomage après l’élection de Villepin premier. Résultat: plus personne ne croirait aux réformes “libérales” et on aurait 5 ans d’immobilisme en plus. J’avoue que l’alternative, reculer face à la rue ne me plait guère non plus. Ma seule consolation est d’avoir fait mes bagages il y a 10 ans.

    29 mars 2006 à 15 h 05 min
  • Florent Répondre

    Eh oui grandpas, vous avez oublié 1830, 1870 et 1936. Mais l’observation générale est fort juste. Sinon, pour l’avenir de la France à moins d’une alliance Madelin-Villiers soutenue par Srkozy, cela me semble très compromis, les lobbys gauchos qui nous gouvernent ne sont évidement pas décidés à cèder d’un pouce leurs avantages et intérêts divers. Et l’effondrement du régime s’annonce à grand pas (euh Jean-Paul, c’était pas volontaire). Amicalement

    29 mars 2006 à 13 h 56 min
  • grandpas Répondre

    Cher Monsieur Dumait, Il y a longtemps que la France n’est plus une nation gourvernable.Depuis quand?J’ai beau cherché,c’est la premiére fois depuis longtemps que je me sens si jeune! Allez,j’ouvre les paris:1789,1812,1918,1936,1945,1968 ou 1981? Il me semble que j’ai du oublier quelques dates,pour celles là,je vous laisse le choix.

    29 mars 2006 à 9 h 33 min
  • jacques Répondre

    En tant que résidant canadien, je peux confirmer que votre description de la situation est exactement comme décrite jusque dans les moindres détails. Vous êtes un bon observateur.

    29 mars 2006 à 4 h 20 min

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