L’intégrisme a fait du monde musulman une poudrière

L’intégrisme a fait du monde musulman une poudrière

Depuis le 20 mai, l’armée libanaise combat les miliciens islamistes sunnites du Fatah al-Islam, à Nahr el-Bared – nord du Liban – l’un des douze camps de réfugiés palestiniens du pays. Cela fait ressurgir le spectre de la guerre civile de 1975-1990. Beyrouth dit que le Fatah al-Islam, né en novembre 2006, est manipulé par la Syrie. Mais Damas nie tout lien avec cette organisation dont le dirigeant, Chaker al-Abssi, est recherché par la justice syrienne.

Beyrouth, encouragé par l’Arabie Saoudite et les États-Unis, avait armé ce groupe sunnite pour contrebalancer le Hezbollah, organisation extrémiste chiite. Mais le diable est sorti de sa boîte. Abssi se réclame de l’idéologie d’Al-Qaïda. La plupart des 300 miliciens – des Palestiniens, des Saoudiens, des Algériens, des Tunisiens, des Syriens et des Libanais – du Fatah al-Islam ont combattu en Irak. Le cas libanais reflète l’évolution du monde musulman.

Quoique rivaux, chiites et sunnites ont la même haine de ce qui s’oppose à l’hégémonie de l’islam. Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a pris parti pour le Fatah al-Islam, mettant en garde le gouvernement libanais. Il a fait taire son anti-sunnisme, pour ne pas renforcer le gouvernement du Premier ministre Siniora. En Irak, chiites et sunnites s’étripent. Cela n’empêche ni les uns ni les autres d’attaquer les troupes de la coalition.

Sunnite ou chiite, l’intégrisme islamiste travaille à prendre les commandes du monde musulman. Ansar al-Islam fait oeuvre de prosélytisme dans tous les camps palestiniens du Liban. Le surgissement de cette organisation invoquant Al-Qaïda, est en résonance avec la montée de l’intégrisme islamiste dans la région. Au Sud-Liban, le Hezbollah se réarme malgré l’ONU. Dans les Territoires palestiniens, le Hamas combat le Fatah. Ses miliciens, et ceux du Djihad islamique, bombardent Israël. Celui-ci est confronté, non plus à un nationalisme classique comme celui du Fatah, mais à l’intégrisme islamiste, qui vénère la oumma (communauté des croyants), combat les « infidèles », et voit en l’Occident une émanation de Satan.

Des mouvements invoquant Al-Qaïda se développent dans le Maghreb, ainsi que dans l’Afrique sub-saharienne. En Somalie, les milices islamiques ont plongé le Darfour dans le chaos. En Afghanistan, les troupes occidentales s’épuisent face aux talibans toujours plus nombreux, adossés aux régions tribales de l’Ouest pakistanais et bénéficiant de la sympathie de la population.

Depuis mars, au Pakistan se multiplient des manifestations consécutives à l’éviction du président de la Cour suprême par le président Musharraf. Les élections présidentielle et législatives sont prévues fin 2007 et début 2008. La chute éventuelle de Musharraf, l’homme fort du pays, pourrait donner les clés du pouvoir aux intégristes, qui disposeraient alors de l’arsenal nucléaire pakistanais. En Indonésie et dans le sud de la Thaïlande, se développent des foyers terroristes islamistes. La Turquie se réislamise, sous l’habile férule du Parti – islamiste – de la justice et du développement (AKP) qui est au pouvoir, avec le concours de la jobardise européenne. Mais les laïcs manifestent. Excédée, l’armée, gardienne de la laïcité, songe à un coup d’État, qui entraînerait une guerre civile.

En Somalie, les milices islamistes ont installé le chaos au Darfour. L’Iran poursuit sa course au nucléaire, malgré les sanctions onusiennes.
Le dialogue entre Washington et Téhéran sur l’Irak n’empêche pas l’émergence de casus belli, comme la rétention en Iran de citoyens américano-iraniens. La probabilité d’une attaque aérienne américaine augmente, bien que de nature à provoquer une immense onde de choc politique.

Les consultations électorales dans le monde musulman sourient aux islamistes. En Turquie, l’AKP – sortant – est donné gagnant aux législatives du 22 juillet prochain. Au Maroc, une forte poussée islamiste est attendue à celles du 7 septembre.

Le monde musulman – 1,3 milliard de personnes – s’enfonce dans la guerre civile, parce que les intégristes veulent y restaurer complètement la charia (loi islamique). Ils ambitionnent de l’étendre aux terres jadis musulmanes – comme l’Espagne, la Sicile ou les Balkans – puis à toute l’humanité. Ils désignent l’Occident comme ennemi. Récemment, une tentative d’attentat visant l’aéroport John Kennedy à New York a été déjouée.

