Inflation et concurrence

Inflation et concurrence

Deux études sur l’inflation viennent de sortir : une faite à la demande de l’association « Que Choisir », et l’autre, réalisée par l’INSEE, à la demande de Nicolas Sarkozy, alors ministre des Finances. Elles révèlent toutes les deux que les prix des produits de grande consommation augmentent plus rapidement que l’indice général des prix. Et que les prix augmentent plus dans les grandes surfaces que dans les autres formes de distribution.

« Que Choisir » rend bien-entendu les distributeurs responsables de cette inflation et réclame la mise en place « d’une autorité de régulation ». Le ministre des Finances avait contraint de son côté les grandes surfaces à baisser leurs prix. Sa mesure a immédiatement été efficace et les prix ont baissé de 1,1 % dans les trois derniers mois. Mais la baisse a été inférieure à celle qui avait été programmée et, pour le futur, aucun accord n’a pu être signé. Les prix risquent donc de reprendre leur hausse, du fait que les causes de l’inflation n’ont pas été supprimées.

Une fois de plus, nous assistons à un jeu politique bien français. Dans un premier temps, le gouvernement commet une erreur économique. Il ordonne des mesures inflationnistes.

Il prend de l’argent aux entreprises pour remplir les caisses de l’État. Il contraint les entreprises à payer plus cher leurs salariés, en réduisant le temps de travail ou en augmentant le SMIC. Il s’oppose, avec la loi Galland, à la libre concurrence qui fait baisser les prix. Il crée aussi un grand déficit budgétaire pour augmenter la demande afin de relancer l’économie.

Il réduit ainsi, avec une constance remarquable, les capacités financières de l’offre, tout en augmentant celles de la demande. Les prix montent automatiquement, c’est normal.

Dans un deuxième temps, l’inflation étant là, le gouvernement part en guerre. Il désigne le coupable. Ce n’est, bien entendu, pas lui. Ce n’est pas non plus le consommateur qui a dans son porte-monnaie les euros qui lui permettent de payer à la caisse tout ce qu’il a dans son caddy. C’est le vilain commerçant qui fait valser les étiquettes pour s’en mettre plein les poches. Dans l’esprit de bien des responsables politiques, il n’y a d’ailleurs pas de grande différence entre un commerçant et un voleur. Le dieu grec Hermès était déjà le patron des commerçants et des voleurs. Rien n’a changé depuis 2 500 ans dans la conscience populaire…

Le pouvoir politique décide donc de contrôler les prix pour défendre les gentils consommateurs. Or, l’augmentation des prix n’est en fait qu’une banale recherche d’un équilibre économique, l’équilibre entre l’offre et la demande, entre les produits prêts à être vendus et l’argent prêt à les acheter. Dans cette recherche d’équilibre, la concurrence est un facteur essentiel de stabilité. La chaîne américaine de grande distribution Wal Mart a pour slogan « À qualité égale, nous sommes toujours les moins chers ». Les profits de Wal Mart sont très importants, mais les prix baissent. Or, curieusement, en France, on n’aime pas la concurrence. On préfère l’intervention de l’État.

Finalement, pour lutter contre l’inflation, il faut respecter les lois économiques. Il faut d’abord ne pas mettre trop de monnaie en circulation et depuis que la France a confié à la banque centrale européenne ce rôle, l’inflation de notre monnaie, l’euro, reste faible.

Puis, il ne faut pas créer des circuits inflationnistes en réduisant la monnaie dont disposent les producteurs et en la distribuant aux consommateurs. Ensuite, il ne faut pas créer un déficit budgétaire pour relancer la demande. C’est l’inflation qui est relancée.

Enfin, il faut laisser la concurrence intervenir avec toute sa puissance dans le marché, en particulier ne pas s’opposer à la mondialisation. Sa contrainte sur les prix est mille fois plus efficace que celle qu’un gouvernement essaye de mettre en place. Il ne faut pas revenir au marché noir…

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Comments (7)

  • Bourbaki Répondre

    “Dans ma perspective, un chef d’entreprise qui par son travail fait vivre 500 familles française est une chance (quelque soit l’écart des salaires)…” J’en conviens mais, comme vous le dites, à la condition qu’il soit possible pour chacun de vivre décemment de son travail. Et je doute fort que ce soit l’objectif, tant du patronat que du gouvernement, surtout dans cette conjoncture internationale.

    15 janvier 2005 à 18 h 27 min
  • Thierry Orlowski Répondre

    Cher M. Bourbaki, Cher lecteur, Merci de votre message. N’ayez surtout aucun regrets : Sans contradictions et écoute, aucune évolution n’est possible pour aucun d’entre nous. Pour revenir a la questions des écarts de revenus… Je pense qu’il ne faut pas chercher de réponses dans les revenus lui-même, mais la faculté d’accomplissement de nos vies qu’il permet. Je m’explique : fondamentalement, selon la « pyramide des besoins » de Maslow, nous désirons tous plus ou moins la même chose : Avoir une certaine sécurité matérielle, un toit ou l’on peut vivre dans de bonnes conditions, de quoi nourrir sa famille, des loisirs etc…jusqu’à un accomplissement de soi a travers un métier ou une vocation qui donne sens a nos vies… Lorsque l’on est au sommet de la pyramide de nos besoins, l’argent devient beaucoup plus secondaire…Cela devient un « plus »…En ce qui me concerne, que le patron de General Motors gagne 200 fois ce que gagne le plus petit employé de son usine n’a pas vraiment d’importance : ce qui est important est le bien-être de cet employé, sa situation dans la pyramide, le fait qu’il puisse nourrir sa famille, vivre dans conditions décentes, etc… Comme vous l’avez très bien dit, nous sommes condamnés à vivre ensemble…Mais peut-être s’agit-il la d’une chance et non d’une condamnation. Dans ma perspective, un chef d’entreprise qui par son travail fait vivre 500 familles française est une chance (quelque soit l’écart des salaires)… De plus, vu la manière dont il est taxé dans notre pays, c’est aussi une chance qu’il ne déménage pas en Corée pour que cela lui coûte 4 fois moins d’entreprendre !! Je pense qu’il n’est pas seulement important, mais vitale, que l’on ne tombe pas dans le piège syndical du « scandaleux salaire de Mr.x », mais que l’on apprécie l’entente dont vous parlez sans laquelle rien n’est possible. Merci encore de vos commentaires, et de l’enrichissement que vous apportez a notre débat. Cordialement Thierry Orlowski

