L’accord Hollande-Merkel ne résoudra rien

L’accord Hollande-Merkel ne résoudra rien

Jeudi 18 octobre 2012, après une longue discussion en tête-à-tête et sans témoin, Angela Merkel et François Hollande ont trouvé un accord : un gouvernement économique européen va être mis en place dans les plus brefs délais, et ce gouvernement va décider, à la place des 17 gouvernements européens, de la conduite économique et fiscale qu’ils doivent suivre. Et il va les contraindre à adopter ses décisions.

En première analyse, on peut difficilement ne pas approuver ces décisions qui devraient en principe apporter une solution aux difficultés qui menacent la vie même de l’euro. Et qui devraient, en théorie, permettre d’uniformiser plus tard les politiques économiques et fiscales de tous les pays.

Mais plusieurs points doivent être soulignés. Un premier concerne le comportement différent de tous les peuples.

Depuis des siècles, les comportements économiques, fiscaux et sociaux des différents peuples européens sont très différents. Et il est très difficile de modifier ces comportements. Ainsi, depuis des années, la France s’est engagée à ne pas dépenser plus qu’elle ne gagne. Or, depuis des années, chaque année, la France dépense un peu plus que l’année précédente. Aujourd’hui, sa dette atteindrait 1 789 milliards d’euros. Les gouvernements français ont donc volontairement endetté chaque Français de plus de 25 000 euros… Sans le leur dire bien sûr.

Cette dette fabuleuse nous contraint à payer tous les ans 47 milliards d’intérêts par an. Nos gouvernements nous prennent cette somme par des impôts prélevés sur les consommateurs, les entreprises, ou les propriétaires d’un logement. Il n’y a donc pas que les « riches » qui payent.

Nous sommes arrivés à cette pénible et grave situation pour une raison assez curieuse. Comme l’électeur n’aime pas qu’on augmente ses impôts ou qu’on diminue ses allocations, les candidats à l’élection ne peuvent pas mettre une telle réforme dans leur programme : ils ne seraient pas élus.

Chaque peuple européen, du fait de sa propre histoire, a un comportement qui lui est propre.

Cette proclamation d’un accord entre Angela et François nous apparaît donc beaucoup plus comme une annonce à visée essentiellement médiatique. Un accord franco-allemand proclamé haut et fort éloigne pour quelque temps le risque d’éclatement de la zone euro. Les marchés et les agences de notation seront donc moins mé­chants avec l’Europe…

Un deuxième point doit être souligné. Créer un gouvernement ne se fait pas en cinq minutes. Il faut, au contraire, de long mois pour obtenir l’accord des 17 pays. Accord nécessaire pour trouver le lieu adéquat, pour y créer les locaux où l’on va l’installer. Et pour sélectionner tous les hommes qu’on va recruter. Des années risquent d’être nécessaires.

Étant donnée la situation de la Grèce, il ne serait pas gentil de dire que cela repoussera la création de ce gouvernement aux « calendes grecques » !

Un troisième point doit être abordé. Une fois ce gouvernement économique européen mis en place, de hauts fonctionnaires européens seront installés dans tous les ministères des Finances nationaux. Ces hauts fonctionnaires risquent d’être allemands ou français. Com­ment les employés du ministère des Finances italien, grec ou espagnol percevront-ils ces « étrangers » ?

Un gros effort diplomatique semble donc nécessaire pour que ce gouvernement économique européen puisse fonctionner. Et le jour où la fiscalité sera identique dans tous les pays de l’Europe n’est pas encore arrivé.

Un quatrième point peut servir de conclusion.

Une fois de plus, les dirigeants allemands et français n’ont absolument pas parlé des coûts de production français bien supérieurs aux coûts allemands, de 2 % environ de plus tous les ans. Et, comme une parité fixe lie depuis 1999 le Franc et le Mark, une modification de cette parité est indispensable pour rendre les entreprises françaises à nouveau compétitives. Tant que cette modification ne sera pas effectuée, l’accord proclamé d’Angela et de François est incapable de résoudre les problèmes de la zone euro.

La proclamation du 18 octobre apparaît comme un nouveau coup d’épée dans l’eau !

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Comments (1)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Angela Merkel qui doit affronter des élections l’an prochain se hâtera sûrement très lentement pour mettre cet accord en place. Entretemps Normal 1ier mordant son frein et piaffant d’impatience aura tout le loisir de commettre des faux-pas aggravant ainsi les tensions dans les relations franco-allemandes.

    24 octobre 2012 à 13 h 00 min

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