Hôpital : le désastre annoncé

Hôpital : le désastre annoncé

Dans une ville de province de moyenne importance, un seul centre de radiothérapie pour traiter les cancers est le plus souvent largement suffisant. Ce gros et coûteux investissement médical peut se faire dans un hôpital public ou dans une clinique privée. La présence de deux centres serait économiquement absurde, ceux-ci étant sous-utilisés.

Mais les radiologues qui contrôlent le centre de radiothérapie ne sont pas que des producteurs d’imagerie médicale. Ils sont aussi les thérapeutes des cancers, ce qui leur donne vis-à-vis de tous les médecins du voisinage une bien plus grande dimension. Et le malade cancéreux a le plus souvent besoin de nombreux examens radiologiques avant, pendant et après la radiothérapie. Les radiologues contrôlant le centre de radiothérapie ont sur les autres radiologues un très gros avantage.

Pour toutes ces raisons, et contre toute logique financière, deux centres de radiothérapie sont souvent créés, l’un dans le public et l’autre dans le privé. J’ai connu une ville qui a ainsi possédé son centre public et son centre privé. Mais, après quelques années de fonctionnement, quand il a fallu renouveler le noyau radioactif de l’hôpital public, on a appris qu’il ne tournait qu’à 20 % de ses capacités, alors que celui de la clinique privée fonctionnait à 60 %. La bonne gestion de la radiothérapie locale poussait à ne pas renouveler la bombe au cobalt du public.
Mais certains médecins, certains syndicats et certains politiciens ont hurlé quand on a parlé de supprimer la radiothérapie publique. Le maire, président de la commission administrative dirigeant l’hôpital public, a eu la sagesse de refuser ce renouvellement. Un contrat a donc été signé entre public et privé.

Finalement, dans de nombreuses villes de moyenne importance, des contrats ont ainsi été passés entre le public et le privé et ces contrats ont permis de réduire le « trou de la Sécu ». Mais ces contrats peuvent être rompus. Les malades sont alors contraints de changer de radiothérapeute. Quand on est atteint d’une maladie grave exigeant de la radiothérapie, un tel changement est souvent ressenti d’une façon très douloureuse. Mais ces malades ont aussi la chance de pouvoir disposer près de chez eux d’un centre de soin animé par un personnel compétent. Souvent, les déplacements en taxi de ces malades coûtent déjà plus cher à la Sécu que la radiothérapie.

Nos médias nous présentent toujours des hôpitaux publics débordés par les urgences, et manquant de lits pour accueillir leurs malades. Et ils ont raison de le faire, car il existe en France de tels hôpitaux. Mais ils oublient en général de signaler qu’il existe aussi des hôpitaux qui attendent le client. Certains services de chirurgie provinciaux arrivent difficilement à effectuer deux appendicectomies par semaine. Une telle situation ruine la Sécurité Sociale, mais en plus, elle est dangereuse, car ces équipes chirurgicales ne peuvent plus être compétentes au bout de quelques années. Mais, quand on parle de supprimer de tels services, immédiatement, médecins, infirmières, syndicats et politiciens font l’union sacrée et organisent des défilés pour « défendre » leur hôpital. Or, c’est le maire qui prend la décision et le maire a envie d’être réélu…

Mais le pire est devant nous. Depuis 30 ans, les médecins français subissent des contraintes administratives ou judiciaires de plus en plus lourdes. Tandis que la Sécurité sociale stoppe la progression de leurs revenus pour faire des économies. De ce fait, aujourd’hui, la moitié des services d’obstétrique français n’a plus de titulaire pour assurer le poste de chef de service… Ou un service de radiologie n’arrive plus à recruter de médecins spécialisés.
Un malade hospitalisé doit ainsi attendre sa sortie pendant trois jours pour avoir une échographie de contrôle non urgente. Trois jours d’hospitalisation inutile coûtent très cher. Heureusement, de nombreux médecins étrangers, peu diplômés et mal payés, permettent encore aux services de fonctionner. Pour finir, quand dix chirurgiens partent à la retraite, un seul a achevé ses longues études pour les remplacer. Tel est l’affreux gâchis de la médecine « gratuite et socialisée » à la française…

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Comments (4)

  • Gérard Pierre Répondre

    Je tiens à porter à la connaissance des lecteurs de ce forum 

    LE  CAS  SCANDALEUX  DE  LA  DECISION  CONCERNANT  L’ HÔPITAL  DE   C A R H A I X   DANS  LE  FINISTERE  !

