Histoire de l’Algérie française
D’étranges campagnes tendent à imposer une vision erronée de l’Algérie française et même à faire disparaître jusqu’à son souvenir dans la « mémoire », conservant uniquement des légendes mensongères ou exagérées de prétendus crimes.
En 1962, un million de Français furent obligés de quitter, dans les pires conditions, leur province natale devant la menace : « la valise ou le cercueil ». Ce qui s’était passé ou se passera au XXe siècle montre que des massacres de masse, perpétrés par peu d’exécuteurs, sont possibles et très efficaces ; la crainte était donc plus que justifiée ! Or, si de nombreux autres déplacements de populations entières eurent lieu au XXe siècle, ils ne sont pas oubliés sauf quand il s’agit des « Européens d’Algérie ».
Tout se passe comme si un peuple entier avait disparu sans qu’on en ait aucun souvenir. A-t-il existé ? En son sein une importante colonie juive dont une partie d’entre eux descendait d’immigrants venus bien avant le début de l’ère chrétienne. Ajoutons à cela la page la plus honteuse de l’Histoire de France, l’abandon au massacre des harkis par les autorités françaises qui firent tout pour empêcher leur embarquement, ce qui fut heureusement neutralisé en partie par le courage de certains, surtout des officiers. Dans « Le courrier de la colère », en 1958, parut un article « Le mal jaune » qui exposait la douleur des officiers français contraints (par la force des choses, non par une volonté d’État) à l’abandon des Indochinois combattant avec les Français. Le directeur de ce journal s’appelait Michel Debré, celui-ci même qui, en 1962…
Que penser alors des déclarations de certains « historiens » français et de M. Boutéflika ? Tout d’abord, lors de la conquête en 1830, il n’y a eu pratiquement aucune résistance à Alger et rigoureusement aucune à Oran et dans le Titteri ou les deys cédèrent sans combat, seul le Constantinois luttant quelques années. Plus tard, la révolte d’Abd el Kader amena à un conflit général. Mais ce dernier, après sa défaite, ne reprocha jamais des atrocités quelconques à la France. Et pour montrer son désir de paix, adhéra à la Franc-maçonnerie non touchée alors par l’anticléricalisme de la fin du XIXe siècle. De fait, l’armée française se comporta en Algérie comme elle l’avait fait ailleurs en Europe sous Napoléon, ni plus ni moins, n’en déplaise à B.H. Lévy.
Quant à la guerre d’Algérie (1954-1962), on oublie trop vite que le FLN se livra à des atrocités bien pires que la France contre la population musulmane, voire contre ses propres partisans et cela même après la capitulation française. Ainsi, le dirigeant FLN kabyle Krim Belkacem, qui souhaitait, après celle-ci, une entente avec la France et les Français d’Algérie, fut assassiné. Je crois que Jean-Marie Le Pen connaît certains détails sur cette affaire.
Dès 1830, fut mis fin à la condition atroce des Juifs et à l’esclavage, et en 1870, ces « Juifs indigènes » furent naturalisés en bloc, devenant ainsi composante essentielle de la nation. Surtout, sous la IIIe République, on considérait que l’Algérie devait devenir une colonie de peuplement, d’où l’appel à diverses émigrations. En général, une telle colonisation entraîne une politique cruelle contre les populations indigènes d’où leur déclin démographique, voire leur disparition. Tel fut le cas en Amérique du Nord, en Australie et ailleurs. Or, en Algérie, ce fut exactement le contraire ! Ce pays, en 1830, était fort peu peuplé à cause des maladies et des luttes permanentes. Le considérer comme terre de peuplement était donc logique. Or la progression démographique fut foudroyante grâce notamment à un effort sanitaire et médical très grand. Ce qui est exactement le contraire d’un génocide.
De même, il fut tenu le plus grand compte des us et coutumes locales (trop peut-être) et aucune conversion religieuse ne fut tentée. Le culte musulman fut même protégé.
Il n’en reste pas moins que l’effort éducatif fut insuffisant, tout comme les contacts entre les deux populations, que l’Algérie était sous-administrée, et qu’avant 1945, aucun effort ne fut fait pour remédier à une situation politique absurde et injuste. Que l’administration était souvent aveugle…
En 1958, pour montrer leur volonté de s’émanciper grâce à la France, à Alger, de nombreuses femmes musulmanes enlevèrent leur voile. Aujourd’hui, elles sont soumises à l’infâme « Code de la famille » ! Un symbole des illusions perdues.