    14 janvier 2005 à 21 h 36 min
  • Bourbaki Répondre

    J’ai été un peu provocateur avec vous, M. Orlowski, et je le regrette car je vois que vous êtes fort bien éduqué. Je lirai ce livre que vous me recommandez, mais je doute d’être convaincu. Inutile de refaire le débat de l’oeuf et de la poule, mais dans notre régime d’économie de marché, riches et pauvres sont interdépendants. Condamnés à vivre ensemble, il faut s’entendre et pensez-vous vraiment que l’entente soit possible avec tant d’écarts entre les revenus ?

    13 janvier 2005 à 21 h 49 min
  • Thierry Orlowski Répondre

    Cher Lecteur, Cher Mr.Bourbaki, Les travailleurs “n’engraissent” PAS les riches. Ce sont les pays les plus pauvres du monde (dans lesquels il n’y pas/peu de riches) qui sont les pires a vivre (l’on voit les pires cas de prostitutions infantiles et autres). Plus un pays a de riches, plus ce pays a d’entrepreneurs et plus ces entrepreneurs competitionne pour offrir des conditions decentes a leurs employees (les lois du marchés s’appliquent au marché du travail). Les riches deviennent plus riche….mais les pauvres aussi(i.e la chine..)!! Si vous voulez aller plus loin dans ces reflexions, je vous recommande l’ouvrage “ce qu’on ne voit pas” de frederic Bastiat: l’economiste Francais le plus lu au monde (en particulier, hors de France)…. Cet ouvrage est une réponse a Germinal et explique par des exemple concret comment le marché court-circuite la pauvreté. Il s’agit également du livre de chevet d’Alain Madelin qui a d’ailleurs préfacé la derniere édition. Cordialement Thierry Orlowski

    13 janvier 2005 à 17 h 29 min
  • Bourbaki Répondre

    “Coluche disait:”heureusement qu’il y a les riches pour nourrir les pauvres…” Holà, camarade ! Je crois rêver : c’est du second degré ! Ce sont bien les travailleurs pauvres qui engraissent les riches ! Et la Terre qui gravite autour du Soleil : la religion aussi se plante !

    12 janvier 2005 à 20 h 54 min
  • Thierry Orlowski Répondre

    Cher Lecteur, Coluche disait:”heureusement qu’il y a les riches pour nourrir les pauvres…”. Depuis maintenant plus de deux decennies,l’état Français a eu recourt a tous les stratagemes pour prélever de l’impots partout dans le simulacre d’économie de marché que représente la France d’aujourd’hui. Durant les années Mitterrands, on arrivait a cacher…Certainement, la réalité était visible: On entreprenait moins et le chomage était devenus visible; mais les tentacules socialistes de l’imposition sauvages était encore discrete….alors on a continué.. jusqu’aujourd’hui. 2004: Trois gros nouveaux problemes se posent: le premier est le papy-boom et le deuxieme est une immigration non-intégrable dans le processus d’emploi. La France d’aujourd’hui n’est plus capable de payer la retraite (a un actif pour presque deux passifs d’ici 2010) la quantité de retraité qui “pensent” avoir cotisé toute leur vie pour leur retraite(et que l’État Français leur a volé). Deuxieme facteur: selon les renseignements généraux, 95% des immigrés sont inemployable, c’est a dire qu’ils n’ont pas le niveau d’éducation requis ou le métier, pour intégré rapidement le marché du travail. Toutes ces personnes ont droit aux RMI….et la famille qui les accompagnent aussi!! Cela représente des sommes faramineuse qu’il faut bien trouver quelque part. Dernier facteur est la pauvreté accumulée par cette “Imposuccion” dans les entreprises….Les personnes disposant de moyens, d’intelligence, d’entreprises quittent la France devenue trop chere pour aller s’établir ailleurs: Dans d’autres pays comme en Irlande, ou ils n’auront pas a payer d’impots pendant dix ans!!! Ce petit jeu dure depuis maintenant plus de 20 ans…. La France d’aujourd’hui est un Titanic….A l’image du film je pense qu’il n’y a guere de doute sur l’issue de ce désastre. Cordialement, Thierry Orlowski

    11 janvier 2005 à 22 h 20 min
  • LESTORET Répondre

    Le mieux, Mr Trémeau, serait de supprimer tout Gouvernement et de laisser les grandes surfaces s’occuper des prix. Pourquoi pas ? On arriverait sans doute plus vite à la fin.

    9 janvier 2005 à 22 h 38 min

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