    Bien situé géographiquement au croisement de plusieurs flux naturels de circulation de la population des environs, cet hôpital a rendu jusqu’à ce jour des services inestimables et a permis, par sa proximité, de sauver moult vies humaines qui eussent été perdues s’il n’y avait pas eu cette possibilité d’intervention de grande qualité dans un délai de parcours trés restreint.

    A présent, si vous avez une crise cardiaque à Carhaix ou dans l’une des bourgades avoisinnantes, vous devez aller vous faire soigner d’urgence ………… à Brest, ………. ce qui vous garantit quasiment de décéder durant le transfert !

    Le prochain mort, …….. ainsi bien sûr que les suivants, ………. seront à porter au crédit du compte du technocrate qui a pris ou suggéré la décision criminelle de fermer les services de cet  hôpital dont tout le monde s’accordait jusqu’à présent à louer la qualité  ….. ET LA RAPIDITE  des services, ……….. et tout cela sous le prétexte hypocrite de l’économie et du bon usage de l’argent des contribuables pendant que madame Dati fait exploser de son côté son budget de réception ! ………….

    Messieurs, et mesdames qu’on nomme Grand(e)s ………. réfléchissez  encore avant que tout ne soit irréversible ! …………. les Bretons ont toujours eu de la mémoire !

     

     

     

     

    28 mai 2008 à 11 h 39 min
  • Anonyme Répondre

    Je suis d’accord avec FLORIN, à ceci près qu’en France, on attends toujours le dernier moment et que la cata pointe son nez pour évoluer et moderniser.  Lamentable à l’ère de l’informatique !  Le Français sait très mal anticiper et prévoir ; il est lent comme tout.

    La médecine de brousse se répand, en effet, sauf que les malades présentent des cas de plus en plus difficiles (vu l’état de santé d’une majorité de la population et les qualités de l’alimentation médiocre).  Et avec un plateau technique obsolète, le médecin à de la peine d’autant qu’il y a un autre problème.  Comme j’en convenais avec un confrère spécialiste aussi, de plus en plus d’étudiants font les études juste pour avoir le diplôme, pas pour augmenter leurs connaissances et leur savoir-faire. Les vrais vocations sont rares. Dans les années 70, comme le disait mon oncle médecin-commandant, "s’ils n’ont pas les analyses, ils sont perdus, et dans 30 ans, même avec les analyses, ils seront paumés : le sens clinqiue se fait rare et hélas, il ne s’enseigne pas".  Et ça se vérifie.  Le niveau baisse, le numérus closus est mal adapté, bref, on va dans le mur sanitaire.

    Quant aux hôpitaux où les "efforts" que mentionne FLORIN sont mous et lents, il y a pléthore de gaspillage, de laisser-aller, de démotivation, de négligence, etc.  et pas mal de bévues (maladies iatrogènes et nosocomiales en hausse). Et je ne parle pas des arnaques à la Sécu et des pertes de fric énormes associées.  La France n’a plus de fric, ce qui se perçoit clairement de + en +.  Il est certain qu’il faut transformer 2/3 des hôpitaux en centre de long séjours ou maladies longues et concentrer les bons plateaux techniques pointus dans quelques hôpitaux régionnaux tout en développant les moyens de transport des urgences de façon très modernes aussi (hélicos) mais hélas très coûteuse, c’est sûr.  Celà dit, difficile pour un hélico de se poser dans une rue…  Il faut donc aussi un réseau autoroutier non saturé…  Ce qui n’est pas évident dans certains secteurs.  Quant aux urgentistes Français, comparés aux Américains entrainés carrément depuis les années 60 à la médecine de guerre (je les aies vu opérer plusieurs mois), on est très loin du compte au pays des escargots…