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Comments (75)
… C’est votre version du coloniasme, comme quoi nous les algériens, étions aux paradis sous le règne de la France coloniale et que nous sommes fautifs d’avoir battu pour notre liberté. Et ben; non, : – Pouviez vous nous dire combien d’algérien aviez vous massacrer. – Pourquoi vos archives sur les massacres perpétrais en Algérie sont secret défende.( 50ANS DEPUIS LA RECAPITULATION DE LA France) – A croire que vous étiez les anges du coloniasme, que diriez vous si vous appeler les americains avec leur savoir faire à la MAC GAYVEUR pour vous faire sortir du retard considérable que vous afronté – Même les français jouissaient de la nationalité américaine pleine et entière. Si cela leur imposait l’obligation de se plier aux lois américaine, ils n’avaient pas l’air traumatisés du tout. Ainsi, que toute la population puisse un jour obtenir le même statut, n’aurait été qu’une question de temps, je dirais même pourquoi les appeler a votre secoure a chaque fois que vous récapituler devants la machine allemande (mais quel boulot !) …………..Moi; un jeune algérien; je suis très fière des hommes et des femmes qui ont combattus pour que l’Algérie soit algérienne et mettre fin et surtout donner une leçon a ces gens ou ces criminelles qui croit qu’ils sont les mètres du monde. Donc, je conseil ces gens d’aller lire leur l’histoire de récapitulation devants leur maitre allemand pour ne pas supplier une 3eme fois les américain…..vive l’Algérie algérienne pour l’éternelle!
messieurs les algériens….plutôt peuple algérien : ETES VOUS FIER DU COMBAT DU FLN? DU PRETENDU COMBAT…AUJOURD’HUI QU’AVEZ VOUS GAGNEZ? QUI PROFITE DU PETROLE?QUI REMPLI LES PRISONS ALGERIENNES LES FILS DU PEUPLE OU CEUX DES GENERAUX ? QUI SONT LES HARRAGAS? ETES VOUS HEUREUX? POURQUOI TANT DE PERSONNES DEVANT LES REPRESENTATIONS DIPLOMATIQUES ET CONSULAIRES FRANCAISES? A COMBIEN S’ELEVE LA FORTUNE DE VOTRE CHEF DE GOUVERNEMENT ACTUEL? CELLE DU DGSN? CELLE DES MINISTRES? CELLE DES GENERAUX ET COLONEL? DES DEPUTES? DES P/APC? DES POLICIERS DES DOUANIERS DES GENDARMES? DES DELEARS OFFICIELS? DES AMBASSADEURS? DES PDG DU PETROLE ET AUTRES ENTREPRISES ENTMV/ ENTV/ AIR ALGERIE/ CNAN/ SONELGAZ? ETC…….
Le texte qui précède de Aldjazairia est une thèse idéologique qui a pour objectif de présenter un argument. Dès le début, votre texte est nettement orienté, sans ambiguités. Il accuse. Aucune objectivité, absence totale d’équilibre, oubli volontaire de faits importants, ignorance des causes, accusations univoques, démarche anti-militariste primaire, illustrations partisanes. Manichéisme simpliste, les bons d’un côté, les méchants de l’autre. La référence à Claire Mauss-Copeaux n’est pas véritablement une référence, les universitaires qui ont bâti leur réputation sur un parti pris idéologique étant légions.
Les "libérateurs" de l’Algérie, en tout cas, vérifient la pertinence du proverbe "Bien mal acquis ne profite jamais". Les voleurs et corrompus qui ont pris le pouvoir des mains des quelques moudjahiddines qui n’avaient pas encore été pris ou retournés par l’Armée française (un pouvoir que leur a donné gratuitement le général de Gaulle) n’ont fait que piller ce pays que la France leur a laissé avec des ressources considérables, héritage fabuleux de la colonisation. D’où le mécontentement populaire qui a ouvert le chemin au FIS, puis au GIA, et la suite que l’on connaît. Quand le peuple algérien va t’il sortir de sa léthargie et demander des comptes aux véritables et uniques responsables de ses malheurs, à ses dirigeants actuels, au lieu de se laisser embobiner par des références éculées à la colonisation qui, au contraire, a enrichi ce pays après l’avoir créé. A ce moment là, peut-être, la France cessera d’être sa terre de secours. La colonisation est loin d’être terminée, elle dure depuis 1830, soit 178 ans. On peut appeler cela de l’amour-haine, il y a un lien très fort au centre de tout cela. Allez, courage, peuple algérien, grâce à la France, vous allez finir par rejoindre la modernité.
Le texte qui a déchaîné toutes ces critiques m’a semblé bien .écrit, avec moins de haine, sans doute parce que Pierre Barrucand connaît bien son sujet et sait de quoi il parle
J’ai choisi d’étudier la guerre d’Algérie à travers ses sources françaises. Étudier une guerre n’est jamais facile. Même les guerres défensives, les guerres réputées « justes » qui sont des références dans la mémoire collective française, comme la seconde guerre mondiale ont leur part d’ombre, longtemps rejetée dans le hors-champ de l’histoire.
La violence de la guerre, parce qu’elle déborde les interdits les plus sacrés des sociétés humaines, est un défi pour l’intelligence. La perversité anthropologique qui l’accompagne est inaudible et indicible. Mais comment décrire la guerre, comment comprendre l’événement en occultant ce qui l’identifie ? Pour des raisons différentes, les témoins et les acteurs, les historiens également, se trouvent démunis.
