Jusqu’où l’Amérique peut-elle s’endetter ?

Jusqu’où l’Amérique peut-elle s’endetter ?

La crise économique et financière, née aux Etats-Unis, rebondira-t-elle aussi à partir des Etats-Unis ? C’est ce que peut laisser craindre la lecture d’un article de Jean-Marc Vittori dans Les Echos du 4 mars.

« L’Amérique va se cogner la tête, ou plutôt la dette, dans le plafond », écrit Vittori. Car les élus du peuple américain, qui fixent depuis 1917 un plafond à la dette publique, n’ont eu de cesse de le rehausser chaque année depuis dix ans. Le 12 février 2010, le plafond a ainsi été relevée à 14 294 milliards de dollars, et la semaine dernière la dette était à moins de 100 milliards en-dessous de cette limite, soit environ 14 200 milliards.

Les 1er et 2 mars, les députés puis les sénateurs « ont voté fissa une loi repoussant le choc qui aurait pu se produire dès aujourd’hui », observe l’éditorialiste des Echos. Néanmoins, poursuit-il, « D’ici au 31 mai, selon les calculs minutieux du Trésor, le Congrès devra avoir voté un nouveau plafond. Sinon, ce sera l’apocalypse financière dans un pays où la raison d’Etat ne saurait l’emporter sur la puissance de la loi : des fonctionnaires à la rue, des pauvres et des retraités privés de prestations, et le premier défaut de l’Amérique sur sa dette en plus de deux siècles d’histoire. »

Une situation apocalyptique, en effet.

Le débat promet d’être vif « entre des républicains qui entendent sabrer dans les dépenses publiques et les démocrates qui veulent préserver l’Etat providence ». Mais le préserver jusqu’où, et plus exactement jusqu’à quel sommet d’endettement ? La dette publique américaine dépassera l’an prochain 100 % du PIB. Le déficit public a dépassé 11 % du PIB en 2009 et en 2010, et devrait être du même ordre en 2011.

Jean-Marc Vittori souligne la différence avec les pays de la zone euro, où le déficit est resté très inférieur. Ainsi, « trente mois après le paroxysme de la crise marqué par la chute de la banque Lehamn Brothers, l’Europe relâche la pression alors que les Etats-Unis gardent le pied à fond sur l’accélérateur. Au risque de partir dans le décor budgétaire, comme l’ont signalé les agences de notation, pour la première fois de l’histoire. »

Le journaliste avance sept explications de cette différence entre l’Europe et l’Amérique, en particulier. Certaines procèdent de différences d’appréciations, mais j’en retiendrai principalement trois :

  • pour sortir de la crise l’Amérique mise, plus que l’Europe, sur la croissance, qui « pourrait dépasser cette année toutes les prévisions ». Reste que « le rebond a été acheté à crédit. Et le rendement est médiocre ».

  • L’Amérique « use et abuse du "pouvoir exorbitant" d’imprimer la monnaie mondiale ». Il est certain que ce pouvoir ne la porte pas à la prudence.

  • L’économie américaine « va, en réalité, plus mal qu’on veut bien nous le dire, et il lui faut donc des remèdes de cheval ».

Jusqu’à quand pourra-t-elle « user et abuser » de ces remèdes ? Vittori conclut que « l’Amérique est sur une trajectoire insoutenable ». Reste à savoir quelle distance il lui reste pour la modifier avant l’accident.

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Comments (1)

  • grepon Répondre

    Malheureusement trop d’americains ne veuleunt absolumment pas a ce qu’on touche a "Social Security" ou "Medicare", qui sont deux programmes en croissance inexorables.    Le Republicans ne parlent plus de ca, depuis que Bush a depense des ses credits post-9/11 pour essayer de faire quelque chose de pratiquable avec Social Security ne particulier.      Sachez que sur un deficit projete de 1.6 mille milliards de dollars pour l’annee en cours, les Republicans n’ont pas pu trouver plus que 0,061 mille milliard de dollards avec leur sabres, et meme sur ce rien du tout les Democrats resistent.    Pour l’instant la "Federal Reserve" sorte de banque centrale quasiment prive et quasiment independant, achete la majorite de la dette(par l’intermediaire de "primary dealers" comme Goldman Sachs), ce qui se resume a faire tourner la planche a billets toute en donnant encore plus de sous a des banques connectees sous la table.    La republique a ete, et se vend toujours, tres peu cher pour tout le sang et al sueuer depense sur les plus de 230ans d’existence de ce pays "land of liberty."      Ca va finir tres mal, surtout a l’entranger d’aillieurs.

    7 mars 2011 à 9 h 56 min

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