Taxation des bonus : l’erreur économique

Taxation des bonus : l’erreur économique

Le Premier ministre britannique et le Président de la République française sont d’accord pour taxer à 50 %, à titre exceptionnel, les gros bonus que les banquiers vont recevoir début 2010 au titre de leurs performances en 2009.

L’Allemagne approuve cette décision, mais estime que sa loi fiscale ne lui permet pas de mettre en œuvre une telle politique, revenant à discriminer une profession (et les bonus des footballeurs ?) et un type de revenu…
L’idée générale de tous les chefs d’État semble être de faire payer aux banques les soutiens qui leur ont été apportés depuis 16 mois. Un consensus se dessine pour demander au FMI d’étudier la mise en place d’une taxation universelle sur les transactions financières, longtemps dénommée « taxe Tobin ».

Comme le reconnaissent les partisans de ces nouvelles taxations, elles ne peuvent être efficaces que si tous les pays du monde les adoptent. Sinon, les pays qui ne les appliqueraient pas deviendront de nouveaux paradis. Mais on voit mal la Suisse, pour ne parler que d’elle, se plier à ces lubies !

Admettons, pour les besoins du raisonnement, que de telles novations fiscales soient mises en place. Faudrait-il s’en réjouir ?
Certes, ces propositions ont l’apparence du bon sens. Les banques ont été sauvées par l’argent des contribuables. Elles vont mieux. Il paraît normal qu’elles soient taxées et, en particulier, leurs dirigeants et leurs salariés-vedettes que sont les fameux traders. Ce ne serait que juste récupération…
Cependant, on ne peut s’empêcher de penser qu’il eût été plus simple de ne pas sauver les banques et, avant cela, de ne pas les inciter à faire de mauvais crédits et, encore en amont, ne pas manipuler les taux d’intérêt à court terme.

Car la prospérité d’une banque, au-delà de son organisation propre, repose sur le prix de sa matière première qui est la monnaie, émise par les banques centrales qui, pour pseudo-indépendantes qu’elles soient, n’en appartiennent pas moins à la sphère publique, au nom d’une soi-disnt souveraineté.

Les banques centrales fixent le prix de la monnaie qu’elles vendent aux banques selon des critères qui s’avèrent après coup plus ou moins pertinents.
L’actuel laxisme monétaire – qui fait la fortune des banques et de leurs traders – se révélera-t-il pertinent et judicieux dans quelques années ? On ne le saura que plus tard…

Sans le sauvetage des banques par les États, sans le laxisme des banques centrales, dans une situation où les taux d’intérêt seraient « naturels », parce que les monnaies seraient librement en concurrence entre elles (certaines garanties sur l’or et d’autres non…), si le commerce de banque était plus concurrentiel… la taxation des bonus serait une question qui ne se poserait pas.
Quant à la taxation des transactions, c’est l’idée intrinsèquement la plus anti-économique qui soit…

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Comments (6)

  • Frank Répondre

    Les etats cherchent des rentrees d’argent pour compenser les deficits crees par l’injection de liquidites pendant la recession.

    Cette histoire de taxation des bonus est de la propagande populiste pour justifier cette taxation. Sinon, Mr Dumait a raison, les etats doivent arreter de manipuler les marches monetaires et de mettre en peril l’epargne des citoyens.

    21 décembre 2009 à 2 h 14 min
  • guybeligue Répondre

    L’état légalise l’activité des faux monneyeurs en taxant les traders tout comme l’état légalise la prostitution en imposant les prostitués. Car pour ne pas parler virtuellement l’économie virtuelle n’est-elle pas une économie souterraine et l’argent virtuel n’est -il pas de la fausse monnaie. on devrait porter plainte pour fausse monnaie contre les banques. Il est évident que toute personne qui défend les faux monneyeurs est complice… Au fait ou est passer le petit paragraphe” toute reproduction….”‘ qui ornait les billets de la banque de France. Pourquoi et qui l’a supprimé?????

    19 décembre 2009 à 7 h 55 min
  • ozone Répondre

    C’est précisement la concurrence (guerre économique) qui fait flamber les frais bancaires.

    Autre chose,"l’autorité" des marchés financiers blanchi les accusés d’EADS,montrant encore une fois que la place de Paris est un véritable coupe gorge,bel exemple,une pierre de plus sur le dada des libéraux,l’actionnariat populaire,qui doit selon certains régler le "probleme" des retraites,aussi une démonstration de ce qu’est pour nos "zelites" le libéralisme,en fin de compte que du pognon pour ceux qui en ont déja beaucoup,qui plus est obtenu de n’importe quelle façon,de quoi s’étonner ensuite que le peuple voit rouge quand on lui parle de libéralisme.
    L’entendu du verdict laisse réveur,en gros,les patrons de la boite n’étaient pas au courant des retards de livraison du produit,mais alors,que coño ils foutaient a cette place….

    A vomir…

    18 décembre 2009 à 18 h 51 min
  • Daniel Répondre

    "… , si le commerce de banque était plus concurrentiel…"

     La non concurrence par les privilèges et les passe droits  donnés aux banques est à la droite ce que les privilèges de la fonction publique sont à la gauche.  La droite entretient, dans des  pans économiques importants ,  des principes malhonnêtes opposés aux principes fondateurs de la droite,   et la gauche trahit la gauche et ses droits de l’homme qu’elle accepte exceptionnellement de bafouer juste pour quelques millions des siens; un mensonge qui détruit le tissu "social" cher à gauche  pendant que les privilèges des banques sont une insulte à la libre concurrence défendue par la droite!. Un libre "libéralisme" mais à la carte de manière à ce que les gagnants soient définis à l’avance… A partir de quand et de quoi  détruire la vie de ses concitoyens doit-elle être appelée crime? 

    "… Quant à la taxation des transactions, c’est l’idée intrinsèquement la plus anti-économique qui soit…"

    Le système étant pourri, n’est ce pas un moindre mal?  Chaque Français qui travaille sans privilèges n’est-il pas taxé? … Par le fisc,  mais en plus par les banques qui deviennent de plus en plus gourmandes devant la facilité qu’il y a à plumer ses concitoyens dans un système organisé à ces fins!. .

    17 décembre 2009 à 21 h 40 min
  • Florin Répondre

    Une machine qui s’emballe, on la freine.

    Taxer les bonus devrait être un moyen et non pas une fin en soi : le moyen de forcer les banques à limiter les risques qu’elles prennent avec l’argent de la collectivité. On est loin du compte, ce n’est pas une taxe, fût-elle importante, sur des éléments salariaux, qui pourra freiner les requins affamés.

    17 décembre 2009 à 12 h 40 min
  • Jaures Répondre

    Pas de panique, Alain ! Les banques ont déjà trouvé la parade à cette taxation provisoire qui n’est qu’une opération de communication pré-électorale.
    Rappelons tout de même que le bonus moyen pour un trader est de 2 millions d’euros en France. Une taxation de 50% permettrait de récupérer 150 à 200 millions. Soit la même somme que coûte l’imposition des indemnités des accidents du travail.
    Mais en sous évaluant les bonus 2010 (année de la taxation) et en les reportant sur 2011, les traders ne se rendront compte de rien.
    Ce qui ne sera pas le cas pour les accidentés du travail, sauf si un trader se blesse en se coinçant le doigt entre deux touches de son ordinateur.

    17 décembre 2009 à 11 h 14 min

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