Les Grecs chypriotes ont préservé l’Europe

Les Grecs chypriotes ont préservé l’Europe

Samedi dernier, les habitants de Chypre étaient appelés à voter par référendum la réunification de leur île, divisée en deux parties depuis 1974, après des années de terribles affrontements entre les deux ethnies grecque et turque qui formaient la population de Chypre, ancienne colonie britannique. Il était demandé aux électeurs d’approuver le plan de l’ONU, qui proposait un État fédéral constitué de deux États politiquement égaux.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’histoire de Chypre a été des plus mouvementées. En 1950, un référendum avait recueilli 99 % de votes favorables au rattachement à la Grèce. En 1951, Mgr Makarios, chef de l’Église orthodoxe grecque, avait réclamé pour les Chypriotes le droit à l’autodétermination. La Grande-Bretagne ayant opposé son refus, l’Eoka, organisation pour la libération de l’île, commandée par Georges Grivas et soutenue par Makarios, avait commencé des opérations militaires contre les Britanniques. Ceux-ci, à partir de 1956, s’appuyèrent sur la minorité turque pour maintenir leur hégémonie, avec le concours d’une police spéciale formée de Turcs. On imagine les haines inexpiables qui se développèrent à partir de cette époque entre Grecs et Turcs de l’île, principalement par la faute des Anglais.

L’indépendance de Chypre fut finalement obtenue en 1960. Mais les affrontements continuèrent et le conflit faillit déclencher une guerre entre la Grèce et la Turquie en 1967. À cette époque, l’ethnie turque représentait environ 18 % de la population totale. La partition de l’île se réalisa finalement en plusieurs étapes, les Turcs ayant créé la « République turque du nord de Chypre », qui ne fut et n’est toujours reconnue que par la Turquie.

Une paix relative ne s’instaura finalement entre les deux ethnies que grâce à des transferts de population entre les deux zones

permettant des regroupements communautaires. L’histoire de Chypre est la plus cruelle démonstration du fait qu’il est à peu près impossible de faire cohabiter harmonieusement deux peuples trop différenciés par la langue, la culture et la religion.

Chacun chez soi et la paix pour tous

Mais c’est une réalité que les idéologues et les politiciens ne veulent pas connaître et c’est cet aveuglement qui fait le malheur du continent africain depuis la décolonisation, car celle-ci a légué à l’Afrique des frontières artificielles qui coupent les ethnies en morceaux ou qui ligotent ensemble des peuples trop différents. Les tragédies du Rwanda ou de la Côte d’Ivoire n’ont pas d’autre explication. Les idéologues veulent toujours la paix, mais créent obstinément les conditions de la guerre.

La grande question que les Chypriotes devaient trancher samedi dernier était de savoir si l’île allait pouvoir se réunifier afin d’entrer tout entière dans la Communauté européenne. Les électeurs des deux parties ont été soumis à une intense propagande et à des pressions de toutes sortes pour obtenir leur « oui ». Car s’ils avaient dit oui, les Turcs de Chypre devenaient européens et allaient former dès lors un véritable « cheval de Troie » pour favoriser l’entrée de la Turquie en Europe, à laquelle nos « intellos » tiennent tant.

Mais il s’avère que cette propagande a été inutile, si même elle n’a pas obtenu l’effet inverse à celui qu’elle visait. Beaucoup de Chypriotes des deux origines ont été indisposés par ces pressions, émanant tout autant des États-Unis et de l’ONU que de la Communauté européenne. Après le vote, le dirigeant turc historique Rauf Denktash, partisan du « non », a demandé à la communauté internationale de ne plus essayer d’obliger les deux communautés à vivre ensemble (nos télévisions lui font presque dire le contraire).

On comptait environ 480 000 électeurs d’ethnie grecque contre 143 000 d’ethnie turque. Selon les résultats officiels, 75,83 % des électeurs chypriotes grecs ont voté « non », tandis que 64,9 % des électeurs chypriotes turcs votaient « oui ». L’île n’est donc pas réunifiée et seule sa partie grecque pourra entrer dans l’Union européenne le 1er mai 2004. M. Abdullah Gul, ministre des Affaires étrangères de Turquie a déclaré : « Nous sommes consternés par cette situation. Nous voulions sincèrement une solution au conflit ».

