En s’élargissant, l’Europe a reculé

En s’élargissant, l’Europe a reculé

Faut-il relancer l’Union Européenne et comment ? Ou, au contraire, l’achever, pour éviter une longue mais inévitable agonie ? Il est certain que cette construction européenne a eu, sur bien des points, des effets très heureux.

Ainsi, elle a partiellement limité l’autoritarisme et l’arrogance inouïes du ministère français de l’Agriculture, et amélioré, spécialement en France, la protection des « Droits de l’homme », une notion floue et complexe, mais non dénuée d’une certaine pertinence.

À l’opposé, la nécessité pour l’économie d’une unification partielle d’un vaste ensemble géographique n’est pas évidente. Ainsi, étrangères à l’Union, Suisse et Norvège se portent fort bien, et dans les continents américains, de petits États tels Panama, Costa Rica, Trinidad, ont fait de remarquables progrès.

Ce qui finalement semble entraîner le choix, c’est la nécessité sur toutes sortes de sujets, d’une vaste union géographique comparable aux USA, à la Chine et à l’Inde, voire demain au Brésil et à la Russie. Une Union qui pourrait s’associer à une Afrique échappée aux démons issus de la décolonisation.

Il y a aussi le besoin d’une Union contre les menaces que font peser certains courants « islamistes » (et pas seulement le terrorisme), menaces qui risquent de se poursuivre très longtemps.

Or, la crise de la politique européenne est due à des causes très réelles et souvent très précises qu’il convient de supprimer. Une des raisons – certains disent presque la seule – du rejet du « Traité constitutionnel » est la menace d’une adhésion turque entraînant la venue d’une dizaine de millions de ces paysans anatoliens qui posent même des problèmes à la « République turque de Chypre », plus évoluée ! Certes, la nécessité d’un référendum en France pour accepter cette adhésion garantit (avec un pourcentage de plus de 75 % de non) son rejet, mais l’opinion reste méfiante et craint une « entourloupe », ce qui est confirmé par la révélation faite par M. T. Ferenczi de pourparlers secrets qui continuent à se dérouler ! Il est indispensable d’en finir et que l’opinion soit rassurée définitivement !

L’Europe pas prête
pour une politique
extérieure commune

De même, une décision antérieure relative à la fiscalité a retiré aux États l’essentiel de leurs pouvoirs sur la TVA, même intérieure (restauration, hôtellerie…)

Cette décision est insensée et, bien sûr, incompréhensible pour presque tout le monde, y compris les élus. Elle doit être abrogée. Au-delà, un Traité doit impérativement préciser rigoureusement les limites des pouvoirs de l’Union, les droits imprescriptibles des Nations, trop souvent bafoués par la bureaucratie bruxelloise. M. G. Dantec déclara récemment que n’importe quel État des USA a plus de pouvoir ! Eut-il tord ? Pas sur tout.

Un homme politique de gauche italien, M. d’Amato, faisait récemment des constatations de bon sens sur ce sujet et sur l’emploi très fâcheux du mot « constitutionnel », qui suggère une volonté de domination, et sur la nécessité d’abandonner toute référence au traité rejeté. Il a évidemment raison et témoigne d’un bon sens, absent chez le ministre espagnol Moratinos, fidèle à la langue de bois béate et emphatique usuelle. Mais, au-delà, il faut constater que l’économie bruxelloise est un mélange malheureux de libéralisme concurrentiel et de bureaucratie particulièrement tatillonne, conçue largement par des théoriciens ignorant beaucoup de réalités. Une Union prospère impliquerait peut-être un changement de cap.

Un exemple anecdotique de la « volonté de puissance » au détriment des États a été l’imposition d’un passeport unique pour l’Union. Beaucoup de citoyens se sentirent frustrés de la perte d’un des symboles de l’existence de leur pays, leur nation. Déçus ? Hostiles ?
Au-delà, il semble impossible de concilier l’existence de nations souveraines avec une politique étrangère commune et un ministère commun des Affaires étrangères. Et ce d’autant plus que, par exemple, à propos de la Russie, Pologne et Bulgarie, elles diffèrent totalement. Et coordonner 27 nations (ou plus) n’est ni facile, ni rapide ! Surtout s’il y a désaccord !

