Sarkozy va-t-il décevoir ?

Sarkozy va-t-il décevoir ?

Un ami m’affirmait un jour : « Un homme politique ne peut que décevoir. C’est une sorte de fatalité. Il déçoit parce qu’il a fait trop de promesses, peut-être sincères, mais en surestimant ses capacités à les tenir et en sous-estimant l’adversité. Il déçoit parce que ceux qui l’ont porté au pouvoir espéraient trop de lui et rêvaient de miracles, trop avides qu’ils étaient de voir la société changer dans le sens qu’ils souhaitent, trop enclins aussi à croire en un “homme providentiel” et à s’imaginer que l’homme d’État peut tout ou presque, alors qu’en fait il peut très peu. »

Si cette analyse s’appuie, en effet, sur un grand nombre de confirmations historiques, je refuse quant à moi de croire en cette fatalité de la déception. Si l’on met à part ceux qui sont toujours déçus parce qu’ils se font des illusions (et qui sont toujours plus nombreux à gauche qu’à droite, puisque, comme chacun sait, la droite pense et la gauche rêve), je ne crois pas que les électeurs, dans leur ensemble, s’attendent à des miracles. Je crois même qu’ils s’attendent davantage à être déçus qu’à être comblés. Mais il n’en reste pas moins que l’espoir est indéracinable du cœur de l’homme, et c’est heureux d’ailleurs. Sur ce point, la légende de la boîte de Pandore demeure une vérité philosophique éternelle : Lorsque, la boîte ayant été imprudemment ouverte, tous les maux se sont échappés sur le monde, il reste au fond l’espérance.

Qu’espèrent, au fond, les électeurs de celui auquel ils ont accordé leur confiance ? D’abord, sans aucun doute, qu’il soit honnête, dans ses paroles comme dans ses actes. Et surtout, surtout, qu’il garde son cap et tienne fermement la barre, quels que soient les écueils, les coups de tabac et les tempêtes, qui ne manquent jamais en politique. Certes, il a des adversaires qui entendent bien lui mettre des bâtons dans les roues et ruiner ses projets, tout en guettant sa moindre erreur. Sans doute il navigue dans un contexte international sur lequel il a peu de prise. Certainement il se heurte à des imprévus et à des empêchements auxquels il n’avait point songé. Mais au milieu des difficultés et de l’adversité, le pire qu’il puisse faire, à mon sens, c’est de verser dans le compromis, de mettre trop d’eau dans son vin, de lâcher trop de lest. Car alors, ce sera le signal, pour les ennemis, de la curée ; et pour les amis, de l’amertume.

Dans le cas précis de Nicolas Sarkozy, s’il ne veut pas décevoir, il ne doit rien céder sur ce qu’il a promis aux Français, ne reculer sur aucun créneau, ne tiédir en aucun domaine. Au lendemain de son élection, il bénéficiait – et il bénéficie encore – d’une popularité dépassant largement son électorat. Il est le Président de tous les Français, c’est entendu. Mais la grande erreur serait de croire que cela doit conduire à ne mécontenter personne. Il faut mécontenter ! Il faut imposer résolument les réformes nécessaires au bien de la nation à ceux qui n’en veulent pas, c’est-à-dire aux parasites de la République, qui ne brandissent le mot « solidarité » que dans le but de conserver leurs privilèges.

Il faut imposer sans faiblir l’égalité des droits qui est le fondement de notre démocratie et que nous avons laissée à la dérive. Il est, par exemple, totalement inadmissible que des Français soient empêchés d’aller à leur travail et de gagner leur vie parce que ceux qui ont mission de les transporter se mettent en grève et refusent un service minimum, tout en se vantant d’accomplir un « service public », ce qui est le comble du cynisme. Et il est plus inadmissible encore que les salariés du privé aient des droits à la retraite très inférieurs à ceux de l’État, ce qui est le comble de l’injustice !

Nicolas Sarkozy doit être bien conscient que s’il déçoit ceux qui ont voté pour lui, il décevra en réalité tous les Français. Il ne doit pas commettre la faute trop habituelle des hommes politiques qui pensent obtenir un consensus en faisant des concessions à leurs adversaires idéologiques, car c’est tout le contraire qu’ils obtiennent. Concéder ou céder, c’est encourager l’ennemi et c’est perdre l’ami. Tenir parole et tenir tête, voilà ce que les Français attendent de leur Président.

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Comments (12)

  • bruno Répondre

      Il est vrai que globalement, les commentaires sont indigents, comme le soulignait plus haut quelqu’un en train d’y ajouter le sien. Je ne me sentirai donc pas trop gêné d’y aller à mon tour.

