L’inflation est aussi funeste que le chômage !

L’inflation est aussi funeste que le chômage !

Une idée économiquement très perverse envahit actuellement nos responsables po­litiques ou médiatiques.

L’inflation serait un mal mieux supporté que le chômage. Il ne faut donc pas hésiter à emprunter plus d’argent pour le donner aux entreprises installées en France. Elles pourront alors investir et fournir ainsi à leurs clients des produits moins coû­teux et de meilleure qualité. Nous irons, par exemple, plus rapidement en TGV de Paris à Genève en roulant dans des voitures plus confortables. Ou nous paierons moins cher une Peu­geot fabriquée à Sochaux ou une Renault produite à Boulo­gne-Billancourt.

Le gouvernement français peut donc s’endetter encore un peu plus en empruntant plus d’argent aux banques du monde entier. Les prix français augmenteront, mais les entreprises françaises deviendront compétitives après avoir investi. Et le chômage baissera donc.

Malheureusement, la réalité est différente.

Dans un premier temps, il existe toujours de nombreuses semaines entre le moment où l’argent emprunté entre dans les caisses des entreprises et le moment où elles redeviennent compétitives grâce aux investissements réalisés. Pendant toute cette période, l’argent en circulation est supérieur aux capacités de l’appareil de production. L’inflation s’installe donc. Tous les prix augmentent en France. Le pouvoir d’achat des Français diminue donc. Le chômage ne peut qu’augmenter. Et c’est toujours ce qui se passe dans tous les pays qui utilisent cette technique monétaire.

Dans un deuxième temps, la Banque centrale européenne (BCE), relayée par les banques nationales, doit nécessairement prendre des mesures pour s’opposer à l’inflation. Elle a reçu de tous les gouvernements européens une mission bien précise : maintenir l’inflation en dessous de 2 % par an. Le président de la BCE a décidé de ne pas parfaitement respecter ce chiffre et de laisser monter les prix un peu au-dessus des 2 %, en pensant que, dans la crise mondiale actuelle, une monnaie faible est plus favorable à la compétitivité de nos entreprises.

Enfin, il ne faut pas oublier deux grandes réalités : la mondialisation de l’économie depuis 1945 et la naissance de l’euro depuis 1999.

La mondialisation existe depuis longtemps. Ce qui se fabrique en Pologne ou en Chine peut arriver rapidement en France. Le coût du transport est de plus en plus faible. Et il ne compte pratiquement plus dans le prix de vente d’un produit. Or, les coûts de fabrication chinois sont jusqu’à 10 fois inférieurs aux coûts français. Cette réalité économique détruit des milliers d’entreprises françaises tous les mois. Ces entreprises ne peuvent plus attendre pendant des mois les éventuels effets bénéfiques d’une inflation. Ce n’est pas une manipulation de la valeur relative de l’euro qui va les rendre immédiatement compétitives…

L’euro existe depuis 1999 et les droits de douane ont été supprimés entre les 17 pays de la zone euro. Or, l’inflation dans les pays de l’Europe du sud est bien supérieure à celle des pays de l’Europe du nord. Si l’on veut utiliser l’inflation pour rendre les entreprises françaises compétitives, il est nécessaire que l’Alle­magne décide de suivre une politique monétaire aussi inflationniste que celle des pays de l’Europe du sud. Il est totalement utopique de croire que l’Allemagne va adopter un tel comportement.

Nos responsables semblent ignorer ce qu’est la réalité monétaire et il ne se passe pratiquement pas une semaine sans qu’une nouvelle charge soit imposée aux entreprises françaises. Alors qu’il faut faire exactement le contraire.

Ce n’est pas en augmentant l’inflation qu’on va relancer notre économie. Mais c’est, au contraire, en faisant baisser les prix. Et l’on sait parfaitement comment faire baisser les prix : il faut réduire les charges pesant sur les entreprises françaises exposées à la concurrence des entreprises étrangères.

Les prix français baisseront automatiquement, comme ils le font dans tous les pays où cette politique a été mise en place.

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Comments (9)

  • BRENUS Répondre

    Prétendre règler les problèmes économiques d’un pays par l’inflation a outrance est une imposture car cela ne règle jamais les problèmes fondamentaux. Cela peut, tout au plus, donner un peu d’oxygène pour un temps très court en ruinant l’épargne; Il est vrai aussi que ceux qui peuvent réajuster leur revenus peuvent même e^tre gagnants s’ils n’ont aucune épargne, en remboursant leurs emprunts avec de la monaie de singe. C’est un peu ce qui s’est passé, il y a 30 ou 40 ans avec l’achat de l’immobilier. Mais, pour la majorité, c’est impossible : les salariés ne verront jamais leurs revenus réajustés à due parité et les autres qui pourraient vouloir le faire se heurteront a des impécunieux. Le souhait de faire baisser les couts est sain mais il suppose de réduire fortement le ratio improductifs/productifs, à commencer par le fonctionariat, les dépenses quasi inutiles de collectivités locales, etc… que beaucoup considèrent comme indispensables pour “faire tourner les affaires”. Il suppose aussi de faire accepter un ménage drastique dans toutes sortes de subventions qui ne servent qu’à faire vivre des parasites du système. Qui aura ce courage? Qui aura la force d’appliquer la solution? Qui pourra convaincre le peuple que c’est la seule voie de salut et le faire adhérer a cette solution? Sincèrement je ne crois pas que cela soit possible, à moins d’un naufrage préalable qui nous mettrait dans une situation telle que plus personne ne voudra écouter les va de la gueule genre Méluche et ses marxistes. Ceci dit, je suis entièrement d’accord avec Quinctius lorsqu’il affirme que l’on ne peut pas vendre de la merde. Mais je tiens à témoigner qu’il fut un temps ou bien des productions industrielles françaises (en machines outils notamment, lorsqu’il y en avait encore beaucoup), n’avaient rien a redouter d’une comparaison avec les allemandes et étaient respectées dans toute l’europe. D’ailleurs certaines firmes allemandes un peu arrogantes oublient de faire savoir qu’une partie de leur technologie a été pompéé ailleurs.