La mémoire de la guerre d’Algérie, guerre coloniale, est encore plus problématique. Le conflit a débuté avec la conquête en 1830 et la Pacification, que l’occupant a cherché à imposer, n’a jamais été acquise même si des périodes plus calmes en donnaient l’illusion. Des « rébellions » ont rythmé le temps long de la violence politique et sociale, suivies par des opérations de répression sauvages. En 1954, des militants nationalistes algériens, désabusés, abandonnent les luttes politiques et prennent les armes. Malgré un contexte de décolonisation bien établi, les autorités françaises refusent de négocier et choisissent la violence pour rétablir leur pouvoir. Dès le 16 mai 1955, « les moyens les plus brutaux » sont préconisés afin de briser la résistance algérienne [1]. La torture et les exécutions extra-judiciaires, interdites par la convention de Genève, se généralisent et pèsent aussi bien sur les combattants que sur les simples suspects. L’affrontement inégal se termine sans gloire en 1962 par une défaite politique. Le gouvernement français a attendu presque quarante années pour admettre enfin, au mois de juin 1999, la réalité de l’événement. Mais la commémoration de la guerre pose toujours problème. Des groupes de pression composés d’anciens pieds-noirs, de militaires, de nostalgiques de l’Algérie française, refusent la date du 19 mars, anniversaire du cessez-le-feu, proposé par la FNACA, principale association d’anciens combattants. Attachés à leur propre représentation du conflit qui impose le postulat de « la victoire sur le terrain », ils n’admettent pas la victoire diplomatique des Algériens, scellée par les accords d’Evian et le cessez-le-feu du 18 et 19 mars 1962. Pour l’emporter dans ce combat d’arrière-garde, ils arguent que la guerre n’était pas finie puisque le massacre des harkis s’est déroulé après le 19 mars. Mais ils ne vont pas jusqu’à évoquer la responsabilité des autorités politiques et militaires française qui, après avoir enrôlé ces supplétifs de gré ou de force, les ont abandonnés. En 2003, pour trancher, Jacques Chirac, président de la République et ancien combattant d’Algérie, a finalement fixé la journée du souvenir au 5 décembre. Cette nouvelle date ne correspond pas à l’anniversaire d’un événement de la guerre mais à celui de l’inauguration, en 2002, d’un monument érigé en mémoire des combattants français tués ou décédés en Algérie, Tunisie et Maroc.
Dès les débuts de la guerre et constamment depuis, des témoignages accablants sur les violences françaises en Algérie ont été dévoilés. Mais ces révélations sont niées par les donneurs d’ordres et oubliées par ceux qui en prennent connaissance au fur et à mesure de leur parution. Les dossiers réalisés par Florence Beaugé, journaliste au quotidien Le Monde [2] ont permis aux Français de redécouvrir les différents aspects de la violence militaire en Algérie. La plupart des historiens ont négligé de préciser cet aspect des affrontements et lui ont préféré l’étude des opérations militaires. L’évaluation des pertes françaises a retenu elle aussi leur attention. En revanche, le dénombrement précis des victimes algériennes de représailles collectives, n’a pas été réalisé. Il est vrai que l’administration coloniale ne s’en était jamais préoccupé et qu’il n’y a pas de statistiques à leur propos. La mémoire de ces morts est ensevelie à jamais dans des estimations abstraites et forcément aléatoires. La douleur des hommes qui ont subi les violences de la guerre a été mise à l’écart. Arlette Farge spécialiste du XVIIe siècle, dans un essai publié en 1998, a pourtant souligné l’importance de cet aspect du travail de l’historien qui, dit-elle, « est responsable de l’énoncé des événements, mais aussi des souffrances qui les accompagnent » [3].
Établir les faits exige de toucher aux hommes qui y ont été mêlés. Étudier la guerre c’est aussi observer, à travers les documents, les professionnels de la guerre. La guerre est leur vocation, leur vie sinon leur passion. Dans le cadre de l’institution, entre compagnons, ils admettent ses réalités. Mais, face à l’opinion, beaucoup préfèrent donner une représentation plus séduisante, plus héroïque du métier des armes. Ils sont flattés de l’intérêt que les historiens leur portent, mais attendent d’eux qu’ils suivent leur façon de présenter les choses et se comportent comme de braves petits soldats au défilé, bien alignés derrière leurs chefs.
L’écriture de l’histoire de la guerre doit ainsi surmonter les défenses mises en place par les officiers supérieurs, hier comme aujourd’hui, afin de préserver ce qu’ils imaginent être « l’honneur de l’armée ». Le soutien de la majorité des cadres, leur est acquis. Les facteurs qui interviennent sont divers : souci de respectabilité, esprit de corps, complexe de supériorité, mépris des civils et de ceux qu’ils dénomment avec ironie « les militants de la repentance ».
Dès l’époque de la guerre les directives consacrées au respect du « secret militaire » se succédaient et le général Challe, commandant militaire de l’Algérie, rappelait en 1959 les impératifs définis par ses prédécesseurs :
« Celui qui parle le premier gagne. Les démentis laissant toujours planer un doute. […] Mettre en valeur l’œuvre constructive de l’Armée […]. L’ Armée protège, construit, soigne, administre. Ne jamais donner de renseignements sur : l’ordre de bataille […], les noms des victimes, les bilans des opérations, les actions de bombardement, les destructions d’infirmerie FLN et la capture de médecins. »
Après la guerre, les responsables militaires continuent de tenter de préserver le secret. Ils jouent de la situation d’autorité que leur confère leur statut d’acteur et de spécialiste des conflits et occupent le terrain des publications. Leur stratégie est simple : imposer l’oubli grâce à leurs ouvrages. Diffusés dans les librairies des gares, les grandes surfaces et les Maisons de la Presse, de 1970 à aujourd’hui, les écrits des généraux Massu, Bigeard ou du colonel Le Mire, touchent un large public.