     Simplement pour dire que la rentrée scolaire vient de se faire à la satisfaction du chef du syndicat affilié au PC, de Mr Meyrieu et de ses bataillons de pédagogistes des IUFM, dont les dogmes sont respectés à la virgule près, que précédemment l’épisode "service minimum" n’a point pertubé Maître Thibaut, le plénipotentiaire des féodalités communistes des transports et de l’énergie, non plus que les dockers de Marseille.

      Ceci démontre amplement une chose qui crève les yeux depuis des années.

    Nous vivons une démocratie virtuelle, formelle mais totalement impuissante. Nos élus ont des fonctions d’apparat, parfois fatigantes, parfois non, et les avantages qui vont avec. Mais strictement aucun pouvoir réel dans la cité.

      Le vrai pouvoir se partage entre des gens qui ne sont pas élus au suffrage universel, mais cooptés à l’intérieur de maffias, dont les principales se nomment: Grand Orient, CGT, AFP et comités de rédaction, médias publics, Syndicat de la Magistrature, ENA, et quelques autres moins connues du public et donc de moi-même.

     Pour prendre le style des paraboles, l’athée professionnel me le pardonnera, on pourrait dire que l’élection présidentielle dans le royaume de France aura été semblable à une cantine dont les usagers auront eu le droit de choisir de changer de serveur et de maître d’hôtel, sans pouvoir toucher aux cuisiniers, intendants, fournisseurs et rédacteurs du menu qui ne lâcheront jamais prise. . .

    5 septembre 2007 à 12 h 52 min
  • Anonyme Répondre

    Après Giscard qui se prenait pour un roi, après Mitterrand, lui aussi néo-Roi-Soleil "après mouâ le déluge" et Chirac idem "j’men fout, je dors", nous avons, semble-t-il, Sarkosy l’agité.

    Bien sûr, son dynamisme de commercial speedé tranche avec les autres, mais en effet, les reculades ont commencé et certains l’appelle déjà le président "rodomontades" qui se dégonfle aussi vite qu’il est monté en pression.

    Hélas, trois cent fois hélas pour notre pays…

    3 septembre 2007 à 16 h 41 min
  • SAS Répondre

    POSER LA QUESTION MAINTENANT………c’est déjà avoir la réponse intérieurement…..

    probablement les mêmes cons qui avaient voté chirac à un moment….de leur vie afin de contrer les enclumes marxistes…

    sas

    2 septembre 2007 à 13 h 23 min
  • Gérard Pierre Répondre

       Sarkozy ne me décevra jamais !

       On peut être déçu de constater qu’une jolie femme n’est pas à la hauteur des espérances que l’on avait pu fonder sur elle. On peut être déçu de constater qu’un film ne restitue pas exactement le livre qu’on avait aimé. On peut être déçu par un vin au goût de bouchon, par un ami qui fait défaut, par une entreprise qui échoue. On peut être déçu pour toutes sortes de raisons ! …… mais on ne peut pas être déçu par Sarkozy ! … en toute objectivité ?

       L’homme, en ce qui me concerne, n’est jamais parvenu à faire illusion. Il a dit tout et son contraire. C’est en cela qu’il ne peut pas me décevoir. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas voté pour lui. Et comme sa pâle rivale m’inspirait encore moins, ……….. J’AI VOTE BLANC !

       La gesticulation est antinomique de la concentration que requière la magistrature suprême. Avoir les mains en permanence dans le pâté ne favorise pas le recul nécessaire à la prise de décisions importantes engageant le long terme.

       Mais attendons encore un peu. La rentrée approche. N’attendant rien de lui, je cours simplement le risque qu’il me surprenne. Aprés tout, je n’en serais pas fâché pour la France !

      

    1 septembre 2007 à 16 h 23 min
  • JD Répondre

    Tien! … Notre ami P.L. commence à douter des vertus de son icône… Mais rassurez-vous, la réplique sera "mots pour maux"… C’est sa devise…

    La plupart des "commentaires" de cette chronique sont d’une indigence vaniteuse,que seule, l’ignorance des moeurs de ce "bas" monde, puisse être porté au crédit des "commentateurs"…

    JD

    31 août 2007 à 18 h 07 min
  • EIFF Répondre

    Communiqué de Bruno Mégret

    M. Sarkozy vient de revenir sur une de ses promesses de campagne les plus essentielles. En effet, après avoir affirmé pendant des mois que “la Turquie n’a pas sa place dans l’union européenne”, le président de la République vient d’accepter l’ouverture de nouveaux chapitre de négociation en indiquant qu’il existait, selon lui, “deux visions”, “soit l’adhésion, soit une association aussi étroite que possible”.

    Ce qui est particulièrement étonnant, c’est que M. Sarkozy ait attendu que la Turquie se choisisse un président de la République clairement islamiste, M. Adullah Gül, pour trahir les Français qui sont massivement hostiles à l’entrée de la Turquie dans l’Europe et pensaient que M. Sarkozy défendraient cette position comme il s’y était engagé.

