Pas de vie privée pour le président de la République

Pas de vie privée pour le président de la République

La vie privée est la première des libertés. Elle doit être préservée. « Chacun a droit au respect de sa vie privée » écrit l’article 9 du Code civil.
Le problème est que les hommes politiques au sommet font tout pour rendre publique leur vie privée, ce qui ne les empêche nullement de se plaindre lorsqu’ils s’estiment offensés et que la plainte peut leur rapporter tout en faisant parler d’eux. Je vais donner ci-après quelques cas significatifs de cette confusion.

Lorsque le président de la République passe un week-end à Disneyland avec madame Carla Bruni, future épouse Sarkozy, les journalistes et photographes sont là et s’ils sont là, ce n’est pas l’étoile du berger qui les a guidés à Marne-la-Vallée. C’est tout simplement qu’ils ont été appelés.

Lorsque madame Cécilia Ciganer-Albeniz, ex-épouse Sarkozy, déjeune dans un restaurant parisien avec son nouveau compagnon, croyez-vous que ce sont des extraterrestres qui ont guidé les paparazzis boulevard Haussmann ?

Lorsque le président de la République est photographié à la terrasse d’un café de Versailles avec la nouvelle Madame Sarkozy qui, à cette occasion, prend une pause langoureuse laissant deviner d’amoureuses roucoulades, ce n’est pas un satellite de télécommunications qui a fait découvrir aux photographes le couple tendrement enlacé à l’ombre du château de Versailles.

La vérité est que ces « people » adorent paraître. C’est pour eux une manière d’exister, quasiment une drogue. Des comédiens, des chanteurs, des artistes, quel que soit leur art, et même des écrivains doivent se faire voir à la télévision et dans les magazines « people », de préférence en multichromie dans « Gala », « Point de Vue », « Closer », « Playboy », etc. Les hommes politiques…, « passer dans le 20 heures », c’est la consécration. Affligeant, exhibitionnisme publicitaire !

Un chef d’État ne doit pas se prendre pour un artiste de cinéma

Mais le chef de l’État lui, doit faire exception et savoir que pour lui, la sphère privée n’existe pas. C’est une règle millénaire quelles que soient les fluctuations de l’opinion et des époques.

Si un chef d’État, qui ne doit pas se prendre pour un artiste de cinéma en activité, expose les aventures à répétition d’une vie privée agitée, il perd très vite son crédit. Il est l’objet de moqueries sans fin. Le monde entier s’en amuse. Il n’a plus d’autorité et faites confiance aux 190 ambassadeurs étrangers accrédités à Paris pour informer leur gouvernement par des dépêches savoureuses qui, elles, sont lues.

Être chef d’État en France doit être une sorte de sacerdoce, c’est-à-dire une fonction qui présente un caractère respectable en raison du dévouement qu’elle exige. Cela implique des contraintes pour le Chef de l’État et aussi pour son épouse.

Si on ajoute à tout cela un bilan jusqu’ici des plus discutables et plus encore des perspectives inquiétantes, on peut redouter le pire comme l’écrit Jean-Marie Rouart, de l’Académie française, dans « Paris-Match » du 6 février : S’agissant de Sarkozy, « les Français incriminent un style où l’agitation est privilégiée au détriment de l’action et de la cohérence, les effets d’annonce plus visibles que le résultat, où l’anecdotique prime sur l’essentiel… ».

En 1936, le Roi d’Angleterre Édouard VIII avait épousé une Américaine, de surcroît divorcée, ce qui en soi n’était tout de même pas une faute inexpiable, mais c’était une faute contre la tradition britannique et contre la règle millénaire que j’ai évoquée plus haut. Alors son Premier ministre, courageux, Stanley Baldwin, intervint : « Sire, vous êtes le souverain du Royaume-Uni de Grande-Bretagne, d’Irlande du Nord et des dominions. Ou vous vous séparez de Mrs Simpson, ou vous abdiquez ». Le Roi abdiqua.

La Grande-Bretagne est encore une grande nation, du moins pour un certain temps. La France ne l’est plus.
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Comments (4)

  • Jan-Claude THIALET Répondre

    24/02/08   – "Les 4-Vérités"

    Celui pour lequel on invoque le "respect de la vie privée au nom de l’Article 9 du Code Civil  – Nicolas SARKÖZY, pour le pas le nommer –  mérite-t-il bien qu’agite autant pour lui ?