Mais il n’y a pas actuellement de conflit ; il y a seulement une partition, et ce qui consterne surtout les Turcs, c’est d’avoir perdu l’espoir de rentrer en Europe par la petite porte et de voir s’éloigner un peu plus leurs chances de devenir des « Européens » de pure convention. Le suffrage universel a permis aux Grecs de Chypre de briser le « cheval de Troie » de la Turquie. Dont acte.

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Comments (9)

  • Jef Répondre

    Le ridicule de tout cela se trouve peut etre dans le terme “d’Union européenne”. Après tout, il s’agit bien d’une utopie de technocrate que de penser que, parce que on va faire rentrer des communautés dans l'”Union”, toutes les rancoeurs de plusieurs siècles vont disparaitre comme par magie, et que les dictatures disparaitront d’elles memes. Je suis d’accord sur un seul constat: ces 50 dernieres annees on a pense que “tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil”. Mais il n’y a pas photo: soit on accepte le fait que certaines communautes ne peuvent se melanger par la force, soit nous allons (comme actuellement) au devant d’un conflit planetaire qui marquera l’humanite d’une facon terrible. Et qu’on ne vienne pas me dire que ca n’a pas deja commence…

    4 mai 2004 à 11 h 56 min
  • adolphos Répondre

    Il y a un comique de la commission Européenne qui à déclaré le lendemain du vote que les chypriotes n’avaient pas tenue leur promesses. Ca donne une idée de ce que pense notre cher élite de la volonté populaire… Car enfin, ce plan demandait tout de même aux grecs chypriotes de reconnaitre implicitement la légitimité de la présence turque. Cerise sur le gateau on demandait aux grecs de payer via l’Europe pour verser aux turques des subventions. Depuis quand nourrit-on la main qui vous mort ? Maintenant, les Turques doivent rentrer dans leur Patrie.

    4 mai 2004 à 1 h 22 min
  • Malcolm X-XX-et-XXL Répondre

    Turcophiles libéraux, c’est fou comme vous êtes d’osmose avec votre idéologie libérale. Les 100.000 Turcs (50% des 200.000 « turco chypriotes ») importés à Chypre depuis l’Anatolie sont tout bonnement des parasites incapables (pour rester correct), qui n’ont pas su faire fructifier la zone envahie qui produisait 70% du PIB de l’île, un rapide calcul lui en attribue aujourd’hui 10%, et seulement parce que 60% de son budget est prodigué par la Turquie, notamment les salaires des fonctionnaires, la solde des 35.000 soldats. Presque plus d’arboriculture, d’agrumes, on n’irrigue plus, on est retourné à l’état archaïque du pays kurde, l’élevage quasiment extensif, si n’était l’exiguïté relative du territoire. L’industrie en est glorieusement au niveau de rouille bengladshi. Et qu’on arrête de nous seriner l’embargo international. La Turquie est bien capable comme Israël de coller son étiquette sur les cageots (Israël nous vend ainsi « illégalement » des produits agricoles et industriels des territoires occupés de Palestine). La Turquie est également un assez grand marché pour l’industrie d’un moignon fantoche de 200.000 âmes. En plus, il faudrait que les gréco chypriotes adoptent comme leurs 100.000 squatters venus les envahir (sur « turco chypriotes »), qu’ils financent —et l’UE depuis le 1er mai— leur chomage, leurs allocations familiales, et demain leur supériorité numérique, leur irrédentisme islamique. Quant à la Turquie, ça reste une économie profondément bureaucratisée (c’est l’armée qui fabrique les renault sous licence), sans trop de créativité, et incapable de nous vendre ses produits originaux, malgré l’union douanière avec l’UE, des clauses favorables avec les USA, parce que ses produits ne sont pas aux normes elle les exporte dans les moins fortunés des pays arabes, et dans le tiers-monde. Bas prix et basse qualité. Comme la Pologne ou la Lituanie ?

    3 mai 2004 à 23 h 06 min
  • Christophoros. Répondre

    A tous les turcophiles, lisez Victor Hugo. En particulier “l’Enfant” ( “les Orientales” ): “Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil. Chio, l’île des vins, n’est plus qu’un sombre écueil (…) Tout est désert. Mais non, seul près des murs noircis; un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis, courbait sa tête humiliée. Il avait pour asile, il avait pour appui, une blanche aubépine, une fleur comme lui, dans le grand ravage oubliée…. ( A voir aussi le Massacre de Chio E.Delacroix au musée du Louvre … ).

