Gardons l’euro, soit ! Mais changeons vite de parité !

Gardons l’euro, soit ! Mais changeons vite de parité !

Nicolas Sarkozy nous a annoncé qu’il avait choisi pour la France de conserver l’euro comme monnaie, malgré la spéculation actuelle contre l’euro qui persiste. Il pense que la monnaie commune a plus d’avantages que d’inconvénients. Et il a peut-être raison.

Le 1er janvier 1999, le jour où 11 États européens ont décidé d’abandonner leur propre monnaie, une parité a nécessairement été choisie entre ces 11 monnaies et le nouvel euro. Les Français ou les Allemands devaient pouvoir convertir en euro leur capital jusque là exprimé en franc ou en mark. Il a ainsi été décidé qu’un euro valait 6,55957 francs français et 1,95583 mark allemand. L’Estonie est entrée à son tour dans la zone euro ce 1er janvier 2011 et, pour les mêmes raisons, une parité fixe a été choisie entre l’euro et la couronne estonienne. Un euro vaut 15,6466 couronnes.
Pour des raisons qu’il serait intéressant de connaître, on est passé de 5 à 4 décimales…

Il aurait été bien plus simple pour les Français, les Allemands ou les Estoniens utilisateurs de l’euro qu’on choisisse peur eux une parité moins complexe, comme 6,5, 2 ou 15,6. Mais les responsables politiques ont demandé à leurs administrations des chiffres avec 5, puis 4 décimales…
Les anciennes monnaies ont disparu, mais la parité fixe décidée en 1999 les lie toujours entre elles. Et c’est cette parité qui est utilisée aujourd’hui par la Banque centrale européenne (la BCE) dans tous les échanges monétaires s’effectuant entre deux pays de la zone euro. Par exemple, quand un Français achète une Volkswagen ou un Allemand une bouteille de Champagne. L’entrée dans l’euro de la couronne estonienne n’aurait pas pu se faire sans déterminer au préalable une parité…

Mais, depuis 65 ans, les comportements économiques des peuples sont différents. Les salaires ou les contraintes économiques imposées aux entreprises augmentent par exemple bien plus rapidement en France qu’en Allemagne. Les coûts de production français augmentent donc plus rapidement que les coûts de production allemands. Les entreprises françaises de­viennent au fil des ans de moins en moins compétitives, à moins de délocaliser.

Avant la monnaie unique, une dévaluation survenait pratiquement tous les 3 ans.
Elle était annoncée par un déficit progressif de la balance commerciale française et, en général, déclenchée par une spéculation contre le franc. Une réunion des gouvernements permettait de fixer une nouvelle parité entre les monnaies et l’économie française repartait. Signalons qu’après les événements de mai 1968, le général De Gaulle était opposé à la dévaluation du franc, alors que Georges Pom­pidou la pensait indispensable. Georges Pompidou a pris le pouvoir en 1969.

En 2011, le comportement des Allemands et des Français n’a pas changé. Les coûts de production augmentent toujours bien plus rapidement en France qu’en Allemagne. Dès 2002, c’est-à-dire 3 ans après la parité fixe choisie en 1999, la balance commerciale de la France avec l’Allemagne a commencé à se détériorer. Cette détérioration annonce qu’un changement de parité est devenu nécessaire.
Mais les gouvernements, unis dans une monnaie commune, n’ont pas compris qu’il était temps de modifier la parité choisie en 1999. Les spéculateurs sont donc intervenus et, tant que la parité liant les anciennes monnaies à l’euro ne sera pas modifiée, ils continueront à intervenir.
Les gouvernements européens ont choisi de conserver l’euro. Ils peuvent le faire, mais ils doivent impérativement modifier la parité fixe liant les anciennes monnaies entre elles. Tant qu’ils ne le feront pas, la spéculation contre l’euro ne se relâchera pas, tandis que les troubles sociaux augmenteront.

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Comments (2)

  • J-P.Magdalena Répondre

    sincèrement je ne comprends pas l’intention de M.Trémeau: les anciennes monnaies ne sont-elles pas mortes??

    Si j’achète une VW, on ne convertit pas mes euros en Marks!

    Un explication pour les béotiens s’impose! Merci

    Cordialement

    JP.Magdalena

    26 janvier 2011 à 17 h 33 min
  • HOMERE Répondre

    Votre article est interessant mais comporte,selon moi,des ombres et une analyse incomplète.

    En premier les résultats globaux de l’adoption de la monnaie unique ont été,pour les deux pays qui comptent,une supercherie et un partage inégal des activités en tout genre.L’Allemagne se réservant l’industrie et la France les services et l’agriculture.Il est évident,dans ce cas,que nous nous battons contre des moulins pour faire vivre notre industrie dont on constate,chaque jour,qu’elle décline régulièrement.Même dans le cas d’une "répartition" équitable,nous serions perdants.Pourquoi ?

    Faute de ne pouvoir dévaluer,certains estiment que,pour ce faire,il faudrait sortir de l’Euro.C’est pas faux sauf que c’est pas simple et que ,sur le fond ce n’est pas juste.Pourquoi ?

    Dévaluer la monnaie n’est qu’une manipulation technique mais voilà :

    Dans le cadre de l’Euro,la dévaluation monaitaire n’étant pas possible,seule la dévaluation du travail reste possible dans la mesure ou un pays est en capacité de le faire par consensus social avec les partenaires : c’est le cas de l’Allemagne mais pas de la France et c’est bien ce qui se passe actuellement où l’on constate que les prix allemands sont inférieurs aux français.En France la négociation avec les syndicats est quasi impossible,d’où le problème.Une sortie de l’Euro ne serait pas la solution en France pour cette raison structurelle.

    La spéculation contre l’Euro n’est que le résultat de cette situation.

    Il serait grand temps que les syndicats abandonnent leur idéologie marxiste et que le patronat fasse preuve de plus de réalisme et de courage.

    26 janvier 2011 à 15 h 46 min

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