La TVA sociale enterrée
Deux papiers viennent de tomber le 11 septembre. Un rapport de plus de 300 pages, nuancé, rédigé par des économistes sous la direction d’Éric Besson. La TVA sociale semblerait « favorable à la compétitivité des entreprises françaises. » Mais elle exposerait l’économie française à l’inflation. Elle contraindrait à lutter contre l’inflation.
Une note percutante de quelques pages de Bercy commandée par Christine Lagarde et rédigée par ses énarques souligne que la TVA sociale aurait « probablement des répercussions, du moins à court terme, sur la consommation et la croissance ». À cause de l’inflation qu’elle induit.
Notre Premier ministre a donc repoussé aux calendes grecques la manipulation fiscale consistant à remplacer les impôts payés par les entreprises par des impôts payés par les consommateurs.
Dans le même temps, des chiffres sont tombés concernant l’économie américaine et l’économie française.
Or, l’économie américaine va mal. Après avoir suivi une politique monétaire trop laxiste créant une bulle inflationniste immobilière, elle a été contrainte à suivre une politique monétaire trop restrictive pour s’opposer à l’augmentation bien trop rapide du prix des maisons. Le chômage est donc au rendez-vous aux USA (voir les merveilleuses courbes et les commentaires du nouveau blog de Jean Pierre Chevallier http://jpchevallier.com/). Jusqu’à maintenant, depuis des décennies, quand l’économie américaine va mal, l’économie européenne va mal 6 mois plus tard. À moins d’un miracle, une reprise du chômage est prévisible en France avant la fin de l’année.
Or, les nouveaux chiffres de l’économie française sont mauvais. La compétitivité de nos entreprises continue à se dégrader. Nous consommons de plus en plus de produits étrangers. De ce fait, la croissance de notre production sera certainement bien inférieure à 2 %. Notre chômage a cessé de diminuer. Tout cela annonce pour l’automne une reprise du chômage et de la dette publique…
Nos gouvernants sont totalement responsables de cette situation. Ils ont encore augmenté, en 2006, les charges pesant sur les entreprises françaises alors qu’ils ont progressivement ouvert, depuis 1969, le marché français aux voitures allemandes ou aux jouets chinois. Ils sont persuadés qu’en chargeant de semelles de plomb les chaussures de notre XV de France national, Bernard Laporte va leur faire remporter plus facilement la coupe de rugby…
Avant la fin de l’année, le coup de frein américain va s’ajouter au freinage bien entretenu par les gouvernements français. Le nombre de nos « jeunes » sans travail augmentant, ils seront encore plus nombreux à trouver un moyen de dépenser leur énergie entre copains : incendier quelques voitures, se mesurer avec une bande adverse, castagner au passage quelques flics ou piller quelques magasins. Quand le chômage dépasse 20 %, les troubles sociaux apparaissent.
Mais un miracle est toujours possible. Quelques énarques de Bercy peuvent, par exemple, brusquement, comprendre ce qu’est une PME, avec ses clients à satisfaire, son compte d’exploitation et son bilan à équilibrer, son obligation de faire des bénéfices pour pouvoir investir, c’est-à-dire augmenter sa productivité pour rester compétitive.
Quelques énarques de Bercy peuvent aimer le rugby et comprendre que la concurrence internationale est tout aussi incontournable sur le plan économique que sur le plan sportif. Qu’une PME française de 15 salariés écrasée de charges, d’impôts ou d’obligations légales ne peut faire que du sur place et ne peut plus être compétitive. Qu’une PME de 15 salariés ne peut posséder un dirigeant ayant le temps de lire et de comprendre les milliers de pages du code du travail, code déjà affreusement obèse, mais grossissant encore tous les ans un peu plus grâce aux énarques…
Nicolas Sarkozy dit et répète qu’il croit en la concurrence. C’est peut-être ça le miracle que nous attendons. Qu’il supprime alors 90 % des contraintes rendant nos entreprises non compétitives. Il le peut demain s’il le veut. Mais il n’ose pas le faire.
Comments (3)
En complément de la juste intervention de Gérard Pierre, je crois que nos gouvernants ont enfin comprit qu’ils allaient faire une grosse bêtise…. Ils y ont mis le temps !!
Au départ il y a eu une vaste erreur d’appréciation de l’économie marchande moderne. N’oublions pas que les politiques sont issus à 80% de la fonction publique. Très peu connaissent le fonctionnement véritable d’une entreprise. Ils en sont restés à l’évaluation comptable des prix de marchandises; une approche très ancienne, archaïque….pour ne pas dire plus !
Ils ont cru qu’on pouvait transférer une partie de ce prix de vente (les charges) vers la TVA, et que benoitement chaque entrepreneur obéirait avec entrain et baisserait ses prix de vente !
C’était sans méconnaitre la réalité. De nos jours le prix d’un objet est toujours maximal en fonction de sa perception positive (ou pas, là je simplifie !) par le consommateur. On va vendre un produit au prix psychologique qu’est prêt à payer le consommateur final. D’où l’importance des investissements de valorisation,ainsi qu’ en notoriété… Bref de la pub et de la présentation !
Autrement dit, cette nouvelle usine à gaz n’aurait jamais fait baissé les prix et l’entreprise serait mis à la poche le montant des charges sociales patronnales, tandis que le client aurait vu sa facture globale augmenter de 2% au moins…d’où inflation.
Bravo
Bien dit