La fin de l’euro est proche

La fin de l’euro est proche

Dans le « New York Times » du 10 juin, Paul Krugman, Prix Nobel d’Économie, remarquait, comme je l’ai fait dans ces colonnes (très honoré d’un tel renfort !), que tous les « efforts » et initiatives de la Commission de Bruxelles se concentraient sur le sauvetage des banques et de l’euro, sans la moindre considération pour le sort des populations, à qui on prétend imposer une baisse brutale des salaires et des retraites, des restrictions de toutes sortes, et des impôts supplémentaires en prime. Bref, de lourdes punitions pour des fautes qu’elles n’ont pas commises.
On paraît oublier que l’objet de la science économique est d’optimiser les ressources disponibles pour améliorer, autant que faire se peut, le sort des gens.

La politique monétaire, à plus forte raison les banques, ou une monnaie déterminée, ne sont que des moyens. Quelle logique (sans parler de morale) cela a-t-il de faire passer les moyens (d’ailleurs remplaçables) avant les fins ? D’ailleurs, a-t-on déjà vu un pays étrangler sa population pour sauver sa monnaie ? Il faut vraiment être gouvernés par des gens non élus et irresponsables pour voir une pareille stratégie. Et de qui tiennent-ils un tel pouvoir de nuisance ?

Mais ne prenons pas ces gens pour des idiots. C’est tout simplement que tout est inversé : ces moyens (en particulier l’euro) sont « leur objectif » (de puissance) à eux, et les populations, qu’un moyen de les atteindre… Plus cynique que moi, tu meurs !

J’ai déjà écrit à plusieurs reprises que, pour de nombreuses raisons, la disparition de l’euro me paraissait inéluctable. Je suis ravi de lire la conviction de Krugman, selon lequel l’affaire est « pliée ». Je cite : « L’Europe ne serait pas dans cet embarras si la Grèce avait sa Drachme, l’Espagne sa Peseta, l’Irlande sa Livre… parce qu’ils auraient ce qui leur manque… la dévaluation. » Et, plus loin : « Il devient de plus en plus clair qu’il faudra une catastrophe complète pour avoir une politique qui aille au-delà du renflouement des banques. Mais ne désespérons pas, au train où vont les choses, spécialement en Europe, la ca­tastrophe complète pourrait bien être au coin de la rue. »

Cela rappelle ce qu’écrivait Jacques Bainville en 1920, ju­geant irresponsables les conditions imposées à l’Allemagne par les Traités de Versailles et du Trianon : « Pour que les conséquences apparaissent aux nations, il leur faut des catastrophes, ou le recul de l’Histoire. »
Apparemment, depuis un siècle, tout a progressé, sauf le jugement !

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Comments (8)

  • Anonyme Répondre

    Encore une fois, je reste persuadé que si nous avions construit l’Europe dans le bon ordre en créant une confédération des états européens (CSE), puis une présidence et une BCE avec les mêmes pouvoirs que la Fed, et enfin une politique générale cohérente, nous pourrions avoir une politique monétaire cohérente et un euro stable. Mais on a tout fait à l’envers. Le château de carte risque de s’éffondrer.

    4 septembre 2012 à 12 h 52 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Dans quelques décennies on lira dans les livres d’histoire que l’euro a été une aberration mise sur pieds par une bande de pieds nickelés avec pour mission de dépouiller les peuples de leurs économies. Mission accomplie!

    1 septembre 2012 à 10 h 51 min
  • goufio Répondre

    Il est remarquable qu’un F hollande se dise prêt à défendre l’euro coûte que coûte et que la Grèce doit restée dans la zone euro alors que son prédécesseur détestable l’était aussi. Il l’est cependant plus normal d’un F Hollande dont les moyens l’emportent sur la fin puisque le principe socialiste est le socialisme et non pas l’humain. Mais d’un P Krugman, keynésien dans l’âme qui est donc pour la perversion même de la monnaie par l’émission inconsidérée de cette dernière au détriment des peuples est d’autant plus surprenante.

    1 septembre 2012 à 10 h 16 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    @ pi14116

    quand on peut " bien " vivre sur le crédit que vous font les autres pourquoi se priver d’un "bonheur " facilement accessible ?
     le fédéralisme européen , et SA mutualisation des dettes dites souveraines , n’est simplement que la suite logique de ce comportement de spoliation : l’Allemagne paiera !

    1 septembre 2012 à 9 h 23 min
  • pi31416 Répondre

    Quand l’euro est apparu (2002) cela faisait 80 ans que la France carburait à coups de dévaluation. La période de stabilité de sa monnaie, de Napoléon à la Guerre de 14-18, n’avait été qu’une aberration dans une longue tradition allant de la spoliation plus ou moins sournoise (e.g. John Law, la République et ses assignats) à l’assassinat pur et simple des créanciers (e.g. Philippe le Bel et les Templiers)

    Soudain mise dans l’impossibilité d’arnaquer son bon populo, populo bête au point de ne pas se rendre compte du coup de bonneteau, Marianne pique sa crise, c’est normal, comme un cocaïnomane que l’on envoie se désintoxiquer "cold turkey", et elle accuse l’euro au lieu de se regarder dans la glace et dire "tu n’es qu’une pauvre fille infoutue de gérer tes sous".

    1 septembre 2012 à 8 h 12 min
  • Anonyme Répondre

    "Le cynisme ? C’est connaître le prix de tout et la valeur de rien" (Oscar Wilde)

    29 août 2012 à 18 h 56 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    pourquoi se réjouir " bêtement " de la fin de l’Euro ?

    n’était ce pas ce qu’ont toujours souhaité les " banquiers " de New-York ?

    le dollar est aussi sinon davantage malade que l’Euro , et c’est la chute de cette dernière devise qui le sauvera ( peut être ) *

    rester dans le sillage d’un bateau qui sombre est mortel , tous les marins le savent !

    * je ne souhaite pas personnellement

    29 août 2012 à 18 h 07 min
  • Fucius Répondre

    Krugman est stupide.

    "Bref, de lourdes punitions pour des fautes qu’elles n’ont pas commises. "

    Les français pouvaient élire Raymond Barre, ils ont voté socialiste. D’où les politiques mégalo et soviétiques, avec pour conséquences: Ruine économique, surendettement pour financer quand même les politiques mégalo, création monétaire débridée à cause de l’endettement, ruine de la monnaie.

    Les banques ne sont pas responsables de la création monétaire débridée, même si elles sont aux premières loges pour en bénéficier, contrairement à l’industrie (l’indépendance de la BUBA explique en partie la santé de l’industrie allemande).

    Quoi qu’il en soit l’Euro est fini.

    29 août 2012 à 18 h 07 min

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