    Pour Bruno Mégret, président du MNR, le président de la République devrait défendre les intérêts de la France et de l’Europe en refusant clairement qu’un pays asiatique musulman dirigé par des islamistes n’entre dans l’Union.

    30 août 2007 à 20 h 41 min
  • Dagmar Répondre

    je suis contente qu’il y a au moins un homme/femme de droite qui ne sera pas déçu par Sarkozy car il/elle n’y a jamais cru.

    Merci occas 

    30 août 2007 à 15 h 19 min
  • Yann Répondre

    Sauf que même si il tenait tout ses engagements ( ce qui n’est déjà plus le cas) ce serait encore trop peu. Aucune mesure concrète n’a jamais été envisagé par l’actuel gouverneur, du toilettage, de la compassion, de la démagogie et de belles images, voilà qui ne fait certes pas une politique, surtout pas en l’état actuel de la France. C’est d’une purge totale dont nous avons besoin et de reprendre nos pouvoirs sur le machin européen, pas des prestations médiatiques d’un pitre inculte en habit de mafieux Sicilien. Il est comprehensible que les Français souhaitent y croire, un instant encore au moins, oui encore un instant monsieur le bourreau..

    29 août 2007 à 22 h 52 min
  • Anonyme Répondre

    Je ne serai pas déçu,Je n’y ai jamais cru.Il fait parti de la bande de bons à rien qui “rackette” le pays depuis bien longtemps.A part faire baisser le prix des fournitures scolaires une fois qu’elles ont été achetées,arranger des réductions pour ses copains qui peuvent s’acheter une maison ,et faire beaucoup de vent,il ne parle plus, ni de l’immigration, ni du trou de la secu.Il ne doit pas savoir qu’il est président (j’ai du mal a y croire aussi) car il semble toujours en campagne.

    29 août 2007 à 17 h 14 min
  • Dagmar Répondre

    Il ne peux pas décevoir.  

    Ceux qui l’ont jamais cru ne seront pas déçu. Il confirme ce qu’il était depuis toujour. Le vent.  Ce n’est pas compliqué.

    Et ceux qui l’ont cru, malgré l’évidence que son agitation était vide des résultats,  n’ont qu’à se ronger les doigts. C’est pas la peine  de se décharger sur lui. Il est comme ça, mais cela était clair, très clair. Les responsables de son échec sont ceux qui ont voté pour lui. Il ne faut pas chercher le tiers coupable, comme c’est un  coutume folklorique en France:  "J’y suis pour rien c’est lui, il m’a décu."bééééé …les larmes, les larmes, bééééé…..c’est pas moi., béééééééééé"

    Dagmar 

    29 août 2007 à 16 h 08 min
  • Jaures Répondre

    La question n’est pas de savoir si Sarkozy va décevoir, mais qui il va décevoir. Les 15 milliards distribués contenteront probablement ceux qui en bénéficient, beaucoup moins ceux qui seront amenés à les financer sans,comme ils l’espéraient peut-être, profiter au moins des miettes. Pour l’instant Sarkozy s’en tire avec sa démagogie habituelle: une mauvaise nouvelle économique ? On expulse 10 étrangers. Une loi retoquée ? On reçoit les victimes du dernier fait-divers dont les journeaux ont fait leurs choux gras. La question est combien de temps cette méthode, même avec des medias à la botte, fonctionnera.

    Quant aux dernières remarques de Lance, on ne peut qu’y souscrire mais en posant les vrais problèmes. Sont-ce les retraites des fonctionnaires qui sont trop élevées ou celles des salariés du privé qui sont trop basses ? Si l’on baisse les premières, qui est assez naïf pour croire que l’on augmentera les secondes ? Que les travailleurs puissent se rendre à leur entreprise est pur bon sens. Mais un service minimum résoudra-t-il tous les problèmes sachant que les grèves ne sont responsables que pour…2% des retards. Il suffit par ailleurs de prendre le métro le matin pour se rendre compte que le service minimum, c’est tous les jours!

    29 août 2007 à 11 h 10 min
  • EIFF Répondre

    "Concéder ou céder, c’est encourager l’ennemi et c’est perdre l’ami. Tenir parole et tenir tête, voilà ce que les Français attendent de leur Président." Trés bonne conclusion.

    Malheureusement monsieur Sarkozy depuis le début de son mandat tend aux reculades : négociation et marchandage avec les comités de sans-papiers illégaux, bouclier fiscal trés légèrement allégé, petite suppression de fonctionnaires dans le public pour la forme…. Il est peut être encore trop tôt pour donner un jugement définitif mais le nouveau président avait une occasion en or de nous démontrer sa bonne volonté en refusant catégoriquement et sans discours jésuitique l’adhésion de la Turquie en Europe, il vient de trahir sa parole.

    29 août 2007 à 10 h 53 min

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