Ouverture du marché français : les 30 piteuses

Ouverture du marché français : les 30 piteuses

En 1967 la France entre dans le Marché Commun. Les progrès techniques font aussi que la taille du marché, de nationale, devient mondiale. Nos entreprises sont soumises à la concurrence des entreprises étrangères. Le franc entre en 1979 dans un système monétaire européen à parité fixe (le SME). Le chômage remplace en quelques années le plein-emploi et se maintient jusqu’à nos jours aux alentours de 10 %, malgré une quinzaine de politiques dites de relance, d’inspiration keynésiennes. Le premier janvier 2002 le franc disparaît et naît l’euro. La dévaluation compétitive devient politiquement impossible.

L’économie française est divisée en deux parties.

Dans toute une partie de l’économie (textile, automobile, informatique), nos entreprises sont soumises à la concurrence des entreprises étrangères ayant des salaires bien plus bas que les salaires français, (Roumanie, Pologne, Tunisie ou Chine). Dans tous ces domaines, l’offre mondiale est pratiquement illimitée. De ce fait, actuellement en France, le pouvoir d’achat issu d’une augmentation de salaires n’est pas totalement détruit par l’inflation. Il existe donc un pouvoir d’achat résiduel, comme du temps des 30 glorieuses.

Mais dans l’autre partie de l’économie (le logement par exemple) nos entreprises ne subissent pas la concurrence étrangère. Une augmentation de la demande sans augmentation équivalente de l’offre y provoque automatiquement une inflation (la bulle immobilière par exemple avec l’augmentation du prix des loyers). Inflation d’autant plus importante qu’un pouvoir d’achat résiduel existe dans la première partie de l’économie.
L’ouverture du Marché national expose à deux inconvénients majeurs. Le déséquilibre de la balance des paiements et le chômage.

Imposer le capital revient à le faire fuir

Les Français achètent massivement des produits ou des services provenant de l’étranger, car ils sont bien moins chers. Produits fabriqués par des entreprises étrangères ou par des entreprises françaises délocalisées. Grâce aux transferts de technologie, ces produits ou ces services atteignent aujourd’hui la qualité française, tout en étant offerts à des prix bien inférieurs. En deux ans, le prix des vêtements vendus en France a même baissé de 4 %.

Toute augmentation du pouvoir d’achat en France se traduit automatiquement par un déséquilibre accru de la balance commerciale.
Les entreprises françaises qui subissent la concurrence étrangère ne peuvent pas augmenter leurs prix. Pour rester compétitives, elles n’ont qu’un seul moyen, investir. Investir pour innover, investir pour améliorer la productivité et vendre moins cher. Seuls ces investissements peuvent permettre à l’entreprise de résister à la concurrence.

Mais pour investir, il faut des capitaux. L’entreprise peut tirer ces capitaux de ses fonds propres (bénéfices non distribués) ou elle peut les emprunter. Or les entreprises installées en France subissent des contraintes fiscales et réglementaires qui vident en permanence leurs caisses. Il faut d’abord payer les salaires et les charges. Pour beaucoup d’entreprises, comme pour l’État d’ailleurs, les responsables sont obligés, par manque d’argent, de repousser à plus tard les investissements.

On pourrait aussi emprunter les capitaux dont on a besoin. Mais on trouve de moins en moins de capitalistes pour investir en France. La France, en imposant plus que tout autre pays le capital, chasse à la fois les capitaux et les capitalistes.

Nos entreprises n’ont plus les moyens financiers d’investir. Elles ne peuvent donc pas rester compétitives. Elles sont donc éliminées. En délocalisant, elles retrouvent le chemin des bénéfices, comme les entreprises du CAC 40, mais délocaliser n’est pas à la portée de l’immense majorité des PME françaises.

Avec l’ouverture du marché français aux produits étrangers, les contraintes inflationnistes imposées aux entreprises et aux capitaux français font le vide économique dans le pays.

