Libérer les entreprises de l’État

Libérer les entreprises de l’État

Récemment, vous avez proposé dans les « 4 Vérités » (n° 1237) de défiscaliser les bénéfices réalisés en 2019 et laissés dans l’entreprise pour permettre notamment à nos PME de traverser la passe difficile actuelle. Pensez-vous que cette idée progresse ?
Oui, très clairement. J’en ai été d’ailleurs très surpris. Voici des années qu’avec mon ami Pierre Kuchly, président de la chambre de commerce du Val-d’Oise, nous proposons cette idée de simple bon sens. Jusqu’à présent, nous prêchions dans le désert. Mais, avec la crise sanitaire, de nombreux parlementaires s’en sont saisis – à commencer par Sébastien Meurant, sénateur du Val-d’Oise qui nous soutenait déjà depuis longtemps, et qui a proposé cette solution à tous ses collègues du groupe LR, avec un succès remarquable.

Alors qu’est-ce qui bloque ?
À mon avis, c’est le système de prise de décision jacobin qui pose un grave problème : les hauts fonctionnaires de Bercy ignorent tout de la situation du terrain et de la réalité des PME. Il suffit de voir avec quel ton péremptoire nous avons été sommés de nous confiner, puis de travailler comme si de rien n’était, puis de mettre des masques, puis de nous débrouiller pour acheter ces masques que l’État nous promettait mais qu’il était incapable de fournir, etc.
À cela s’ajoute une sorte de clientélisme : les politiciens préfèrent les subventions aux baisses de charges. Il est évident que cette dernière solution est beaucoup plus juste et beaucoup plus efficace, mais la première a « l’avantage » pour les politiciens de leur créer une clientèle d’obligés. Je pense que c’est aussi pour cela qu’ils préfèrent des aides de l’État aux entreprises plutôt que la défiscalisation des bénéfices laissés dans l’entreprise.

Ne trouvez-vous pas tout de même que le gouvernement a plutôt bien fait les choses pour que les PME traversent la crise ?
Beaucoup d’idées sont effectivement de bonnes idées.
Malheureusement, l’application concrète laisse souvent à désirer.
Je ne prends qu’un exemple : les prêts garantis par l’État. A priori, tout le monde est d’accord sur le principe : les PME, fragilisées par une faible trésorerie, risquent de faire faillite si la crise sanitaire dure trop longtemps.
C’est donc une bonne idée de leur prêter de l’argent, le temps que la vie normale reprenne.
Malheureusement, ce sont les banques qui prêtent, avec leurs critères habituels : c’est-à-di­re qu’elles ne prêtent qu’aux riches – en d’autres termes à ceux qui n’en ont pas le plus besoin dans le contexte actuel.
C’est pour cela que je soutiens volontiers l’idée soufflée par ma collègue chef d’entreprise, Brigitte Le Cornet, excellente présidente de la CPME Bretagne, qui propose que les entreprises puissent se prêter entre elles.
Certes, le président Macron a timidement tenté de libéraliser cela avec la loi de modernisation de l’économie. Mais avec tellement de restrictions, tellement de jus de crâne d’énarque que cette bonne idée a été rendue inutilisable. Il faut que les entreprises soient autorisées à se prêter entre elles de l’argent avec inscription d’un privilège auprès du tribunal de commerce (ce que Bercy et les banques ont toujours refusé), pour éviter que ces créanciers d’un genre particulier ne passent après tous les autres.
Des entreprises pourraient prêter une partie de leur trésorerie à des fournisseurs, vitaux pour elles, mais qui risquent de disparaître faute de trésorerie.
Ce serait, là encore, une solution simple et qui ne coûterait rien à l’État mais qui, à ce jour, est légalement impossible.
C’est le principe de subsidiarité appliqué à l’économie réelle.

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Comments (4)

  • ELEVENTH Répondre

    Le problème, pour de nombreuses entreprises, est qu’elles étaient déjà avant le covid19 de vrais canards boiteux que le confinement aurait achevé sans aide spécifique de l’Etat, prenant à sa charge une bonne partie des salaires, des annulations de charge, etc… Les raisons de cette situation antérieure sont multiples et pas toujours celles du “trop d’impots”. Qu’en sera t il lorsque les béquilles étatiques vont disparaitre ? On peut discuter sans fin sur les prélèvements – que l’on peut appeler de toutes sortes de noms-, mais alors il ne faut pas craindre d’attaquer concomitamment le problème de la redistribution, y compris au bénéfice de parasites étrangers à qui tout est offert pro bono. A moins de financer les énormes dépenses par la seule dette et la faire passer à 300 % . Et pour combien de temps?

    24 mai 2020 à 0 h 52 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      vous avez entièrement raison, mais le problème des ” populistes ” ( R.N. , L.F.I., D.L.F. … ), pour ce qui concerne l’ économie, c’ est que leur intérêt se porte avant tout sur la survie des ” canards boiteux ” là où se trouve une grande partie de leur clientèle électorale

      24 mai 2020 à 7 h 58 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    la France se singularise toujours ( à son profit ? ) quand il s’ agit d’ impôts … idiots !

    ainsi nous avons l’ impôt de ” production ” prélevé sur l’ entreprise avant que celle ci ait commencé la moindre … production ! cet impôt se justifiant par une simple commande ; hors cet impôt sert à financer les collectivités locales qui, elles, ont perdu 15 milliards d’ € de ” recettes ” avec la crise du Covid 19 ; on voit mal l’ Etat renoncer à ce ” prélèvement ” … avant la source !

    de sorte qu’ une entreprise qui a deux sites de production l’ un en France, l’ autre en Allemagne voit son profit ( donc son cash et son auto-financement ) aller de 1 à presque 4 selon le site ( de 1 à 3 avec l’ Italie )

    et ne me dites surtout pas que nous avons une administration pléthorique ( et inefficace ) et des dépenses ” sociales ” disproportionnées tout le monde vous dira que c’ est anti-républicain, anti-égalitaire, anti-patriotique !

    20 mai 2020 à 16 h 49 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      EN UN MOT : … ANTI-FRANçAIS !

      21 mai 2020 à 8 h 19 min

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