Il faut sortir d’urgence de l’euro !

Il faut sortir d’urgence de l’euro !

Comment se fait-il qu’on ait mis 20 ans (1992-2012) pour s’apercevoir « d’une carence essentielle de la zone euro » ? Prend-on les gens pour des imbéciles ?

On a modifié 3 fois (1997, 2000 et 2007), au motif de manques indispensables, un traité présenté en 1992 comme « complet et irréversible ». S’y ajoutent les projets de MES, de FDES et le Traité de « Règle d’or », jugés indispensables également. Et voilà encore une nouveauté présentée comme « essentielle » : une « capacité budgétaire propre à la zone euro ». À peine 20 à 30 milliards, pas d’impôt, seulement des emprunts, alors qu’on prétend, depuis 3 ans, maîtriser la dette existante ! D’ailleurs, comment rembourse-t-on les emprunts, sinon par des impôts ?

Tout cela pour « absorber dans une certaine mesure les ajustements aux chocs affectant certains pays victimes d’une crise imprévue ».

De quoi parle-t-on ?

On fait ici l’amalgame avec le phénomène dit « de choc asymétrique » qui désigne une déstabilisation politique grave, grève générale et prolongée, guerre, etc. – donc un événement soit imprévisible, soit extérieur. Or, nous avons affaire ici à des déstabilisations économiques dues aux délocalisations massives et aux contraintes de parité, qui ont provoqué un chômage et un endettement insupportables : ce sont des conséquences mécaniques du « système euro », donc internes et parfaitement prévisibles et prévues.

Mais ce risque a été accepté par les pays qui en sont aujourd’hui victimes, et aussi par les « autorités de Bruxelles ».

Il paraît assez arrogant de la part de ces « autorités » et des gouvernements qui les soutiennent, de dégager leur responsabilité, et d’en faire supporter le coût par tous les membres.

En 1992, le Traité de Maastricht n’a été voté qu’avec de faibles majorités, et sur des abandons graves, mais clairement limités. Si le programme complet (inclus les ajouts de 1997 à 2012) avait été honnêtement inscrit dès l’origine, presqu’aucun pays n’aurait donné son adhésion. On ne peut donc exiger davantage au motif qu’« il ne faut pas s’arrêter en route ». On a abusé de notre naïveté. Le déni de démocratie est consubstantiel à ce projet, et lui coûtera probablement la vie.

D’autre part, on atténue les effets, mais on ne supprime pas les causes. Un nouveau déversement de liquidités ne résoudra rien. Ce qu’on doit résoudre est structurel. Des parités irréalistes et non ajustables enfoncent chaque année la compétitivité des pays membres contre l’Allemagne.

Le choc de compétitivité que le gouvernement dit rechercher est à portée de main : en renonçant à la monnaie unique.

Mais tous refusent. Le coût du statu quo est considérable pour la communauté, mais l’image et la carrière des décideurs seraient fortement compromises par une telle décision. Leur intérêt paraît primer de plus en plus sur celui des populations, comme on le voit dans le triste cirque de l’UMP. Cette dérive est à l’origine de beaucoup d’autres, comme les politiques de l’immigration, de la justice, de l’école, de la famille, etc. Cela non plus ne durera pas éternellement.

D’autre part, le « sauvetage grec » de cette semaine consiste, pour la BCE, à donner à la Grèce l’argent qu’elle lui doit, pour qu’elle le lui rembourse… C’est reconnaître que la Grèce est en faillite, et cela aggravera encore sa dette future. Comme d’habitude, on essaie de gagner du temps.

Il est fort probable qu’on n’évitera pas la perte de la plus grande partie de la dette grecque. Mais la moindre des choses serait alors de faire disparaître le système euro qui en est la cause. Cela éviterait toute autre dérive dont l’ampleur sera sans commune mesure avec celle de la Grèce. On doit racler les fonds de tiroirs pour ce petit pays, mais, pour les autres, il n’y aura même plus de tiroir !