    Bref, la médecine Française est en train de glisser vers le bas.  Et avec l’immigration porteuse de pas mal de maladies venues d’Afrique (c’est une réalité à ne jamais oublier), on a du souci à se faire.  Tuberculose et syphillis se portent bien, d’autant que le réchauffement climatique avantage tous les vecteurs (insectes, rats, etc.)  Et prions fermement pour qu’il n’y ait pas un connard d’Al-Quaïda qui balance une arme biologique…  La plupart des médecins ne savent même pas le tableau étiologique et symptomatologique  de la peste qui n’est plus enseigné.

    28 mai 2008 à 8 h 50 min
  • Florin Répondre

    Pour vous rassurer, M. Trémeau : des efforts sont faits dans le sens que vous proposez, celui d’une concentration territoriale des services. On laisse dans les hôpitaux des petites villes, un-deux services (Urgences & Radiologie) tout le reste étant centralisé, parfois à 30-40 km. Ce qui implique une chose dont personne ne parle : le toubib urgentiste, dépourvu de plateau technique, doit TOUT faire, quasiment seul.

    C’est le retour à la médecine de brousse. Après tout, pourquoi pas. Sous certaines conditions, ça peut marcher.

    MAIS SACHEZ UNE CHOSE : pour TOUT faire, il faut être TRES COMPETENT, "avoir de la bouteille" comme on dit. Ce qui est rarement le cas dans les p’tits hostos au fin fond de la Picardie ou de la Lozère, qui tournent à mort (pardon, à fond la caisse …) avec de très jeunes  internes et quelques rares toubibs étrangers, recrutés à prix d’or et au compte-gouttes. Pas forcément mal payés (les cabinets de recrutement, qui ratissent vraiment large en Europe de l’Est, ont passé le message aux directions hospitalières, "vous voulez des médecins ? proposez alors des postes "échelon 4" (à 4268 euros brut, salaire de base … hors gardes, et en plus un logement de fonction cvasigratuit).

    Pas mal n’est-ce pas, pour ces médecins, qui, souvent compétents et motivés, ont un rendement inférieur à ceux qui ont accompli leurs études en France (ben oui ! la même molécule a un nom différent dans chaque pays, donc il faut se taper le Vidal à chaque patient pour pondre l’ordonnance …). Mais bon, c’est mieux que rien, et dans 6 à 12 mois, soit on les met dehors (le taux d’échec est très important, avoisinant les 40%), soit ils rattrapent le niveau général français.

    Que les patients soient rassurés : même dans la "brousse" picarde, on peut faire un infarctus et être sauvé : vive l’hélico, qui vole de plus en plus dans nos campagnes …
    C’est ça, la modernité : avant de rencontrer Dieu, vous faites à coup sûr une ballade en hélico.

    22 mai 2008 à 0 h 36 min
  • Arthur Gohin Répondre

    Je suis bien d’accord, mais cela manque de profondeur de vue, car la loi ne peut qu’entériner les moeurs. Je pense en particulier au livre: la révolution silencieuse de la médecine. En clair, c’est la bonne inspiration personnelle de chacun qui fait bouger les choses.
    Pour ce qui est de la radio thérapie, chacun peut consulter sur le net à Natural Source, Beljanski ou CIRIS, et se procurer les fragment d’ARN qui aident de façon décisive à supporter ces rayons. Ne comptez pas ni sur le public ni sur le privé pour être bien soigné d’un cancer. Ils connaissent surtout les méthodes de brutes.
    Que les lecteurs adultes et responsables se renseignent eux même.

    21 mai 2008 à 19 h 53 min

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