Finalement, en 1992, l’armée a dû ouvrir ses archives, mais le problème n’est pas réglé pour autant. En consultant les dossiers, on pouvait constater qu’une triple censure était intervenue. Au moment des faits d’abord, durant le tri ensuite et pour finir en 1992 quand les autorités ont refusé de communiquer certains dossiers comme ceux du renseignement [4]. Heureusement, le respect absolu du secret militaire est impossible. La masse d’archives disponibles est telle qu’elle laisse parfois échapper des documents que les responsables auraient souhaiter soustraire à l’attention des chercheurs. Parfois aussi, ceux qui ont participé au tri et au classement n’ont pas obéi aux directives et ont laissé passer des documents soulignant les fonctionnements irréguliers de l’Armée, les violation du droit et les violences. Cela reste exceptionnel et exige de l’historien qui ne bénéficie pas de dérogations un travail énorme et beaucoup de chance.
J’ai découvert ainsi une archive relatant une action de représailles effectuée contre la population du Kroubs, une bourgade du Constantinois le 20 août 1955. Le récit, très précis, était annexé à un rapport daté du 28 janvier 1963 qui signalait le prochain rapatriement d’une unité stationnée à cet endroit. La date de l’archive principale, postérieure aux accords d’Evian, lui a probablement évité d’être censurée ou classée dans les cartons « non-communicables ». Le récit précise ainsi que :
« Dans la nuit du 20 au 21 août 1955, une rafle surprise permit d’appréhender une soixantaine de suspects ; conduits aussitôt sur la parcelle Saraoui, ils furent exécutés entre 6h30 et 9h30 du matin. Leurs dépouilles y reposent également. Quelques jours après les faits relatés, la partie est du camp, parcelle Saraoui comprise ,fut nivelée au bulldozer. »
L’insurrection du 20 août s’était bornée au Kroubs à des manifestations. Il n’y avait eu ni morts, ni blessés. Selon des informations militaires concordantes, l’ordre avait été rétabli dans toute la région, le même jour, dès 16 heures. Ce document qui dévoile la violence au Kroubs, donne la mesure de celle qui explosait quand il y avait eu des victimes françaises. Il met également à jour un crime de guerre parmi d’autres réalisés par des militaires français, couverts par le haut commandement ainsi que par les responsables politiques.
Alors que les crimes de l’ALN et de ses partisans sont régulièrement évoqués et parfois exagérés par les tenant civils et militaires de l’Algérie française, ceux accomplis par les forces de l’ordre, par des pieds noirs aussi, sont passés sous silence. Des témoins appartenant aux deux ensembles confirment cependant ces massacres. Mais leurs voix, isolées, sont rarement entendues car elles ne disposent pas du relais de ces lobbies.
La recherche de témoins, présents à l’époque de la guerre d’Algérie, qu’ils soient pieds-noirs ou appelés métropolitains, permet de multiplier les informations. L’histoire orale, habituellement réservée aux minorités opprimées et au clandestins, si nécessaire aux pays où l’histoire officielle impose ses représentations, comble ainsi, en France, une partie des silences des archives. Mais la dispersion de ceux qui observèrent la répression coloniale et acceptent aujourd’hui d’en faire état, indépendamment des impératifs des mémoires communautaires, rend la tâche ardue.
Le croisement de nouvelles sources, écrites et orales, confirme l’importance de la violence dès les débuts de la guerre. Les témoignages récents de certains responsables comme les généraux Aussaresses ou Massu ont brisé le secret. Pourtant, bien que la conjuration militaire perde de sa force, une majorité de responsables s’obstinent à mentir. Dans un Livre blanc publié en 2002, 490 généraux défendent l’action de l’armée française. Ils affirment sans vergogne que « ce qui a caractérisé l’action de l’armée, ce fut sa lutte contre toutes les formes de torture, d’assassinat, de crimes idéologiquement voulus et méthodiquement organisés » [5]. De nouvelles revues d’histoire comme Reportages de l’histoire ou La nouvelle revue d’histoire ont été lancées ; ouvrant leurs pages aux nostalgiques de l’armée et à leurs héritiers, elles tentent de donner le change en s’attachant aux violences de leur adversaire, l’ALN. Elles n’hésitent pas à faire de la publicité et même à diffuser des photographies d’horreurs, reprenant ainsi la stratégie anti-FLN mise en place au début de la guerre. Il ne s’agit pas pour eux de replacer ces images dans leur contexte, d’évaluer, d’analyser et de dénoncer les sévices, mais de provoquer ou d’entretenir la haine de l’ancien adversaire. [6]
Les militaires ne se contentent pas de combattre sur le front de l’édition et des médias. Ils vont jusqu’à faire pression sur les anciens combattants afin de leur faire respecter la loi du silence. Un responsable départemental de l’Union nationale des anciens combattants d’Afrique du Nord a tenté d’intimider les éventuels témoins lors du rassemblement annuel des membres de l’association : « N’oubliez pas que vous ne pouvez pas parler avant soixante ans après la fin de la guerre » [7]. Un ancien officier du 18e RCP a réussi à identifier un de mes interlocuteurs et l’a menacé de représailles. On pourrait multiplier les exemples de ce combat d’arrière garde.
