Référendum constitutionnel : le bourrage de crânes s’accentue

Référendum constitutionnel : le bourrage de crânes s’accentue

L’incertitude demeure sur l’issue du référendum sur le Traité constitutionnel européen du 29 mai. Le non reste majoritaire. Le oui progresse. Il faudra sans doute attendre le dépouillement du scrutin pour être fixé.

Cet infléchissement résulte d’une pression sur l’opinion publique qui s’est encore renforcée. Les médias sont à 90 % pour le oui. France Télévision en oublie même les notions élémentaires de déontologie quand elle accepte que Lionel Jospin soit interrogé sur France 2 par Alain Duhamel qui n’est autre que son très officiel biographe.

Dans le même temps, on a vu Simone Veil se mettre en congé pour un mois du Conseil constitutionnel afin de pouvoir s’engager dans la bataille référendaire. Pourtant, ni la Constitution ni la loi organique ne prévoient un tel congé. Jusqu’à présent, cela était réservé aux membres du Conseil qui souhaitaient briguer un mandat électif. Comme ce qui lui a été accordé ne pourra pas être refusé à un autre membre, il faut donc considérer qu’il est maintenant possible d’être membre du Conseil constitutionnel par intermittence, en fonction de ses convenances personnelles ou selon les situations politiques du moment. C’est tout simplement l’indépendance de cette haute juridiction qui, au détour de cette campagne, est remise en cause.

Avec son ironie habituelle, Charles Pasqua ne manque pas une occasion de féliciter Jacques Chirac d’avoir organisé ce référendum alors qu’il aurait pu se contenter de l’adoption de ce texte par le Congrès. La vérité oblige est que si le Président de la République a pris cette décision, ce n’est évidemment pas en application de quelque principe démocratique que ce soit – l’a-t-on vu interroger les Français sur l’immigration, le service minimum, ou toute autre question faisant légitimement débat – mais plus prosaïquement, parce que cette consultation lui apparaissait comme imperdable, à partir du moment où le Parti socialiste, ses dirigeants en tout cas, ne pouvaient que prôner le oui. Nous avons ce référendum pour les mêmes raisons que nous avons eu des élections législatives anticipées en 1997 : parce que Jacques Chirac pensait qu’il ne pouvait pas les perdre.

Toute campagne référendaire, avec ses joutes et ses passions est un bon moyen, pour chacun d’entre nous, de parfaire notre information, d’approfondir nos convictions. Cela suppose d’écouter les arguments contraires.

Je conseille à tous les partisans du non d’écouter attentivement les arguments de la partie adverse, qu’ils soient de droite ou de gauche. Ecoutez Giscard, écoutez Delors, écoutez Chevènement ! Et je conseille à tous les partisans du oui d’en faire autant !

Comme ils n’ont pas souvent droit à la parole dans les grands médias, il faut aller chercher leurs explications chez quelques éditeurs courageux. J’en citerai deux.

Alain Griotteray publie aux Editions du Rocher « Non à la Constitution. Pour une certaine idée de l’Europe. » Ceux qui l’ignoreraient apprendront au passage que Pierre Messmer, qui signe la préface de cet ouvrage, est lui aussi un partisan du non. Pour lui, le rejet de la Constitution, loin de plonger la France et l’Europe dans une crise effrayante serait plutôt un réveil salvateur…

La plupart de nos lecteurs connaissent bien Alain Griotteray. Ils sont familiers de ses fureurs. Le fondement principal de son opposition à la Constitution européenne repose sur son patriotisme. Il sent que certains veulent faire disparaître la France comme d’autres acceptaient son envahissement il y a 65 ans. Pour autant, Alain Griotteray n’est pas hostile à toute forme d’organisation européenne. A condition que l’on commence par le commencement, une confédération entre pays de civilisations communes ou proches, mettant en commun des nations « de même race blanche, de même origine chrétienne, de même manière de vivre » comme disait le Général de Gaulle…

Alain Griotteray a un co-auteur, Etienne Tarride. Ce dernier, avec Alain Bournazel, secrétaire général du Rassemblement pour l’indépendance et la souveraineté de la France, publie par ailleurs chez François-Xavier de Guibert un autre ouvrage intitulé « Faut-il dire non à la Constitution européenne ? ». On y trouve en particulier sous la forme d’encadrés dans le texte, dix raisons de dire non, correspondant à autant de questions fondamentales pour notre avenir.