Partager cette publication

Comments (7)

  • goufio Répondre

    Vous exposez deux éléments : la monnaie unique et la gouvernance/convergence européenne. L’euro tout d’abord est mal conçu, les Anglais, préliminairement au Traité de Maastricht, voulait un grand marché et une monnaie commune au plus (il n’était pas question d’une monnaie unique à tous les pays), chacun conservant sa monnaie nationale (seule unité de mesure d’une économie nationale et non mesure d’économies disparates). Les Mitterrand/Chirac et consorts, sans aucune culture économique, bien décidés à ne pas converger dans une Europe unie et forte, pour garder leurs pouvoirs nationaux, malgré des paroles de circonstance. On constate aujourd’hui la pertinence de cette stratégie. Ensuite, la convergence, dès le départ, pour la raison précédente, on ne pouvait s’attendre qu’à des freins de toute nature pour ne pas faire plus d’Europe. Pour faire cette Europe unifiée, il aurait fallu des volontés au-delà des intérêts personnels électoralistes, mais une vue supra nationale explicitée avec une pédagogie forte et constante qui aurait été maitrisée par un homme d’Etats (j’ai bien écrit au pluriel) digne de cette vision. Au lieu de cela nous avons assisté à des reniements constants de tous les traités signés en grande pompe avec des mines satisfaites sur toutes les photos de fin d’accords, avec cependant la perfidie, non affichée mais farouche, de ne rien respecter au moindre problème. Il en sera donc de même du dernier Traité budgétaire dont le nom est Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), c’est peu dire qu’on dénature déjà le nom avant l’impuissance d’application. En effet, l’article 3-2 impose une situation budgétaire à l’équilibre ou positive, il ne s’agit donc pas d’une « règle d’or à 3% » et l’article 4 oblige les « parties contractantes à réduire leur dette à raison de 1/20e pour revenir à 60 %» (pour la France depuis la signature en novembre 2012, elle doit donc déduire sa dette de 92,2 milliards (4,61% du PIB) par an à partir de la ratification, c’est à dire maintenant ! En plus, d’un déficit zéro soit 90 milliards (4,50%) est-ce bien sérieux et 477 députés ont voté ce texte totalement irréalistes.
    Il est flagrant que sans une volonté européenne et non pas 27 ou 17 volontés nationalistes, donc une vision supra nationale, la réussite de l’Europe (UE 27) n’a pas de sens, si ce n’est que de continuer à construire des structures juridiques que l’on peut dénommer « machins européens » pour y caser des fonctionnaires européens (qui souhaitent partir en retraite à 50 ans avec une pension de 9 000 euros par mois et plus avec situation(s) antérieure(s)) mais dont le sort commun n’est pas leur préoccupation première en établissant des directives qui vont à l’encontre de la liberté individuelle et d’entreprendre, en réglementant tout et même n’importe quoi (je pense au vin rosé dont tous les vignerons ont pu juger du haut niveau de connaissance technique de ces règle-menteurs) et de mesures élaborées par un certain Michel Barnier dont les faits d’armes comme ministre de la pêche l’ont amené au Commissariat-des-affaires-intérieures-européennes-et-à-la-réglementation-bancaire-et-financière du fait du prince, pour apprendre aux professionnels (6000 banques,7000 compagnies d’assurance, autres organismes financiers, gestionnaires de fonds et intermédiaires en tous genres, etc. soit au total des millions de personnes qui devaient travailler n’importe-comment…avant !) à travailler comme il le conçoit, lui, pour que l’on ne « revoit plus jamais ça ! » (paroles prononcées par Nicolas Sarkozy en novembre 2008 au Sommet de Washington). Mais M Barnier avait-il entendu parler avant sa nomination à ce poste, en 2010, du risque Herstatt ? Dès 1974, les 3 accords successifs de Bâle ont mis en place un cadre réglementaire et prudentiel suffisamment strict pour éviter non seulement les faillites, mais aussi leurs répercussions sur d’autres secteurs de l’économie. Cela fait donc 38 ans M Barnier, que les règle-menteurs sont passés par là et que des centaines de milliers de régulateurs n’ont pas fait leur travail de prévention.
    Pour en finir avec la gouvernance/convergence européenne, nos dirigeants doivent en finir avec leur vision pro-nationaliste et de concurrence entre eux afin d’améliorer la productivité, faire une dévaluation interne des coûts (salaires) tout en maintenant l’équilibre social et surtout faire confiance aux entreprises qui sont les seules à créer des emplois productifs. Ils doivent en outre arrêter cette politique suicidaire d’accroissement de la liquidité avec encore plus de dette alors que le problème est la solvabilité. Ces taux d’intérêts de plus en plus bas favorisent des investissements non rentables dans des circonstances normales de marché et la création de bulles qui ne demanderont qu’à éclater le moment venu et créer à nouveau des déséquilibres qui risquent à un moment d’emporter tout le système, mais là il sera trop tard.