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Comments (5)

  • Gérard Pierre Répondre

    A monsieur Jean:

    "Je considère que nous sommes en plein processus de création d’un autre modèle, pas encore abouti….Nous sommes au milieu du gué."

    Nous partageons assurément une même impression, ce qui donne sans doute un aspect confus à mon exposé, je vous l’accorde. Si nous sommes au milieu du gué, je ne distingue pas encore nettement ce qu’il y a en face…….. et pour être tout à fait franc je ne le vois même pas du tout !

    J’ai un faible pour la primauté du politique sur l’économie, par réaction envers cette attitude fataliste qui consiste à objecter en toutes circonstances, quelles que soient les constats: " que voulez vous mon cher, c’est la loi de l’économie ! " L’argument est toujours utilisé par ceux qui bénéficient de ses retombées avantageuses, jamais par ceux qui sont victimes de ses inconvénients.

    Parce que l’économie est une technique, et uniquement une technique que l’on a cessé de sophistiquer au fil du temps, il est contraire à l’éthique d’y subordonner l’ Homme. Toute technique non maîtrisable par l’ Homme est à reconsidérer. Quant à la dernière place du financier dans ma hiérarchisation elle tient à des raisonnements trop souvent entendus, limités à un segment de temps qui est généralement celui d’un exercice comptable, et qui développe la formule suivante: " cet hôtel de 10 étages n’est rentable qu’à 90%, rasons donc le dixième étage pour qu’il le soit à 100%! ". L’argument étant reproductible chaque année, on voit ainsi où il mène à moyen terme. C’est comme cela que le profit financier a pris le pas sur le profit industriel, en tuant l’économie à petits feux.

    " A la base de l’idée libérale il y a le choix de l’individu de faire ou pas, d’acheter ou pas ". Ceci était vrai dans mon exemple des pommes de terre. Or aujourd’hui que constate-t-on trés souvent ? Le client (*)se fait piéger par un coût d’acquisition attractif, aprés quoi il devient ensuite un client captif lorsqu’il doit s’acquitter des coûts de possession toujours plus élevés qu’on ne le lui laissait entendre. Exemple l’automobile ( qui est loin d’être unique ) . Ce n’est pas le même " vendeur " qui traitera les deux questions. Le client ne peut pas envisager de négocier quelque chose de synthétique. Autre exemple: les prestations de conseil ! ! ! ! dont vous ne pouvez " apprécier " le bien fondé qu’aprés consommation. Beaucoup d’entreprises se sont engouffrées dans ce créneau pour vendre de l’intelligence au quintal de papier " power pointé "……… qu’en reste-t-il ensuite ? ……. bien souvent pas grand chose !

                                                         ************************************************

    (*) Notre droit français a bien perçu le deséquilibre dans le rapport des forces entre l’acheteur et le vendeur puisqu’il répute juridiquement le vendeur technicien de la chose vendue et l’acheteur non technicien de la chose acquise, notamment en matière de vice caché. ( sauf dans le cas de vente d’un véhicule d’occasion à un garagiste professionnel, auquel cas c’est l’inverse )

    12 février 2007 à 14 h 23 min
  • Orion Répondre

    En somme, on ne sait toujours pas trés bien d’où l’on vient, et absoluement pas du tout où l’on va …

    12 février 2007 à 11 h 33 min
  • Jean Répondre

    Bonjour Gérard Pierre

    Je ne suis pas d’accord avec votre façon nostalgique de représenter les choses et les évenments qui suivent une évolution tout à fait normale et saine.

    Votre démonstration un brin confuse rate son objectif: convaincre. Il est faux d’affirmer que le politique doit primer sur l’économique et la finance. Ce sont des pouvoirs de nature différente, parfois antagonistes, parfois en phase, selon les rapports de force.

    A la base de l’idée libérale il y a le choix de l’individu de faire ou pas, d’acheter ou pas. Tout est négociable et tout doit être négocié et c’est seulement au bout de cette confrontation de vues que naitra un compromis fécond et réellement représentatif de la valeur d’un bien ou d’un service… pour un temps seulement.