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Comments (4)

  • Adolphos Répondre

    ” Elle aurait mérité aussi que le Chef de l’Etat mette son avenir politique en jeu” Hum, les anti-chirac risque de voter contre chirac en votant “oui”, et de se réveiller furieux dans 10 ans de l’état de l’europe.. Pas une bonne idée.

    11 mai 2005 à 14 h 35 min
  • sas Répondre

    a mes amis ce n’est pas du bourrage de crâne…c’est de l’information libre et consentie -tel les programme de notre éducation nationale cogéré et syndicalisé à outrance. par les chiens de garde comuno/trotkyste sas

    10 mai 2005 à 16 h 27 min
  • LESTORET Répondre

    Je trouve anormal bien sûr que Mme Veil ait cru devoir se “mettre en congé” du Conseil Constitutionnel pour prendre part au débat entre les OUI et les NON. Mon avis est qu’ayant pris cette décision, elle ne devrait plus retrouver son siège au Conseil. De toutes façons je ne crois pas que son action pèse d’un poids quelconque dans le débat. Elle semble se faire beaucoup d’illusions. Ce qui est plus grave est que ce débat est en train chaque jour davantage de baisser de niveau et on se croirait presque aux débats pour l’élection d’un vulgaire conseiller municipal. L’Europe mérite mieux. Elle aurait mérité aussi que le Chef de l’Etat mette son avenir politique en jeu, comme l’avait fait le Général de Gaulle sur un autre sujet. Mais hélas nous en sommes loin. Je me demande ce que pensent les étrangers de la qualité de notre dispute intnerne, qu’ils soient pour le OUI ou pour le NON. Ce qui est certain c’est que la dignité de la France reçoit ces temps-ci des coups très durs. Et c’est bien dommage.