    9 décembre 2012 à 11 h 06 min
  • Jaures Répondre

    Une question toute simple: si l’euro est cause de tous nos maux, pourquoi les pays qui ne l’ont pas adopté ne se portent-ils pas tous beaucoup mieux, sans chômage ni endettement ? Ainsi, le champion toutes catégories de l’endettement est le Japon avec 225%/PIB. A cause de l’euro ?
    Le RU cumule également déficits, endettement public et privé, chômage et cures d’austérité. A cause de l’euro ?
    Rappelons que les mêmes, notamment Trémeau, qui pourfendent l’euro nous donnaient comme modèle l’Irlande il n’y a pas si longtemps alors qu’elle était déjà dans la zone euro.
    Enfin, quoi que très élevé, notre taux de chômage est inférieur à celui que nous connaissions en 1997 (+ de 12%) alors que l’euro n’existait pas.
    On le voit bien, dire que l’euro est la cause de la crise économique ne tient pas l’épreuve des faits.

    7 décembre 2012 à 17 h 05 min
  • JEAN PN Répondre

    La France vit à crédit. Nos fonctionnaires sont payés tous les mois grâce aux emprunts. Nos militaires ne sont plus payés…Où allons-nous ? Quand y aura-t-il un Tribunal pour juger et condamner ceux qui nous on mis dans ce pétrin ? Combien de temps cela va-t-il encore durer ?
    Réponse: Quand nos concitoyens seront fiers d’être Français et feront ce qu’il faut pour le rester !…

    7 décembre 2012 à 9 h 53 min
  • dorothee13 Répondre

    Pour les autres pays, il n’y aura plus de tiroir, vous êtes gentil, je dirai plutôt qu’il n’y aura plus de meubles, 2013-2014 le chômage augmentera encore et encore, emprisoné dans une dette délirante, pas de marge de manoeuvre, la sortie de l’euro à mon avis se fera quand ns seront au pied du mur (taux d’emprunt revu à la hausse) et là bonjour les dégâts !

    6 décembre 2012 à 22 h 18 min
  • Yves MOREAU Répondre

    Ce n’est pas l’€ le problème.
    Le problème est la dette des états et comme ils ne peuvent plus dévaluer la monnaie comme le fit Mitterrand 3 fois en deux ans…
    Et comme le crédo de la gauche est: Comme disait Winston Churchill « On considère le chef d’entreprise comme un homme à abattre, ou une vache à traire. Peu voient en lui le cheval qui tire le char. »

    6 décembre 2012 à 13 h 48 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      je vous remercie pour cette citation de W. Churchill ( homme que je déteste par dessus tout ) je remplacerai volontiers CHAR par CHARRUE

      6 décembre 2012 à 17 h 28 min
  • Banro Répondre

    Dès la mise en place de l’euro j’ai dit que l’on avait mis la charrue avant les boeufs !
    Il fallait d’abord uniformiser dans les pays participants tous les systèmes d’impots, de taxes, de TVA, de cotisations sociales etc…
    On voit aujourd’hui le résultat.

    5 décembre 2012 à 22 h 00 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *