L’unité de l’Europe est sa civilisation
Les « euro-sceptiques » peuvent certes présenter quelques arguments économiques à prendre en considération. Mais je ne peux accepter celui qu’avance Guy Millière dans le numéro n° 945, quand il affirme : « Il n’y a pas de culture européenne. » J’estime, au contraire, que c’est par sa culture que se définit essentiellement l’unité européenne !
En effet, lorsque j’entends nos dirigeants parler de l’Europe comme des « manageurs » (qui ne se souvient de la piètre prestation de Chirac incapable, en 2005, d’expliquer à une bande de « jeunes » analphabètes ce qu’était une constitution?), je me souviens du souffle extraordinaire que les « Pères fondateurs » avaient insufflé aux générations qui ont commencé l’aventure, à la fin des années 40. J’avais, à l’époque, 15 ans. L’impression de vivre une aventure inouïe nous emportait.
Actuellement, mes petits-enfants reçoivent des amis allemands, italiens, espagnols et même anglais, traversent, avec en poche une simple carte d’identité, des frontières autrefois militairement gardées par Maginot et par Siegfried. J’en suis heureux, c’est ce que nous voulions. Mais je ne voudrais pas qu’ils oublient le chemin parcouru.
Les langues ? À un ami qui, un jour, arguait du nombre de langues parlées en Europe pour rejeter l’idée d’Union, je répondis : « J’ai en mains un billet de banque indien : il porte une inscription en 15 langues différentes, appartenant à trois familles distinctes, écrites au moyen de 11 alphabets différents ! » Niera-t-on l’existence d’une culture indienne ?
Ceci n’empêche pas, certes, le problème d’une langue de communication de se poser dans les relations intra-européennes. L’anglais, qui semble devoir actuellement vouloir jouer ce rôle de « langue véhiculaire », présente l’avantage d’être déjà un « sabir » franco-allemand, et de servir aussi au niveau intercontinental. Par contre, il a contre lui ses difficultés de prononciation, sa fausse simplicité grammaticale, et surtout le fait de privilégier un État membre par rapport aux autres.
Oui, l’Europe se définit par sa civilisation. J’en appelle sur ce point à Voltaire : « Il y a déjà longtemps que l’on pouvait regarder l’Europe comme une espèce de grande république, partagée en plusieurs États, tous ayant un même fond de religion, tous ayant les mêmes principes de droit public et de politique, inconnus dans les autres parties du monde. C’est par ces principes que les nations européennes ne font point esclaves leurs prisonniers, qu’elles respectent les ambassadeurs de leurs ennemis et qu’elles s’accordent surtout dans la sage politique de tenir entre elles une balance égale de pouvoir. » (Voltaire 1751 : Voltaire reconnaissant que les « droits de l’homme » ont un fondement chrétien !).
Il y a aux États-Unis, dans certains milieux, une nostalgie de la guerre froide ! D’où la tentation de poursuivre la politique d’encerclement de la Russie. Cette politique est dangereuse. Pour des raisons historiques compréhensibles, certains États de l’UE se prêtent au jeu. Il convient, au contraire, de constituer au plus tôt un véritable pôle européen, autonome, libre dans ses relations avec la Russie et capable de résister aux pressions des USA quand ceux-ci poussent à démanteler un pays européen comme la Serbie ou à faire admettre dans l’Union un pays asiatique comme la Turquie…
Talleyrand, qui s’était réfugié outre-Atlantique lors de la Terreur, a déclaré avec une remarquable clairvoyance : « Le jour où l’Amérique posera le pied en Europe, la paix et la sécurité en seront bannies pour longtemps. »
Non, Monsieur Millière, il est faux de dire qu’il n’y a pas de culture européenne. Est-on vraiment dépaysé à Rome, à Barcelone ou à Cracovie, autant qu’au Caire ou à Bangkok, ou même à Chicago ? Non évidemment ! En fait, vous le savez bien, mais une fois encore vous vous prêtez au jeu des USA : « diviser pour régner » !
R. Poudevigne
Comments (19)
Postulat du vivre ensemble à défaut de s’entendre ensemble, d’après Schrödinger.
Marseilles et Hambourg, deux ports ayant approximativement le même nombre d’habitants.
Prenez un citoyen lambda de Marseilles et enfermez le pour 24h dans une chambre avec un citoyen lambda de Hambourg.
Par mesure de précaution placez une ambulance du Samu à proximité.
Comme pour le chat de Schrödinger quelles sont les chances pour que la couleur rouge prédomine après que les 24h se soient écoulées.
Il y a quelques mois j’étais à Chicago et à part l’hyper centre où se dressent des grattes-ciel, les suburbs ne m’ont pas dépaysé.
On y trouve églises, cimetières, centres commerciaux, centres culturels, zones industrielles, tout comme en Europe.
Zut alors! Je suis entièrement d’accord avec Jaurès. J’ai certainement lu son texte trop rapidement.
Ou sans préjugés.
Le problème est que les concepts ne sont pas définis.