    Si le politique doit primer alors vous introduisez la possibilité de l’arbitraire idéologique, et une trop grande dépendance en la pseudo-qualité de quelques hommes sur un sujet où ils seront peu compétents. Et là existe le risque d’une vraie dérive qui déstabilisera ces  équilibres.

    Je considère que nous sommes en plein processus de création d’un autre modèle, pas encore abouti….Nous sommes au milieu du gué.

    Bien à vous.

    10 février 2007 à 16 h 32 min
  • Gérard Pierre Répondre

       Le modèle collectiviste s’est effondré par implosion et personne ne songerait à le regretter. Nous avons été tentés de conclure que le modèle capitaliste avait gagné. c’était donc forcément LE BON MODELE puisqu’il survivait à son "concurrent". Or ce modèle a été dévoyé par ses chantres les plus fervents, comme le fut le modèle communiste par ceux-là même qui le prônaient.

       Lorsqu’on nous a enseigné l’économie de marché, au début des années soixante, on nous présentait encore l’exemple des producteurs de pommes de terre exposant aux consommateurs solvables le produit de leur labeur. L’ajustement de l’offre et de la demande s’envisageait alors sur la base d’un rapport qualité/prix dans le contexte d’une masse monétaire déterminée. Le principe était sain tant qu’il restait un principe économique se soldant par un échange et un transfert de propriété. Il concernait essentiellement des biens matériels.

       Les dérives ont commencé dès lors que l’on a financiarisé un principe qui aurait du rester économique. Dans l’ordre naturel des choses le politique doit primer sur l’économie, elle même devant primer sur la finance. Or, depuis que les politiques ont déréglementé la circulation des capitaux ils ont perdu tout pouvoir devant la massification et la volatilité de ceux-ci. Ils ont construit une pyramide qu’ils prétendent maintenir en équilibre sur sa pointe. Taxer le capital est devenu la méthode la plus sûre pour s’assurer de sa fuite et faire sortir de son minuscule polygone de sustentation le centre de gravité de nos fragiles économies. On m’objectera que le mouvement nait du deséquilibre, …….. oui, et alors ? ? ? ….. quand on a fini de dire ça ? ? ? …………….. ! ! !

       Le politique indique le sens, l’économie régule les comportements, les financiers établissent le bilan. Dans le système PDCA ( Plan, Do, Check, Act, ) les enseignements du bilan permettent de corriger les comportements sans remettre en cause le sens. Et ainsi, de corrections en corrections, le résultat visé doit logiquement être obtenu. Sauf que, de nos jours, l’objet économique est de plus en plus dématérialisé. Lorsque nous assistons par exemple à un spectacle nous convenons de payer un prix déterminé sans qu’il y ait pour autant transfert de propriété. Les artistes n’ont été dépossédés de rien et le spectateur ne devient propriétaire de rien. Le même spectacle est vendable jusqu’à sasiété. Il en va de même pour les prestations les plus diverses, depuis les prestations d’assurance, d’assistance, de conseil, de formation, et j’en passe.

       A travers la survivance d’une habitude que l’on nomme encore capitalisme, nous persistons à utiliser un outil conçu pour l’échange matériel dans un contexte de plus en plus virtualisé, donc inadapté. Ce système produit les conséquences que l’on mesure: chomage, dégringolade du pouvoir d’achat, délocalisations d’entreprises, omnipotence des financiers. Ce n’est pas l’exception de la Grande Bretagne où domine le principe  CE QUE JE NE COMPTE PAS N’EXISTE PAS  qui contredira cela.

       Le " vainqueur " d’aujourd’hui n’a plus rien de commun avec celui qui " combattait  " hier  le collectivisme.

       Ah ! …… que l’économie de marché était belle sous le marxisme !

    8 février 2007 à 16 h 39 min
  • visiteur Répondre

    Encore une fois, je répondrais que la Grande-Bretagne est elle aussi soumise à la concurrence étrangère et que comme les Etats-Unis elle connait aujourd’hui le plein-emploi.

    7 février 2007 à 10 h 35 min

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