    19 mai 2013 à 18 h 03 min
  • Jaures Répondre

    « Et l’on sait parfaitement comment faire baisser les prix : il faut réduire les charges pesant sur les entreprises françaises exposées à la concurrence des entreprises étrangères. »
    J’adore les éternels “il faut” ou “il suffit de” de Tremeau. Comme d’habitude démentis par les faits. Le Royaume Uni a des charges patronales deux fois moins élevées qu’en France et un taux d’inflation bien supérieur.
    L’Espagne et l’Italie sont à 36 et 38% (France 56%) et présentent des taux d’inflation bien supérieurs (le double en Espagne !).
    Chaque semaine je publie des contre-exemples des assertions de Tremeau mais cela ne le gène en rien pour récidiver. C’est fascinant.

    19 mai 2013 à 14 h 13 min
  • MINUX75 Répondre

    Comme le disait le regretté Milton FRIEDMAN, l’inflation n’est rien d’autre qu’un impôt. Voila pourquoi l’inflation est si mal vue de nos jours, les hommes n’aiment pas payer l’impôt, c’est tout.
    les socialistes du temps de MITERRAND ont toujours lutté contre l’inflation, il faut se souvenir du “franc fort” de BEREGOVOY qui était à l’époque une sorte de retour “light” de l’étalon OR. Même l’euro à ses début avait très peu d’inflation, c’est bien simple, elle surperformait toutes les autres monnaies comme l’aurait fait le deutchmark s’il avait continué à exister. A tel point que Hernando de SOTO n’a pas hésité à comparer l’euro à l’étalon OR http://blog.turgot.org/index.php?post/Huerta-de-Soto-Euro

    Le fonds du problème et bien simple, les états dans leur ensemble n’arrivent jamais à contrôler leurs dépenses, tout le problème vient de là et pas ailleurs, le reste en découle, l’inflation, le chômage, la dette, le déficit budgétaire les subprimes, la notation de la dette, etc… Aussi il n’y a pas de recette magique, seule une baisse des dépenses publiques aura raison de la crise ET RIEN D’AUTRE, aussi une politique visant à diminuer l’inflation par exemple butera sur une explosion vertigineuse du chômage, et l’effondrement de nos économies, c’est précisément ce qu’à fait BUSH père en 2008 en augmentant les taux d’intérêts avec à la clé l’effondrement des bourses et la chutes des banques que l’on connaît, ouvrant la boîte de pandore des subprime. nos économies du fait de leur endettement sont hyper fragiles aussi toute tentative de contrôler l’inflation déclenche l’effondrement du système, ce n’est pas par bonté de coeur que la BCE baisse sans arrêt les taux dintérêts, c’est tout simplement parce qu’elle ne peut pas faire autrement. Quand pendant l’été 2011, Jean claude TRICHET a augmenté les taux d’intérêts, cela à déclenché un cyclone à la baisse des bourses mondiales.

    La morale de tout cela est qu’il faut que les états maîtrisent leurs dépense et que la bidouille monétaire que l’on pratique depuis 40 ans pour lutter contre l’inflation et ou le chômage ne pourra jamais donner de bons résultats à long terme.

    18 mai 2013 à 1 h 37 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      pour être exacte,c’est un impôt qui ne concerne que ceux qui ne peuvent pas ” réajuster ” ( à l’inflation ) leurs revenus !

      18 mai 2013 à 13 h 35 min
  • Lorenz Répondre

    Très déçu par cet article qui finit par un “y a qu’à”…

    16 mai 2013 à 10 h 19 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      je ne vois pas y’a ka, fokon !

      17 mai 2013 à 7 h 38 min
      • Lorenz Répondre

        “Et l’on sait parfaitement comment faire baisser les prix : il faut réduire les charges pesant sur les entreprises françaises exposées à la concurrence des entreprises étrangères.”

        Le voilà, le “ya qu”à”. Bien sûr, baisser les charges, je suis bien d’accord, mais comment et en réduisant quelles dépenses publiques ? Où sont les solutions concrètes, les propositions à court et à long terme ?

        17 mai 2013 à 22 h 53 min
        • quinctius cincinnatus Répondre

          donnez nous, vous mêmes, vos propres solutions, si vous en êtes capable et surtout chiffrez les, et donnez un agenda !
          Trémeau n’est pas un énarque de Bercy !

          18 mai 2013 à 19 h 47 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Pour une fois le docteur Bernard Trémeau est clair, précis, et juste … Félicitons le pour ce bel effort … Il oublie cependant un facteur essentiel celui de la “qualité-productivité” ce que font toutes les entreprises allemandes, danoises, suédoises, finlandaises, autrichiennes,suisses et que commencent à faire les …italiennes … car ( comme en médecine ! ) ce n’est pas en produisant ” de la merde ” qu’on s’en sortira dans le cadre d’un commerce mondialisé

    15 mai 2013 à 13 h 00 min

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