Sauver la monnaie européenne ou sauver les Français ?

Sauver la monnaie européenne ou sauver les Français ?

Dans un article du 8 août 2011, nous rappelions le titre du journal le Monde paru la veille : « Nicolas Sarkozy joue son quinquennat sur le sauvetage de la zone euro ». Nous présagions que nous ne sauverions ni M. Sarkozy, ni l’euro, ni les contribuables français, sachant une fois pour toutes – car c’est si souvent oublié – que le destin de notre pays est suspendu à celui de ses contribuables.

En effet, nous estimions que le chef de l’État de l’époque se comportait dans l’Euroland comme un joueur malchanceux dans un casino, misant nos impôts de façon compulsive, persuadé que le prochain coup serait le bon. Nous craignons que le nouveau président ne l’ait déjà remplacé à la table et surtout que le « pot » ne cesse de s’agrandir pour d’autres pays.

La Grèce a coûté aux contribuables français plus de 50 milliards d’euros (Le Figaro du 22/02/2012), soit plus de la moitié de notre déficit annuel. Certes, les gouvernants soutiendront que le décaissement de cette somme s’étale sur un peu plus d’une année. Toutefois, l’argument manque de pertinence car il signifie qu’il ne s’agit plus seulement d’aider un ami dans une mauvaise passe occasionnelle, mais de l’entretenir en permanence.

Profanes, nous observions néanmoins l’incohérence consistant à remettre aux dirigeants de la Grèce ces sommes colossales, dans l’espoir de désintéresser, ou au moins de calmer ses créanciers, aux premiers rangs desquels nos banques. Nous nous interrogions sur la raison qui poussait les dirigeants français à utiliser des intermédiaires, autant de gouvernements accusés d’avoir triché sur la présentation de leurs comptes, sans cesse remis en cause par leurs propres électeurs, au lieu de désintéresser directement nos banques.

Sauver l’euro ou sauver les Français ? Nous sommes toujours persuadés que la politique de nos gouvernants n’est pas la meilleure possible. L’alternative ne se pose pas aussi durement car, d’une part, la faillite officialisée de la Grèce ne nuirait pas à l’euro, mais au contraire le conforterait en éliminant les scories, et d’autre part, son abandon permettrait à la fois la relance de ce pays grâce à son accès à la concurrence, ainsi que la relance pour notre pays désormais délesté du poids de la dette étrangère. Parions que les évènements donneront raison aux thèses des contribuables et non à celles des princes qui nous gouvernent (si mal !).

Incohérence

Profanes encore, nous observions aussi l’incohérence qui consisterait à mutualiser la dette des États européens en alimentant des organismes supranationaux tels que le Fonds monétaire européen et le FMI, afin que ces derniers prêtent aux banques, à des taux bas, des sommes qu’elles nous prêteraient ensuite à un taux plus élevé ou qu’elles prêteraient à d’autres pays que le nôtre.

En 2011, la France devait 1 646 milliards d’euros dont 1 286 par l’Etat lui-même, 156 par les administrations locales (régions, départements, communes), et 191 par les administrations de sécurité sociale (assurance maladie, caisse nationale d’assurance vieillesse), et enfin 11,6 milliards pour les organismes divers d’administration centrale (établissements et agences dépendant de l’Etat).

Or, un tiers de notre dette est précisément emprunté à nos propres banques et nos sociétés de crédit, et 20 %  aux compagnies d’assurance. Elles nous prêteraient alors notre propre argent. Incohérent !

La solidarité entre les États ? Nous n’en avons jamais manqué, puisque les sommes que nous empruntons à ces banques nous confèrent le titre de contributeur positif du budget de l’Europe (1,6 milliards). La générosité ?  Nous avons fourni,grâce à l’Aide Publique au Développement (APD) 8,6 milliards d’euros en 2010 aux pays défavorisés, sans tenir compte des fonds offerts également à ces pays par nos collectivités locales dans le cadre de la coopération décentralisée, ni des dons à la Tunisie, à la Côte d’Ivoire, à la Libye…

Tant de dépenses avec un argent que nous n’avons pas.

Gabriel Lévy
Chronique de l’association des contribuables de l’intercommunalité d’Aubagne

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Comments (5)

  • xeti Répondre

     

    Excellent article très lucide !

    Et ce qu’il faut préciser également, c’est que ni l’UMP, ni le PS ne veulent sortir de l’Euro; ils ont donc choisi de sauver l’Euro et non les français !

    Et donc, ces deux partis sont incapables de proposer une solution viable à la crise, et vont nous plonger dans une grande crise dans les prochaines années. Si Sarkozy avait été élu, cela aurait été exactement la même chose.  .

    IL faut préciser également que seuls le FN et les souverainistes proposent la bonne solution, puisque dans leur programme aux élections présidentielles et législatives, ils sont les seuls à vouloir imposer la SORTIE DE L’EURO pour la France et les autres pays. (Tous les économistes sérieux sont d’accord sur l’effet catastrophique de l’Euro pour toutes les économies européennes, y compris l’Allemagne.)

    Mais il y a beaucoup d’autres mesures excellentes que le FN et les souverainiste sont les seuls à proposer : réduction des gaspillage de la Sécu, réduction des dépenses de l’Etat dans la fonction territoriale, augmenter le niveau de vie des petits salaires (par baisse des charges sociales), défense de l’école libre, défense de la famille, lutte contre la criminalité, forte réduction de l’immigration et ainsi de suite, domaines pour lesquels l’UMP a fait le contraire.

    Cela est à rappeler pour tous les électeurs de l’UMP qui continuent de croire que le programme économique du FN était mauvais et le programme de l’UMP un moindre mal.  