Les historiens subissent également les manœuvres des partisans du « secret ». Elles sont le plus souvent subtiles, indirectes. Différents biais sont utilisés comme l’ouverture ou la fermeture des dossiers sensibles, le refus ou l’acceptation de dérogations. L’ouverture des archives militaires en 1993 a d’ailleurs eu un effet pervers. Les chercheurs se sont laissés accaparés par l’abondance des documents et ont privilégié ainsi le point de vue de la hiérarchie militaire qui les avait produit.
Ceux qui utilisent d’autres sources ou qui ne tiennent pas compte des codes de bonne conduite, subissent des pressions. Le président d’une association d’anciens parachutistes a évoqué dans son rapport annuel mon premier livre, dénonçant « les faits déshonorants » qui y sont mentionnés et « qui attestent la façon tendancieuse dont notre histoire est écrite aujourd’hui par les intellectuels » et il conclut par : « faut-il répliquer ou mépriser ? Le conseil d’administration s’en chargera à sa prochaine réunion » [8]. Pour Mohammed Harbi, la « réplique » a été violente. Il a été agressé lors d’une conférence qu’il donnait à l’université de Grenoble au cours de l’hiver 2002.
Face aux pressions des militaires, l’archive orale offre une issue. Micro-histoire, elle éclaire le quotidien des appelés et porte un autre regard sur cette catégorie de combattants. Elle conduit aussi à sauver de l’oubli leurs rares documents qui sinon moisiraient dans les greniers ou finiraient brûlés.
Mais, là aussi, les obstacles s’additionnent. Cela tient au tabou qui pèse sur la guerre et la violence, plus qu’aux défaillances de la mémoire. Dans les entretiens d’ailleurs les vétérans se plaignent de ne pouvoir oublier. La violence s’impose à leurs mémoires et ils ne peuvent s’en libérer. La raison d’état, le secret militaire ont imposé le silence et le mensonge. Ils sont face à un dilemme irréductible : la violence, c’est ce qu’il faut taire absolument et ce qu’il faut absolument dire. Pour construire leur récit, il leur faut naviguer entre tensions et traumatisme. Le traumatisme provoqué par l’événement, a été ainsi défini par Freud :
« Elle [la guerre totale] ne tient compte d’aucune des limitation auxquelles on s’astreint en temps de paix et qui forment le droit des gens, elle ne reconnaît pas les égards dus au blessé et au médecin, elle ne fait aucune distinction entre la partie combattante et non combattante de la population. Elle renverse tout ce qu’elle trouve sur son chemin, et cela dans une rage aveugle comme si il ne devait plus y avoir d’avenir ni de paix entre les hommes. » [9]
Dans les entretiens, la tension polémique à propos de l’identité des interviewés est un obstacle supplémentaire. Qui sont-ils en effet pour avoir accepté de voir ces violences. Qui sont-ils pour les avoir infligées ? Comment peuvent-ils se définir par rapport à ces actes ? La violence que révèlent les anciens combattants ne représente d’ailleurs qu’une petite partie de celle dont ils ont été les témoins. Quand je les revois et que nous discutons, la plupart m’avouent : « Vous savez, je ne vous ai pas tout dit. »
La parution de mon premier livre a provoqué pour d’autres une libération de la parole. Des lecteurs, anciens d’Algérie, refusent à présent la complicité du silence et confirment les faits relatés. Ils décrivent les exactions dont ils ont été les témoins : un viol collectif ou l’assassinat d’une petite bergère en Kabylie. Les récits sont circonstanciés et précis. Peu à peu la réalité sinistre de la guerre coloniale émerge.
La société française a longtemps refusé d’être confrontée à cette histoire déshonorante. Le monde des médias a parfois anticipé ce refus. Les récits de la répression des manifestations d’Algériens à Paris en octobre 1961 ont attendu une trentaine d’années avant d’être publiés. Les instances de la recherche, ne sont pas toujours plus courageuses et un responsable d’édition hésitait à publier des photographies de guerre, jugeant le « sujet brûlant », quarante années après l’événement !
Depuis l’affaire Aussaresses, la situation a évolué. Mais il faudra encore du temps pour dévoiler les réalités de la guerre. Les violences perpétrées par les Français sont trop archaïques, trop obscènes. L’homme civilisé du temps de paix répugne à considérer son double, son père ou son frère sous les traits d’une bête de guerre. Il a fallu plusieurs générations pour dévoiler les violences des poilus. Il en faudra autant pour prendre la mesure de ce qui s’est passé en Algérie, pour accepter aussi d’inscrire la guerre dans son contexte : la colonisation et le rapport de force colonial….. Par :Claire Mauss-Copeaux
Voici comment décrit Bugeaud, gouverneur général d’Algérie l’émir Abdelkader au lendemain de sa rencontre, dans une lettre envoyée au comte Molé, président du Conseil : « Il est pâle, dit-il, et ressemble assez au portrait qu’on a souvent donné de Jésus Christ » (Paul Azan, l’Emir Abdelkader, Paris 1925). Il faut dire que Bugeaud a décelé quelque chose de grand et d’exceptionnel chez l’émir.
