Le terrorisme intellectuel pèsera encore plus lourd

Le terrorisme intellectuel pèsera encore plus lourd

Les « loupés » sur le projet de loi OGM et les débats sur la réforme institutionnelle ont occulté l’adoption définitive les 14 et 15 mai derniers par l’Assemblée et le Sénat du texte d’un projet de loi « portant diverses dispositions d’adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations ». Ce texte, comme on s’en doute, aggrave encore la situation déjà précaire des libertés publiques en France.

Passons sur le fait qu’il s’agisse d’un texte imposé par Bruxelles. La chose est tellement habituelle (on estime en général que plus de 80 % de la production législative française n’est qu’une transposition du droit européen) que plus personne ne songerait à s’en offusquer… Ajoutons – toujours en passant – que, selon son habitude, notre pays a allégrement franchi les délais de transposition des directives européennes concernées (dont certaines datent tout de même de juin 2000 !). Ainsi, outre une législation calamiteuse, avons-nous droit aux réprimandes communautaires : selon le gouvernement, la Commission a engagé sur ce seul dossier trois procédures d’action en manquement…

Mais, naturellement, l’important dans cette affaire concerne le fond : la lutte contre les discriminations.

Certes, quelques dispositions du texte sont légitimes. Mais, peut-être n’est-il pas inutile de rappeler qu’il existait, avant 2008, et même avant 2000, ou avant la création de l’Union européenne, un Code pénal en France, et que tout n’y était pas possible ! De toute évidence, l’intérêt de la nouvelle loi n’est pas d’exhorter à ne pas profiter de la faiblesse de certains de nos contemporains pour les réduire en esclavage, les insulter ou les expulser hors de leur logement. Non, l’intérêt du texte réside dans l’aggravation de l’aberration anti-discriminatoire de notre temps !

Pour les lecteurs qui ont le privilège de ne pas être soumis au terrorisme intellectuel de notre époque, rappelons qu’à la lutte des classes, qui s’essoufflait quelque peu, la fine fleur de la gauche révolutionnaire a substitué dans la foulée de mai 1968 : la lutte des sexes, avec le féminisme (je signale qu’en langage « politiquement correct », les femmes sont une « minorité » : qu’elles soient plus nombreuses que les hommes sur cette planète ne fait rien à l’affaire !…) ; la lutte antiraciste ; et, tout récemment, la lutte contre l’homophobie (concept sublime, signifiant de façon évidente, « peur de son semblable », dont on voit mal comment cela serait constituer un crime, et plus mal encore, comment la peur du semblable pourrait constituer le début d’une discrimination !)…

Naturellement, dans cette lutte anti-discrimination, il ne s’agit pas principalement de protéger les « minorités ». Il s’agit de limiter la liberté de choix, notamment pour les emplois et les logements.

Le plus prodigieux réside dans la définition de la discrimination (art. 1) : « Constitue une discrimination directe la situation dans laquelle, sur le fondement de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie ou à une race, sa religion, ses convictions, son âge, son handicap, son orientation sexuelle ou son sexe, une personne est traitée de manière moins favorable qu’une autre ne l’est, ne l’a été ou ne l’aura été [sic !] dans une situation comparable ».

Et, plus merveilleux encore : « Constitue une discrimination indirecte une disposition, un critère ou une pratique neutre en apparence, mais susceptible d’entraîner, pour l’un des motifs mentionnés au premier alinéa, un désavantage particulier pour des personnes par rapport à d’autres personnes, à moins que cette disposition, ce critère ou cette pratique ne soit objectivement justifié par un but légitime et que les moyens pour réaliser ce but ne soient nécessaires et appropriés ». On ferait difficilement plus abscons !

J’attire l’attention des esthètes sur le « aura été » : une discrimination peut donc, à présent, se définir hors de toute réalité. Si nous avons quelque raison de croire que telle situation sera discriminatoire dans vingt ans, nous pouvons faire condamner notre voisin dès aujourd’hui. Ce serait dommage de perdre vingt ans !

La France, pour satisfaire aux injonctions de la Commission européenne, a donc choisi de se coucher devant le terrorisme intellectuel à la fois le plus mou (car le crime ou le délit n’est nulle part défini de façon précise) et le plus sévère – car chacun aura bien compris que les polices de la pensée diverses et variées verront leurs pouvoirs accrus, pendant que, fort logiquement, on laissera gambader gaiement dans la nature tous les Fourniret de la création. Un grand jour pour les libertés, décidément !

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Comments (11)

  • UN chouka Répondre

    Gérard Pierre, vous avez complètement raison quand a la volonté des citoyens dépouillés par "cette politique du "tous ensemble,nous nous ruinons ",puisque ce sont les banques intèrnationales qui font payer des intérets par le privilège qu’elles ont de créer autant de monaie qu’elles veulent par les prets qu’elle accordent aux etats ,pour acheter tout ce qu’elle veulent a vil prix ,mais pèrçoivent aussi les intérets  sur les  dette publique avec de l’argent réel  de l’activité des états ,que les" états ont d’ayeur  accèptés comme dette  naturelle?