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Comments (5)

  • Alain KERHERVE Répondre

    Contre de Gaulle, contre le gaullisme, lUMP remet le couvert…

     

    Pierre Lequiller, secrétaire national UMP en charge des affaires européennes, remet le couvert. Ignorant avec dédain le vote du 29 mai 2005 (55% des Français ont rejeté le projet de constitution européenne), Pierre Lequiller, à titre personnel dit-il[1], propose de passer outre.

    Il préconise un texte plus court reprenant le Titre I du projet de constitution européenne qui, affirme-t-il sans sétrangler dans un communiqué AFP du 25 janvier, na pas été contesté pendant la campagne référendaire. Sourd avant lâge !…

    Rappelons néanmoins que ce Titre I confirme lorientation supranationale de la construction européenne, Europe dans laquelle les lois fédérales sappliqueraient dans tous les domaines et simposeraient à tous les Etats membres, même en contradiction avec nos propres lois, y compris celle fondamentale : la constitution française.

    En outre, serait conservée, se réjouit-il avec une constance jamais prise à défaut, lextension du vote à la majorité qualifiée ; la marche, inéluctable à ses yeux, vers une Europe fédérale et ultralibérale est donc confirmée.

    Il sagit bien, dans ce cas, dun transfert de souveraineté nationale, et non dune délégation qui serait la règle dans une Europe confédérale, conception gaulliste faut-il le préciser, laissant le choix aux Etats composant lUnion de mener, librement, des politiques et projets communs (Ex: politique agricole commune, Airbus,…).

     

    Le choix de la méthode est, elle aussi, anti-démocratique. Il convient, pour Pierre Lequiller, de contourner le votre populaire du 29 mai 2005 : donner au parlement le pouvoir de supprimer le vote majoritaire (55%) lors du référendum scélérat, celui où les Français "se sont trompés, ou "ont été trompés" comme se plaisent à radoter ceux qui, de lUMP au PS et alliés, ont défendu avec acharnement le "oui".

     

    Avec lAllemagne dAngela Merkel, tout est clair. La présidence européenne actuelle quelle assure se propose de faire la promotion du texte nouvellement rédigé, mais tout aussi dangereux pour la France et les Français, auprès des Etats européens, puis la présidence française de conclure dans la foulée en 2008. Et pour donner limprimatur nécessaire, le texte devrait être publié par la Fondation Robert Schumann, lun des pères de lEurope fédérale et ultralibérale.

     

    Contre de Gaulle, contre ceux qui assument lhéritage du fondateur de la Vème République, avec laccord fondamental du candidat Sarkozy et la bénédiction de Valéry Giscard dEstaing, sous lœil réjouit du monde anglo-saxon, Pierre Lequiller remet le couvert.

     

    Extrait de léditorial n° 23 du 20/10/2004 d’Objectif-France Magazine :

     

    "Mais, à toujours vouloir défendre sans retenue, ses convictions, Pierre Lequiller va bien plus loin. Le Secrétaire national UMP chargé des questions européennes porte un jugement historique négatif sur l’échec de la C.E.D. (Communauté européenne de défense) en 1954. Parlant de l’arrogance française il précise : « Cinquante ans après sa responsabilité historique dans l’échec de la C.E.D., notre pays va-t-il à nouveau mettre un coup d’arrêt brutal à la construction d’une Europe politique ? » Cette position est un acte d’agression envers ceux qui, à cette époque, ont évité que l’Armée française soit mise en tutelle sous domination américaine. Cette position est une attaque frontale contre le général de Gaulle, contre les gaullistes d’hier, notamment contre Michel Debré guerrier impitoyable contre ce projet, contre les gaullistes de conviction d’aujourd’hui qui se battent afin de conserver l’indépendance et la souveraineté de la France. Contrairement à ce qu’il affirme pour justifier le projet supranational, souhaiter une Europe différente n’est pas une arrogance française. Il s’agit aujourd’hui de préserver la France, de lui assurer la maîtrise de son destin, c’est-à-dire de ne jamais transférer (Mais accepter une délégation ciblée) une quelconque partie de sa souveraineté."

     

    Dans cette campagne présidentielle, au-delà des clivages traditionnels gauche-droite dun autre âge, une voix sélève malgré le boycott des grands médias nationaux. Nicolas Dupont-Aignan porte lespoir des gaullistes de conviction et des républicains des deux rives attachés à la Nation et à une France libre, moderne, sociale et solidaire.

     

    Electeurs, attention ! Les candidats portés par la "vague people", Sarko et Ségolène depuis le début, mais aussi Bayrou aujourdhui, demandent vos suffrages en 2007 pour mieux sasseoir sur vos suffrages 2005. Une arnaque !