    2 mai 2004 à 14 h 36 min
  • alex Répondre

    L’histoire de Chypre est très très mal résumée dans cet article!! On a piocher un peu par ci un peut par là et on a fait une petite histoire toute simplifiée, un peu vague… Le fait que les anglais soit à l’origine des affrontements entre grecs et turcs, il en va de soit. Mais dire que les chypriotes sont incapables de vivre ensemble c’est totalement faux!! Ils l’ont fait pendant 500 ans ( l’arrivée des turcs sur l’île remonte au 16e siècle ) sans aucun problèmes, puis le fait que le Turquie y ait mit son grain de sel, ca a fait tout déraper et on a assister a une scission de l’île entre les deux communautés de , seul un petit village a échapper a celle ci, celui de Pyla ou grecs et turcs cohabitent ensembles sans aucun problèmes!! ( preuve s’il en est que les deux communauté savent vivre ensemble ) Le fait est, que les chypriotes-grecs auraient certainement accepter le plan Annan, si ils avaient la totale garantie sur leur sécurité et de ne plus voir un seul homme de l’armée turc sur leur territoire! hors le plan prévoit qu’en 2020 il restera encore 650 militaires turcs sur une île qui l’est pas la leur!!! ( Exemple: c comme ci les francais avaient 650 hommes, sur le territoire wallons de la Belgique, sous prétexte que l’ont parle la même langue et qu’on a la même culture… un peu simplet la conclusion mais que Annan à accorder comme faveure aux turcs). Car ce que craid avant tout les chypriotes c’est de revivre les horreurs de 1974 ou impuissant, ils s’étaient vu perdre petit à petit le nord de l’île sans savoir exactement ce qui leur arrivait!! Ceux qui aujourd’hui fustige Chypre de ne pas avoir accepter le plan Annan ( USA, ONU, UE ) n’étaient pas là pour aider la population chypriote qui s’est vu perdre le tier de son île au lendemain de l’invasion mettant plus de 200’000 personne à la rue , faisant perdre le poumon économique de l’île qui se trouvait justement au nord de l’île et qui privait le milier de chypriotes de travail!! La seul grâce qu’ils ont eu ce celui de voir la communauté nord hérité d’un embargo, facilement détourné par la Turquie qui a facilement implanté des multinationnale sur le territoire nord ainsi que des compagnies off-shores: embargo oui, mais moindre! D’autre part ce plan ne fait qu’approfondir la division des deux communautés, pourquoi ne pas les remélanger comme auparavant? pourquoi a tout prix confiné les deux parties de l’île chacun de son coté, sans essayer de les faire découvrir l’un de l’autre,? pourquoi faire dépendre cet île de l’humeur des deux mères patries respectives et de la laisser subir les différences qu’elles pourraient avoir dans le futur? Cet île serait déjà réunifiée depuis longtemps si on avit laisser faire les chypriotes eux même sans impliqué ni la Turquie ni la Grèce, ni encore moins les USA …

    2 mai 2004 à 11 h 38 min
  • R. Ed. Répondre

    Des Turcophiles,et oui,il y en a malheureusement .Nicolas et Wama sont tout disposés à acheter la corde pour les pendre.Les deux compères sont peut-être des “Chances” ? A moins qu’ils ne soient maso . Ils veulent voir le déferlement des hordes de musulmans barbares sur la vielle Europe .Et faire de l’Europe une terre d’islam .Belle mentalité !!!

    2 mai 2004 à 11 h 23 min
  • Wama Répondre

    Oui je suis d’accord avec Nicolas… Je dirais plutôt les 4 contre vérités… Le but implicite de cet article est de dire: Les turcs restez chez vous et laissez nous tranquilles…Très belle mentalité…:(

    2 mai 2004 à 0 h 26 min
  • Nicolas Répondre

    Cet article n’a finalement rien à voir avec Chypre mais ne sert qu’à diaboliser (sans justification) l’entrée de la Turquie dans l’UE. C’est bien dommage.

    1 mai 2004 à 22 h 42 min
  • christophoros Répondre

    Le résultat du vote est pour partie la résultante des prises de position du clergé orthodoxe qui, contrairement au clergé catholique romain en France style “Vatican II”, est patriote. Ainsi un évèque (Paul ? ) aurait déclaré “ceux qui voteront oui perdront à la fois leur patrie et le royaume de Dieu”. Axios ! Il est digne !

    1 mai 2004 à 21 h 15 min

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