    Voter UMP ou PS (les gentils de "droite" contre les méchants de "gauche") est une imposture !!!!!
    Et ne dites pas que cela aurait été différent si l’UMP était restée au pouvoir. Les faits futurs le montreront quand la France sera dans la même situation que la Grèce, mais alors il sera trop tard et ceux qui auront défendu jusqu’au bout l’Euro en porteront la responsabilité. 

    29 mai 2012 à 10 h 13 min
  • Anonyme Répondre

    Monsieur Tremeau n’a aucune responsabilité pour ce texte. Le réquisitoire dogmatique de M. Goufio s’adresse donc à Gabriel Lévy. En réponse :

    1°) Les effets, s’ils sont « incalculables », procèdent, sticto sensu, d’une spéculation, et évidemment cette dernière n’est pas argumentée.

    2°) « Le décompte » n’est pas « faux » : « un tiers », plus « 65,4 % » égal quasiment la totalité. Il s’agit, je vous l’accorde, « de la création monétaire ex-nihilo ». Les contribuables, les retraités, et probablement vous-même, ne peuvent s’en satisfaire.

    3°) Selon vous : « la solidarité entre états n’aurait aucun sens ». C’est pourtant ce que l’on nous serine depuis la création de l’Europe.

    Enfin, je remercie M. Quinctius cincinnatus pour la courtoisie de ses observations, et surtout, je me réjouis que nos points de vue soient voisins.

    28 mai 2012 à 18 h 23 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    l’article ( est il de Monsieur Levy ou bien de Monsieur Trémaux ? ) est cohérent sauf me semble t il en ce qui concerne l’avenir commercial de la Grèce dans l’eventualité où celle ci sortirait  de l’euro ( pour ne pas dire qu’elle serait expulsée de cette monnaie ) … qu’elle reste ou qu’elle sorte la Grèce ne relancera pas son industrie ( lilliputienne en comparaison de  celle de la Turquie ) , son agriculture ( le paysage agricole est désolé ) , son commerce ( sauf bien entendu les armateurs qui battent pavillon grec puisque que cela revient à battre un pavillon de complaisance – idem pour Malte , Chypre etc … ) tout au plus relancera t elle son tourisme à la condition qu’une guerre civile ( les Grecs en sont  friands depuis les Temps Homériques ) ne fasse fuir les " touristes "… et nous savons déjà de quelle manière le " touriste " allemand sera accueilli !en conclusion on peut déjà dire que pour la Grèce … l’aube n’est pas dorée !

    26 mai 2012 à 21 h 06 min
  • goufio Répondre

    Coucou M Trémeau

    Sujet très intéressant, mais comme toujours pollué par vos erreurs :

    1) "Sauver l’euro ou sauver les Français ?" "la relance pour notre pays désormais délesté du poids de la dette étrangère".

    NON pour ce deuxième argument qui est totalement incohérent, le délestage à un coût non provisionné dans les bilans actuellement mais qui deviendrait une perte comptable dans les effets sont incalculables à l’heure actuelle.

     

    2) "Or, un tiers de notre dette est précisément emprunté à nos propres banques et nos sociétés de crédit, et 20 % aux compagnies d’assurance. Elles nous prêteraient alors notre propre argent. Incohérent !"

    Il s’agit de création monétaire ex nihilo par la voie scripturale selon les normes de Bâle I et II (ratio Cooke et Mc Donnough). IL FAUT CESSER D’ECRIRE N’IMPORTE QUOI, sinon les « 4VERITES » n’auront plus aucun crédit. Par ailleurs la dette publique est détenue à 65,4 % par les non-résidents voir le site de l’Agence France Trésor ci-après :http://www.aft.gouv.fr/rubriques/qui-detient-la-dette-de-l-etat-_163.html. Votre décompte est donc faux.

    Les Accords de Bâle III publiés de 16 décembre 2010, recommandent aux banques commerciales de détenir des titres d’Etat pondérés à 100 %, qui ne sollicitent donc pas les capitaux propres des banques à contrario pour les prêts aux clients à 50 % et imposé un effet de levier suivant Fonds propres / Dette de l’entreprise > 3%. IL FAUT PREALALBLEMENT VOUS RENSEIGNEZ CAR VOTRE DEMONSTRATION N’EST QU’AFFABULATION.

    3) "La solidarité entre états" n’aucun sens puisque prenant appuis sur un argument erroné

    26 mai 2012 à 15 h 08 min
  • Florin Répondre

    Quand finira-t-on par comprendre que l’argent (ou le manque de) n’est que la conséquence, et non pas la cause ?

    Le citoyen lambda a de l’argent lorsqu’il travaille, ou fait de (bonnes !) affaires.

    Un Etat a de l’argent lorsque ses citoyens ont un boulot, et paient honnêtement leurs impôts.

    Ce n’est pas en obligeant les Allemands à payer pour les Grecs que l’on réglera les problèmes – qu’il faut nommer clairement : désindustrialisation, libre-échange désastreux, gaspillage à tous les niveaux, commune, département, régions, Etat, Europe, Sécu etc.

    sarkozy méritait sa défaite, parce qu’il tenait le MEME discours que son concurrent, sur tous les dossiers économiques majeurs.  On ne change pas une équipe qui gagne, on ne garde pas une équipe qui perd.

    Sarkozy et Hollande, la fuite en avant, le mur en bout de course. On l’aperçoit déjà. Les Grecs y ont eu droit.
    Un beau jour, plus personne ne vous fait crédit, vous vous essuyez avec le triiiiiiple A, (ou le B ou le C), et vous fermez boutique. Et là, les braves gens finissent par se réveiller : Grèce aussi, voir les résultats des élections. Les rouges et les bruns. Les seuls honnêtes sont ceux qui n’ont pas eu accès au pot au miel.

    On y va tout droit, nous aussi.

    26 mai 2012 à 14 h 13 min

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