Taux zéro = croissance zéro !

Taux zéro = croissance zéro !

Pour faire face à la nouvelle réplique de la crise (ouverte depuis quatre ans déjà…), l’oligarchie politico-financière mondiale a pris plusieurs décisions. Toutes néfastes !…

– La première a consisté, pour tous les gouvernements concernés, à réitérer leur engagement solennel à payer leurs dettes. Cette répétition quotidienne est évidemment suspecte. Comme une entreprise de bourrage de crânes. D’autant qu’elle n’est assortie d’aucune précision crédible.
à Paris, une réunion d’urgence à l’Élysée aboutit à redire que le déficit de l’État en 2012 sera limité, quoi qu’il arrive, à 4,6 % du PIB. Et on maintient une prévision de croissance à 2 %, malgré un 2e trimestre à 0 % ! Ce n’est manifestement pas à la hauteur de la question posée.

– La seconde se traduit par une pression toujours plus forte vers la mutualisation des risques. Les pays faibles veulent forcer les pays plus forts à leur apporter leur caution. L’objectif est toujours le même : ne pas rembourser !

– La troisième réside dans la monétisation des dettes. Comme la Federal Reserve, la Banque centrale européenne met à son bilan des bons ou des obligations du Trésor de différents pays en difficulté pour soulager la pression des vendeurs et ainsi limiter l’écart de taux entre pays faibles et forts.
C’est parfaitement illégal. Formel­lement interdit par les traités européens. Cela s’analyse comme de la manipulation éhontée. Mais, en outre, comme ce sont les contribuables des pays de la zone euro qui garantissent la solvabilité de la BCE, cela revient à imposer une nouvelle charge aux citoyens-contribuables en question.

– La quatrième est due à la banque centrale américaine. Lors de la dernière réunion de son comité de politique monétaire, la FED a, en effet, décidé de s’engager à maintenir une politique de taux zéro pendant deux ans.
Pour les banques, c’est évidemment une bonne nouvelle. Elles vont pouvoir aller au guichet de la FED et emprunter à ce taux de l’argent qu’elles reprêtent aussitôt au gouvernement américain pour ses fins de mois. La différence va leur permettre d’accumuler des profits et d’améliorer leurs fonds propres. Tant mieux pour les nababs de la sphère financière !

Mais, pour l’économie réelle, cette politique – contrairement à ce que l’on essaye de nous faire croire – est simplement catastrophique. Car, contrairement à ce que pense M. Sarkozy, les taux d’intérêt artificiellement bas sont très mauvais pour l’économie. Quand le crédit est gratuit, les mauvais projets se financent aussi facilement que les bons. Or, seuls ceux-là peuvent créer de la richesse.
Le Japon l’a expérimenté pendant 20 ans : le crédit à taux zéro empêche la croissance économique. Mais, au Japon dans les années 90, comme aujourd’hui aux États-Unis, et partout ailleurs dans le monde, il ne s’agit que de sauver les banques, nouvelle ligne Maginot de la pensée unique oligarchique.

Il faut d’urgence revenir à des principes simples et sains.
Comme les dettes doivent être payées, tout débiteur doit pouvoir, à tout moment, présenter un plan crédible de remboursement. Ce qui est vrai pour une PME doit également l’être pour les États. Nul ne doit être au-dessus des lois. Personne ne doit pouvoir être assuré d’échapper à sa responsabilité, faillite comprise.

Les manipulations monétaires, taux d’intérêt compris, sont contre-performantes. Elles devraient pouvoir être sanctionnées par les citoyens, qui devraient pouvoir en prendre l’initiative.
Par les temps qui courent, il est souvent question de la « dictature » des marchés. Je suis, pour ma part, plutôt frappé par la dictature de l’oligarchie…

Marine Le Pen constate : « C’est sur les marchés exclusivement qu’on peut emprunter. Ils peuvent nous imposer leurs conditions, nous imposer des taux d’intérêt élevés. Ils peuvent donc spéculer sur notre dette ».
On pourrait chipoter. L’État ne se gêne pas pour prendre directement l’épargne des Français dans leurs poches. Mais, en gros, c’est exact. Et c’est heureux ! Car, quand la banque de France, redevenue souveraine, pourra, comme dans les années 50, financer directement la dette publi­que, il est à craindre que l’État s’endette non pas moins, mais plus.

Les marchés ne font qu’indiquer la température. Ils ne sont responsables, ni de la maladie, ni des soins à apporter au malade. Ils réagissent, parfois violemment c’est vrai, aux informations multiples qu’ils recueil­lent. Avec leurs dizaines de milliers d’opérateurs, indépendants les uns des autres, ils valent mieux que ces clownesques aréopages de politiciens dangereux.

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Comments (3)

  • grepon Répondre

    ,mais le systéme en cours semble montrer une action coordonnée de tous pour faire les poches du citoyen,

    On dirait que ozone n’a jamais entendu parler de l’etat sur centralisee et tentaculaire de son propre pays.   C’est amusant.

    29 août 2011 à 3 h 42 min
  • grepon Répondre

    Mais, au Japon dans les années 90, comme aujourd’hui aux États-Unis, et partout ailleurs dans le monde, il ne s’agit que de sauver les banques, nouvelle ligne Maginot de la pensée unique oligarchique.

    Exacte!!!   L’avenir a ete vendu tres peu chere pour faire vivre les grand banques bien connectees.   Tout cet effort de Sarko a faire plier Merkel a de tres impopulaires et tres stupides prets a la Grece et les autres PIIGS est pour prevenir des pertes aux banques privee francaises.   Ce n’est pas la peine, car ces banques sont insolvables deja, que la Grece respecte ses obligations ou pas (et ils ne peuvent en aucun cas repayer leurs dettes).

    29 août 2011 à 3 h 40 min
  • ozone Répondre

    C’est supposer que politiques,banques,marché sont des agents indépendants les uns des autres,peut étre il y à trééés longtemps,mais le systéme en cours semble montrer une action coordonnée de tous pour faire les poches du citoyen,les politiques méttent sur la table des centaines de milliards,cela aiguise l’appetit des banques avec l’aide des marchés lesquels emplissent leurs coffres,du moins pour les plus malins,avec les paniques succéssives

    25 août 2011 à 20 h 56 min

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