     

    Alain KERHERVE

    http://www.gaullisme.fr

     



    [1] Chacun de nous a bien compris quil traduit ici une volonté partagée par le candidat UMP Nicolas Sarkozy. Comment pourrait-il en être autrement ?

    5 février 2007 à 16 h 11 min
  • Jean-Claude THIALET Répondre

    03/01/07    – 4-V –

    Le titre de Pierre BARRUCAND  –  "En s’élargissant, l’Europe a reculé"   –  ne correspond pas, m’a-t-il paru, après une lecture détaillée de son article, aux arrière-pensées de l’auteur. Si l’on peut être d’accord sur les incohérences ou les ingérences qu’il dénonce dans cette UNION EUROPENNE, Pierre BARRUCAND laisse percer qu’en définitive, sans doute parce qu’il a fait une carrière qui l’a éloigné des véritables contingences qui constituent la chair, le sang et l’âme d’une véritable nation, il est loin d’être en désaccord avec cette usine à gaz au bord de l’explosion qu’est devenue l’UNION EUROPENNE (1).

    – Ainsi, il envisage, sans sans la moindre apparence d’inquiétude, "une Union qui pourrait s’associer à une Afrique échappée aux démons de la colonisation" (sic). Alors que les dirigeants actuels des pays de l’Union, particulièrement les policiens français de la gauche et de la droite gouvernementales, ne cessent de charger la balance de tous les péchés de la décolonisation et de l’esclavage, ce qui n’incite guère les dirigeants africains et leurs peuples à se débarrasser de ces "démons"… Sans parler, bien sûr de tous les "démons" originels qui empêchent l’Afrique noire d’exploiter correctement ses richesses humaines comme ses richesses narurelles.

    – au lieu de tirer les conclusions démocratiques, du rejet largement majoritaire par les électeurs français et hollandais (citoyens de deux des pays fondateurs) d’un Traité constitutionnel imposé par un vote parlementaire dans d’autres pays dont les citoyens le refusaient majoritairement, Pierre BARRUCAND s’interroge benoîtement sur la façon de "rhabiller", en faisant disparaître le "fâcheux" mot "constitutionnel",  le projet concocté par les crânes d’oeuf dirigés par un suoer crâne d’oeuf (Valéry GISCARD D’ESTAING). De qui se moque-t-on ? Ce langage, on l’on entend, sous différents "habillages", chez Nicolas SARKÖZY, Marie-Ségolène ROYAL et François BAYROU, tous trois "unionnistes" impénitents !

    – Enfin, après avoir laissé entendre aux lecteurs dans son titre qu’il était contre une Europe "élargie", notre maître de recherches honoraire au CNRS ne rejette pas a priori l’idée d’une UNION EUROPENNE regroupant 27 nations. Tout en reconnaissant que "coordonner 27 nations (ou plus) n’est ni facile, ni rapide ! Surtout s’il y a désaccord." (fin de citation) Comme s’il n’avait pu constater déjà, comme des millions d’Européens,  que, plus "l’UNION EUROPEENNE"(1) s’élargit,  plus il y a désaccord.

    J’ai eu l’impression, à lire cet article, de me trouver sinon en plein délire, du moins en pleine incohérence. C’est le reflet parfait de l’UNION EUROPENNE(1) telle que la vivent les citoyens auxquels on impose l’usage d’un passeport européen, comme s’il suffisait de ce symbole, et d’une multiplicité de lois ou de règlements aussi inextricables et incompréhensibles que contraignants, pour constituer une NATION EUROPEENNE digne de ce nom ! Ne faudrait-il pas commencer par une véritable adhésion, un véritable esprit d’appartenance,  de tous ses habitants ? Alors que, l’on a tout fait pour leur enlever leur identité propre, par le biais d’une immigration volontairement non contrôlée et qu’on ne parvient pas même à intégrer alors qu’il eût fallu se donner les moyens de l’ASSIMILER. On a tué l’homo europeus. "Je suis triste parce que je vois mourir la race blanche", avait écrit Paul MORAND(2). Moi je suis triste parce que je vois mourir l’homo europeus !