    Les etats mettent en place depuis pas mal de temps (entre autre Mastrich)une énorme dette sur le dos des citoyens qui n’ont rien compris a cette manoeuvre mortifère ?

    Ainsi,n’allons nous pas voir les etats endétés d’europe par leurs déficites ,apartenir aux banques intèrnationales ?

    Le schémat ,n’est’il pas le meme pour les citoyens  des USA ,lesquels ont pèrdus eux aussi  dans cette politique(abus de confiance ?)leur autonomie industrielle,social et de subsistance peut etre aussi avec l’agriculture, les  infrastructures, la,santé,etc…. ?

    Ainsi quoi que fasse les gens , ils doivent revèrser des dividendes a des banques pour un résultat plus q’hypotétique  donc?

    Ainsi les gens "rèsponsables  de leurs etats rèspèctifs", ont remis les cléfs de la souveraineté a des spéculateurs de la finance ?

    Bon,je ne maitrise pas encore bien ce schémat pour le moment,mais la situation vue de cette manière ne laisse rien présager de bon pour les citoyens isolés et souvent endété qu’ils sont dans la "mondialisation financière "? 

    3 juin 2008 à 18 h 19 min
  • Gérard Pierre Répondre

    Olivier.

    Vous parlez d’inversion, et votre "sentiment" que l’oligarchie … / / … a clairement décidé la fin de la civilisation occidentale et chrétienne est, pour ma part, totalement partagé, ………… ce qui ne signifie pas pour autant que NOUS en acceptions la perpective !

    2 juin 2008 à 15 h 18 min
  • UN chouka Répondre

    je partages complètement vorte excélent comm,Olivier!

    Cette situation que vous nous livrez,ne relève t’elle pas de la simple lègitime defence des citoyens ,s’ils n’étaient pas autant dépendants de la structure sociale actuelle ?

    Aussi convient’il peut etre ,de rèster prét a toutes les éventualités ,et dépasser les vieux tabous obsolètes ?

    Mauvais temps pour les citoyens , en effet Olivier .

    2 juin 2008 à 14 h 46 min
  • Olivier Répondre

    Tout cela relève de la mise en place d’un totalitarisme "à visage démocratique" de plus en plus oppressant, mais aussi de l’inversion des valeurs qui n’a pas fini de nous mener aux aberrations les plus suicidaires.
    D’ailleurs si on suit ce raisonnement, toute polémique politique deviendrait elle aussi impossible, car critiquer un parti sur ces idées peut être interprété comme une "incitation à la haine’, etc. et donc susceptible d’être interdit.

    Mais il faut aller plus loin et comprendre que l‘oligarchie politique et intellectuelle qui nous dirige a clairement décidé la fin de la civilisation occidentale et chrétienne. La quasi-totalité des évènements actuels ne peut s’expliquer que de cette façon. Cela peut sembler aberrant, mais c’est la réalité.

    1 juin 2008 à 22 h 54 min
  • UN chouka Répondre

    @ GRUTJACK,je me demandes si maintenant la loi, n’est  pas remplacée par la reconaisance de la somme de fric détenue par celui qui impose sa loi,comme dans le temps ?

    Ainsi le nanti aurait  plus de droit que le simple citoyen èsclave, lequel a néenmoins plus de droit que le pauvre démuni (hillote )qui subira toutes les lois arbitraires qui conviènent a l’acroissent de la fortune des nantis  ?

    A mon avis, c’est une régression qui ne semble pas a ses premiers pas aujourd’hui?

    Cela revient peut etre a dire encore une fois ,que c’est chacun pour soi et que chacun doit fait sa loi en fonction de ses intérets  ? ;-)

    Tous ensemble ?

    1 juin 2008 à 12 h 02 min
  • grutjack Répondre

      Les textes que vous dénoncez très justement ne font que reprendre ce qui se fait depuis de nombreuses années aux Etats-Unis et au Canada. Prise absolument, cette législation à la gloire de l’égalité est tout simplement grotesque et absurde. Doit-on, pour éviter la discrimination, permettre à un manchot de piloter un avion, accorder le droit de vote à un enfant de cinq ans, ou encore obliger un douanier à  traiter tous les voyageurs exactement de la même façon, c"est-à-dire ou bien ouvrir toutes les valises, même si elles sont des milliers, ou n"en ouvrir aucune ? Evidemment, non. Nos champions de l"égalité sont conscients de ces difficultés. D"où le deuxième alinea : " à moins que cette disposition… ne soit objectivement justifiée… etc."  On débouche ainsi sur l"arbitrraire des juges. Prenons le mariage homosexuel. L"interdire, c"est incontestablement discriminer d"après le sexe. Mais un juge plus conservateur peut estimer que le mariage traditionnel est une noble cause, digne d"être défendue. On assiste actuellement aux Etats-Unis à une grande bataille juridique sur cette question.