Un rien pourrait transformer les tensions actuelles en embrasement général, souhaité par des intégristes islamistes comme le président iranien. Nul ne serait à l’abri…

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Comments (6)

  • Gérard Pierre Répondre

    Bonjour monsieur Artur du Plessis Laurent.

       Pardonnez moi si je peux donner l’impression de focaliser sur la sémantique. La description que vous faites des symptomes proliférants est tout à fait bien observée et sert votre démonstration. C’est le titre qui mérite une rectification.

       En effet, ce n’est pas l’intégrisme qui fait du monde musulman une poudrière, mais l’islam intégral. Le mot intégrisme s’applique à un comportement qui se radicalise en s’éloignant de l’esprit d’un mouvement. L’inquisition fut un intégrisme religieux dans la mesure où son comportement fut contraire aux enseignements de l’Evangile qu’il prétendait servir. Il existe actuellement certains courants intégristes (trés minoritaires et sans portée inquiétante, reconnaissons le) dans les différentes composantes du christianisme ou du judaïsme.

       En revanche, les comportements exacerbés que vous soulignez, tant chez les sunnites que chez les chiites, attestent un retour des comportements aux textes fondateurs que sont les 114 sourates du coran et les milliers de hadiths de la sunna. De ce point de vue, il ne saurait être question d’intégrisme mais d’intégralisme. Ce sont, singulièrement, ceux qui jusqu’à présent ne posaient pas trop problème qui, en réalité, s’étaient éloignés de l’esprit de l’islam.

       La nuance me paraît d’autant plus importante qu’elle permet, lorsqu’on en prend conscience, de lutter contre le fourre-tout intellectuel du relativisme selon lequel, toutes les religions se vaudraient, ou pour reprendre une sortie peu élégante de Caroline Fourest : " toutes les religions nous emmerdent ! "

    12 juin 2007 à 17 h 59 min
  • R.Ed. Répondre

    En France ?

    C’est facile, c’est le premier.

    Et c’est sans compter les musulmans qui appellent leurs rejetons d’un autre prénom "exotique" que Momo et même d’un prénom "occidental".

    Bien le bonjour, ou plutôt salam mon frère.

    11 juin 2007 à 10 h 45 min
  • Jobard Effendi Répondre

    Ah, que le monde vivrait en harmonie soutiennent les jobards si Israël n’existait pas.
    Car, n’est-il pas, c’est son existence qui a secoué la fiole où le genie était assoupi…Cela serait-il irréversible ?

    10 juin 2007 à 15 h 38 min
  • Anonyme Répondre

    NABOT 1er ne laissera jamais publier un tel sondage.Aucun journaleux n’osera aller contre ses interdits. Apres les législatives il vaut mieux investir dans la vaseline.Il parait que çà facilite les choses Bon courage à tous: le rêve est fini Ses heureux électeurs seront les plus déçus.Mais il est trop tard.L’islam est bien soutenu par les ministères de gauche

    10 juin 2007 à 12 h 07 min
  • JP Répondre

    Il serait intéressant de savoir ce que ça donne en France avec ses 10 millions de musulmans !

    8 juin 2007 à 14 h 26 min
  • EIFF Répondre

    Mohammed, deuxième prénom le plus populaire en Grande-Bretagne.

    http://www.romandie.com/infos/ats/display2.asp?page=20070606124023354172194882000_brf030.xml

     

    Mohammed est déjà le deuxième prénom le plus populaire en Grande-Bretagne derrière Jack. Il devrait se hisser en première position d’ici la fin de l’année, selon une étude publiée par le "Times", s’appuyant sur des données gouvernementales.

    Mohammed arrive seulement en 23e position dans la liste des prénoms les plus donnés aux nouveaux-nés établie par l’Office national des statistiques. Mais dès lors que l’on totalise les quatorze façons différentes d’orthographier ce prénom, il se place en deuxième position, selon le quotidien.

    Sous ses diverses orthographes, Mohammed a ainsi été attribué en 2006 à 5991 nouveaux-nés, contre 6928 pour Jack. Suit en troisième position Thomas (5921), puis Joshua (5808) et Oliver (5208). Selon des spécialistes, le recours croissant à Mohammed est dû à la hausse du nombre de familles musulmanes et à leur volonté de prénommer leur enfant en hommage au prophète. 1,56 millions de musulmans, soit 3% de la population totale, vivent au Royaume-Uni.

    7 juin 2007 à 11 h 03 min

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