    Bon dimanche, et cordialement, Jean-Claude THIALET

    P.S. ZERMIKUS : avec une concision que j’admire, vous avez TOUT DIT. On a fait de l’UNION EUROPEENNE une UNION DES REPUBLIQUES SOVIETIQUES SOCIALISTES, avec pour points communs, une armée de fonctionnaires et de "commissaires", "incontrôlés’" par un Parlement croupion dont la plupart des membres n’ont encore rien compris aux conséquences des traités qu’on leur a fait voter, tout comme les électeurs qui ont voté oui à MAASTRICHT se disent "On n’a pas voulu ça !". Chacun peut constater les résultats d’une UNION SOVIETIQUE (d’un empire) "éclaté" dont les nations qui la composaient  tirent chacune de leur côté, et, pour certaines, sont au bord de l’implosion ou de la guerre, quand ce n’est pas déjà dedans  !

    (1) j’écris délibérément : "UNION EUROPEENNE", et non "EUOPE" car je ne retouve pas dans cette prétendue "Europe" que nous ont fabriquée les fonctionnaires de BRUXELLES, cette "EUROPE UNIE" (avec son drapeau sur lequel, en VERT et en BLANC, les lettres "E" et  "U" étaient fraternellement imbriquées)

    (2) L’auteur de "l’Europe galante"  ignorait que le mot même de "race" serait banni du vocabuliaure par le "politically correct" qui gouverne les esprits ! Plus de "races" ? Alors, nécessairement plus de "race blanche" ! C’est-y pas mieux comme ça ?

    3 février 2007 à 22 h 06 min
  • Anonyme Répondre

    Si un jour on y pense, on pourra toujours essayer de re-faire des régions "régionales", c-a-d des Provinces, (on a déja les noms!), appuyées sur des millénaires de civilisation, dirigées par un gouverneur et une paire de chambres adaptées, complétement autonomes pour les choses du "quotidien" (lois regionales, éducation, usages, moeurs, etc… ) et rassemblées sous une autorité fédérale pour les choses communes (Défense, Fiscalité, Economie, etc…) . L’existence de ces deux formes de "gouvernement" locale et fédérale, constitue un équilibre qui profite au citoyen.
    Mais, j’ai l’impression que ce systeme existe d
    éja qqs part, non?
    Best,
    Mancney

    31 janvier 2007 à 20 h 41 min
  • Gérard Pierre Répondre

       L’Europe des six aurait pu être viable. Elle comprenait, rappelons le, La France, l’Allemagne non communiste, l’Italie, la Hollande, la Belgique et le Luxembourg, c’est-à-dire un ensemble géographique et historique cohérent.

       Aprés un lent processus d’osmose (*), nous aurions pu espérer constituer à terme une nation européenne commune dont les racines judéo chrétiennes n’auraient pas pu être niées. Les niveaux de vie étaient assez comparables. Les cultures s’enrichissaient mutuellement. Les caractères se complétaient surtout admirablement. La rigueur des uns aurait été adoucie par la nuance des autres. Le talent technique ici, servi par l’esprit d’entreprise et le goût du commerce à un autre endroit, le tout sur fond de convivialité et de savoir vivre, auraient pu faire de l’Europe des six une nation capable de focaliser sur elle l’attirance du monde libre.

       Au lieu de cela, nous avons assisté à une babélisation progressive et désordonnée, sans autre fil conducteur que le caprice politique du moment. Des mégalomanes livrés à eux-mêmes ont bâti patiemment un monstre de plus en plus incontrôlable. J’ai eu l’occasion d’assister en 2006 à une séance de vote du parlement européen à Strasbourg. Des dixaines de textes, sans rapport les uns avec les autres, étaient votés à main levée en l’espace de quelques secondes sur la seule prononciation de leur titre. On nous avait expliqué que tout le travail avait été préalablement réalisé en commissions. Au bout d’une heure et demie, et d’une cinquantaine de textes aux contenus trés techniques, j’ai eu le sentiment d’avoir visité une ligne de production de suffrages. Pas de débat, tout au plus de temps à autre une demande de confirmation rapide des suffrages exprimés lorsqu’ils paraissaient serrés et l’on passait sans état d’âmes aux titres suivants.

       J’en suis ressorti totalement glacé et je n’ai pas regretté mon NON au référendum.

    (*) celui qui est nécessaire à la formation du souffle d’un esprit commun.

    31 janvier 2007 à 18 h 34 min
  • Zermikus Répondre

    L’europe, c’est la nouvelle URSS : un pouvoir central qui régit tout, des indépendances perdues, des nations sans nationalité…

    31 janvier 2007 à 9 h 56 min

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