       Que devient la loi dans tout cela ? Elle est en voie de disparitiron. Dans un de ses romans, Kafka imaginait une société où la loi existait toujours, mais où elle était devenue secrète. Nous n’en sommes pas loin. Dans le monde entier, les assemblées n"arrêtent pas de légiférer, mais de plus en plus, le juge traite la loi comme bon lui semble : il l’applique ou il la rejette ou encore en fabrique une autre pour la circonstance.

    31 mai 2008 à 13 h 10 min
  • an_drakkar Répondre

    Le patronat français s’est déja agenouillé devant les délires du gouvernement et  de la haldapo réunis.

    Demain commence dans la multinationale qui m’emploie un stage de management sur les discriminations et la diversité. Je vous épargne le contenu.

    Jusqu’à aujourd’hui, nous avions réussi a résister devant les demandes de salles de pause séparées, de hottes pour éliminer les odeurs de cuisine de porc et autres musulmaneries à répétition. Je pense que cette époque est révolue. Nous voyons arriver les imams au crâne rasé et à la barbe islamique, l’oeil incendiaire, et qui ne parlent pas aux filles.

    Nos patrons et nos prétendues élites leur livrent nos entreprises et notre pays.

    Est-ce de patience qu’il faut s’armer ?

    31 mai 2008 à 12 h 15 min
  • VITRUVE Répondre

    AVE
     
    l’apartheid  a été développée en Afrique de Sud par des gentils flamands…Puis, bien rodés, ils sont revenus en Europe…                                                                                             A
    anecdote: sur la page de garde du STANDAART , il ya une petite croix  V V K
                                                                                                                                      V
    cela signifie Alles Vor Vlanderen, ( tout pour la Flandre) en vertical
                           Vlanderen Vor Kristus ( la Flandre pour le christ) en horizontal
    (orthographe batave non garantie)

    TOUT EST DIT

    VALE                       

    30 mai 2008 à 16 h 51 min
  • Florin Répondre

    Oui, bon, pas de quoi fouetter un chat !!! Le texte n’est pas si abscons que cela, il faut le lire les pieds dans de l’eau froide, c’est tout.

    Gageons que la sacrosainte Commission n’aura pas le temps de s’occuper de sitôt de la France …

    Que penser de cette commune en périphérie de Bruxelles, où l’on ne vous vend pas de terrain communal si vous ne parlez pas le Flamand ? Nous aussi, au fin fond de la Bretagne ou de la Corse, on devrait soumettre les futurs acquéreurs à des tests de langues, française et "locale" … quelle folie, à mi-chemin entre l’ignoble et le ridicule !!!

    C’est de cela qu’il s’agit. Les Belges francophones ne sont pas (nécessairement) des immigrés, ils sont des Belges à part entière, CHEZ EUX DANS LEUR PROPRE PAYS; alors, si la Commission peut faire quelque chose pour eux, tant mieux. Mais bon, j’en doute.

    Ah, petite histoire perso : il y a quelques années, je travaillais pour une multinationale américaine qui avait aussi des bureaux en Belgique et j’étais en contact régulier et (presque) amical avec les équipes belges. Des gens très sympathiques, que j’ai pu voir dans les bureaux de Bruxelles. J’ai jeté un coup d’oeil sur la liste téléphonique interne : sur 200 noms, AUCUN nom à consonance française … En revanche, quelques rares immigrés, il est vrai. Quatre ou cinq, en tout et pour tout. Et j’arrive à ce que je voulais raconter avec cette histoire : un p’tit chef, nouveau arrivé dans la boîte, me disait ouvertement, "ah, untel, 10 ans de maison, intelligent et travailleur,  MAIS moi je ne l’aurais jamais embauché : il ne parle pas ASSEZ BIEN le flamand"…. Le pauvre gars, apprécié de tous, était (cerise sur le gâteau)  marié à une Flamande …

    C’est cela, le racisme et la barbarie. Vous êtes bon pour bosser, pour payer des impôts et taxes, on vous sourit et on vous dit bonjour, mais vous êtes AVANT TOUT francophone … donc un sous-être, un Untermensch. Jamais je ne pourrais vivre là-bas, voir de près tant de discrimination au quotidien.

    Et si j’étais Belge, je voterais pour la scission du pays.

    29 mai 2008 à 1 h 32 min
  • UN chouka Répondre

    C’est peur etre là que la rechèrche inasouvie de puissance trouve sa source ?

    Etre soi meme envèrs et contre toutes et tous ?

    Vive la libèrté ? ;-)

    28 mai 2008 à 16 h 10 min
  • Gérard Pierre Répondre

    Le contenu intégral de cet article, fort bien rédigé et argumenté, atteste une fois de plud que nous vivons dans l’ère de  L’ INVERSION .

    …………. Ere au demeurant annoncée, …….. et annonciatrice ! ……… pour les initiés.

    Nous avons intérêt à nous armer de courage, ………. et de patience.

     

    28 mai 2008 à 13 h 43 min

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