Interdiction arbitraire

Interdiction arbitraire

Dimanche 21 mai devait se tenir un colloque de l’Institut Iliade en hommage à Dominique Venner – qui s’était suicidé dix ans plus tôt, jour pour jour, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.

J’avoue volontiers que ce suicide m’avait choqué et la lettre d’explication ne m’avait pas franchement convaincu : l’écrivain s’y réjouissait d’avoir vu une jeunesse française, nombreuse, joyeuse et militante, à l’occasion de l’opposition à la loi Taubira mais en tirait la conclusion que le combat était perdu d’avance ; et il affirmait vouloir défendre la longue mémoire européenne mais profanait l’un des plus beaux monuments du patrimoine français.

Bref, même si j’ai lu avec beaucoup d’intérêt bon nombre de livres de cet historien talentueux, je suis loin d’être un inconditionnel.

Pourtant, j’avoue que j’ai trouvé sidérant que le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, décide d’interdire ce colloque – qui devait avoir lieu dans un lieu privé – avec essentiellement cette « justification » ahurissante : « Il existe des risques sérieux pour que, à l’occasion de cet hommage, des propos incitant à la haine et à la discrimination soient tenus. »

Les pouvoirs publics ne se contentent plus de condamner les actes, ni même les paroles, ni même les pensées.

Ils condamnent désormais les paroles « qui pourraient être dites » – en attendant les pensées potentielles.

Autrement dit, nous sommes très avancés sur la voie du totalitarisme puisque, dans la pratique, une telle décision revient à interdire de parole (même privée !) toute personne qui aurait le malheur de déplaire au Pouvoir.

Nous voici revenus à la loi des suspects, chère à Marianne Ière : avant même de savoir ce que nous avons fait, le simple fait de savoir qui nous sommes permet de nous disqualifier.

J’avais été abasourdi de constater qu’Éric Zemmour ou Dieudonné M’Bala M’Bala pouvaient être condamnés pour une arrière-pensée supposée (et supposée « éclairer » leurs propos).

Désormais, il semble que ce soit tous les citoyens français qui les rejoignent dans cet abîme d’arbitraire.

Quoi que l’on pense de l’Institut Iliade ou de Dominique Venner, c’est une question de principe que de soutenir le droit du premier à n’être éventuellement sanctionné que sur ce qu’il aurait commis effectivement de délictueux, non pas sur les délits qu’il pourrait hypothétiquement commettre.

Faute de quoi, nous pouvons tous être condamnés comme meurtriers « potentiels ». Ce n’est plus de la justice, ce n’est plus du droit ; c’est de l’arbitraire et la loi du tyran.

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Comments (1)

  • Sansillusions Répondre

    En résumé, c”est bien ce que j’ai écris auparavant : en France , la formule des 3 singes est largement dépassée. A savoir, aux injonctions classiques du genre : ne rien dire, ne rien voir, ne rien entendre, désormais ce gouvernement vous ajoute NE RIEN PENSER. Et ça vous saoule à longueurs d’ondes du mot fourre tout “démocratie”. Le jour où tout cela partira en vrille, je ne serais pas le dernier à applaudir. Méprisons les mépriseurs. Que le diable les emporte.

    31 mai 2023 à 9 h 47 min

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