L’élection de Bardella

L’élection de Bardella

Sans surprise, Jordan Bardella a été élu à la tête du RN, succédant ainsi à Marine Le Pen – face à Louis Aliot, maire de Perpignan (dont l’important mandat local ne semblait guère compatible avec la présidence d’un parti).

Il est peu probable que cette élection change significativement la ligne du RN – quoi qu’en disent les commentateurs médiatiques (et quelques cadres déçus du RN) qui font de Jordan Bardella un tenant de la ligne « dure » ou « identitaire ».

D’abord, Marine Le Pen demeure la personnalité de référence du parti et il semble assez douteux que le parti puisse investir des personnalités qui lui déplairaient aux prochaines échéances électorales.

Par ailleurs, l’élection d’un groupe RN important à l’Assemblée a fait basculer le pouvoir du parti au groupe – dont Marine Le Pen assume la présidence.

Enfin, Jordan Bardella a été, depuis son apparition sur la scène médiatique, comme tête de liste aux élections européennes de 2019, un fidèle lieutenant de Marine Le Pen.

Bref, il y a peu de chances que cette élection change grand-chose à la ligne politique du Rassemblement national.

Cependant, après un demi-siècle, l’élection à la tête du RN d’une personne ne s’appelant pas « Le Pen » indique qu’une page se tourne.

Il est également significatif que le nouveau président soit issu de Seine-Saint-Denis et d’une famille d’origine italienne.

Plusieurs journalistes ont noté ce dernier fait avec ironie mais il est sidérant qu’ils ne comprennent pas qu’il serait logique que le RN devienne à terme le premier parti des Français d’origine immigrée, comme il est devenu le premier parti ouvrier : les plus modestes sont aussi ceux qui voient de plus près les conséquences d’une politique migratoire désastreuse.

Et, oui, bien sûr, il y a des Français d’origine immigrée réellement désireux d’être Français, réellement reconnaissants à la France. C’est la gauche qui est incapable de le comprendre avec son racisme et son mépris de classe.

Le jeune président du RN a montré qu’il avait de remarquables qualités de débatteur et du courage. Ce sont des atouts précieux. Il reste qu’il faudra bien d’au­tres qualités pour l’emporter aux prochaines élections – et, en particulier, la capacité de discuter avec les autres formations politiques susceptibles de former une coalition capable de gouverner. Il faudra également « lâcher la bride » aux élus locaux et abandonner le « centralisme bureaucratique » pour montrer que le RN peut réellement gouverner des exécutifs. En ces domaines, la jeunesse pourrait constituer un handicap. Mais ces défis ne devraient pas déplaire à Jordan Bardella.

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