Abdelkader, b. Muhyi-din al-Hassani, né en 1808 à la Guetna de l’oued al-Hammân à l’ouest de Mascara, appartenait à une famille de double noblesse, puisque ses aïeux dirigeaient la confrérie Kadiriyya et descendaient d’une origine chérifienne. Il a reçu dès son jeune âge une éducation religieuse solide. Très vite, le jeune Abdelkader devient un soldat de l’Islam pour défendre sa patrie et essayer de créer un Etat indépendant.
Si ce dessein politique a échoué pour diverses raisons ; son parcours spirituel d’homme de la voie, par-contre, a bel et bien réussi et lui a valu d’être consacré aujourd’hui comme le vrai fondateur de l’Algérie. Pour plus de commodité, il est judicieux de partager la vie de ce grand homme en trois périodes :
En 1832, il est proclamé « Sultan des Arabes » par quelques tribus de l’Oranie en s’imposant sur les milices de l’ancien bey turc, et en menant la guerre contre les Français pendant quinze ans. Ces hauts faits lui ont permis d’étendre son autorité sur les provinces d’Oran, d’Alger, du Titteri et même dans le constantinois. L’ébauche de cet Etat islamique avec des dirigeants issus de l’aristocratie religieuse a suscité quelques méfiances des Jawada militaires et quelques tribus kabyles. Abdelkader a réformé son jeune Etat par la création d’une armée de 10000 soldats, rétribuée par la dîme canonique (zakât). Mais, vu l’infériorité numérique de son armée, Abdelkader ne pouvait gagner la guerre, alors il s’est réfugié au Maroc où il a entraîné le sultan Moulay Abderrahmân dans la guerre contre les Français. Mais le sultan se ravisa après les bombardements de Tanger et la défaite de l’armée marocaine à la bataille d’Isly en 1844 ; et il a retiré son soutien à son protégé, et celui-ci de se rendre en 1847.
La deuxième période de la vie de l’émir la passe emprisonné en France cinq années, après le manquement aux promesses qui lui ont été faites par le gouvernement de Guizot puis ceux de la II e République, de le transporter avec les siens à Alexandrie. Mais beaucoup de français lui ont témoigné amitié et respect, et en tête de ceux-là le prince-président Louis-Napoléon, qui en 1852 vint lui-même lui annoncer sa liberté pour s’établir à Brousse en Turquie.
La troisième et dernière période de sa vie, l’émir la passe dans le Proche-Orient, c’est-à-dire de 1852 à 1883. C’est sous le magistère d’Ibn Arabi que s’ouvre et se ferme cette dernière phase au prés du Sheikh al-Akbar. C’est cette période d’exil qui est la plus riche mais, paradoxalement elle n’a pas intéressé suffisamment les historiens. Nous découvrons un homme magnanime, voué à l’étude et la dévotion qui sait parler le langage des cœurs comme il a su manier les armes auparavant. Ce n’est certainement pas une vocation tardive, ni une reconversion d’un héros des champs de bataille. Depuis tout jeune, l’émir s’adonnait régulièrement à la prière, l’étude et l’oraison.
Il quitte Brousse après un tremblement de terre en 1855 en compagnie de sa suite composée de 111 personnes pour aller s’installer à Damas.
Installé dans cette ville sainte, il devient petit à petit un maître spirituel et son enseignement fut recueilli par ses disciples. Une partie de cet enseignement fut consigné par écrit sous le titre « Le Livre des Haltes ». La teneur littéraire de cet ouvrage est d’une grande facture. L’émir n’a cessé à travers ce livre de proclamer son rattachement spirituel à l’un des plus grands maîtres de l’histoire humaine, le Sheikh al-Akbar, Ibn Arabi, enterré à Damas. L’émir habita la maison qui fut autrefois celle de son maître et demanda à être inhumé auprès du sheikh al-Akbar.
A Damas, l’émir a pris sous sa protection la communauté des Algériens ; mais aussi la communauté chrétienne et européenne lors des émeutes de juillet 1860. Il leur permit d’échapper aux massacres qui ont eu lieu entre les chrétiens maronites et musulmans druzes. Ces affrontements sont la conséquence de manipulations des deux grandes puissances coloniales de l’époque, la France et l’Angleterre.
