EDF : les limites d’une réforme

EDF : les limites d’une réforme

Jean-Pierre Raffarin a lui-même communiqué sur le caractère minimal de la réforme des statuts de l’entreprise publique EDF qu’il vient de faire adopter en première lecture par l’Assemblée nationale. L’entreprise restera publique au moins à 70 % de son capital. Le statut du personnel, comportant des privilèges exceptionnels, ne sera pas modifié d’un iota. C’est donc seulement pour conserver intégralement leur bastion communiste, et les prébendes qui en découlent, que quelques centaines de syndicalistes dévoyés se sont transformés en preneurs d’otages.
À cette occasion, on a été frappé, une nouvelle fois, par la modération des pouvoirs publics, qui frise l’inaction. À ce jour, en effet, sauf erreur, aucun coupeur de courant n’a été interpellé, nulle part la police n’a été requise pour identifier les auteurs de ces délits. Tout se passe comme si le Premier ministre attendait que le calme se rétablisse avec le vote de sa loi et les vacances estivales.
Au passage, on aura remarqué que loin de décroître, l’influence de l’extrême gauche dans la vie syndicale n’a jamais été aussi forte. Au fur et à mesure que les syndicats perdent leurs adhérents ordinaires, le poids des meneurs augmente. L’extrême gauche est réduite à la portion congrue dans le champ politique, mais elle prospère dans le champ syndical.
On vient de voir par exemple à EDF les permanents communistes de la CGT débordés par leurs concurrents trotskistes. Ceux-ci noyautent maintenant solidement les syndicats SUD ainsi que le SNUI des impôts. Pour recruter et communiquer, ces syndicats s’appuient sur toutes sortes d’organisations contestataires, qui vont d’Attac au DAL (Droit au logement) en passant par la Confédération paysanne. Selon les nécessités du moment, les dirigeants passent d’ailleurs de l’une à l’autre. Ailleurs, sauf peut-être à la CFDT, aussi bien à FO qu’à la CGT, l’influence des gauchistes est en augmentation.
Avec ce dossier, on a vu aussi que le gouvernement ne faisait rien pour ébranler le mythe de l’entreprise publique, modèle social et économique. Or, aussi longtemps que le statut d’EDF sera donné en exemple, alors qu’il s’agit d’un anti-modèle, beaucoup de jeunes seront détournés des emplois marchands.
Ce n’est sans doute pas seulement par tactique prudente que Jean-Pierre Raffarin a préservé le statut exorbitant des salariés d’EDF. C’est aussi parce qu’il n’est tout simplement pas un adepte de l’économie de l’offre. Sinon, il aurait pris les mesures fiscales simples et nécessaires, seules susceptibles de favoriser la multiplication des emplois privés.

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Comments (5)

  • jaegger Répondre

    je rejoins les remarques dèjà citées et je me demande quelles sont vraiment les motivations de ce gouvernement. je ne peux pas croire qu’il n’ait pas compris qu’en pratiquant une politique de conciliation gauchiste, il décourage et désespère son électorat naturel à droite, se décridibilise définitivement par impuissance en favorisant le retour quasi certain de la gauche caviar et crapuleuse pourtant morimonde au lendemain du 21 avril. Il est parvenu à rescussiter tout seul cette gauche marxiste de cauchemard pourtant vaincue en reprenant et en légitimant ses poncifs, d’avoir enterré tout espoir de reprise économique et surtout de condamner le pays au chaos désormais assuré. Le dernier acte de l’oeuvre de destruction de Jacques CHIRAC est en marche. Après avoir liquidé les courants libéraux et ses adversaires directs, ce meilleur ami des constructivistes et crapules de tous poils, ce personnage vain et stupide a gaché la dernière chance de voir notre pays se redresser. Faute d’avoir su ou pu nous organiser et soumis au feu nourri de la propagande de gauche et à l’apathie de la masse, les derniers êtres conscients sont partagés entre la résiliation,la résistance ou la fuite.

    9 juillet 2004 à 21 h 21 min
  • Sébastien Répondre

    Votre article à raison en ce qu’il dénonce la passivité de l’Etat et le pouvoir grandissant des syndicats. Je me pose cependant la question de savoir ce que nous pouvons envisager pour sortir de cette situation? Nous sommes certains qu’il faut réformer, que le mode de fonctionnement coutera de plus en plus cher, que nous sommes entre les mains d’agitateurs de gauche mais nous subissons sans rien faire, et quelques articles ne changeront pas grand chose. Avez vous une idée, concrète, pour changer ça? Je ne crois pas trop aux partis politiques, la révolution armée me semble ubuesque, que faire alors ?

    5 juillet 2004 à 15 h 14 min
  • Observateur Répondre

    Et voilà le rythme des réformes de ce gouvernement, en raison d’une pseudo-micro-réforme tous les 6 mois. Ainsi les difficultés s’accumulent et explosent! Avec ce gouvernement, que Sarkozy n’a toujours pas désavoué que je sache, l’avenir de la France est assuré ! Vive l’UMPS-PC!

    4 juillet 2004 à 21 h 10 min
  • ENRICO FERMI Répondre

    La situation à EDF présente certains aspect quasi insurectionnels. C’est très inquiétant pour une entreprise qui utilise du combustible nucléaire. Il est par ailleurs grand temps qu’il y ait un contrôle externe sur cette entreprise, ce qui ne pourra exister tant qu’elle sera dans le giron de l’Etat.

    4 juillet 2004 à 20 h 47 min
  • Johny Répondre

    Parfaitement d’accord avec vous. Comme d’habitude, le gouvernement ne défend que les intérêts des syndicats et des fonctionnaires. Les autres citoyens sont baillonnés et obligés de payer la facture. A quand la grande manif en faveur de vraies réformes ?

    4 juillet 2004 à 20 h 42 min

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