    Je remarque tout d’abord que, quelle que soit la position ("pro" ou "anti" Sarközy) adoptée au sujet de ce SMS qui défraie tant la chronique au détriment de sujets autrement importants, toutes les personnes (politiciens, journalistes, pipoles, ou autres) qui sont interrogés avec plus ou moins de gravité ou d’ironie,  sur cette véritable affaire d’Etat, semblent tenir pour acquis que le SMS contesté semble avoir existé. Et que, la question qui agite les esprits est seulement de savoir si OUI ou NON,  Airy ROUTIER (l’homme par qui le scandale est arrivé) avait eu raison d’en faire état, d’en donner la teneur. Tous les yeux, et pas seulement eux, se braquant vers Cécila ex-Sarközy …

    Ensuite, sans m’attarder au fait que, en étalant  sa vie privée devant micros, caméras, et stylos "convoiqués" en diverses occasions, avait ouvert lui-même la Boîte de Pandorre, je poserai la seule question qui mérite d’être posée à un Président qui a porté plainte pour faux et usage de faux :

      – comment vos défenseurs (avocats et partisans) peuvent-ils se retrancher derrière l’Article 9 du Code Civil rappelé précédemment, alors que leur Grand Homme trépigne comme l’aîné de la tribu DALTON parce que le Conseil Constitutionnel a retoqué la Loi DATI (1) au nom de l’Article 2 de ce même Code Civil qui stipule : "LA LOI NE DISPOSE PAS POUR L’AVENIR, ELLE N’A POINT D’EFFET RETROACTIF.

    Il est vrai que, depuis certain 6 mai 2007, le Président, ses conseillers, ses ministres, et jusqu’au membres de la Majorité présidentielle, nous ont montré que la France était à l’ère de l’incohérence, que dis-je ? DES incohérences !  Au pays où l’ on disait que "le bon sens est la chose du monde la mieux partagée", c’est un comble !

         Cordialement, Jean-Claude THIALET

    (1)  "ma loi", comme le rappelle régulièrement le Président de la République comme pour mieux défendre son intégralité, comme pour mieux faire considéder qu’y toucher serait un crilme de lèse-majesté présidentielle ! 

    24 février 2008 à 18 h 03 min
  • Anonyme Répondre

    Affaire de contribution ou de modération ??? Il est en tout cas rassurant de constater le peu de réactions qu’à suscité cet article.
    Mille excuses pour ma mauvaise langue, qui me faisait dire que seuls les ragots intéressaient les habitués de ce site.
    Peut-être aussi ont-ils tenu compte de l’avis de Florin, considérant que deux poids et deux mesures étaient le signe d’un niveau de maturité, de sérénité, et d’objectivité bien éloigné de celui dont ils se montrent habituellement capables de faire preuve.

    21 février 2008 à 11 h 04 min
  • Florin Répondre

    Mais, dites donc : où étaient les Gala, Voici, Match et consorts lorsque Mitterrand gardait fille et maîtresse dans les palais de la République ? Quand il s’envolait pour l’Egypte ? Quand il bouffait des ortolans ?

    Pourquoi ces lâches charognards n’ont JAMAIS parlé de choses que le "milieu" connaissait parfaitement ?

    On voit que M. Lambert ne connaît pas le fonctionnement des paparazzis : lorsque vous cliquez deux-trois fois et vous empochez des sommes équivalentes au prix d’une valise de drogue, croyez-moi, il faut passer par des méthodes mafieuses (autrement, n’importe qui ferait l’affaire, avec une caméra jetable de supermarché). Ces gens-là PAYENT cher des informateurs, des guetteurs, planqués à longueur de journée devant les domiciles des VIP. Dès que les portes s’ouvrent, et qu’il y a "du mouvement", les portables des paparazzis sonnent : la proie est en marche vers tel endroit. Les motards sont ensuite prêts à y laisser leur peau dans des courses-poursuites à travers la capitale. Parfois, c’est la proie qui y laisse la sienne, comme la princesse Diana.

    La seule chose qui a changé depuis Mimit’ : les rédac-chefs se sentent enfin libres.
    Pour certains, cette liberté se mesure dans la quantité d’ordures au mètre carré de torchon  (le leur).

    20 février 2008 à 11 h 45 min
  • Anonyme Répondre

    Ce qui est choquant est moins le respect ou le non respect de la vie privée d’un homme public, qu’il s’agisse d’un Président de la République ou de tout autre, c’est la manière dont le gogo se repaît du moindre ragot le concernant, lui et ses proches. Culture people !
    Quant à la convocation des paparazzi, c’est faire injure à l’ensemble de la profession, à moins qu’il s’agisse d’humour, ou encore d’un emballement du raisonnement  dont l’auteur est coutumier et qui le conduit ici à se moquer carrément de ses lecteurs sérieux tout en régalant les autres.

    20 février 2008 à 11 h 36 min

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