    9 mai 2005 à 23 h 30 min
  • Jean-Claude LAHITTE Répondre

    Tout à fait d’accord avec Alain DUMAIT sur son analyse de la campagne “bourrage de crânes” à laquelle nous assistons et qui me rappelle celle qu’avait dénoncée la courageuse Elisabeth Lévy (en disant notamment que la France s’était retrouvée en “république démocratique”) pendant la période qui avait suivi le 1er tour de la Présidentielle de 2002. Qu’il me permette de compléter son propos, à l’usage de ceux qui auraient cru aux propos lénifiants de SIMONE VEIL (j’ai l’autorisation de mes confrères, il y a un précédent avec celui de Conseillers qui ont fait campagne pour un mandat*…..Je cite simplement l’Article VII de l’Ordonnance n° 58-1067 du 07 nov. 1958 portant sur la Loi Organique du Conseil Constitutionnel: “Un décret pris en Conseil des Ministres, sur proposition du Conseil Consitutionnel, définit les obligations imposées aux membres du Conseil, afin de garantir l’INDEPENDANCE et la DIGNITE de leurs fonctions. Ces obligations doivent notamment comprendre l’INTERDICTION PENDANT LA DUREE DE LEURS FONCTIONS DE PRENDRE AUCUNE POSITION PUBLIQUE SUR LES QUESTIONS AYANT FAIT OU SUSCEPTIBLES DE FAIRE L’OBJET DE DECISIONS DE LA PART DU CONSEIL OU DE CONSULTER SUR LES MÊMES QUESTIONS” (Fin de citation). Voilà qui est clair et aurait dû obliger aussi bien Simone VEIL que Valéry GISCARD d’ESTAING à démissionner. Et il est permis de se poser la question de savoir comment une CONSTITUTION peut être “gardée” sérieusement dès lors que deux membres éminents du Conseil Consitutionnel se permettent de bafouer un règlement de leur propre conseil. Et même de se demander si, en cas de défaite du NON, aussi bien à cause de la disproportion (dont viennent – enfin – de s’émouvoir dans une pétitions qu’ils font circuler les collaborateurs de France Télévision et de Radio France qui en avaient pourtant vu d’autres en 2002 !) entre les temps accordés aux tenants du OUI, et ceux accordés aux tenants du NON, qu’en raison du parti pris par celle que j’ai appellée Madame SANS-GENE et le père du Traité Constiutionnel européen, les résultats du referendum du 29 mai ne pourraient pas être invalidables. Par ailleurs, qu’Alain DUMAIT me permette de lui faire remarquer que Jean-Pierre Chevènement n’est sans doute pas l’élément le plus représentantif du camp du “NON”. Je placerai en tête Jean-Marie LE PEN qui est le seul à n’avoir jamais cessé (bien avant “MAASTRICHT” !) de dénoncer l’ “EUROPE” bureaucratique et moscoutaire que des gouvernants de gauche comme de droite nous ont frabriquée.Nota: je mets le mot “EUROPE” entre guillemets quand il s’agit del’Union européenne. Celle-ci, n’en déplaise aux politiciens qui clament “L’Europe, l’Europe !”, la main sur le coeur, n’est pas la véritable Europe unie, mais aussi libre et entreprenante, que nous souhaitions dans notre ardente jeunesse. Mais je n’aurai garde d’oublier Philippe de VILLIERS (auquel je reproche, après ses propos remplis de bon sens, de toujours rejoindre le camp de l’UMP, parti auquel on doit principalement, ainsi qu’au PS, la situation désastreuse dans laquelle se trouve la France), de Laurent FABIUS (dont on connaît les ambitions personelle de Tony Blair à la française), de Marie-George BUFFET (tout en ne perdant pas de vue que l’ancienne moscoutaire non repentie, est altermondialiste et donc, par essence, elle aussi, mondialiste) et même Alain Besancenot (lui aussi altermondialiste) qui a le mérite d’avoir étudié le texte du Traité et de s’y référer. Car, ne nous y trompons pas, ce n’est pas, dans ce referendum, Jacques, Jean-Pierre (le premier ministre, comme le souverainiste), Nicolas, François (celui de l’UDF comme celui du PS, Dominique (la verte et le rose), ni Jean-Marie Philippe, qui nous intéressent, c’est L’EUROPE,la vraie, c’est la FRANCE. La France éternelle dont on veut faire disparaître l’identité et les valeurs au nom d’une UNION baptisée à tort “EUROPE” et qui renie aussi bien les frontières géographiques de l’Europe que son histoire, mais aussi ses racines et sa culture (“chrétiennes”, n’en déplaisent à certains), pour être s’ouvrir non pas vers l’air pur du large, mais à toutes les marchandises fabriquées à des salaires de misère qui ruinent nos entreprises et vouent des cmillions de salariés au chômage, à toute la “misère du monde” (et son cortège de trafiquants en tous genres) et à toutes les cultures (prétendues “métissées”)de pacotille placées sous le générique “Arts premiers” si chères à un CHIRAC II qui nous assure que “les racines de l’Europe sont autant musulmanes que chrétiennes”. Pour reprendre un propos qu’il avait tenu ironiquement à propos de l’entrée éventuelle de la Turquie (il avait ironisé “pourquoi pas le Zimbawé ?”) je dirai à mon tour “pourquoi pas animiste ?” à celui qui semble ignorer la culture celte à laquelle l’Europe, la VRAIE, pourrait se référer sans rougir, tout comme d’ailleurs – je n’hésite pas à l’écrire – le Christianisme lui-même. Anticonstitionnellement, mais cordialement, vôtre, Jean-Claude LAHITTE * seule exception admise: celle des Conseillers qui briguent un mandat électif. Ce qui les oblige à se mettre en congé. Ce qu’a fait Simone VEIL sans doute pour faire croire qu’elle était dans ce cas d’espèce. Je laisse le soin aux partisans du OUI d’apprécier cette forme de “jésuitisme” !

    9 mai 2005 à 11 h 29 min

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