Patrimoine fictif et patrimoine réel

Patrimoine fictif et patrimoine réel

Pour n’avoir pas pris dans les trois premiers mois de son mandat les décisions qui découlaient de ses discours de campagne, Sarkozy est piégé par les événements.

Bien sûr, il ne porte pas la responsabilité de la cavalerie financière américaine. Mais notre pays reste institutionnellement perverti par des conceptions collectivistes. Quels que soient les gouvernements, la France accumule les déficits : celui du budget de l’État, celui du budget de l’assurance-maladie, celui des régimes spéciaux de retraite de la fonction publique, celui des déséquilibres démographiques des régimes de retraite obligatoires des secteurs privés, celui des collectivités territoriales, celui des grandes entreprises nationalisées, et enfin, celui de notre balance commerciale… Peut-être en ai-je oublié ?

Dans une telle situation, le choix des méthodes de sauvetage va révéler les stratégies personnelles du chef de l’État. Plusieurs options s’offrent à lui, qui auront directement des implications pour son avenir et bien sûr le nôtre. En voici quelques unes, sachant que nous ne sommes pas là pour sauver le chef de notre État, mais pour sauver notre pays :

1. L’État annonce un moratoire sur tous les emprunts émis par lui. Ce moratoire consisterait à différer leurs remboursements de cinq ou dix ans et pourrait n’être appliqué qu’aux institutions domestiques (comme les contrats d’assurance-vie) ou à tous les détenteurs domestiques de ces titres. Si cette option ne suffisait pas, elle pourrait s’appliquer à tous les détenteurs d’emprunts français dans le monde – ce qui équivaudrait à supprimer le marché obligataire…

2. L’État décide d’accroître la fiscalité des revenus et du patrimoine, ce qu’il est en train de mettre en place. Cette solution sanctionnera les agents économiques les plus actifs (qui constituent la clientèle électorale du Président actuel). Elle indiquera aux Français qui ont exporté leurs patrimoines qu’il ne faut surtout pas revenir dans leur pays. C’est ce que j’appellerai comme les soviets de Staline : la dékoulakisation.

3. L’État décide de s’attaquer aux causes profondes de ses propres déficits, c’est-à-dire soit de procéder au licenciement sec de 20 % des fonctionnaires, à l’instar des entreprises en faillite, soit à la fois de diminuer leurs rémunérations d’autant et d’aligner leurs retraites sur le privé (ce qui d’ailleurs ne suffira pas à sauver lesdites retraites !).

4. L’État décide de sortir de l’euro et de dévaluer immédiatement de 20 % au moins, en annonçant que la totalité de ses dettes seront immédiatement converties en francs. À l’image d’ailleurs des pays qui ont conservé cette faculté, comme l’Angleterre et les USA.

5. L’État prend enfin en compte que les Français disposent de deux types de patrimoine différents et même concurrents : le patrimoine fictif, c’est-à-dire celui qui est « promis » par les institutions de retraite et financé par nos impôts, mais qui n’est adossé sur aucune réserve financière ; le patrimoine réel qui est continûment agressé par une fiscalité croissante, instable et dissuasive. Alors, s’il décide de persévérer dans la voie de l’appropriation du patrimoine réel, qu’il fasse dans les mêmes proportions les mêmes agressions sur le patrimoine fictif !

Les conséquences politiques de ces décisions sont parfaitement lisibles : Dans le choix n° 1, l’État n’ayant plus la faculté de vendre ses emprunts à l’étranger ne pourra qu’emprunter dans son pays, ce qui le forcera à la prudence. La solution ne sera pas perçue dans sa gravité car les Français sont d’une nullité complète sur ce terrain. Le pays recommencera à exporter et les entreprises à embaucher.

Dans le choix n° 2, l’État arnaque sa propre clientèle électorale qui ne votera définitivement plus pour Sarkozy (ce mouvement étant déjà perceptible). C’est la gauche qui devra faire le ménage. Cela nous conduira à une profonde collectivisation du pays qui sortira par nécessité de l’euro.

Dans le choix n° 3, l’État condamne ses fonctionnaires qui se réfugieront dans un PS incapable de se réformer. Sarkozy sera réélu par une majorité silencieuse profondément attachée à ses libertés.

Dans le choix n° 4, les Français comprendront qu’à une situation dramatique il faut un remède de cheval. Sarkozy sera temporairement considéré comme un héros et réélu.

Dans le choix n° 5, les citoyens finiront par constater qu’ils sont traités avec égalité. Les nomenklaturas usufruitières de l’État ne devraient pas avoir le courage et les arguments pour se battre publiquement…

Partager cette publication

Comments (2)

  • alban Répondre

    "Mais notre pays reste institutionnellement perverti par des conceptions collectivistes. "

    Petite remarque: ce sont quand meme ces pays "collectivistes" qui protegent le mieux les populations faibles (populations que vous nommez parasites, profiteurs pour ne pas dire déchets dans vos beaux discours populistes).

    Alors oui, payer des impots pour tenir la tete hors de l’eau à une partie grandissante de la population ou offrir des services gratuits que le privé n’est pas apte à offrir concurentiellement, n’est pas un signe de perversion collectiviste mais plutot un acte de pacification d’une societé qui autrement se stratifierait rapidement.

    Non, l’Amérique ne me fait pas rêver.

     

     

     

     

    1 janvier 2010 à 10 h 56 min
  • dbp Répondre

    choix n° 4 : impossible a realiser :le president Sarkosy ayant été sponsorisé par la super classe mondiale .. qui a choisi pour la prochaine election DSK

    19 décembre 2009 à 11 h 08 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *