Sarkozy : premier bilan

Sarkozy : premier bilan

Le 5 mai 2007, Nicolas Sarkozy parvenait à la magistrature suprême après une campagne remarquable. Parmi les principaux acquis de cette campagne, il faut mettre au crédit du candidat une « décomplexion » de la droite, que nous avions pas vue depuis 40 ans.
Pourtant, dès la campagne, un aspect du candidat était assez inquiétant : son objection de principe à toute réflexion doctrinale, le fait d’ériger le « pragmatisme » en unique valeur politique et, conséquence de cette absence de réflexion de fond, un véritable inventaire à la Prévert des promesses électorales…

Un an après, où en sommes-nous ? En dehors de l’aspect « bling bling », peu enthousiasmant, mais finalement assez véniel, deux points caractérisent cette première année : la rupture dans le style et la lenteur des réformes sur le fond. La rupture dans le style était dangereuse, mais aussi politiquement porteuse – ce qu’on oublie trop ces derniers temps. Certes, l’image du Président y a beaucoup perdu depuis trois ou quatre mois : on lui reproche de ne pas assez bien incarner l’image du père, voire du monarque. Ce qui est évidemment vrai. Mais rappelons que Sarkozy n’avait pas le choix : pour incarner la rupture, ce véritable fils de Chirac était obligé d’imposer une rupture symbolique aux médias.
Mais cette rupture dans le style a pour principal intérêt que, désormais, le chef de l’État assume vraiment ses responsabilités, sans se cacher derrière son Premier ministre. Et l’on ne saurait que se réjouir de cette prise de responsabilité…

Sur le fond, quel est le bilan de cette première année de gouvernement ? Il est à la fois impressionnant si on le compare avec les mandatures précédentes et nous semble désespérément faible si on le compare avec l’urgence de la situation. Réforme des régimes spéciaux, suppression ou, du moins, forte diminution des droits de succession, défiscalisation des heures supplémentaires… Le bilan est loin d’être nul!

En revanche, l’État tarde toujours à présenter des budgets à l’équilibre – condition sine qua non pour une restauration des finances publiques. La réduction du déficit est même reportée à 2012, alors qu’il y a urgence ! Rien ne semble venir non plus de sérieux du côté de la diminution des effectifs de la fonction publique. Et, tandis que les frais de fonctionnement restent colossaux, les investissements notamment dans les domaines régaliens fondent comme neige au soleil.

Bref, Sarkozy part sans doute dans la bonne direction – ce qui est un « plus » appréciable par rapport à ses prédécesseurs –, mais il est beaucoup trop lent…

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Comments (3)

  • Olivier Répondre

    Décidément l’évidence a du mal à se faire admettre ! Sarkozy n’a jamais eu la moindre intention de réaliser la moindre "rupture" que ce soit; il lui aurait fallu rompre avec lui-même et la politique à laquelle en tant que ministre, député et président de l’UMP, parti majoritaire à l’assemblée, il a contribué pendant des années. Soyons sérieux. Homme issu du système et choisi par lui, Sarkozy servira fidèlement ses intérêts, comme le montre sa première année de pouvoir, et comme le montreront les suivantes sans aucun doute.
    Le cynique mépris envers la volonté exprimée par les français lors du référendum de 2005 sur la constitution européenne montre bien quel genre d’homme il est, et quel cas il fait de la démocratie. Que des gens continuent à se référer à ses promesses de la présidentielle de 2007 montre surtout leur propre stupidité. Si vous voulez une véritable rupture, c’est dans d’autres partis que ceux au pouvoir depuis 30 ans qu’il faut la chercher. Mais au fond les français la veulent-ils vraiment, cette "rupture" ? J’en doute fort, et de toute façon la mainmise des médias est trop forte pour qu’ils cherchent ailleurs la solution à leurs problèmes. Au mieux (ou au pire) ils voteront socialiste en 2012, pour continuer la même chose. Je pense donc malheureusement qu’une décadence irrémédiable nous attend. Lorsque nous nous réveillerons (si cela arrive), nous ne serons plus qu’une minorité dans notre propre pays vivant dans des conditions misérables.

    10 mai 2008 à 19 h 06 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Faute de plan détaillé, la rupture pronée par Mr.Sarkozy ne s’est finalement pas concrétisée comme le souhaitaient ses électeurs. Son temps de grâce s’étant écoulé je ne vois pas comment il va redresser la barre maintenant.

    En ménageant les syndicats et la gôôche il n’a pas pu empêcher ces derniers de se dresser contre lui, ce qui était de toute façon programmé quoiqu’il eusse fait.  Autant frapper le grand coup dans les premiers mois de sa prise de pouvoir. Ce moment a été loupé, point à la ligne.

    10 mai 2008 à 9 h 15 min
  • EIFF Répondre

    Là où Robespierre et Gorbatchev ont échoué le système présidentialiste à la française ne réussira pas, par Jean-Gilles Malliarakis :

    http://www.insolent.fr/2008/05/l-o-robespierre.html

    7 mai 2008 à 11 h 35 min

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