Nous entrons dans une ère de troubles

Nous entrons dans une ère de troubles

Nous avons connu, en 2007-2008, une crise exceptionnelle du capitalisme financier mondialisé sous domination américaine.
Bien sûr, en première analyse, cette crise peut se lire comme l’une des crises du capitalisme contemporain. Elle a eu en effet le même visage que les crises habituelles du capitalisme con­temporain, à savoir la forme d’un krach bancaire et boursier. Et la même origine que les crises habituelles du capitalisme, à savoir les excès d’endettement des périodes d’euphorie.

Mais, au-delà, il faut dire que la crise de 2007-2008 a été le plus grand krach financier qu’ait connu le capitalisme.
Il faut surtout insister sur le fait que cette crise – déclenchée sur la principale place financière du moment, qui est aussi le cœur économique et politique du monde, les États-Unis d’Améri­que – est le « marqueur » de la « fin » de l’hyperpuissance américaine. Voici venir le temps du déclin relatif des États-Unis.

Cette crise se prolonge en une longue, difficile et dangereuse phase de transition… probablement jusqu’aux années 2030.
Nos nations, et les USA en particulier, sont entrées dans la phase descendante d’un cinquième cycle long de Kondra­tieff, qui a eu sa phase ascendante de 1900 à 2007. Nous sommes entrés dans une période comportant des risques de désordres géo-économiques et géo-stratégiques certains.

On peut penser que nous sommes con­damnés à une longue période de stagnation, de croissance molle, car la croissance par endettement privé infini des acteurs est désormais terminée et la croissance par en­dettement public infini des États est impossible.
Cette perspective de tassement économique va accentuer les rivalités accrues entre les États.

L’érosion de la puissance américaine et la montée des puissances émergentes (la Chine en particulier) vont conduire à un « polycentrisme mondial », c’est-à-dire une scène internationale avec de nombreux pôles, loin du monde unipolaire des années 2000.
Cette perspective est également source de tensions accrues. Il n’est pas exclu que ressurgissent dans ce monde des conflits interétatiques, des guerres de haute intensité.

Il faudrait dès lors s’attacher à montrer plus en détail que les conflits et les guerres sont bien au cœur des périodes de crise et de transition marquées par le basculement de domination.

Historiquement, en effet, le basculement des leaderships s’est toujours traduit par des « guerres de trente ans », des « guerres systémiques », des « guerres hégémoniques ». Et un conflit entre la puissance déclinante (États-Unis) et la puissance montante (Chine) paraît envisageable.
Encore faut-il prendre en compte le fait que cette période de crise et de transition va se dérouler dans un univers nucléarisé.
Il est sûr, en effet, qu’à l’horizon 2030, malgré les efforts actuels de dénucléarisation du monde du Président Obama, le nucléaire militaire sera loin d’avoir disparu dans l’arsenal de défense des nations.

Et, si une nouvelle utilisation, demain de l’arme nucléaire paraît a priori exclue, elle n’est pourtant pas complètement improbable.
Ce n’est qu’à l’horizon 2030, au sortir du monde polycentrique, instable et dangereux de la période transitoire, que l’on peut « normalement » espérer retrouver autour de la Chine hégémonique un nouvel « ordre mondial ».
Il restera pourtant encore, dans ce nouvel ordre mondial, des possibilités de déséquilibres, de tensions et de conflits, tant il est vrai qu’il n’existe aucun précédent historique d’un monde complètement, totalement, définitivement équilibré et stable, ordonné et pacifique…

Pierre Pascallon
Pascal Hortefeux
Hier la crise,
Demain la guerre?

L’Harmattan

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Comments (3)

  • françois Répondre

      Le ket: " Il va falloir se serrer la ceinture et choisir entre l’indispensable et le superflu…"
    Si ce n’est que cela, il faudra s’estimer heureux. Je crains qu’il ne faille choisir entre l’indispensable et le nécessaire…Malheureusement! Plus le remède vient tard, plus il est douloureux…

    2 juillet 2010 à 20 h 06 min
  • le ket Répondre

    Et les eurocrates qui dirigent nos économies, imposent des "directives" et nous vantent le mondialisme sont les premiers responsables de la disparition de nos fleurons : industries minières et métallurgiques, textile, agriculture, chantiers navals, automobiles, Hi-Fi et radio-télé, agro-alimentaire, etc …  OUI, les Sicco-Manshold, Pisani, Delors et consorts sont les artisans d’un véritable cimetière industriel avec vue imprenable sur le désert économique européen ! ! !

    Ces mêmes décideurs qui siègent à Bruxelles (aujourd’hui la mecque de l’Eurabia) ont été incapables de trouver un remède à la tourmente financière et bancaire, initiée fin 2006 aux USA, parce qu’ils se complaisent en réunions stériles et  inutiles : la Divison de Michel Barnier en charge des questions financières se complaît dans l’inefficacité et les palabres. Leur arrogance le dispute à la complaisance envers les mauvais élèves de l’Europe, sous le fallacieux prétexte de la "solidarité"….

    Une  nouvelle tempête se lève et va balayer les "droits z’aquis", les avantages sociaux des Etats-Providence et réduire à néant les efforts consentis par l’ensemble des peuples européens durant les 50 dernières années.

    OUI, il va falloir TRES SERIEUSEMENT se serrer la ceinture et nous serons contraints de choisir entre l’indispensable et le superflu ! ! !

    "Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l’employeur.

    Vous ne pouvez pas éviter les ennuis en dépensant plus que vous ne gagnez.

    Vous ne pouvez pas forcer le caractère et le courage en décourageant l’initiative et l’indépendance.

    Vous ne pouvez pas aider les hommes continuellement en faisant pour eux ce qu’ils pourraient et devraient faire eux-mêmes."

                                                            Abraham LINCOLN  (en 1860 devant le Congrès).

    Quel homme politique aura-t-il donc le courage de tenir un langage de vérité devant son peuple aujourd’hui ? ? ?

    1 juillet 2010 à 14 h 19 min
  • ozone Répondre

    Le premier discour auquel il faut tordre le cou est celui tenu par les économistes liberaux selon lequel les délocalisations avec les transferts massifs de technologies l’ont été pour "sortir de la misére 400 millions de chinois"
    Ce n’était que pour se remplir les poches et au passage casser les progrés obtenus par les citoyens de nos pays…..

    TRAITRES

    30 juin 2010 à 22 h 07 min

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