En effet, la France manipulait les chrétiens Maronites en leur promettant un Etat indépendant ; tandis que l’Angleterre manipulait de son côté les Druzes pour contrecarrer les ambitions françaises dans la région et réaliser ses desseins mercantiles. L’émir, en tant que musulman, avisé des intrigues des uns et des autres, intervint et a offert sa protection aux chrétiens. Cette attitude, somme toute naturelle de la part d’un fidèle musulman, a eu un écho considérable dans le monde entier, et surtout en Occident. Beaucoup de chefs d’états lui ont témoigné leur reconnaissance. Ainsi, Le Pape le fut décoré de l’ordre de Pie IX et reçut la grand-croix de la légion d’honneur. Il a reçu des centaines de lettres de reconnaissance et d’amitié ; des cadeaux de valeur et il a été décoré plusieurs fois des plus grandes distinctions et grades. Dans son attitude qualifiée de tolérante, l’émir n’a fait qu’obéir aux préceptes coraniques et prophétiques, rien de plus. Les versets et propos prophétiques relatifs à la tolérance sont abondants et l’émir n’a fait que son devoir de simple croyant pour préserver le droit des minorités religieuses en terre d’Islam. Leur existence parmi la communauté musulmane prouve s’il en faut cette tolérance.
La franc-maçonnerie voulant profiter de la situation s’est adjointe au concert de félicitations et remerciements qui fusaient de toute part à l’égard de l’émir. Ainsi le Grand Orient De France (GODF) s’est empressé de demander à deux de ses loges parisiennes : la loge Henri IV et la loge La Sincère Amitié de correspondre avec Abdelkader.
Mis à part le consensus général lié à cette affaire, les raisons qui peuvent expliquer la démarche du GODF sont : d’une part, la permanence encore au sein de la maçonnerie de l’idée de la foi en Dieu ; d’autre part, le souhait des maçons à devenir un groupe de pression influent pour orienter les décisions de l’Etat français dans un sens de sécularisation des sociétés humaines. Dans les deux lettres envoyées en 1860 par les deux loges, nous ressentons une certaine récupération du geste de l’émir pour qu’il apparaisse comme émanant d’un prétendu idéal maçonnique. Ainsi Abdelkader est qualifié de pourfendeur « des préjugés de caste et de religion » des « fureurs de la barbarie et du fanatisme » et de héraut « de la liberté de conscience » et du « sentiment de fraternité humaine » (voir Bruno Etienne : Abdelkader pp. 323, 324, 325 éd. Hachette). Si la lettre de la loge Henri IV est plus consensuelle, celle de La Sincère Amitié fait référence à un symbolisme maçonnique, tel le terme de Grand Architecte de l’Univers ou l’utilisation du premier élément de la trinité chrétienne (le Père). A la suite de ces deux lettres, l’émir a demandé des éclaircissements au sujet de la Maçonnerie. Or, dans l’exposé doctrinal qui lui a été envoyé par le GODF, celui-ci le fait précédé d’une allusion « à l’initiation qui vous sera conférée » comme si le fait de demander des éclaircissements impliquait la volonté d’adhérer à la Maçonnerie.
Au terme de cet exposé du GODF, où l’on ressent une volonté de faire croire que l’émir est déjà acquis à la cause maçonnique, le destinataire est invité à répondre à cinq questions. Les réponses à ces questions apparaissent comme un condensé de son enseignement tel que nous le trouvons dans le Livre des Haltes. A travers ces réponses, les thèmes classiques du soufisme sont abordés comme l’indigence ontologique (’ubudiyya), l’unicité de l’Etre (wahdat al-wujud), la conformité à la Loi divine (shariah)… etc. Mais voyons la réponse de l’émir à la dernière question.
Question : Comment comprenez-vous la réalisation de la tolérance et de la fraternité ?
Réponse : … Quant à la tolérance, pour la pratiquer il ne faut pas combattre le partisan d’une religion et le forcer à l’abandonner par le sabre, par la force. Toutes les lois divines sont d’accord sur ce point, que ce soit la loi musulmane ou les autres ». Cette dernière phrase fut traduite par le maçon Gustave Dugat ainsi : « toutes les lois divines sont d’accord sur ce point à l’exception de la loi islamique ou les autres ». Il est très difficile de croire que cette anomalie serait due à une erreur puisque ce traducteur hors pair s’est déjà illustré par ses traductions sibyllines et malveillantes (voir René Khawam, Lettre aux Français, 1977). La tolérance pour l’émir n’est pas une indifférence aux dogmes comme le laisse penser la Maçonnerie qui « s’interdit dans ses réunions toute discussion sur la foi religieuse » et professe le libre examen, c’est-à-dire la volonté de réduire le réel à la pensée discursive. Le libre examen permet à l’individu de déclarer caduc tout ce qui dans la religion échappe à la raison discursive comme le dogme, la loi, les anges, le paradis ou l’enfer…, etc. En définitive, l’idée même de Dieu est vidée de toute consistance et n’est qu’une vue de l’esprit. La vérité n’est plus qu’une illusion puisque n’importe qui peut dire n’importe quoi sans l’arbitrage d’un principe supérieur régulateur.
A la suite des échanges épistolaires entre l’émir et la loge Henri IV, celle-ci voulant forcer la nature des choses, déclare en l’absence de l’intéressé la cérémonie d’initiation d’Abdelkader à la Maçonnerie, et l’orateur Dubroc de la loge de déclarer le 1er septembre 1864 : « ce que nous avons en vue, dans l’initiation que nous consacrons aujourd’hui après avoir poursuivi si longtemps l’accomplissement, c’est la Maçonnerie implantée en Orient dans le berceau de l’ignorance et du fanatisme ; c’est le drapeau de la tolérance remis entre des mains vénérées, confié à un bras qui a fait ses preuves est arboré par lui… sur les plus hautes mosquées face à l’étendard du Prophète. L’émir Franc-Maçon, c’est pour nous le coin entré dans le roc de la barbarie ». Ces propos qui fusent d’éloquence raciste, montrent clairement que l’intolérance et le fanatisme, voire le racisme sont l’apanage de ceux qui les dénoncent verbalement et les pratiquent dans les faits.
