Les politiques et l’inflation

Les politiques et l’inflation

Le chancelier allemand, puis le ministre des Affaires étrangères italien, viennent d’accorder une interview au journal « Le Monde ». Ils demandent tous les deux un assouplissement du pacte de stabilité, en particulier le droit pour les États de pouvoir faire dans certaines circonstances un déficit budgétaire supérieur aux fameux 3 % du PIB.
La France, de son côté, est aussi en déficit depuis plusieurs années. Le chômage qui pèse sur l’Europe rend le pacte de stabilité qu’ils ont tous signé insupportable aux responsables politiques.
Il se dégage de tous ces débats deux idées fortes.
La politique de création monétaire de la Banque Centrale Européenne (dont la mission est de maintenir une inflation de l’euro inférieure à 2 %) serait responsable du chômage. Il faudrait une politique monétaire plus souple, mais la BCE indépendante refuse d’exposer l’euro à l’inflation. Pour s’opposer au chômage engendré par cette politique « trop » rigoureuse, les États européens doivent pouvoir relancer leur économie en utilisant le déficit budgétaire.
Une deuxième notion apparaît. Pour investir, que ce soit dans l’éducation, l’innovation, la recherche ou le développement, le déficit budgétaire est un bon déficit, alors que le déficit finançant uniquement la relance de la demande est un déficit qu’il ne faut pas accepter.
Les responsables monétaires européens font leur travail correctement. Ils ont pour mission de maintenir l’inflation de l’euro aux environs de 2 %, et ils y arrivent en modifiant les taux d’intérêts à court terme. Quand l’inflation menace, ils augmentent les taux et réduisent la création monétaire. Quand l’inflation s’éloigne, ils réduisent les taux et augmentent ainsi la création monétaire.

Favoriser la demande en limitant l’offre…


Mais les responsables politiques européens leur compliquent très sérieusement la vie. Ils ont pratiquement tous l’habitude, la manie, de créer des lois favorisant la demande, tout en créant d’autres lois réduisant les capacités de l’offre. En gros, ils tapent dans la poche des entrepreneurs pour distribuer l’argent à tous ceux qui consomment. Ils mènent ainsi une politique inflationniste.
Comme l’inflation menace, les autorités monétaires réagissent et réduisent la création monétaire. L’économie se développe moins rapidement et le chômage apparaît. Les hommes politiques accusent alors les dirigeants monétaires d’être responsables du chômage en étant trop rigoureux. Les politiques décident alors d’utiliser le déficit budgétaire pour relancer l’économie. Ils augmentent ainsi l’inflation, donc la rigueur de la politique monétaire. L’économie stagne de plus en plus et le chômage grimpe.
C’est ici qu’intervient la deuxième idée-force émise par le chancelier Schröder. Il y a, d’un côté, des dépenses d’investissement qui provoquent une croissance de l’économie et il y a de l’autre les dépenses de consommation qui n’engendrent pas de croissance future. Il ne précise malheureusement pas la cause de cette différence. Les premières augmentent les capacités de l’offre, donc s’opposent à l’inflation. Les secondes augmentent les capacités de la demande, donc favorisent l’inflation. Les politiques sont donc capables d’avoir une action moins inflationniste.
Nos responsables politiques européens sont sur le bon chemin. Mais il faut qu’ils aillent jusqu’au bout de leur parcours économique. Il faut d’abord qu’ils mettent en place une législation économique qui ne défavorise plus les investisseurs et ils ont un immense travail de dépoussiérage à effectuer.
Il faut ensuite qu’ils cessent d’utiliser la création monétaire pour augmenter la demande, et qu’ils ne l’utilisent que pour augmenter les capacités de l’offre. Ils s’opposeront ainsi à l’inflation.
La BCE, recevant le soutien des politiques dans sa lutte contre l’inflation, pourra alors créer bien plus de monnaie, avoir une politique monétaire plus dynamique
Notre pouvoir d’achat va augmenter bien plus rapidement et le chômage va disparaître.

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Comments (2)

  • Stéphane Répondre

    Vous montrez bien que favoriser la consommation favorise le chômage. Ce n’est pas ce que nos gouvernants, intoxiqués par les dogmes de Keynes, semblent avoir compris. Ils devraient lire cet article. Excellente démonstration.

    2 février 2005 à 2 h 28 min
  • Thierry Orlowski Répondre

    Cher lecteur & lectrice, Merci Mr. Trémeau pour cet article passionnant. La politique monétaire Européenne semble ignorer les écrits du plus célèbre des économistes Français du 20eme siècle : Jean Baptiste Say. Ce que Mr. Say a écrit, et qui lui a valut le prix Nobel d’économie, est ce que l’on a par la suite baptisé : « La loi de Say ». Grossièrement, la loi de Say est une démonstration qui prouve que c’est l’offre qui crée la demande et non l’inverse. D’une certaine manière, la loi de Say dit que la richesse et les échanges dans un marché sont aussi infinis que notre faculté a créé de nouveaux besoins. Que ces nouveaux besoins renouvelles et relances l’économie, que cette économie est tributaire de l’innovation et de la fluidité du marché. Bien sur, le pré requis à une économie de marché fluide consiste en premier lieu à ce qu’on lui fasse confiance, ce qui n’est pas le cas a Paris comme à Bruxelles. C’est pourtant le seul pré requis qui permettra à l’Europe d’avoir l’air d’autre chose, d’ici 25 ans, que d’une Union soviétique « New-look ». La chute de l’influence gauchiste Française en Europe et dans le monde sera, à ce titre, décisive. Cordialement, Thierry Orlowski

    31 janvier 2005 à 16 h 21 min

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