La culture, c’est l’ensemble des connivences qui lie un peuple au cours de son Histoire. A ce titre, dire qu’il n’existe pas de culture européenne alors qu’il existerait une culture américaine est une absurdité car la seconde est bâtie sur les fondements de la première.
Par ailleurs, rien n’est éternel et certainement pas la culture. les peuples se font et se défont . Des cultures disparaissent, d’autres naissent. La culture européenne existe car, comme le montre Poudevigne, elle est évidente: nos enfants nous le démontrent chaque jour.
Les langues sont en l’espèce un faux problème. Beaucoup d’Etats européens ont plusieurs langues officielles et si nous avons sauvagement éradiqué nos propres langues régionales, nous le regrettons aujourd’hui tant il est avéré que la diversités des langages amène une grande et diverse richesse créative.
” connivence ” ne me parait pas être le mot qui conviendrait à ce que vous voudriez exprimer … parlons plutôt de” conscience d’appartenir à un même Monde de Pensée ” … je sais c’est un peu long, mais nous ne sommes pas tenus ou obligés de faire dans le ” short ” ( sic ) et le ” fast ” comme le fait péremptoire Millière
L’appartenance à un peuple n’est pas forcément consciente. Elle peut le devenir à un moment clef, lors d’une épreuve (guerre, révolution, persécution,…). Beaucoup d’anciens déportés racontent qu’ils se sont réellement sentis juifs le jour où on leur a collé une étoile jaune sur la veste.
pas de ” reductio ad Shoah ” s.v.p…. c’est, dans ce cas, tout à fait déplacé et surtout parfaitement illogique Quant à ” connivence ” voici pourquoi : ce mot vient du latin ” coniventia ” qui signifie très exactement ” laisser faire ” ; on dit par exemple ” être ou agir de connivence avec quelqu’un ” c’est à dire précisément qu’on LAISSE FAIRE l’autre et qu’on participe ( activement ou non ) à son action. en somme qu’on est son COMPLICE! et voilà pourquoi votre exemple des députés français de confession est … illogique … pour vous exprimer clairement mettez vous à l’étude de la Langue Latine
je continue ” alors que ces députés avaient bien conscience d’appartenir à un même Monde de Pensée …celui de la Nation Française ! c.q.f.d.
allez je vous quitte pour Poullenc ( un homo notoire ! )
Non, Quinctius, je maintiens mon terme. La culture est pour l’essentiel subie. Nous avons une langue maternelle, nous vivons sur un sol où autour de nous des gens ont un comportement défini dans un environnement défini. Nous sommes pensés par la culture avant de la penser. C’est cette passivité, cette imprégnation a priori commune à un peuple qui forge cet ensemble de connivences qui fait que nous savons ce que font des personnes habillées de telle façon, se déplaçant à tel horaire dans tel endroit tout comme eux ont de nous les informations similaires.
Le discours sur la culture, la conscience que nous en avons, viennent bien plus tard et restent parcellaires. Pour l’essentiel, nous “laissons faire”.
Par ailleurs, j’ai écrit “déportés”, pas “députés”
Finalement , il n’ y a pas que Jaures pour lui voler dans les plumes.
des plumes de …paon !
moi je suis pour la flûte de …Pan !
Millière n’est que le paravent des marchands US et de la synagogue israélienne – ce qui est la même chose.
Oui, il y a une civilisation européenne : elle est gréco-romaine et chrétienne alors que la civilisation “américaine” est judéo chrétienne. N’en déplaise à beaucoup, ce n’est pas la même chose.
Il suffit d’ailleurs de lire les saillies de ce petit monsieur dans dreuz.info pour s’apercevoir qu’il partage les trois quarts de son temps entre les US et Israël et le dernier quart à insulter la France et les Français.
L’ennui ,c’est qu’il n’y a pas que vos enfants et les miens qui traversent les frontières “avec une simple carte d’identité”: les trafiquants de drogue ou d’armes ,les terroristes,les mafiosi,les clandestins venant ruiner notre système social traversent aussi ces “frontières”devenues inexistantes ,avec ,ou sans carte d’identité
GM , le professeur de science molle (économie) et peu fiable est de plus antimalthusien : pour lui la croissance démographique est source de croissance économique .
” croissez et multipliez vous ” … nous ferons des affaires !
GM est un mondialiste : ce qualificatif suffit à le ranger dans le camp de l’ ennemi yankee et synagoguenard à abattre .
ce sont justement les eurosceptiques qui défendent l’idée d’une ” Civilisation Européenne ” … et c’est justement cette idée que Millière nie et cependant combat … Millière est fondamentalement l’ennemi de l’Europe et de sa civilisation, c’est le cheval de Troie de l’Amérique consumériste et bancaire et de l’Etat Hébreux… ” sûr de lui et dominateur ” … je vois avec plaisir que nous sommes de plus en plus nombreux sur le blog à lever le voile sur les motivations véritables du ” professeur ” ( de quoi au juste ? )