Il faut dire que la perspective doctrinale de l’émir issue de la spiritualité islamique s’oppose radicalement à la vision profane et laïque de la Maçonnerie que l’émir rangeait dans la catégorie des naturalistes (tabi’iyyun) et existentialistes (dahriyun), bien connue des théologiens musulmans. Le but de l’émir depuis le début était de les ramener sur la voie de Dieu ; mais quand il a perdu espoir de les sauver d’eux-mêmes, il a cessé tout contact. Il a signifié sa rupture définitive au GODF en 1865 après avoir étudier de plus près les fondements intellectuels de la Maçonnerie, beaucoup plus propices à la déviation qu’au ressourcement.
Cette mise au point publique de l’émir vis-à-vis de la Maçonnerie est concomitante à sa propre quête et initiation à la confrérie Darqâwiyya à la Mecque en 1863 par son maître marocain le Sheikh Mohamed Ibn Mas’oud al-Fassi. Il a passé un an et demi auprès de ce sheikh entre les deux villes saintes la Mecque et Médine. Sa première initiation au Nom Suprême s’est déroulé dans une grotte très célèbre (Hira’) à quelques kilomètres de la Mecque, puisque le Prophète y adorait Allah avant de recevoir sa première révélation.
A sa sortie de cette retraite spirituelle, Abdelkader était transformé par cette nouvelle épreuve de l’éternité, malgré son passé glorieux dans les affaires du siècle. Il composa un poème de 111 vers à l’honneur de son sheikh Al-Fassi, qui lui a ouvert également la voie majestueuse d’Ibn Arabi.
Enfin, venons-en au livre des Haltes de l’émir. Il faut rappeler d’abord que ce genre de littérature était connu depuis le soufi Mohamed Niffari (m. vers 350 h.). Mais c’est Ibn Arabi qui, le premier, donna une définition presque achevée à cette notion. Pour lui, il y a entre toute station spirituelle, une halte (mawqif). L’initié qui s’arrête là, reçoit d’Allah les règles de bienséance (adab) appropriées, à la station qu’il souhaite atteindre, et acquière les sciences qui en découlent. Cette voie est plus pénible, mais elle est la plus parfaite. Notre étonnement n’a plus lieu pour expliquer cette relation privilégiée entre Ibn Arabi et Abdelkader. Le nombre de fois où il est mentionné ne se compte pas ; sans oublier les fois où Abdelkader emprunte sa pensée sans le nommer. Mais, l’émir travaille sous l’autorité du sheikh, et il le dit haut et fort : « il est notre trésor d’où nous puisons ce que nous écrivons, le tirant soit de sa ruhâniyyah (spiritualité), soit de ce qu’il a lui-même écrit dans ses ouvrages » (p. 1337)
Il faut signaler que l’émir est le premier éditeur de la somme spirituelle Les illuminations de La Mecque, ouvrage monumental d’Ibn Arabi. La place du sheikh est très importante dans le livre des Haltes, et beaucoup de chapitres sont des commentaires de l’œuvre akbarienne. Pour Jacques Berque (’Intérieur du Maghreb, 1978, p. 512-513)’’ la splendeur littéraire’’ du Livre des Haltes « risque de renverser bien des hiérarchies reçues et que la vraie nahda (renaissance) n’est sans doute pas là où on la cherche. »
Un dernier mot pour dire que l’émir a joué un grand rôle dans la renaissance arabe. Nombre de réformateurs (tels le sheikh Mohamed Abdou, Jamal ad-din al-Afghani…) sont issus de l’école d’Abdelkader.
Son influence dépasse le cadre même du monde arabe. En effet, le renouveau spirituel initié par René Guénon en Occident est issu de l’action bienfaitrice de l’émir. Un des ses disciples est le sheikh Abderrahman Illaych, grand mufti malékite en Egypte. Or, Le sheikh Abderrahmane a eu comme disciples beaucoup d’occidentaux et notamment l’écrivain et peintre suédois Abdel Hadi John Ivan Aguéli (m. 1917) et le grand métaphysicien français Abdel Wahid Yahya, René Guénon (m. 1951), le plus grand relais de l’héritage akbarien et du soufisme en Occident au 20e. siècle.
"…les French parachutistes et qu’il a fallut sortir ses chefs de prison pour leur refiler l’Algérie dont on ne voulait pas? … "
hahahahahahaha!!!!!
J’ai eu un sourire en lisant sa de la part d’un fou qui ressemble à notre fou de quartier qui répète à longueur de journée à la plus belle et chic fille de la ville … « oh Djamila je ne t’aime pas car tu me fais souffrir …»
Oh ! Oui c vrais qu’elle est trop belle pour faire souffrir cette Algérie.